Thèse Lyon 2


Carte n°6 : Les zones d’activités en requalification du Grand Lyon



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Carte n°6 : Les zones d’activités en requalification du Grand Lyon

Source : www.entreprendre.grandlyon.com

La mise en place par la MDE d’un dispositif d’observation de l’immobilier d’entreprise (bureaux, parcs d’activités) et du foncier industriel avec les professionnels en 1994 s’inscrit d’ailleurs dans ce contexte. L’enjeu est d’abord de gérer la crise immobilière, mais ce dispositif sert aussi de plus en plus à limiter les conséquences néfastes de la pénurie de foncier disponible à partir de la fin des années 1990, quand la demande reprend de manière très forte. La situation est en effet encore plus critique dix ans après, au début des années 2000, tant pour les implantations industrielles que pour les activités tertiaires.

Ces opérations de requalification peuvent être mises en parallèle avec les grands projets de régénération urbaine qui touchent zones de friches industrielles ou urbaines de l’agglomération, désaffectées ou inadaptées aux évolutions fonctionnelles de la ville post-moderne (voir supra). Les opérations de Gerland et de la Cité Internationale, lancées durant les années 1980, constituent les deux premiers grands projets de renouvellement urbain à vocation économique dominante réalisés dans l’agglomération lyonnaise après la Décentralisation. Elles accueillent respectivement des activités économiques et d’enseignement supérieur liées à la stratégie de développement technopolitaine pour la première (ENS Sciences et Lettres, entreprises liées aux biotechnologies), de grands équipements collectifs à fort rayonnement liés à la logique d’internationalisation de la métropole et des activités de loisirs marchands pour la seconde (siège d’Interpol, palais des congrès, Musée d’art contemporain, casino, hôtels, multiplex).

Outre des modes de pilotage des projets opposés (l’une réalisée en régie directe, l’autre concédée à un opérateur privé), elles présentent également un bilan inégal en termes de surfaces d’activités mises sur le marché. Le quartier de Gerland offre en effet beaucoup plus de possibilités d’implantation pour les entreprises, notamment dans le cadre de l’aménagement du technopôle, que le quartier de la Cité Internationale, qui reste majoritairement dédié aux fonctions commerciales et touristiques d’accompagnement du développement économique métropolitain.

Sous le mandat de R. Barre, sont lancées les opérations de régénération urbaine de Vaise et du Confluent. Le plan de développement global de Vaise permet la réalisation de plus de 150 000 m² de nouvelles surfaces d’activités entre 1997 et 2005, réparties sur trois sites qui constituent autant de pôles économiques spécialisés autour d’une ou deux filières d’activités : le quartier de l’Industrie (numérique, textile) et le secteur Gorge de Loup/Berthet (formation), aménagés grâce à la procédure de ZAC ; le haut de la rue Marietton (concessionnaires automobiles). Le grand projet du Confluent, qui couvre tout le Sud de la Presqu’île, met plus de temps à démarrer : la réalisation de la première phase doit ainsi s’achever en 2015 et prévoit environ 90 000 m² de surfaces tertiaires. Les premières réalisations à vocation économique significatives ne portent cependant que sur l’aménagement d’un pôle commercial et de loisirs de 120 000 m², prévu pour 2007.

Malgré la pénurie de terrains disponibles pour réaliser des programmes immobiliers de bureaux ou aménager des surfaces d’activités pour les entreprises dans l’agglomération, il en va de même pour le dernier projet de ce genre lancé dans l’agglomération par la mandature de G. Collomb. L’opération Carré de Soie, située à cheval sur Villeurbanne et Vaulx-en-Velin, ambitionne en effet de remplacer les anciennes usines TASE308 par un vaste complexe commercial de 55 000 m², accompagnant un nouveau pôle de loisirs de 7 ha aménagé entre l’hippodrome de Villeurbanne et le Canal de Jonage (école de sport, multiplex, bowling, etc.). Le projet ne comporte pas de programme immobilier de bureaux, en dépit d’une localisation géographique plutôt intéressante sur la future ligne de tramway Léa-Leslys reliant la Part Dieu à l’aéroport Saint Exupéry (voir carte n°2).

