4- L’évolution des relations entre le milieu économique et le pouvoir politique à Lyon
En dépit de la mise à l’écart progressive du Comité d’expansion et de la réorganisation profonde du système de gestion territoriale de l’agglomération opérée par l’Etat, qui limitent fortement le pouvoir d’intervention des structures de représentation des intérêts économiques dans la conduite de la régulation économique et de la politique urbaine, le patronat lyonnais conserve une certaine capacité d’influence sur les autorités politiques locales durant les Trente Glorieuses. Les relations étroites très importantes qui existent au sein du système d’acteurs lyonnais, notamment entre la sphère politique et la sphère économique, permettent à la fois aux élus locaux d’exercer une forme de contrepoids politique face à la domination étatique, et à certains responsables patronaux de défendre ou promouvoir les intérêts de leurs entreprises auprès des responsables de la COURLY, malgré l’arrivée de nouveaux responsables économiques appartenant aux grands groupes industriels extra locaux.
Déjà sous le « règne » d’E. Herriot85, des liens très forts unissent les dirigeants politiques et les dirigeants économiques de Lyon. Le contrat de confiance existant entre ces deux groupes, qui s’interpénètrent parfois au gré des alliances familiales (Sauzay, 1998), explique d’ailleurs largement la stabilité et la longévité des équipes politiques municipales lyonnaises. L. Pradel, qui succède à E. Herriot en 1957, s’intéresse peu aux questions relatives à l’économie et à son développement, à l’image de son homologue marseillais (G. Defferre) à la même époque (Morel, Sanmarco, 1985), du moins il le fait avec une certaine distance, c’est-à-dire par personnes interposées.
Il délègue en effet la gestion des questions économiques à ses proches collaborateurs ou à ses adjoints, souvent bien insérés dans les milieux d’affaires locaux, confortant et renouvelant ainsi un système de clientélisme local classique et solidement établi. Les représentants patronaux et les chefs d’entreprises restent majoritairement à l’écart des responsabilités politiques, mais ils bénéficient d’un accès direct à la sphère décisionnelle municipale grâce à des réseaux d’interconnaissance solides et actifs (Angleraud, Pellissier, 2003).
A la fin des années 1960 toutefois, les liens traditionnels tissés entre les élus locaux et les représentants de l’économie lyonnaise se distendent quelque peu, obligeant notamment le patronat industriel et celui du BTP à repenser leur position vis-à-vis des orientations de la politique urbaine et du pouvoir politique dans l’agglomération lyonnaise.
Le clientélisme municipal lyonnais
Dès le début du 20ème siècle, la prise en charge du développement de l’enseignement technique et professionnel par la municipalité lyonnaise reflète particulièrement la grande proximité existant entre les milieux politiques et économiques locaux. L’Ecole municipale de Tissage constitue en effet une aide publique importante accordée aux gros fabricants de soierie locaux, comme le lycée de l’automobile pour la société Berliet et son réseau local de sous-traitants (Lojkine, 1974). Cette relation, voire cette alliance de fait opérée entre élites économiques et politiques locales est fondée sur le principe implicite du soutien mutuel de la collectivité publique et des entrepreneurs locaux. En échange d’investissements conséquents et réguliers en faveur des intérêts économiques locaux de la part de la Ville, la grande majorité des chefs d’entreprises, au sein de la CCIL ou à titre individuel, soutient plus ou moins directement les forces politiques en place.
Ce système perdure et s’institutionnalise après la guerre avec la création du GIL puis du Comité d’expansion lyonnais, qui offre aux entrepreneurs des lieux d’organisation et de représentation pour développer une action patronale structurée et légitime auprès des sphères de décision publique locales. La municipalité contribue à partir des années 1950 au financement de plusieurs grands équipements structurants à vocation économique, aux côtés de la CCIL et du CGR86, à la demande expresse des organismes patronaux locaux : la Foire de Lyon, les ports Rambaud (port fluvial de raccordement ferré et routier situé sur la Saône, au sud de la Presqu’île) et E. Herriot (port industriel situé sur le Rhône, en aval du confluent), et le canal de Jonage. Les responsables patronaux sont également directement impliqués dans le développement et la gestion des structures de formation professionnelles lyonnaises : SEPR87, INSA88, Ecole Centrale, etc. (Angleraud, Pellissier, 2003).
