I- etat des lieux et positions en présence / Current


III. Quel rôle monétaire pour le FMI ?



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III. Quel rôle monétaire pour le FMI ?


Les propositions concernant la réforme du rôle monétaire du FMI s’inscrivent dans deux idées : que le FMI est réformable, et qu’il peut contribuer à une amélioration de la gestion du système monétaire actuel, ce “ non-système ” dominé par le dollar des Etats-Unis et réglé par les mouvements des capitaux privés.
Il faudrait alors distinguer plusieurs cas de figure :

- Le premier est celui d’une réforme importante, et conservatrice, qui ferait du FMI un véritable prêteur en dernier ressort (proposition de Stanley Fischer,n°2 du FMI jusqu’à l’annonce de son départ en mai 2001) Peu discutée, rejetée, elle sera rapidement évoquée, car les illusions qu’elle véhicule sont à dissiper dans un éclairage général des problèmes.

- Le second type de propositions mise sur un changement de rapport des forces dans la mondialisation actuelle, qui se manifesterait notamment par l’émergence de monnaies régionales nouvelles. Cette orientation, de caractère progressiste, a déjà été présentée plus haut. On en précise les limites dans le contexte actuel.

- Troisième point, un bref rappel de l’utopie keynésienne d’une monnaie internationale commune, et d’un régime monétaire égalitaire et stable, à condition qu’il n’y ait pas de liberté des mouvements internationaux de capitaux.


Enfin le rappel d’une mesure contre la spéculation financière, la Taxe Tobin sur les opérations de change, et de sa portée.

Dans tous les cas, le rôle monétaire du FMI changerait par rapport à ce qu’il est devenu depuis les années 70. Mais seules les propositions 2, 3 et 4 supposent un changement radical du rapport des forces, entre pays du Nord et pays du Sud. De plus les propositions 3 et 4 ont l’ambition de mettre directement en cause la régulation des taux de change des monnaies par les marchés financiers.


1. Le FMI prêteur international en dernier ressort ?


Selon Stanley Fischer (1999), pour affronter les crises monétaires de différents pays, il serait opportun d’avoir un prêteur en dernier ressort, qui jouerait au plan international le rôle de sauvetage que les grandes Banques centrales jouent à l’intérieur des pays quand se profile une crise des marchés. L’intervention de référence est celle de la Federal Reserve, en octobre 1987. En prêtant des dollars à très court terme à des opérateurs de Wall Street manquant de liquidités, la Banque centrale américaine a évité des faillites en chaîne et contenu le krach boursier Pourquoi n’y aurait-il pas, au plan international, le même type d’intervention en urgence, quand des pays solvables, comme la Corée du Sud, sont soudain privés de liquidités en dollars, comme en 1997 à la suite de la Thaïlande, la crise s’étendant par contagion aux monnaies de la région ? Le FMI pourrait bloquer ce genre de crise en ayant le rôle de prêteur en dernier ressort.

Qu’ en est-il du risque de “ hasard moral ” ? Il consiste en ce qu’un agent économique assuré d’être tiré d’affaire s’il est en péril, peut être incité à prendre des risques excessifs. Le rôle d’un prêteur en dernier ressort aurait alors un effet pervers sur les comportements financiers spéculatifs, et pourrait ainsi favoriser les crises. S.Fischer réfute cet argument : les crises financières, si nombreuses depuis 20 ans, ne sont pas l’effet du hasard moral, elles résultent de l’instabilité de la finance et la volatilité de la “ hot money ”.

Cependant, il s’agit ici de crédits d’urgence à un groupe sélectionné de pays “ émergents ”, dépendants de capitaux extérieurs libellés en devises fortes, pour une grande part de leur financement. Ces pays, même s’ils ont une place subalterne, font partie de la chaîne internationale de l’accumulation capitaliste. Alors qu’ils sont en principe solvables, leurs crises de change et de crédit peuvent avoir des effets contagieux, comme en 1998. Ce sont eux, qui, de façon sélective, seraient concernés par l’aide d’urgence du FMI prêteur en dernière instance. (un écho de cette conception sélective se trouve dans le Rapport Meltzer).
La proposition de S.Fischer n’est pas convaincante. Le FMI n’a pas les ressources qui seraient adaptées à ce rôle. Il ne peut pas prêter en sa propre monnaie, à la différence d’une Banque centrale, car il n’y a pas de monnaie FMI (voir plus haut). Ses réserves dépendent de ses actionnaires On est ainsi renvoyé à la domination des grandes devises, avant tout à celle du dollar. Il n’est pas possible de faire du FMI un prêteur en dernier ressort sans examiner le statut international des monnaies fortes, et notamment du dollar, par rapport aux territoires nationaux où elles sont émises. Sans quoi les problèmes de “ conditionnalité politique ” des crédits, fussent-ils d’urgence, aux pays “ émergents ” resteront les mêmes.