La politique de requalification des zones d’activités et de régénération économique des vieux quartiers industriels péricentraux de Lyon est donc poursuivie et amplifiée sous la mandature de G. Collomb, malgré l’absorption de la MDE par la DAEI en 1999. Entre 1997 et 2002, 14.3 millions d’Euros sont investis pour la requalification de onze zones d’activités de l’agglomération (DAEI, 2004). Cependant, le volet spatial de la politique économique du Grand Lyon ne devient au tournant des années 2000 qu’un axe mineur de l’intervention des services économiques communautaires. L’action foncière (constitution d’un patrimoine communautaire et revente des terrains à un prix avantageux pour les entreprises) est toutefois mise au service du développement des activités économiques, essentiellement pour permettre à des entreprises importantes de se délocaliser au sein de l’agglomération (Infogrames, SMI KOYO)309 (voir infra, Section 3).

Le tertiaire marchand truste les principaux projets urbains de renouvellement conduits récemment dans l’agglomération lyonnaise, surfant sur la rhétorique grandissante de l’avènement de la société des loisirs et de l’accentuation des logiques de consommation (Davezies, 2004). Le marketing urbain sert ainsi le développement économique local en misant sur l’attractivité globale de la ville, tant vis-à-vis des entreprises que des individus (Ingallina, Park, 2005). Cette domination est notamment liée au choix politique local de faire de la culture et du tourisme des axes majeurs de la stratégie d’attractivité économique lyonnaise (voir supra, Section 1). Elle est également accentuée par le choix des services économiques du Grand Lyon de privilégier le secteur des loisirs marchands à la fin des années 1990, parallèlement au développement de la logique de soutien et de promotion des nouvelles filières d’activités considérées comme stratégiques, en lien avec la relance du Plan Technopole et la nette inflexion conférée à l’action économique communautaire en direction de la stratégie.

Le cloisonnement sectoriel de l’action économique communautaire

A mesure que la DAEI développe ses services au cours des années 1990, les actions qu’elle développe prennent une orientation stratégique de plus en plus poussée (voir supra, Section 1). Dès sa création cependant, la mission qui lui est conférée est résolument stratégique et tournée vers la recherche de l’efficacité économique. Elle est en effet chargée de concevoir et de porter la politique économique du Grand Lyon, et de favoriser le rayonnement international de la métropole, dénotant d’une claire volonté du pouvoir politique local de faire prendre par l’instance communautaire le pas sur le rôle de l’ADERLY (voir supra, Section 3). La MDE n’est comparativement qu’un service d’urbanisme opérationnel consacré à la problématique économique, qui gère la mise en œuvre spatiale de la stratégie de développement économique (aménagement de sites d’accueil pour les activités).

La relance du Plan Technopole à partir de 1997, dont le pilotage est confié à la DAEI et non plus à l’ADERLY comme c’était le cas depuis le milieu des années 1980, marque à la fois une nouvelle étape dans l’appropriation de la culture managériale et stratégique par l’organisme communautaire, et la montée en puissance des services économiques du Grand Lyon dans l’expertise économique et dans la prescription des modes de faire liés au développement économique. La DAEI intègre dans ses activités des fonctions de veille économique conjoncturelle et structurelle, de marketing territorial, d’identification des filières, pôles d’excellence et fonctions économiques motrices ou émergentes du système productif local, en plus des tâches d’assistance aux implantations d’entreprises et de définition – évaluation de la stratégie d’agglomération (aide à la décision). Elle tend à se comporter de plus en plus à la manière d’une entreprise, mettant l’accent sur une gestion managériale de l’action économique.

