Veille pédagogique


evaluation et notation – mise à jour juillet 2014



Yüklə 1,87 Mb.
səhifə27/35
tarix26.10.2017
ölçüsü1,87 Mb.
#13936
1   ...   23   24   25   26   27   28   29   30   ...   35

5evaluation et notation – mise à jour juillet 2014




Extrait de la publication mensuelle du « Café pédagogique », juillet 2014

Évaluation : La révolution sans crise de nerfs ?
« La question de la note ne doit pas cannibaliser les débats sur l'évaluation », prévient Benoît Hamon. Dans sa présentation de la Conférence nationale sur l'évaluation des élèves, le Ministre a insisté sur l'importance de ne pas focaliser les passions sur la notation, qui n'est qu'un élément parmi d'autres de l'évaluation scolaire. Ni sans notes, ni toute en notes, l'évaluation doit évoluer pour éviter de renforcer les effets d'inégalité au sein de l'école, liés à une stigmatisation des faibles résultats chiffrés. La conférence lancée le 24 juin, sous la présidence d'Étienne Klein assisté de Michel Quéré et de Florence Robine, recueillera les avis de tous les protagonistes avant de rendre, en décembre, les conclusions qui permettront au Ministre de statuer. Benoît Hamon, qui a prévenu qu'il « serait là » au moment des choix et des décisions, a expliqué son recours à des personnalités ouvertes au dialogue et à la coopération, pour obtenir un réel consensus. Avec une incertitude : les enseignants parviendront-ils à changer leurs pratiques professionnelles, ancrées dans la culture collective ?
Une évaluation bienveillante mais pas laxiste
Réfléchir aux modalités d'évaluation, est-ce forcément renoncer aux exigences scolaires ? « Ma conviction, affirme le Ministre, c'est qu'aujourd'hui, l'évaluation peut contribuer à accentuer les difficultés de ceux qui ont le moins de capital culturel, ceux qui ne maîtrisent pas toujours les codes de la réussite scolaire. » Prenant l'assistance à témoin, il souligne à quel point la connivence sociale, ce « délit d'initié », reste déterminante dans la réussite. Comment compenser ces inégalités ? En travaillant à mettre les évaluations au service des progrès et des apprentissages. L'évaluation doit être utile pour les usagers de l'école, et pas un simple mode de classement des élèves, explique-t-il. Pour être bienveillante, l'école doit apprendre à utiliser la notation à « bon escient » : la formule, souvent reprise, souligne l'intérêt possible d'une notation pensée en un sens pédagogique, et non de simple sanction. Contre la mécanique d'un niveau mesuré, parfois jusqu'à l'absurde, en moyennes à plusieurs décimales, il entend rendre sa place à une évaluation pondérée par le souci d'appréciation qualitative du travail de l'élève. Au risque d'une dérive laxiste ? Le Ministre s'en défend : que signifie un zéro en dictée, pour un élève qui se donne du mal, qui fait énormément d'efforts et auquel on dit qu'il a progressé... mais qu'il vaut toujours zéro ? Loin d'un déni de l'échec, il s'agit de permettre à l'élève de s'en emparer pour y remédier le mieux possible, quelle que soit sa situation. A contrario, affirme Benoît Hamon, ce n'est pas être exigeant, ni être vraiment ambitieux pour l'école que d'exiger un système qui se contente de « ventiler » les élèves selon des résultats chiffrés.
Un changement utile aussi aux meilleurs élèves
Ce travail ne vise pas seulement les élèves en difficulté, souligne le Ministre, mais aussi l'amélioration de nos élites. Ceux qui réussissent scolairement aussi ont besoin d'autres formes d'évaluation : les études internationales montrent le gain de performance à gagner pour les meilleurs élèves aussi. Il ne s'agit pas de remettre en cause les mauvaises notes des élèves en échec, ou de tirer l'ensemble des élèves vers le bas, prévient-il, s'amusant des éditoriaux qui feraient leurs choux gras de l'image du thermomètre que l'on brise pour ne pas voir la fièvre. Prenant exemple des nouvelles modalités d'évaluation en anglais LV, il affirme qu'on peut évaluer autant les progrès déjà accomplis que ceux qui restent à faire, noter les connaissances en appréciant les compétences acquises. Mais rien ne changera si on ne donne pas des indications claires sur ce qui doit être acquis et connu. En particulier concernant les attendus du socle commun :on ne peut pas laisser à l'enseignant la charge de faire, à lui tout seul, de ses 24 élèves, « 24 surhommes, au sens nietzschéen » ! L'évolution des modes d'évaluation ne manqueront pas d'avoir par ailleurs une incidence sur les examens, bac ou brevet, qui vont devoir évoluer aussi : la manière dont on note aux examens, rappelle Benoît Hamon, en dit long aux enseignants sur la manière dont ils doivent préparer leurs élèves à réussir.
