Compte-rendu de conférence
« Quelles perspectives pour les biomatériaux
dans les emballages des produits alimentaires ? »
organisée par les partenaires du projet de recherche EMABIO
Le 29 mars 2010, au cours d’une conférence qui s’est tenu au Technopole Alimentec à Bourg-en-Bresse (01) , l’équipe de recherche collaborative EMABIO a présenté aux industriels de l’agroalimentaire et de l’emballage l’état d’avancée de ses travaux menés depuis 2007 sur les biomatériaux d’emballages, et rapporté le résultat de l’enquête entreprise sur les attentes des industriels et des consommateurs vis-à-vis de ces biomatériaux.
La conférence, organisée par le SMTA Alimentec et avec la participation des pôles de compétitivité Plastipolis et Vitagora, a permis à la centaine d’industriels et de chercheurs présents de mener des échanges constructifs lors de la table ronde qui a suivi.
RESUME DES INTERVENTIONS
De nombreux matériaux d’origine végétale ont été introduits sur le marché ces deux dernières années, avec des développements et des annonces de grands chimistes en 2009, signe que l’on quitte le modèle des marchés niches (PP vert, Polyuréthanes) pour assister à une généralisation de l’utilisation des agro-matériaux, en particulier dans le domaine de l'emballage. Le conditionnement des denrées alimentaires fait appel à des cahiers des charges variés et exigeants, et les industries agroalimentaires attendent des réponses concrètes à un certain nombre de verrous technologiques (perméabilité, résistance thermique, inertie chimique….)
L'aptitude au contact alimentaire des "bio"emballages est définie à partir de la réglementation des matériaux "plastiques". L’emballage est supposé inerte, alors que le bio-emballage peut être conçu pour évoluer au cours du temps. En outre, la sensibilité à l'eau, la présence de composants mineurs qui affectent le caractère organoleptique, les pratiques originales de formulations associées aux verrous technologiques des nouveaux matériaux, appelleront certainement à revisiter la réglementation des matériaux au contact.
L’utilisation d’emballages biodégradables et/ou bio-sourcés s’accroît fortement alors que le débat sociétal sur les questions d’environnement est ouvert et que le contexte réglementaire n'est pas figé : évaluation de la biodégradabilité, de la compostabilité en milieu aérobie et en milieu anaérobie. Par ailleurs, les approches de type ACV permettront d'évaluer les potentialités du recyclage et de la biodégradation, et d'arbitrer sur les évolutions prévisibles/souhaitables de la gestion des déchets.
L'industrie agroalimentaire et la filière "matériaux" sont dans une situation d’attente réciproque sur la filière bio-emballage, la faible demande justifiant la faible production, et les coûts et l'absence de visibilité à moyen terme entrainant la faible demande. Il est donc difficile de "prédire" le développement du marché. Mais certains matériaux vont certainement s'imposer : (i) le PLA, en tant que matériau "historique" (le premier en grande quantité sur le marché) (ii) les polyoléfines vertes (PE et PP), substituts strictement identiques aux matériaux pétrochimiques (iii) le PBS, en raison de la forte production mondiale d'acide succinique dans les années à venir. D’autres « synthons verts » pourraient également être valorisés pour la synthèse de bio-polymère (dérivés de l’isosorbides, dérivés furaniques).
TABLE RONDE : QU’ATTENDENT LES INDUSTRIELS DES BIO-MATERIAUX ?
Une TABLE RONDE permettant d’intenses questionnements entre industriels de l’agroalimentaire ou de l’emballage et chercheurs s’est ensuite appuyée sur un sondage collecté au moment de l’inscription des participants, ce qui a permis d’identifier les applications-cibles et les principaux verrous, techniques ou technico-économiques, des biomatériaux d’emballage. Ce sondage a montré qu’une partie des industriels est déjà dans une démarche de développement durable, la majorité s’exprimant sur des préoccupations privilégiant les approches globales de type ACV, et dans une moindre mesure sur des attentes en terme de biodégradabilité.