Jusqu’à la fin des années 1960, le milieu politique radical, très développé à Lyon, est étroitement imbriqué dans le milieu des notables lyonnais et participe à la vie des Cercles ou des Clubs89 (Angleraud, Pellissier, 2003). Ils rassemblent une partie importante du patronat local et des élites traditionnelles et économiques lyonnaises, soudées également par la franc-maçonnerie malgré leur fréquent attachement religieux et leur conservatisme politique de droite (Sauzay, 1998). Les relais et soutiens à l’équipe municipale de L. Pradel sont très importants, y compris dans le milieu très conservateur de la bourgeoisie traditionnelle lyonnaise. Celui-ci rassemble des industriels, des avocats, des notaires et autres juristes, des agents de change, des banquiers, des assureurs et des financiers, des professions libérales, tous adeptes du libéralisme économique, républicains et fils spirituels d’E. Aynard90.
Ils partagent « un ensemble d’attitudes – vis à vis du progrès économique et de la technique, de l’ordre social et du jeu politique – et de jugements – sur le bien commun ou l’intérêt général, sur les politiciens et les partis » (Sauzay, 1998). Certains d’entre eux, comme la famille Gillet (teintures textiles chimiques) et G. Villiers, président du CIL et du CNPF, abondent notamment au financement du Parti Républicain de la Liberté après la guerre91. Ils travaillent cependant aussi avec l’équipe politique plus modérée de L. Pradel, trouvant sans doute dans la conduite et la mise en œuvre des politiques urbaines dans l’agglomération lyonnaise des occasions de développer ou d’améliorer les conditions d’exercice de leurs activités industrielles.
L’intérêt économique des entrepreneurs lyonnais s’accommode très bien des positions apolitiques et anti-parisiennes du maire de Lyon, mais ils demeurent attachés à la posture traditionnelle de distance vis-à-vis de l’engagement sur la scène politique, voire de « méfiance viscérale et héréditaire à l’égard de la chose publique » (Angleraud, Pellissier, 2003, p.765). La culture et les représentations collectives des acteurs économiques lyonnais, imprégnées de la pensée libérale classique, entretiennent l’idée de l’incompatibilité du cumul des fonctions politiques et entrepreneuriales. Si très peu de représentants patronaux participent directement à la vie politique en étant élus, ils bénéficient toutefois de nombreux relais auprès des responsables municipaux.
Ainsi, l’adjoint à l’urbanisme de Lyon, F. Rollet, a un pied dans les milieux juridiques lyonnais par son métier et l’autre dans les hautes sphères économiques régionales par alliance familiale : il est en effet administrateur de la principale entreprise de goudronnage lyonnaise (Société Chimique de Gerland), dirigée par son beau-frère J. Courbier, président de la CCIL à la fin des années 1950. J. Ambre, avocat de la Ville92 et d’une partie du patronat lyonnais, a tissé des liens très forts avec les milieux économiques et les organismes patronaux locaux du fait de ces activités professionnelles (Mérindol, 1978). L’expert-comptable des Gillet est adjoint municipal (P. Montel), le notaire L. Chaine, membre du Cercle de l’Union (Sapy, 2005)93 et du Rotary-Club, gère les transactions de la Ville dans les quartiers centraux, G. Jarrosson, syndic des agents de change, est aussi député et peut à l’occasion influencer les choix gouvernementaux en faveur de Lyon, etc.
L. Pradel s’appuie également sur les compétences de quelques industriels très bien intégrés dans le patronat local pour conduire les politiques urbaines non directement liées aux questions économiques. R. Proton de la Chapelle, adjoint à la culture de 1965 à 1977, F. de Grossouvre, médecin converti à la politique puis reconverti à la grande industrie alimentaire (Sucres Berger) ou P. Feuga, dont les avis en matière financière et économique sont très recherchés par l’équipe municipale, assurent le lien entre le pouvoir politique municipal et l’élite économique locale. L. Pradel signe par ailleurs en 1958 la préface d’un ouvrage produit par des entrepreneurs lyonnais pour servir de support promotionnel auprès de leurs clients (Chagny et alii, 1958), matérialisant ainsi la proximité des intérêts respectifs de l’élu et des acteurs économiques locaux.