La liberté pédagogique encadrée
En ce sens, si la liberté pédagogique de l'enseignant est importante, reconnaît le Ministre, cette liberté devient vite une solitude, au moment d'évaluer ses élèves, dans l'incertitude de ce qui doit être attendu en termes de connaissances et de compétences acquises. Une solitude qui peut conduire à la tentation de répéter ce qui se fait, se faisait avant ou se fait à côté, pour donner un contenu de sens à cette liberté qui ne sait trop comment se régler. S'il se défend de vouloir « normer » la liberté de l'enseignant, le Ministre entend bien l'encadrer, la réguler, lui donner un cadre avec des points de repère précis, pour rendre le travail de l'enseignant plus intelligible aux yeux des parents et des élèves. Répondant aux questions du Café pédagogique, le ministre affirme qu'il "sent une vraie demande chez les enseignants" sur ce point. "Il y a des syndicats qui s'engageront derrière les propositions du jury", affirme-t-il.
Un comité d'ouverture et de dialogue
Rechercher la fabrique de consensus ne garantit pas de le trouver, remarque le Ministre, qui ne veut pas voir la question de l'évaluation sombrer dans les sempiternelles querelles qui rassemblent toujours à peu près les mêmes belligérants sur les mêmes champs de bataille au prix des mêmes défaites. La conférence n'est pas «un « truc », dit-il, pour contourner les institutions et les syndicats, afin d'avancer sur un sujet qu'on sait d'expérience être conflictuel. Évoquant le reproche qu'on lui oppose de vouloir apaiser l'école, voire acheter la paix sociale, Benoît Hamon fait le pari que le choix des personnalités retenues pour mener le jury de la conférence permettra de surmonter sans les fuir les réticences et les clivages. Réaffirmant sa confiance à Michel Quéré, président du comité d'organisation, recteur de l'Académie de Rennes, à Étienne Klein, président du jury, physicien et docteur en philosophie des sciences, et à Florence Robine, vice-présidente du comité d'organisation, directrice de la DEGESCO, ainsi qu'à l'ensemble des membres du Comité : Jean-Yves Daniel, doyen de l'IGEN, Jean-Richard Cytermann, de l'IGAENR, Catherine Moisan, directrice de l'évaluation, prospective et performance, Michel Lussault, directeur de l'IFE, ainsi que le futur président du CSP, pas encore nommé, Benoît Hamon attend de cette équipe d'ouverture et de dialogue qu'elle crée un ensemble de propositions partagées, en vue de la semaine sur l'évaluation, du 8 au 12 décembre 2014, au terme de laquelle il statuera.
Un chantier considérable en perspective, dont on augure que les travaux se heurteront à de lourdes contradictions, tant entre les « usagers » (élèves et parents) et les « prescripteurs » (enseignants) qu'entre les membres de la société civile ou de l'enseignement entre eux. Les enjeux de l'évaluation scolaire dépassent en effet de très loin le cadre de la réussite ou de l'échec aux exercices ou aux examens : ils jouent un rôle de marqueurs symboliques puissants, par-delà les clivages sociaux et en dehors de l'école : quand les métaphores de la note, de la récréation, de la copie ou du bachotage sont à ce point omniprésentes dans l'univers extra-scolaire, la « crise de nerfs permanente » qui entoure les questions relatives à l'Éducation nationale est peut-être à interroger comme le symptôme d'une angoisse sociétale profonde plutôt qu'une simple réticence corporatiste.
Jeanne-Claire Fumet
Une précédente conférence de consensus
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/12/16122011_consensusEvaluation.aspx
Du bon usage de la notation
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/05/02052014Article635345941615250749.aspx
Pourquoi Peillon veut changer la notation ?
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/01/24012014Article635261452496535161.aspx