La logique de filière et de promotion des pôles d’excellence économiques de la métropole lyonnaise est ainsi dominante dans la stratégie d’intervention de la DAEI à la fin des années 1990. Cette politique de soutien vise autant les filières industrielles (éco-industries, mécanique automobile, chimie, textile), la logistique (en relation avec l’Alliance Logistique créée au niveau de la RUL), les loisirs marchands (multiplex, hôtellerie et tourisme d’affaires, produits culturels haut de gamme, etc.), que les secteurs d’activités technologiques inscrits dans le nouveau Plan Technopole : les biotechnologies, sciences du vivant et de la santé, ainsi que les nouvelles technologies d’information et de communication. La production d’études et la promotion économique complètent cette approche qualitative et très peu spatialisée du développement économique territorial.

La démarche d’établissement d’une matrice de portefeuille local d’activités, utilisée dans le management stratégique du développement économique local (voir supra), inspire clairement les nouveaux responsables de la DAEI dans la choix de privilégier cette approche du développement par les filières économiques. Elle consiste en effet à identifier les secteurs d’activités dominants, moteurs ou émergents au sein du système productif local, dans le but de définir une stratégie de positionnement pour le territoire (Bouinot, Bermils, 1993). Elle est développée dans l’agglomération grâce aux travaux d’expertise économique produits par des chercheurs lyonnais et parisiens pour le compte de la RUL (Beckouche, Davezies, 1993) et du Grand Lyon (Davezies, 1994 ; Beckouche, Davezies, 1995 ; Minelle et Alii, 1996).

La création de l’Observatoire Partenarial de l’Agglomération Lyonnaise en Economie (OPALE) au début des années 2000 au sein de l’Agence d’urbanisme s’inscrit également dans cette logique qualitative de production d’indicateurs et d’observation permanente de l’évolution économique du territoire par le biais des filières d’activités, propre à l’approche stratégique et managériale du développement économique. Ces démarches directement inspirées des méthodes de gestion stratégique des firmes permettent en outre de conduire une forme d’évaluation en continu de l’action économique déployée.

L’établissement de rapports d’activités annuels à compter de 1998 marque aussi le virage résolument managérial amorcé par la nouvelle direction de la DAEI : il s’agit de gérer le service économique communautaire à la façon d’une entreprise privée, en rendant régulièrement compte aux élus et aux différents partenaires de la réalité et de la diversité de l’intervention, afin de convaincre de son efficacité économique. L’organisation des différentes missions qui composent la DAEI entre 1998 et 2000 traduit ainsi très nettement une orientation stratégique de l’action de plus en plus coupée de l’approche du développement économique par l’aménagement de l’espace et l’intervention urbanistique. Elle dénote cependant également d’une certaine confusion dans la répartition des rôles au sein du service économique du Grand Lyon, qui peut être interprétée comme une difficulté à définir de façon précise le sens et le contenu à donner à l’action économique communautaire.

D’un côté, une équipe gère le volet d’animation territoriale, de suivi des créations d’entreprises, de gestion de l’urbanisme commercial (et des loisirs marchands) et de l’offre de surfaces d’activités qui était auparavant dévolu à la MDE. Elle constitue la seule partie des services économiques communautaires ayant une approche véritablement axée sur le territoire et sur la relation entre développement économique et dimension spatiale de l’aménagement. De l’autre côté, une équipe gère l’accompagnement des projets d’implantation, une autre le Plan Technopole (Biotechnologies et Santé, soutien à la recherche et à l’innovation) et une troisième s’occupe des filières et pôles d’excellence (environnement, textile, logistique, télécommunications, numérique) ainsi que de la veille économique (DAEI, 2001).

En 2001, l’organisation de la mise en œuvre de la politique économique par la DAEI se scinde selon trois grandes orientations : l’accompagnement des pôles d’excellence économique (sciences du vivant, et technologies de l’information) et des filières en évolution (mécanique, tourisme et loisirs, mode et création, environnement, logistique) ; l’intervention en faveur du développement économique et territorial, qui apparaît comme une sorte de fourre-tout pour les actions ayant un lien plus ou moins évident avec l’espace (entreprenariat et création d’entreprises, offre foncière, marketing territorial, implantation d’entreprises, animation territoriale, innovation et animation technopolitaine, urbanisme commercial) ; la veille documentaire et l’intelligence économique, qui matérialise la volonté de constituer une capacité d’expertise économique en interne (Meynet, 2002).