Enfin, un « nouveau » patronat lyonnais émerge dans les années 1950, porté par un nouveau système de clientélisme municipal rassemblant le personnel élu et les principaux entrepreneurs du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP). Quelques figures emblématiques se distinguent notamment par leur proximité avec le pouvoir municipal et leur grande influence sur la conduite des politiques urbaines, ainsi que sur les choix tactiques opérés par l’équipe politique de L. Pradel en matière de développement économique. Ce sont pour la plupart des anciens de l’équipe Herriot, qui appartiennent au milieu lyonnais de la construction et de l’immobilier : A. Charial, président de la société coopérative l’Avenir (BTP) ; N. Bullukian, président de la société de construction Le Roc ; A. de Valence, patron d’une entreprise spécialisée dans le chauffage urbain, président du Syndicat du Bâtiment et du GIL dans les années 1960 ; J. Maïa, à la tête de la société de construction Maïa-Sonnier ; L. Chambarétaud, directeur général de la société d’assurances suisse Winterthur et spécialiste en opérations de spéculation foncière et immobilière…
Le clientélisme municipal à Lyon s’organise ainsi essentiellement autour des industriels locaux et des chefs de file du secteur du BTP (Lojkine, 1974), florissant en ces années de forte croissance urbaine et d’intense activité de construction dans la ville et son agglomération. Ces derniers bénéficient des largesses d’attribution des marchés de construction publique de la municipalité, en échange de leur soutien financier et politique au pouvoir municipal en place. Ces entrepreneurs et administrateurs d’entreprises plus ou moins intégrés au pouvoir politique donnent au maire un accès privilégié à toute l’élite économique de la ville et le légitiment en retour auprès des milieux économiques lyonnais (Sauzay, 1998).
Cependant, leur présence au sein ou à proximité du Conseil municipal fait aussi peser le soupçon d’une collusion entre pouvoir politique et pouvoir économique au niveau local, et d’un manque de transparence et d’objectivité dans l’attribution des marchés de travaux publics et de construction. Le clientélisme traditionnel s’essouffle donc progressivement, notamment pour le secteur de la construction et du fait de la concurrence accrue qu’exercent les grands groupes capitalistes nationaux et internationaux sur les entreprises locales dans la captation des marchés de construction liés à la mise en œuvre de la politique urbaine municipale.
Par ailleurs, le mouvement de concentration industrielle amorcé dans les années 1950 se poursuit en s’accélérant, entraînant le départ des principaux sièges sociaux lyonnais vers Paris, tandis que les premiers signes de ralentissement de la croissance industrielle se font sentir à la fin des années 1960. Le patronat industriel lyonnais se trouve ainsi confronté à la nécessité de s’adapter à ces nouveaux déterminants économiques, de manière d’autant plus urgente que les orientations étatiques dans le domaine de l’économie tendent à privilégier le développement des fonctions et des activités tertiaires dans la métropole lyonnaise, au détriment des activités industrielles. Cette mise en avant du secteur tertiaire rejoint toutefois les préoccupations de l’équipe politique de L. Pradel, focalisée sur l’aménagement du nouveau quartier d’affaires de Lyon à la Part Dieu.
Depuis la fin de la guerre, le patronat industriel lyonnais est représenté de manière constante, quoique souvent indirecte, au sein du Conseil municipal de Lyon, comme à Villeurbanne après l’élection de E. Gagnaire en 1961 (Lojkine, 1974). Il est rejoint au tournant des années 1960 et 1970 par des représentants directs des grands groupes industriels « monopolistes » (Lojkine, 1974) implantés dans l’agglomération (Rhône-Poulenc, Rhodiaceta, Gerland – British Petroleum). Ils remplacent notamment les traditionnels fabricants de soieries à la mairie, dans les organisations patronales et dans les Cercles. Ce renouvellement politique et économique progressif traduit la relative perte de pouvoir d’influence du petit patronat local sur la conduite des affaires municipales, au profit des grandes firmes nationales et internationales ayant des intérêts économiques dans l’agglomération.
