2.9.3.2Opérations analytiques : de l’explicitation des pratiques à la concrétisation technologique
2.9.3.2.1Épistémologie historique de l’analyse musicale
Une série de travaux sur la relation entre l’analyse musicale et les pratiques de composition, d’interprétation et d’écoute, ont débouché sur une épistémologie historique des « instruments de musicologie » : tables motiviques, représentations graphiques de la partition, procédures de constitution de données ethnomusicologiques, etc. En quoi les techniques du texte (et du son) utilisées par les analystes pour stabiliser et étudier leurs objets sont-elles porteuses de théorie musicale ? Retracer la généalogie de ces techniques a permis de formuler la notion d’« opération analytique », transversale à l’histoire des pratiques érudites du texte musical et à la conception d’outils logiciels d’aide à l’analyse musicale. La conception du collectif L’Analyse musicale, une pratique et son histoire (2009, avec R. Campos) s’est accompagnée de projets spécifiques résumés ci-dessous.
2.9.3.2.2La segmentation linéaire, opération minimale de l’analyse
Les membres du laboratoire Musique-Informatique Marseille ont une pratique d’écoute originale : identifier dans une œuvre une succession d’Unités Sémiotiques Temporelles (UST) au cours de séances d’écoute acousmatique collective. Dans le cadre de ScenariPlatform (ANR RIAM), nous avons réalisé un outil de segmentation pour réaliser, puis publier une analyse en UST. En parallèle, nous avons abordé cette activité d’écoute instrumentée comme objet ethnographique, y retrouvant la problématique analytique de l’interrelation entre segmentation et dénomination d’un flux musical.
2.9.3.2.3De l’annotation statique à l’annotation hypermédia
L’apprentissage et la pratique de l’analyse musicale procèdent beaucoup par annotations portées sur la partition ou sur une autre représentation. Nous avons intégré le logiciel pédagogique Musique Lab Annotation (Ircam / Ministère de l’Éducation nationale), à une chaîne éditoriale pour la publication musicale hypermédia (collaboration avec Kelis, Compiègne) dans le cadre de l’ANR RIAM Ecoute. Avec un groupe de travail de professeurs et analystes de la région PACA et du CNSMDL, nous avons produit deux CD-Rom éducatifs utilisant et validant cette chaîne éditoriale (voir §3.7, section AP).
La mise en tableau est une opération classique depuis le xixe siècle : tables de leitmotive wagnériens, comparaison entre un thème et ses variations, analyse sémiologique de partition (Ruwet/Nattiez), sont autant de façons très variées de l’effectuer. Comment fait-on un tel tableau ? Comment le lire ? Ces questions pragmatiques ont été reformulées à travers la co-conception d’un outil de découpe, étiquetage et mise en tableau de documents musicaux, en collaboration avec un ingénieur (Thomas Bottini, UTC) et un analyste (Jonathan Goldman, Université de Victoria, Canada).