Evaluation : Pourquoi la changer et comment ?
Quelles sont les pratiques d'évaluation des enseignants ?
Mais quelles méthodes d'évaluation sont utilisées aujourd'hui par les enseignants ? Permettent-elles de faire progresser les élèves ? L'Inspection générale a publié en juillet 2013 un rapport sur "la notation et l'évaluation des élèves "coordonné par Alain Houchot et Frédéric Thollon. Il dresse un état des lieux des pratiques d'évaluation de l'école au lycée. Son principal apport c'est de montrer un système éducatif coupé en deux par l'évaluation. A l'école primaire l'évaluation chiffrée a pratiquement disparu même si le Livret personnel de compétences n'a pas trouvé sa place. Par contre dans le secondaire, les notes sont toujours là et ce sont les autres modes d'évaluation qui dérogent. Le rapport souligne que toute modification de l'évaluation a des conséquences sur l'organisation des établissements et la charge de travail. Au final, les inspecteurs généraux estiment que "dans la plupart des écoles et des collèges, la réflexion sur l'évaluation n'a guère abouti... Le constat d'une absence d'objectivité est quasi constant : on ne sait pas ce qu'on évalue". Des tentatives ont eu lieu pour faire avancer les choses.

(…)


François Jarraud

Le rapport de l'inspection
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2013/98/7/Rapport-IGEN-2013-072_274987.pdf


Evaluation : Le colloque du Mouvement contre la constante macabre vote la confiance
Qui d'autres qu'André Antibi et son « Mouvement contre la constante macabre » (MCLM) pouvait en ce mercredi 4 juin réunir dans une même matinée l'actuelle directrice générale de l'enseignement scolaire Florence Robine, l'ancien directeur général de l'enseignement scolaire du temps de Luc Chatel, Jean-Michel Blanquer, Mathieu Hanotin, un député PS de Seine Saint-Denis, vice président du conseil général et un ancien député UMP , Jacques Grosperrin, pour converger sur une idée simple : Ce qui fonde la valeur d'un diplôme, d'une évaluation, ce n'est pas son taux d'échec , mais le fait qu'on reconnaissance les compétences et les connaissances acquises par les élèves.
Depuis des siècles, notre système éducatif fonctionne, avec l'accord tacite de l'opinion publique, sur le principe que la valeur d'un niveau scolaire s'exprimait non au travers des connaissances et compétences validées, mais en relation avec le nombre de ceux qui y échouaient. Un enseignant qui donne la moyenne à tout le monde, un examen où la quasi-totalité des candidats sont reçus sont actuellement, comme ils l'étaient il y a 50 ans, discrédités par les médias, et souvent l'opinion, ce qui n'est pas le cas dans bien d'autres pays....
C'est cette révolution culturelle qui met en avant l'exigence d'une évaluation basée sur ce que l'élève doit savoir et non comme le dit André Antibi « sur le nombre d'échecs nécessaires pour qu'une évaluation soit crédible », auquel appelle le MCLM. Florence Robine, l'actuelle directrice générale de l'enseignement scolaire a souligné combien « cette évaluation à la française » pénalisait les élèves français et leur ôtait de la confiance en eux comme en témoigne le nombre parmi les plus élevés du monde de non-réponses des élèves français lors des enquêtes PISA. Elle a annoncé que le chantier de l'évaluation était une de ses principales préoccupations et que le ministre de l'éducation ferait des annonces sur cette question dans les semaines à venir. Elle a notamment déclarée « L'évaluation doit être bienveillante, ce qui ne veut pas dire laxiste, mais au contraire exigeante, avec des exigences claires aux yeux des familles et des élèves... »
La confiance en soi, l'estime de soi des élèves et des étudiants a été au coeur des discussions. Qu'est-ce que je souhaite que mes élèves maîtrisent ? Comment je permets que les modalités d'évaluation soient plus compréhensibles pour les élèves et leurs familles ? Comment construire une évaluation par contrat de confiance avec l'élève. Il est apparu que de l'école primaire à l'université, avoir confiance, enseignants, élèves, les uns envers les autres, cela donne l'envie et le désir d'apprendre, mais la confiance ne se compartimente pas et doit être au coeur du projet éducatif dans tous les moments de la scolarité.
Jean-Louis Auduc



Extrait de la publication mensuelle du « Café pédagogique », juillet 2014

L'évaluation apparait comme un thème majeur. "On aura à discuter de l'évaluation en fin de scolarité obligatoire comme durant la classe. C'est une tâche exaltante pour le Conseil supérieur des programmes pour l'année qui vient", précise-t-il.

(…)

Le ministre a été particulièrement prolixe sur l'évaluation des élèves. "Je suis favorable à ce qu'on puisse faire évoluer l'évaluation", a dit B. Hamon. "Je proposerai une méthode pour refonder l'évaluation des élèves... Elle doit être un outil de progrès pour l'élève, un indicateur de ce qui est acquis et ce qui ne l'est pas... J'entends agir en ce domaine". Le ministre de l'éducation nationale a laissé entendre que son action serait imminente. Il a précisé que "en ce sujet il est indispensable de fabriquer du consensus".