Le remplacement de la “ conditionnalité ”, dont la lourdeur actuelle est généralement critiquée, par la “ sélectivité ” des pays à aider en urgence, n’est pas non plus convaincant. D’une part il est difficile, comme le dit S.Fischer, de distinguer “ illiquidité ” et “ insolvabilité ” en cas de crise. En outre, la sélection laisserait de côté les pays désignés comme “ insolvables ”, ce qui accroîtrait le désordre. Surtout, la sélection de fait de l’aide d’urgence est déjà à l’œuvre, selon le précepte “ Too big to fail ”(“ trop important pour faire faillite ”) appliqué notamment aux Etats-Unis lors de la crise des caisses d’épargne dans les années 90. Ce n’est alors pas la solvabilité qui guide l’aide publique d’urgence, mais, dans le cas des pays aussi, la dimension et la place stratégique.

D’autre part, quand les Banques centrales interviennent en urgence pour éviter un krach dans leur pays, elles agissent sur les effets, non sur les origines de la crise qui menace le système financier. Il ne s’agit pas de prévenir, mais de pallier des crises. Au plan international, le FMI peut encore moins intervenir de façon préventive, alors qu’il fait pression pour l’ouverture à la finance de marché. Les économistes néo-libéraux les plus avisés le savent bien., et le disent : les crises sont inhérentes aux marchés financiers dérégulés. Mais pour eux cela ne met pas en cause l’efficacité économique fondamentale de ces marchés, qu’aucune réforme ne doit affecter !

2. Régionalisation monétaire et coopération internationale


L’idée de zones monétaires formées entre pays ayant entre eux des liens étroits a plusieurs aspects au plan théorique. Dans les années 80, il y a eu beaucoup d’écrits sur la formation de ces zones, soit du point de vue de la rationalité économique (néo-classique), soit du point de vue post-keynésien d’un équilibre coopératif possible, au plan monétaire, entre les trois grandes régions de la “ triade ” mondiale (Amérique, Europe, Asie).On se contente de revenir ici sur des questions déjà présentées plus haut, pour en préciser les enjeux et les conséquences sur une réforme éventuelle du rôle monétaire du FMI.
a)La formation d’une nouvelle monnaie régionale dépend de plusieurs conditions, déjà exposées plus haut. Partons ici de l’idée d’une unité de compte commune aux pays du cône sud-américain, évoquée par Pierre Salama (2000). Ce serait certainement une avancée contre la dollarisation. Admettons que les Etats-Unis, via le FMI, ne s’y opposent pas avec succès, comme en Asie, le rapport des forces ayant changé.
Une unité de compte commune suppose l’adoption d’une politique commune de stabilisation des prix par tous les pays de la zone. Et une référence commune pour évaluer les variations des prix dans chaque pays, qui est à construire ; elle ne peut être ni l’or (démonétisé depuis le début des années 70), ni les DTS comme panier de devises fortes, dont le rôle monétaire n’a pas percé. Peut-être un indice unique des prix régionaux pourrait-il être construit, par rapport auquel seraient appréciés les fluctuations à la hausse (inflation) ou à la baisse (déflation) des prix dans chaque pays participant, et décidées les politiques monétaires. Cela suppose aussi qu’entre les monnaies des pays de la zone, les taux de change soient fixes, alors qu’ils resteraient flottants par rapport aux monnaies hors zone.

Ces conditions impliquent une discipline monétaire intérieure très forte, comme ce fut le cas, mutatis mutandis, dans le Système monétaire européen. L’adoption d’une unité de compte commune suppose ainsi non seulement un nouveau rapport de forces international, mais aussi des politiques intérieures compatibles avec l’objectif fixé. Cela n’infirme pas l’intérêt politique de la proposition, contre la dollarisation, mais en précise les enjeux. Une unité de compte commune véhicule une contrainte monétaire, pour les pays qui l’adoptent, dont il faut apprécier les effets économiques et sociaux intérieurs.


b) Le second point concerne l’éventuelle coopération entre zones monétaires existantes ou virtuelles, autour du dollar, du Dmark(euro), du yen Williamson (1986).
En réalité, il ne s’agit pas de trois zones monétaires, puisque le dollar est hégémonique, et le yen n’est pas monnaie régionale. L’euroland est l’exception. L’objectif, ici, est de stabiliser les rapports de change entre les trois principales devises internationales, c’est-à-dire de limiter les effets perturbateurs des marchés financiers par l’instauration d’un mécanisme institutionnel. Ce projet de coopération monétaire concerne la formation de bandes de fluctuations entre les trois grandes devises, ou zone cible.

Il a constamment été rejetée par les Etats-Unis depuis 1974.


En 1974, le FMI a proposé, pour stabiliser le nouveau régime des changes flottants en les trois grandes devises, “ une zone cible ”, ou bande de fluctuations tolérables entre les trois devises les plus importantes C’est-à-dire un plafond et un plancher comme limites de variation des taux de change à la hausse et à la baisse (limites entre +ou- 10% de leur valeur centrale ). Les Etats-Unis ont rejeté cette proposition :elle ne serait qu’un retour déguisé à un régime de changes fixes, impliquant des normes officielles de taux de change, alors qu’ils venaient d’adopter le dollar flottant. Ce rejet fut une des étapes vers l’amenuisement du rôle monétaire du FMI, par rapport au rôle dominant du G7.