Ce cloisonnement apparent est toutefois censé être atténué par le mode de fonctionnement matriciel du service économique310. Il demeure que le volet spatial du développement économique, qui constitue pourtant le cœur de compétences du Grand Lyon, est assez mal intégré au reste de l’action économique, essentiellement qualitative et fondée sur des actions de mise en relation, de soutien aux initiatives des acteurs économiques, aux filières d’activités et aux logiques d’innovation.

Le Plan Technopole fournit une bonne illustration de cette difficulté de la politique économique communautaire à s’intégrer aux objectifs plus globaux de développement urbain et territorial de l’agglomération, bien que le développement de l’innovation soit désigné comme un moyen de renforcer la position concurrentielle de l’agglomération (création d’un avantage comparatif économique). Si le premier Plan technopole porté par la CCIL et l’ADERLY dans les années 1980 arrive assez bien à combiner les volets qualitatifs et spatiaux, autour de l’aménagement et du développement de trois technopôles relativement bien insérés dans le tissu urbain et connectés au milieu universitaire lyonnais, le second lancé par le Grand Lyon peine à véritablement intégrer les entreprises, l’enseignement supérieur et l’aspect urbain au sein d’une seule et même dynamique de développement.

Celui-ci comporte en effet une dimension qualitative et immatérielle dominante (soutien, animation, valorisation et promotion des filières et des réseaux technologiques locaux), à laquelle est juxtaposée de façon assez décousue et mal connectée une dimension spatiale matérialisée par sept sites technopolitains : l’objectif d’aménagement est traité dans une partie à part du programme d’action, indépendamment du développement des deux filières prioritaires, du soutien aux entreprises, de l’animation des milieux technopolitains locaux et de la promotion de la culture scientifique et technologique. Ils sont pourtant censés constituer l’empreinte spatiale de la stratégie de développement technopolitaine et faciliter la lecture de l’image économique et scientifique de l’agglomération (Grand Lyon, 2000).

La volonté des nouveaux promoteurs du Plan Technopole de passer d’une culture d’aménagement à une approche plus globale du développement économique se traduit en fait par le renforcement du cloisonnement entre les actions d’animation et de promotion conduites au sein du milieu technologique et économique local, et les actions d’aménagement menées sur les sites. Alors que la promotion de l’innovation vise l’accroissement de la compétitivité des entreprises, le renforcement de certains secteurs d’activités et la stimulation des logiques de création, nécessitant l’implication étroite des acteurs économiques locaux dans la stratégie d’action, la mise en valeur des sites technopolitains relève essentiellement de l’aménagement (action foncière et immobilière311, prescriptions urbanistiques), donc de l’intervention et des compétences des services techniques communautaires.

Le problème est particulièrement visible dans le remplissage du parc technologique de Porte des Alpes, où le choix d’une spécialisation sectorielle et technopolitaine très particulière des entreprises ciblées par l’opération contraint fortement sa commercialisation (voir supra). La sélection s’opère en effet sur des critères très stricts d’appartenance des activités candidates à la filière des éco-industries, afin de correspondre à l’esprit de promotion des filières innovantes du Plan Technopole. Conjuguée au respect de certains critères environnementaux spécifiques à ce parc d’activités, elle s’avère être un frein au processus de mise sur le marché de l’opération d’aménagement spatial à vocation économique (Mouton-Benoît, 1998). Fin 2000, le parc n’est ainsi rempli qu’à hauteur de 15 % de ses capacités d’accueil (Frénéa, 2001), malgré son ouverture progressive aux implantations d’entreprises plus industrielles ou tertiaires que véritablement technologiques et innovantes. Aucune des firmes localisées dans le parc n’a en outre de lien avec l’université voisine, confirmant l’échec du pari technopolitain sur ce site.