François Jarraud






Extrait de la lettre d'information de l’ESEN nº217 bis du 18 juillet 2014

Évaluation des élèves : lancement de la conférence nationale

La conférence nationale doit permettre d'élaborer une évaluation, dont les objectifs, les principes et les modalités doivent être partagés par les élèves, les familles, les enseignants, les équipes pédagogiques et éducatives.

Consulter la présentation de la conférence nationale sur l'évaluation des élèves




Extrait de la lettre d’actualités d’Educpros.fr – 11 juillet 2014

Comment trouver la juste évaluation ?

Alors que le ministre de l’Education nationale, Benoît Hamon, a lancé ce mardi une consultation pour réformer l’évaluation des élèves et qu’il a donné une interview fort intéressante à ce propos au Parisien (à retrouver ici ), plaidant notamment pour … Continue reading

Ah qui dira les torts de la note ! Des réponses à dix objections

Cette exclamation, qui rappellera un vers célèbre aux littéraires, ne doit pas laisser penser que, sur la question mise en lumière par les déclarations récentes du ministre Benoit Hamon, je considère la note comme « ce pelé, ce galeux, dont vient … Continue reading




Extrait de la lettre d’actualités d’Educpros.fr – 27 juin 2014

Comment trouver la juste évaluation ?

Alors que le ministre de l’Education nationale, Benoît Hamon, a lancé ce mardi une consultation pour réformer l’évaluation des élèves et qu’il a donné une interview fort intéressante à ce propos au Parisien (à retrouver ici ), plaidant notamment pour … Continue reading →






Extrait de la lettre d'information de l’ESEN nº216 du 27 juin 2014

Lancement de la conférence nationale sur l'évaluation des élèves

24 juin 2014 

Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche

Trop d'élèves souffrent aujourd'hui des effets négatifs d'évaluations qui ne prennent en compte que leurs lacunes, qui peuvent les décourager dans leurs apprentissages et les freiner dans leurs parcours. Le ministre considère qu'il est temps de construire une véritable politique de l'évaluation des élèves, au service des apprentissages et de la réussite de tous. Une évaluation, dont les objectifs, les principes et les modalités doivent être partagés par les élèves, les familles, les enseignants, les équipes pédagogiques et éducatives. C'est le sens de la conférence nationale sur l'évaluation des élèves.

Consulter la présentation de la conférence nationale sur l'évaluation des élèves





Extrait de la lettre d’actualités d’Educpros.fr – 26 juin 2013

Et si on recopiait la circulaire "Edgar Faure" du 6 janvier 1969 sur les notes ?

L’histoire ne repasse jamais les plats, dit-on. Et la tentative a échoué en son temps. Alors, ne copions pas ; mais relisons-là au moins pour ses "attendus". "Le développement des méthodes actives, des travaux d’équipe, ont rendu familiers des procédés de stimulation et d’émulation qui ne risquent pas d’engendrer un "esprit d’âpreté" déplaisant, et surtout n’ont […]






Extrait de la lettre d’actualités d’Educpros.fr – 25 juin 2013

Évaluer n'est pas noter
Alors que le ministre de l'Education nationale Benoît Hamon lance la conférence nationale sur l'évaluation des élèves mardi 24 juin 2014, EducPros revient sur les initiatives des établissements sur cette question cruciale de la notation.




Extrait de la publication mensuelle du « Café pédagogique », juin 2014

La constante macabre en colloque
En partenariat avec Le Café pédagogique, le Mouvement contre la constante macabre d'André Antibi organise le 4 juin à Paris son colloque annuel. Le système EPCC, dont l'objectif initial est d'aider les professeurs à éradiquer la constante macabre, présente d'autres avantages très importants : augmentation sensible de la confiance entre élèves/étudiants et enseignants, amélioration de la relation entre les parents d'élèves et l'École, forte incitation des élèves et des étudiants à travailler, meilleur bien-être à l'école et à l'université. C'est sur ces deux derniers points qu'un accent particulier sera mis lors du colloque. Il apparaît qu'une spécificité importante du système EPCC est de concilier travail et bien-être. Ce point présente un intérêt tout particulier, compte tenu des derniers résultats des enquêtes internationales sur le bien-être des élèves.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/05/06052014Article635349576903795901.aspx




