Conclusion de chapitre
Le début des années 1970 est donc marqué par une profonde remise en question de l’interventionnisme étatique systématique dans le domaine de l’économie, particulièrement au niveau local. Différents facteurs explicatifs peuvent être identifiés : échec relatif des grandes opérations d’aménagement à vocation industrielle ou tertiaire dans l’agglomération lyonnaise, mais aussi plus largement dans les grandes métropoles du pays (complexes industrialo-portuaires de Fos-sur-Mer et de Dunkerque, Mériadeck à Bordeaux, etc.) ; effets limités des dispositifs incitatifs financiers supposés favoriser la décentralisation des fonctions économiques stratégiques de Paris vers les métropoles d’équilibre ; tournant politique libéral au niveau national, qui consacre progressivement le principe du retrait de l’Etat de la gestion des affaires économiques.
L’inadaptation croissante des logiques d’action aménagistes et quantitatives portées par la technocratie étatique face à l’évolution des enjeux et besoins des entreprises entraîne également la grogne patronale dans l’agglomération lyonnaise et une montée en charge des structures de représentation des intérêts économiques dans le débat politique. Elles réclament un changement de méthode radical et une meilleure prise en considération des attentes et des contraintes des entreprises par l’action publique, à défaut de pouvoir véritablement imposer l’idée du renoncement des pouvoirs publics locaux et centraux à intervenir dans le fonctionnement de l’économie. Les élites économiques lyonnaises revendiquent également un plus grand pouvoir et une influence plus directe sur la conduite des politiques économiques dans l’agglomération, au nom de leur grande capacité d’expertise en la matière.
Le basculement de l’économie mondiale dans un régime de crise conforte ce retour des acteurs économiques lyonnais sur le devant de la scène de la régulation au niveau local. L’évolution du contexte d’ensemble implique en effet un profond changement du cadre référentiel, des principes et des méthodes de l’interventionnisme économique public, qui font la part belle aux logiques d’action et de management issues de la sphère des entreprises (voir infra). La politique économique très centralisée de l’Etat, de portée nationale et dominée par les volets spatiaux et financiers de l’action régulatrice de la puissance publique, cède la place à une nouvelle forme de politique publique, plus qualitative et en phase avec les besoins des entreprises lyonnaises, ancrée dans le territoire local et portée par ses acteurs. Une nouvelle façon de gérer la régulation économique territoriale par le local, selon une dynamique de développement endogène, s’impose.
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