Plus largement, la conception du Plan Technopole laisse apparaître des problèmes de mise en cohérence de la stratégie technopolitaine non seulement avec la politique d’aménagement de l’espace urbain, mais également avec le reste de la politique économique du Grand Lyon. En effet, malgré les besoins en matière d’immobilier dédié identifiés par la CCIL dès 1998, l’engagement des négociations sur le transfert de la compétence de gestion des Novacités en 1999 (voir infra, Section 3) et les instructions du vice-président chargé du volet technopolitain données à la DAEI pour développer une stratégie foncière adaptée fin 2000, la politique technopolitaine communautaire n’intègre cette priorité qu’en 2001, alors que le programme et le mandat s’achèvent. De la même façon, le SDE piloté par l’Agence d’urbanisme depuis 1997 n’est intégré aux missions de la DAEI qu’en 2001, une fois les principales orientations stratégiques arrêtées (voir supra, Section 1) : il ne mentionne pas le Plan Technopole ni n’implique les acteurs de la recherche, même s’il pointe l’innovation et l’entreprenariat parmi ses priorités (Reverdy associés, 2002a).

La mise en place d’animateurs technopolitains sur le terrain en 2000 tente de redonner du liant à l’ensemble de l’action de développement économique du Grand Lyon, mais le problème de fond semble être une question plus globale de compétences techniques et de moyens effectifs d’actions (financiers notamment) à la disposition de la DAEI. Le choix de la sous-traitance pour la mise en œuvre du programme technopolitain permet de remédier en partie aux limites de savoir-faire et de capacité d’intervention des services communautaires. Il n’évacue cependant pas totalement le problème des compétences mobilisées pour la conduite de la politique économique et de la pertinence pour l’organisme communautaire de miser sur l’action qualitative alors que son savoir-faire traditionnel relève plutôt de l’aménagement spatial et de l’urbanisme.

Un problème de compétences techniques en matière d’action économique ?

Suite au changement de mandature de 2001, une évaluation du Plan Technopole est réalisée par un cabinet de consultants grenoblois (Reverdy associés, 2002a, b et c). Elle fait apparaître que les principales réussites de la politique économique communautaire relèvent d’abord du domaine de l’aménagement de l’espace : la réalisation d’une offre d’immobilier dédié permettant l’accompagnement du développement des nouvelles activités et la qualification des sites technopolitains de la Doua et de Gerland, dont la mise en valeur technopolitaine a cependant été amorcée avec le lancement du premier Plan Technopole dans les années 1980. Il note également une certaine reconnaissance du positionnement de l’agglomération sur les deux thématiques prioritaires, notamment grâce à l’articulation de la thématique des biotechnologies avec la logique de site, ainsi que la qualité du soutien apporté à la création d’activités innovantes, qui est toutefois en grande partie lié au volet territorial du programme d’action technopolitain par le biais de l’immobilier dédié (DAEI, 2002).

En revanche, les points faibles concernent plutôt les actions qualitatives de stimulation des réseaux scientifiques et techniques locaux et le caractère limité des effets de levier effectifs au regard de l’investissement financier consenti312. Seule la partie de la communauté scientifique en lien avec les activités industrielles a été véritablement mobilisée. L’information et la communication ont mal circulé entre les différents acteurs, qui ont bien souvent négligé d’engager leurs établissements dans le programme par le biais de leurs stratégies propres de développement. Le rapport reconnaît toutefois un certain effet fédérateur au Plan Technopole, notamment grâce à la mise en place du Pôle Universitaire Lyonnais (PUL), la création d’un continuum intéressant entre recherche, développement économique et attractivité territoriale dans l’agglomération, ainsi qu’une bonne capacité d’incubation de grands projets de la part du Grand Lyon (création de manifestations, d’associations et de produits immobiliers thématiques essentiellement).