Extrait de la publication mensuelle du « Café pédagogique », juin 2014

Un bon usage de la notation est-il possible ?
Faut-il renoncer aux notes, comme s'y essaient quelques établissements expérimentaux ? Ni l'institution, ni ses acteurs n'y semblent prêts. Ce qui n'empêche pas d'examiner les pratiques réelles, de les comparer avec celles d'autres systèmes scolaires, de juger si certaines semblent mieux adaptées à l'apprentissage et à la réussite scolaire. Pierre Merle, sociologue, agrégé de Sciences économiques et enseignant à l'ESPE de Bretagne intervenait le 30 avril 2014, dans le cadre des Mercredis de Créteil du CNDP, à l'occasion du cycle « Pour une école bienveillante : renforcer le plaisir d'apprendre » pour une réflexion sur la Notation des élèves : état des savoirs et « pratiques efficaces ». Il entendait montrer que certaines données sont à prendre davantage en considération : renoncer à l'idéal de la note « vraie », admettre la réalité des « biais » d'évaluation qui influent sur les notes, mutualiser et varier les formes d'évaluation pour atténuer leurs effets pervers. Un usage révisé de la notation, en somme, au service de l'équité et du progrès scolaire.
La notation, un thermomètre ?
Pourquoi adopter une métaphore qui associe la scolarité a une maladie ? se demande Pierre Merle, en référence à une intervention de Luc Ferry, en 2012 au sujet de la suppression de la notation. L'ancien Ministre s'insurgeait contre l'idée de briser l'instrument de mesure ; Pierre Merle propose de s'interroger plutôt sur la finalité de cette mesure et sur sa capacité à faire progresser les élèves. La notation, rappelle-t-il, peut être sommative ou certificative, quand elle établit la conformité du travail aux attentes scolaires ou aux critères d'un examen, mais aussi diagnostique ou formative, quand elle repère les difficultés ou conseille utilement. Les deux premières fonctions prévalent dans l'institution, au détriment des deux autres, mal connues et peu usitées. Pourtant, la question est bien de comprendre comment les notes peuvent aider à apprendre, quel rôle elle peuvent jouer dans l'acquisition du savoir, compte tenu du fait qu'il est aussi possible d'apprendre sans notes, ce qui est le cas dans la plupart de nos apprentissages.
De la sérénité au profond sentiment d'injustice
Du côté des élèves, une enquête menée auprès d'un panel de collégiens et de lycéens, montre que l'expérience de la notation est loin d'être vécue par tous de la même manière. Pour une minorité, le rapport reste serein, la confiance dans l'exactitude de la note et l'impartialité du correcteur est intacte. Une autre partie des élèves exprime un mécontentement récurrent et conteste les conditions d'évaluation : l'exercice est trop difficile, le professeur est partial, les questions ne correspondent pas au cours étudié, etc. Enfin, pour une autre partie, l'équité est impossible, ce qui justifie, sur fond de relativisme radical, le recours à des stratégies d'évitement et de substitution : devoirs réalisés par un tiers, refus de réaliser l'exercice, etc. Deux éléments se révèlent déterminants : la discipline d'enseignement et le niveau scolaire de l'élève. Le rapport aux notes est plus serein en mathématiques qu'en français, en raison de la supposition d'un barème indiscutable, et les notes mieux acceptées par les élèves qui réussissent et y trouvent une gratification que par ceux qui rencontrent des difficultés. Or l'expérience vécue par un élève joue un rôle important dans son investissement et sa motivation à l'égard des enseignements. Le conférencier cite l'exemple de la première note de l'année en philosophie, souvent faible, et qui produit un effet de déception rédhibitoire pour le reste de l'année.
Les examens sont-ils une loterie ?
Peut-on maintenir intacte la croyance institutionnelle dans la note « juste », questionne Pierre Merle, alors qu'il semble difficile d'admettre que les enseignants comprennent, abordent et apprécient pareillement les éléments du programme, et que leur sensibilité aux copies des élèves est manifestement différente ? Les études docimologiques, depuis Laugier et Weinberg dans les années 30, jusqu'à B. Suchaut en 2008, en sciences économiques, exhibent toutes la même disparité d'appréciation entre correcteurs - jusqu'à 10 points d'écart sur une même copie. Mais loin de conclure au caractère purement hasardeux de la réussite aux examens, Pierre Merle rappelle que les résultats y sont généralement sans surprise : bons pour les bons élèves, mauvais pour les plus faibles. Mis à part pour les élèves moyens, les aléas de l'épreuve seraient en fait compensés par la diversité des notes et des évaluateurs, ainsi que par l'anonymat des copies. Raisons pour lesquelles le sociologue se proclame nettement favorable au baccalauréat sous sa forme d'examen national et anonyme, beaucoup moins injuste et contraint dans ses résultats, estime-t-il, que ne le serait un contrôle continu.