A la fin des années 1960, différents facteurs contribuent à la reconfiguration des liens de clientèle tissés entre le personnel politique local et les représentants du monde économique. Le principal est la reprise en main de l’aménagement du territoire et des politiques urbaines par l’Etat central à partir de 1963, qui se concrétise au niveau de l’agglomération lyonnaise par l’instauration de l’OREAM en 1966 et la création de la COURLY en 1969 (voir infra). Ce mouvement de recentrage du pouvoir d’orientation et de conduite de la politique nationale dans l’agglomération lyonnaise accompagne l’internationalisation des enjeux du développement industriel et de la croissance économique, mais aussi la perte de nombreux sièges sociaux lyonnais au profit de la capitale (Bonnet, 1975).
Ce double processus, institutionnel et économique, contribue directement à l’affaiblissement du pouvoir d’une partie des élites économiques traditionnelles (BTP et petites entreprises industrielles) sur l’orientation du développement économique au niveau local. En revanche, les dirigeants des grandes entreprises nationales et internationales implantées dans l’agglomération lyonnaise renforcent leurs relations avec les autorités politiques de la COURLY, notamment par le biais de l’Association des Cadres et Dirigeants de l’Industrie pour le progrès social et économique (ACADI), club de promotion et véritable groupe de pression associé à la conduite de la politique économique dans la métropole lyonnaise au début des années 1970.
D’une part, le référentiel territorial de la politique économique prônée par les nouveaux services étatiques se déplace de l’échelle strictement locale de l’agglomération lyonnaise à celle de la RUL et du grand quart Sud-est de la France, en liaison avec la constitution de l’Association Grand Delta en 1966. Elle regroupe les représentants des institutions politiques et professionnelles des régions de Lyon, Marseille et Saint Etienne pour des actions de lobbying auprès des autorités gouvernementales, afin de les inciter à réaliser d’importants investissements en matière de grands équipements collectifs et d’infrastructures94, propices au développement de la grande industrie pétrochimique et sidérurgique, ainsi qu’auprès des grandes firmes industrielles internationales pour les convaincre de venir s’implanter dans la région. L’association promeut ainsi l’aménagement concerté entre Etat et patronat, et le développement complémentaire des pôles économiques marseillais et lyonnais.
Adhèrent à cette association essentiellement les responsables économiques issus des principales firmes industrielles internationales, parfois locales mais le plus souvent dépendant de grands groupes extra locaux, et pas les petits entrepreneurs industriels lyonnais. Ainsi, l’Association Grand Delta est notamment présidée par le délégué général des Usines Berliet95 et animée par C. Mérieux (Laboratoires Mérieux). Les principaux groupes pétroliers et chimiques français ayant des intérêts dans le Sud-est de la France et dans la région lyonnaise sont également représentés (Elf-Erap à Feyzin, Rhône-Poulenc, Péchiney, etc.). Le président de la CCIL P. Berliet met l’expertise patronale lyonnaise au service du développement des grandes zones industrialo-portuaires régionales dès le début des années 1960 (CCIL, 1963). L’association bénéficie également du soutien politique de L. Pradel, qui organise les « Journées Internationales du Grand Delta » à Lyon en 1972.
Le choix de favoriser la grande industrie place ainsi le pouvoir politique lyonnais en relative contradiction avec les intérêts et les attentes d’une part majoritaire du patronat local. J. Lojkine (1974) formule à ce propos un constat très critique sur la subordination du pouvoir politique lyonnais et régional au grand capital industriel national et international, inspiré des théories néo-marxistes sur le Capitalisme Monopoliste d’Etat. Il reproche notamment la soumission des dirigeants de la COURLY aux intérêts de développement spatial de la grande industrie, qui occulte complètement les besoins des entreprises lyonnaises.