Les industriels de l’emballage ont une expérience concrète de certains matériaux bio-sourcés, ils ont une nette avance sur les industries agroalimentaires (IAA), chez lesquels les essais et mises en marché sont plus rares. Les professionnels de l’emballage admettent que les biomatériaux actuels peuvent exiger plus d’attention en production industrielle, et qu’ils ont des particularités susceptibles d’impacter le consommateur. De l’avis général il reste un pas à faire pour répondre aux besoins et exigences complexes des IAA, par l’émergence de nouveaux biomatériaux synthétiques et par l’amélioration des matériaux existants par voie de formulation (par exemple résistance à l’eau, barrière à l’eau , barrière à l’oxygène, résistance thermique..). Toutefois l’identification de verrous génériques sur les agro-matériaux peut être liée à une connaissance partielle de l’offre du marché (connaissance préférentielle du PLA ou des mélanges polyester/amidon, et généralisation de leurs verrous techniques à l’ensemble des agro-matériaux).
Sur le thème de la fin de vie, les spécialistes accordent une préférence à court terme sur la valorisation thermique comme une bonne solution technique et économique. Mais cette solution va à l’encontre de l’attente du consommateur qui privilégiera spontanément la fin de vie par biodégradation ou par recyclage.
Le recyclage constitue évidemment la fin de vie à privilégier, à partir d’un volume conséquent d’une matière donnée utilisée sur le marché. L’Europe poussera de plus en plus à trier et recycler les emballages ménagers, avec des objectifs de taux de recyclage qui devraient pousser prochainement les filières de tri à élargir les types de matières et d’objets recyclés : sont concernés les matériaux thermoformés et les films plastiques d’usage alimentaire qui n’entrent pas aujourd’hui dans les filières de tri.
La biodégradabilité n’a pas été identifiée par les industriels présents comme une propriété espérée et incontournable : en dehors des applications ou elle fait partie de la fonctionnalité du matériau (sacs à compost, paillage agricole), le caractère biodégradable constitue un plus, pour la prévention du risque de fin de vie non maîtrisée (cf les matériaux oxo-dégradables). Mais a contrario, on peut craindre une déresponsabilisation du consommateur ainsi qu’une dégradation de la qualité des matériaux recyclés (effets d’inertie chimique et incidence négative sur les propriétés fonctionnelles).
Le compostage industriel est un secteur en développement pour la production de compost (dégradation aérobie) et de méthane (dégradation anaérobie). La collecte n’étant pas développée au niveau des particuliers, l’emballage alimentaire n’est pas concerné par cette filière ; reste à savoir combien de temps cette situation intermédiaire devrait perdurer.
Cette rencontre entre industriels de l’agroalimentaire et de l’emballage a offert une occasion pour les industriels de l’agroalimentaire de s’informer et de s’impliquer dans le développement d’une nouvelle génération d’emballages. Il a fallu 60 ans pour développer et mûrir le marché des plastiques modernes. Le développement de la nouvelle filière sera plus rapide, mais il nécessitera tout de même un fort investissement de recherche et développement dans un cadre précompétitif, en partenariat entre les filières amont et aval.
Contact presse : Laure PONCET – 04 74 45 52 15 – lponcet@alimentec.com
Les partenaires du projet EMABIO :
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PLASTIQUES RG (groupe G.Pack) : pilote du projet, fabricant d’emballages plastiques par injection, injection soufflage, surmoulage, extrusion soufflage et thermoformage ; réalise également les opérations d’assemblage, montage et décoration des pièces. Un des leaders européens de la décoration par système IML.