Des biais sociaux et psychologiques sous-estimés
Les expériences de psychologie et de sociologie menées auprès de correcteurs font apparaître des tendances assez régulières dans la notation. On note plus sévèrement les garçons, les élèves d'origine étrangère, les redoublants, les élèves qui ont du retard scolaire. De même, les notes données précédemment à l'élève, le statut social de l'établissement d'origine (banlieue ou centre-ville, ZEP ou quartier favorisé), les effets d'apparence et de présentation physique, produisent des inflexions de notes sensibles pour une même copie. Les contraintes qui pèsent sur la notation peuvent être externes : type d'établissement, type de direction (sévère ou indulgente), normes de notation disciplinaire, comme en philosophie, par exemple, où la moyenne stagne à 8/20 au bac, à l'opposé des arts ou du sport. S'y ajoutent des contraintes internes : logique de « tenue » de classe, négociations particulières avec les élèves, relations personnelles (affectives) avec certains d'entre eux. Enfin, le rapport du professeur avec sa propre expérience scolaire n'est pas anodine : le souvenir des notes obtenues, sa conception de l'école, élitiste ou ouverte à tous, son passé de réussite ou de difficulté, influent sur son évaluation. Pierre Merle regrette que les études plus pointues, par exemple sur les différences de notation selon le genre du correcteur, manquent encore pour affiner le repérage de ces tendances souvent inaperçues. Le tabou reste d'autant plus vif sur ces questions que le modèle de la « vraie » note, impartiale, équitable, juste et neutre, reste un repère très important au sein de l'institution. Le meilleur moyen de contrer ces effets pervers serait pourtant de les porter au jour et à la réflexion de chacun.
Quelques indications en vue de l'équité et du progrès scolaire.
Quelques précautions devraient pourtant permettre de déjouer certains biais dans la pratique réelle. Ainsi, il semble important de préserver l'anonymat social de l'élève dans le cadre scolaire : la pratique des fiches de renseignements personnels, outre son caractère indiscret, risque de fixer inutilement une image préconçue de l'élève. De même, l'anonymat des élèves lors de l'évaluation, par l'échanges des copies, par exemple, lors de contrôles préparés en commun, et la définition de barèmes et d'exigences disciplinaires partagés, peuvent atténuer les effets de cumul, tout comme la variation régulière des types d'évaluation. Inversement, la notation peut jouer sur les ressorts de la prophétie auto-réalisatrice : une note encourageante stimule les progrès et évite le phénomène de spirale négative. De même, plus les règles de l'évaluation sont claires, plus le contrat est défini, plus la notation perd de son caractère aléatoire et effrayant. Les modèles étrangers donnent à réfléchir : la Finlande, qui n'introduit les notes qu'en fin de collège, se limite à une échelle de notes de 4 à 10, ce qui évite qu'une note faible ruine la moyenne de manière irrémédiable.En Allemagne, les notes se limitent à une amplitude de 1 (excellent) à 6 (insuffisant). En Finlande encore, on ne communique pas aux parents l'évaluation des établissements, mais seulement aux membres de l'équipe, qui peuvent ainsi corriger les dysfonctionnements internes sans devoir faire face à une fuite des « meilleurs » élèves. La publication des classements, en France, précise Pierre Merle, joue un rôle dévastateur pour les établissements en difficulté.
Une notation réellement pédagogique, conclut-il, s'inscrit dans une démarche explicite, capable de distinguer les moments d'exposé, de pratique dirigée, de pratique autonome et de consolidation des acquis, au terme de laquelle seulement l'évaluation peut intervenir avec profit et mesurer réellement les apprentissages. Une approche sereine et dépassionnée, en somme, de la démarche d'évaluation, bien éloignée des attentes frénétiques que la société toute entière fait actuellement peser sur les performances scolaires.
Jeanne -Claire Fumet


Yüklə 1,87 Mb.

Dostları ilə paylaş:
1   ...   23   24   25   26   27   28   29   30   ...   35




Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©muhaz.org 2024
rəhbərliyinə müraciət

gir | qeydiyyatdan keç
    Ana səhifə


yükləyin