D’autre part, la montée en puissance des opérations d’aménagement vouées à l’accueil des activités tertiaires dans le centre de l’agglomération lyonnaise contribue aussi à rompre l’équilibre qui existait dans les relations entre le pouvoir politique local et les entreprises lyonnaises du BTP. Ces dernières, principales bénéficiaires de la politique urbaine « bétonneuse » de L. Pradel, sont en effet progressivement distancées par les grands groupes de la construction et du BTP, qui intègrent beaucoup plus facilement le progrès technique et les nouveaux processus d’industrialisation de la construction dans leur fonctionnement. Le secteur des grands travaux urbains est, comme le reste des activités industrielles, frappé par une dynamique de concentration monopoliste importante à cette époque, qui s’exerce au détriment direct des entreprises locales en mal d’adaptation.
Les sociétés l’Avenir, le Roc, Maïa-Sonnier, les Frères Pitance ou Maillard & Duclos ont été les pourvoyeurs de fonds privilégiés du pradélisme, à l’image des sociétés de construction marseillaises dans la cité phocéenne sous le règne de G. Deferre (Morel, 1999), mais sont à la fin des années 1960 mises en situation d’infériorité face à la concurrence exercée par les grandes firmes extra-locales. Les principaux marchés publics municipaux sont ainsi captés par de grands groupes capitalistes nationaux ou internationaux : la construction du métro lyonnais est confiée au groupe CGE – Crédit Lyonnais – Neuflize-Schlumberger-Mallet, la construction du tunnel sous Fourvière est confiée à la Société Générale d’Entreprise et Borie Dumez, l’aménagement du Cours de Verdun est confié à la Compagnie Industrielle des Travaux et aux Grands Travaux de Marseille (Sauzay, 1998).
Malgré la domination des firmes extra-locales, quelques marchés importants de l’opération de la Part Dieu sont attribués aux entreprises lyonnaises, le plus souvent pour des motifs stratégiques et politiques locaux relatifs au maintien du lien privilégié entre le tissu économique lyonnais et les élites politiques. Ainsi, la société d’équipement d’A. De Valence obtient le marché du chauffage urbain de la Part Dieu en 1969, face à la société non lyonnaise représentée par J. Labasse, taxé de parisianisme malgré sa forte implication dans la promotion du quartier d’affaires au sein de la Commission Part Dieu du Comité d’expansion (Sauzay, 1998). Les sociétés l’Avenir, Pitance, Morin, Maillard & Duclos et Maïa-Sonnier se partagent les chantiers de construction publique du quartier (équipements ou bâtiments)96. Elles participent également à la réalisation de quelques programmes immobiliers de bureaux destinés au marché privé97, pour le compte de banques ou de la SEM chargée de l’aménagement (voir infra, Section 3).
Cependant, la perte relative d’influence du milieu économique local sur le pouvoir politique en place à Lyon est contrebalancée par l’entrée en politique de représentants du monde économique et des entreprises locales. Le personnage le plus emblématique de cette intégration progressive des forces patronales au sein du pouvoir politique en place est F. Collomb. Cet industriel lyonnais à la tête de Chimicolor98 entre en politique en 1959 au poste de Conseiller délégué chargé de la réalisation du marché-gare, de la régie des biens communaux et des affaires économiques de la Ville de Lyon, avant de prendre la présidence de la Foire de Lyon dans les années 1960. Il succède contre toute attente à L. Pradel à la mairie de Lyon à sa mort en 1976.
Il marque l’ouverture du pouvoir politique local au monde économique, dont il est lui-même issu, ainsi que l’amorce d’une nouvelle ère dans la gestion des affaires économiques par les autorités politiques locales, fondée sur l’intégration des intérêts économiques au sein du dispositif décisionnel (voir infra, Section 3). C. Béraudier, compagnon politique de F. Collomb, est également un homme politique local très impliqué dans la gestion municipale des affaires économiques. Plus ouvert aux questions économiques que le maire, il est notamment à l’origine de la décision de transférer le palais de la Foire du quai A. Lignon vers la périphérie Est de Lyon. Son rôle politique est toutefois beaucoup plus important au niveau régional qu’au niveau strictement local99.
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