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CLEXTRAL : concepteur et constructeur d’équipements d’extrusion bivis, spécialiste mondial de leurs applications, seul équipementier français en extrusion bivis
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CEREGRAIN : commercialisation de produits transformés à base de céréales et produits similaires, normalement amenée à assurer certaines transformations conduisant du maïs grain à un matériau plastique à base de maïs
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CTCPA -Centre Technique de la Conservation des Produits Agricoles- : à travers les projets de recherche appliquée menées pour les IAA, via la recherche collective ou menés en partenariat avec d’autres centres techniques et des industriels, le CTCPA apporte les informations nécessaires, validées scientifiquement et applicables industriellement, à toute la filière agroalimentaire
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INRA : Unité mixte de Recherche « Fractionnement des Agro-Ressources et Environnement (UMR FARE)
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PEP –Pôle Européen de Plasturgie- : installé au cœur de la Plastics Vallée qui représente 12 % de la filière plasturgiste française, le PEP, regroupant l’intégralité des métiers de la plasturgie, permet à la filière d’innover en permanence et de garder son avance dans la maîtrise des procédés et des coûts de production
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ROVIP : spécialisée dans l’injection de thermoplastiques pour pièce de haute précision, la décoration, l’assemblage et l’industrialisation de process
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JC POLYMERS : spécialisée dans la fabrication de matières premières à base d’éléments minéraux et polymères vierges et recyclés, avec une activité de compoundage et de recyclage de tous types de déchets plastiques
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UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1 : a mené les travaux par l’intermédiaire du LRGIA -Laboratoire de Recherche en Génie Industriel Alimentaire- (Equipe d’Accueil n° 3733)
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SYNDICAT MIXTE DU TECHNOPOLE ALIMENTEC : Syndicat de gestion du Technopole - pôle de ressources dédié aux professionnels de l’agroalimentaire, il réunit une dizaine de centres de compétences et accompagne les industriels sur deux thématiques centrales : l’emballage et la sécurité sanitaire des aliments
A propos du projet EmaBio
Lancé en 2007, EmaBio est un projet de recherche programmé sur 3 ans, visant à développer un nouveau type d’emballages biodégradables adaptés à l’agroalimentaire, dans une perspective de développement durable et d’usage non alimentaire des productions agricoles.
Initialement porté par le SMTA -Syndicat Mixte du Technopole Alimentec au sein du pôle de compétitivité Plastipolis, axé en Rhône-Alpes et Franche Comté, le projet EmaBio est piloté par l'entreprise Plastiques RG en partenariat avec les industriels Clextral, Ceregrain, Rovip, JC Polymers, et les centres techniques et laboratoires du PEP -Pôle Européen de Plasturgie, de l'Unité Mixte de Recherche FARE INRA-Université de Reims, du laboratoire LRGIA de l’Université Claude Bernard Lyon 1, du CTCPA -Centre Technique de la Conservation des Produits Agricoles-, et du SMTA.
Le programme de recherche
est labellisé par
avec le soutien financier de
Programme de la conférence
Présentation :
Daniel GOUJON, PDG de Plastiques RG, Président de Plastipolis et Chef de file industriel EmaBio
. Présentation d’EmaBio
. La convergence entre l’industrie alimentaire, la plasturgie et les biomatériaux pour mettre au point les emballages du futur
Interventions :
► Charlyse POUTEAU, Responsable Ligne programme éco-matériaux - PEP- Pôle Européen de Plasturgie
. Matériaux biodégradables, matériaux biosourcés : état de l’art
. Quels matériaux pour emballer quoi ? Quelles limites actuelles ?
► Pascal DEGRAEVE, Directeur – LRGIA-Université Claude Bernard Lyon 1
avec l’appui de Rémy BAYARD - LGCIE INSA Lyon
. Biofragmentable, biodégradable, compostable ?
. Quelles définitions règlementaires derrière ces terminologies ?
► Philippe SAILLARD, Responsable du laboratoire Emballage - CTCPA
. Les contraintes d’alimentarité
► Patrice DOLE, Chef de projets Emballage - INRA (UMR-FARE)
. Les critères d’extrapolation du marché des biomatériaux
. Les matériaux à fort potentiel de développement
Table ronde : Comment contribuer à orienter les projets de recherche et de R&D publiques sur les matériaux d’emballage suivant les contraintes et les fonctionnalités attendues par les industriels – Animation : Patrice DOLE
Syndicat Mixte du Technopole Alimentec – Rue Henri de Boissieu – F-01000 Bourg en Bresse
Tél. 33 (0)4 74 45 52 00 – Fax : 33 (0)4 74 45 52 01 – accueil@alimentec.com – www.alimentec.com
Créé par arrêté du 2 septembre 1997 – SIRET 250 102 209 000 13 – Code NAF 8411Z
Département de l’Ain – Ville de Bourg en Bresse – Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Ain
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