Enfin, les modalités de pilotage s’avèrent être mal définies, ce qui influe sur la lisibilité et l’efficacité globale du programme d’actions technopolitain. Les changements importants survenus dans l’organisation du leadership du Plan Technopole au sein du Grand Lyon expliquent en grande partie ce problème. D’une part, le technicien de la DAEI ayant lancé le projet en 1998 (publication des documents d’orientation, organisation et valorisation de la production des groupes de travail) a été remplacé de façon un peu chaotique fin 1999. D’autre part, son départ s’est accompagné de l’abandon de l’idée de faire porter le Plan Technopole par une association expressément créée. Cette situation d’hésitation n’empêche cependant pas la signature des conventions de partenariats pour la mise en œuvre des actions, mais induit toutefois une certaine faiblesse du travail de synthèse et de diffusion de l’information dévolu à la DAEI (Reverdy associés, 2002 ; Healy, 2002).

En bref, l’évaluation du Plan Technopole met en évidence le caractère limité des compétences effectives de la DAEI en matière d’animation du milieu économique local et de management de projet de développement. Par contre, il pointe la pertinence et l’efficacité de son intervention en matière d’aménagement et de mise en valeur des territoires à vocation économique (ou technopolitaine en l’occurrence). Indirectement, puisque tel n’est pas son objectif affiché, le rapport d’audit révèle ainsi le travers principal de l’orientation stratégique et managériale prise par la politique économique du Grand Lyon à la faveur de la relance du Plan Technopole à la fin des années 1990 : sa relative inefficacité et son inadaptation par rapport aux compétences et savoir-faire des services techniques de la DAEI en matière de développement économique, malgré le recours à la sous-traitance.

Le processus de montée en régime de l’action de prescription de stratégie de la part de la DAEI est fortement lié au profil de formation très spécifique de la plupart des personnels techniques du service, chargés d’études comme responsables, recrutés à partir de 1998. Ceux-ci sont en effet majoritairement issus de cursus économiques et d’écoles de commerce ou de management, voire directement issus du monde de l’entreprise pour certains. Seuls les techniciens qui s’occupent des opérations de requalification des zones industrielles ont un parcours lié à l’urbanisme ou à l’aménagement, leur permettant de saisir les problématiques propres à la gestion de l’espace et à l’approche d’intervention globale, transversale et pluridisciplinaire du projet urbain.

En outre, un tel profil managérial du personnel technique n’est que partiellement mis à profit par l’intervention effective de la DAEI, en raison de la double nécessité politique de limiter les dépenses publiques communautaires et de privilégier les actions qui sont aisément lisibles et perceptibles par les contribuables comme par les acteurs économiques. Les actions physiques et matérielles relevant plutôt de l’aménagement sont donc prioritairement mises en œuvre par les services communautaires (ou par la SERL, bras exécutant de la collectivité), tandis que les actions plus immatérielles relatives à l’animation et à la promotion des filières stratégiques sont sous-traitées aux partenaires économiques, associatifs ou universitaires par le biais du PUL. Ce système d’externalisation des tâches techniques de mise en œuvre permet de pallier les carences de compétences spécifiques de la DAEI.

Le recours à la sous-traitance constitue ainsi une solution organisationnelle pour la mise en application de la politique économique, satisfaisante du point de vue de la culture professionnelle de la DAEI (culte du management), comme des impératifs de gestion économe et de prise de leadership du Grand Lyon au sein du système d’acteurs local (voir infra, Section 3). La sous-traitance des tâches les plus techniques permet de s’appuyer sur les compétences spécifiques très pointues des différents acteurs économiques, institutionnels ou universitaires impliqués dans le Plan Technopole, qui ne sont pas forcément maîtrisées en interne par les techniciens de la DAEI, et de mobiliser plus directement tous les partenaires autour de l’objectif politique communautaire. Elle permet aussi à la DAEI de mettre en œuvre l’un des principes centraux des démarches pragmatiques et stratégiques développées par les entreprises, afin d’apparaître comme un interlocuteur crédibles à leurs yeux  : la flexibilité des dispositifs et l’externalisation des tâches subalternes d’exécution (Veltz, 2002).

