5.REFLEXIONS SUR LES POTENTIALITES DES RNR ET DU CYCLE DU COMBUSTIBLE POUR L’ATTEINTE D’UN DEVELOPPEMENT DURABLE DE L’ENERGIE NUCLEAIRE
AVERTISSEMENT
Dans ce chapitre, nous examinerons les possibilités offertes par les réacteurs à neutrons rapides sans préjuger du caloporteur.
Le spectre devient donc un critère distinctif important et nous mettrons en évidence l’intérêt des spectres les plus durs.
Il faut cependant souligner que les spectres s’éloignant du spectre thermique présentent des avantages décisifs sur les spectres thermiques dès l’atteinte d’un spectre nettement épithermique et que cette question devrait faire l’objet d’études détaillées.
5.1Le rôle potentiel des réacteurs à neutrons rapides dans la perspective d’un développement durable de l’énergie nucléaire
Pour mieux situer la problématique des réacteurs à neutrons rapides, il est utile d’examiner rapidement les questions de la production d’énergie qui sont extraordinairement complexes et qui sont parties intégrantes d’un choix de société.
5.1.1Données générales concernant l’énergie
(Réf. 201, 202)
L’énergie est nécessaire au développement de l’humanité.
En outre la « teneur » en énergie des biens et services ne cesse de croître même en tenant compte des efforts d’économie d’énergie effectués.
La consommation totale annuelle mondiale d’énergie primaire est actuellement de l’ordre de 8 Milliards de TEP. Les combustibles fossiles couvrent plus de 85 % des besoins en énergie primaire, le nucléaire 6 % et les énergies renouvelables (essentiellement l’hydraulique) 7 %.
L’électricité est de plus en plus utilisée et le taux moyen de croissance de la demande en électricité dans le monde (4,1%/an) est nettement supérieur au taux de croissance de l’énergie primaire (2,2%/an).
L’énergie nucléaire qui est particulièrement bien adaptée à la production électrique représente aujourd’hui 17% de la consommation d’énergie électrique mondiale. Ce chiffre est nettement inférieur aux prévisions énergétiques des années 70 mais reste considérable.
Il suffit de remarquer que la consommation actuelle annuelle d’énergie électrique d’origine nucléaire est égale à l’équivalent énergétique de la totalité de la production de l’Arabie Saoudite et à la totalité de la production électrique mondiale annuelle des années 60.
Les différentes sources d’énergie primaire que nous pouvons utiliser sont les énergies fossiles, l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables. Il faut conjuguer l’apport de toutes ces énergies pour faire face au défi auquel nous sommes confrontés. Les réserves d’énergie fossiles définies comme le rapport entre les réserves exploitables (avec les techniques et les prix d’exploitation actuels) et leur consommation étaient évaluées en 1995 respectivement à 43 ans pour le pétrole, 66 ans pour le gaz et 243 ans pour le charbon, au rythme actuel de la consommation.
Ces chiffres ont conduit à développer de nombreuses théories sur la pénurie des réserves. Il faut cependant nuancer cette analyse par la prise en compte des progrès techniques considérables qui peuvent, à un coût donné d’exploitation, rendre disponibles de nouvelles ressources supérieures d’un facteur 10 à 100 aux ressources précédemment évaluées. Or nous n’avons pas de visibilité sur les progrès technologiques à 30 ans.
Il est donc hasardeux de tabler sur un épuisement rapide des réserves possibles qui ouvrirait en quelque sorte automatiquement la voie du nucléaire.
Cependant, l’effet de serre du à la production de CO2 pèse lourdement sur l’avenir des énergies fossiles, mais, il est hasardeux de tabler sur l’incapacité technique à juguler sans surcoût prohibitif la production de CO2 libre (production de carbonates solides, etc.).
Quoi qu’il en soit l’énergie nucléaire reste un moyen incontournable de production d’électricité permettant de faire face au défi énergétique qui se dessine.
Bien entendu tous ces problèmes énergétiques présentent des spécificités pour chaque pays. Il est clair que pour la France, pour laquelle le pétrole entre pour 41 % et le nucléaire joint à l’hydraulique 37,8 % de l’énergie primaire consommée, la balance énergétique est particulièrement équilibrée et le poids des importations en énergie fossile considérablement réduit grâce au recours à l’énergie nucléaire, tandis que l’indépendance énergétique est considérablement consolidée.
5.1.2Le véritable défi énergétique qui se dessine
Le problème des ressources est certes réel mais il est loin d’être le seul.
Au cours de ce siècle, le monde sera confronté dans le domaine énergétique à trois problèmes prioritaires :
-
La recherche de sources énergétiques compétitives et durables.
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La maîtrise des coûts externes relatifs aux problèmes d’environnement et aux conséquences potentielles sur l’homme.
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L’internalisation* des coûts externes.
NB : L’internalisation des coûts externes désigne l’intégration dans le coût du KWh des coûts induits par le respect des normes environnementales et ceci pour toutes les filières énergétiques . Cette mesure modifie la donne économique lors des comparaisons entre les différentes filières énergétiques
5.1.3Les conditions d’un développement durable de l’énergie nucléaire
(réf. 202, 203, 204)
Le bilan énergétique précédent permet d’entrevoir les conditions d’un développement durable d’une source énergétique quelconque et l’énergie nucléaire ne saurait échapper à ces conditions d’autant plus qu’un débat de société s’est engagé sur cette question.
Pour atteindre les conditions d’un développement durable l’énergie nucléaire doit être compétitive ,les coûts externes étant inclus, et vérifier les conditions suivantes :
1°/ économie des ressources naturelles.
2°/ niveau de sûreté acceptable vis-à-vis des risques d’accidents.
3°/ maîtrise du cycle du combustible et des déchets.
La nécessité d’internaliser les coûts externes est fondamentale :
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Elle est la marque d’une prise en compte totale des effets sur l’environnement.
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Elle modifie profondément les données en matière de compétitivité entre les diverses sources d’énergie et le nucléaire et à l’intérieur du nucléaire entre les REP et les réacteurs « rapides ».
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