Le profil économique et managérial dominant rend les techniciens de la DAEI particulièrement sensibles aux logiques de fonctionnement du marché, aux démarches stratégiques, à l’approche en termes de marketing et de bench-marking, et de façon plus globale à la recherche de la défense de l’intérêt des entreprises, mais beaucoup moins aux logiques plus classiques de promotion de l’intérêt général public ou simplement d’aménagement équilibré du territoire local. En cela, ils se démarquent très nettement de leurs collègues des services du développement urbain (DGDU), plutôt issus de formations en urbanisme, aménagement ou d’écoles d’architecture et rompus à la logique de l’action transversale et à a recherche de la cohérence d’ensemble au sein de l’action publique locale.

Pourtant, le développement économique est également a priori un domaine fondamentalement transversal et politique de l’action publique locale où la recherche de conciliations entre des points de vues divergents doit primer (entreprises et intérêts privés versus pouvoirs publics et intérêt général essentiellement). Il demande donc à ses protagonistes relevant de la sphère publique, c’est-à-dire au personnel technique de la collectivité locale, une formation plutôt pluridisciplinaire à même de permettre la mise en adéquation, du moins en cohérence, de l’intervention spécifique en faveur de l’économie avec la logique globale d’intervention urbanistique et spatiale liée à l’aménagement du territoire.

Or, l’équipe technique de la DAEI du Grand Lyon cultive, outre son origine disciplinaire peu diversifiée, un certain enfermement autour de ses compétences économiques et managériales et de sa relative proximité culturelle avec le monde des entreprises, au détriment du décloisonnement nécessaire en direction des autres services communautaires, notamment ceux de la DGDU qui gèrent l’urbanisme opérationnel, l’urbanisme territorial et la planification – donc l’aménagement spatial – dans l’agglomération. Les techniciens des services économiques privilégient le plus souvent les aspects qualitatifs et immatériels de l’intervention sur le milieu économique local et tendent à négliger ou à sous-estimer la dimension spatiale et urbanistique du développement économique.

Il résulte de cette situation une opposition assez forte entre des visions fondamentales de l’économie et de l’urbain très différentes, et un éloignement problématique entre la logique de soutien aux entreprises locales pour des motifs de développement économique promue par la DAEI, et la logique d’ensemble de développement urbain et de coordination globale des différents volets de l’action publique au sein des démarches de projet d’aménagement, soutenue par la DGDU (voir infra, Section 3).

Plus simplement, les services économiques du Grand Lyon ne jouissent pas encore de compétences légales ni d’un savoir-faire très développés en matière de régulation économique territoriale (Linossier, 2004a). Le développement économique n’est en effet exercé que depuis une dizaine d’années au sein de l’organisme communautaire et constitue de surcroît un champ d’action publique très spécifique quant aux modalités d’intervention qu’il mobilise (action indirecte à la marge de l’économie, instrumentation des autres champs d’intervention publique comme l’urbanisme, l’aménagement, la planification, etc.). Ces particularités contribuent à fragiliser la légitimité et la crédibilité des initiatives de la DAEI, tant vis-à-vis des entreprises que vis-à-vis des autres acteurs de la régulation économique territoriale, partenaires institutionnels du Grand Lyon qui sont souvent plus expérimentés que ses services techniques et reconnus de longue date dans la conduite d’actions de développement économique (communes et structures de représentation des intérêts économiques locaux notamment).

S’ajoute enfin le problème de l’hypercentralisation des services économiques, confinés dans l’Hôtel de la Communauté Urbaine de Lyon à la Part Dieu. Ils imposent depuis le haut, ou plutôt depuis le centre géographique du pouvoir intercommunal dans l’agglomération, une vision très technocratique, qui n’est pas sans rappeler l’attitude des autorités centrales de l’Etat durant les Trente Glorieuses (voir supra, 2ème Partie). Ce problème n’est d’ailleurs pas spécifique au domaine de l’action économique, mais il se pose avec une force particulière pour celui-ci en raison de l’enjeu stratégique et politique très important accordé par les responsables communautaires à la question du développement économique (voir supra, section 1). Il nécessite de la part des services de la DAEI une grande efficacité et une meilleure lisibilité de leur action vis-à-vis de ses cibles, que sont les entreprises et les acteurs économiques présents sur le territoire.


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