En octobre 1998, au plan du G7, une proposition analogue fut faite par les ministres des finances de France et d’Allemagne, et considérée avec bienveillance par le Japon. Refusée par les Etats-Unis et traitée par le mépris, elle fut désavouée par un de ses auteurs, le ministre français. Depuis, les propositions françaises sont devenues très modestes, même quand elles s’intitulent bravement “ Pour un nouveau Bretton Woods ” !

Une coopération monétaire institutionnelle est donc exclue pour le moment, au plan du G7.Aucune autre réforme n’est en vue, qui limiterait l’influence dominante des marchés financiers sur les taux de change des grandes devises et sur les monnaies dépendantes. Le rejet d’une bande de fluctuations tolérables signifie aussi que le dollar ne peut être traité, dans une démarche coopérative, comme l’euro ou le yen, tant qu’il conserve son rôle hégémonique, ratifié par la finance privée.

L’éventualité d’une crise du dollar est pourtant évoquée de façon récurrente, au vu de l’énorme endettement extérieur des Etats-Unis résultant des déficits cumulés de la balance courante américaine. Certains néo-libéraux la redoutent, et préconisent une plus grande discipline monétaire aux EtatsUnis mêmes., ce qui n’a pas de sens. C’est le consensus, qui n’exclue pas la concurrence, concernant l’hégémonie du dollar, dans un monde de libéralisation financière, qui est en cause.


3. L’utopie keynésienne d’une monnaie internationale commune


Pour préparer la conférence de Bretton Woods, à laquelle il devait participer pour la Grande-Bretagne, (Keynes 1943) avait préparé un projet qui n’a pas été adopté en 1944, en raison de l’influence dominante des Etats-Unis. Il voulait préserver les intérêts de son pays, affaibli par la guerre et le risque de perdre son empire, dans le cadre d’un nouvel ordre monétaire international qui romprait avec les affrontements monétaires des années 30,sans pour autant consacrer le rôle hégémonique du dollar.
Résumées de façon sommaire les propositions de Keynes étaient les suivantes :

- Dissocier les monnaies nationales d’une monnaie de référence internationale commune à tous les Etats.

Seules les premières circuleraient à l’intérieur des pays, avec tous les attributs de la monnaie. Entre les Etats seulement circulerait une monnaie de crédit, pour le règlement des soldes extérieurs.

- Cette monnaie commune de crédit serait adossée à une monnaie commune de compte et de référence, le bancor, émise par une institution internationale

-Les taux de changes des monnaies nationales seraient fixes. Leur stabilité serait garantie par le contrôle des mouvements internationaux de capitaux.

- Ce système monétaire assurerait l’indépendance des politiques monétaires et économiques nationales de tous les pays, quels que soient leur dimension et leurs atouts initiaux.

Ces propositions étaient utopiques, à différents titres. La puissance américaine était alors prépondérante, et la Pax Americana incluait le rôle clé du dollar. La monnaie nationale américaine, alors convertible en or est devenu l’étalon officiel dans le système de Bretton Woods. Quant à la souveraineté de tous les pays, elle n’a jamais existé dans le monde capitaliste – sauf de façon purement formelle avec le système “ un pays, une voix ” à l’Assemblée générale de l’ONU ; et les statuts inégalitaires du FMI ont consacré cet état de fait.

Mais l’utopie keynésienne comporte aussi des propositions restées stimulantes, au plan monétaire. L’idée d’un étalon de référence qui ne soit pas une monnaie nationale flottante; la préservation de l’indépendance monétaire des pays ; la nécessité d’un contrôle des mouvements de capitaux de caractère institutionnel. Cela suppose la fin de la domination du G7, que celui-ci soit ou non élargi en G8 ou G20. Et la suppression de l’actuel FMI, remplacé par une nouvelle institution internationale ayant un rôle monétaire régulateur effectif.


Ce n’est là qu’ une esquisse pour une alternative radicale au fonctionnement monétaire et financier du capitalisme actuel. La Taxe Tobin sur les opérations de change n’a pas cette ambition, mais sa mise en œuvre serait un important progrès par rapport au régime en cours.

4. La Taxe Tobin


La Taxe Tobin concerne la régulation monétaire internationale puisqu’ elle vise à réduire la spéculation financière sur les opérations de change des monnaies en prélevant un impôt sur les spéculateurs.

James Tobin n’envisage pas pour autant de revenir à un régime de changes fixes, il se dit favorable aux régime actuel de changes flottants entre grandes monnaies. Par contre, il considère que le marché financier des monnaies est incapable de s’auto-réguler de façon stabilisatrice et qu’il convient d’agir sur les comportements privés des spéculateurs.


Or, c’est dans les grands Etats à devises fortes que sont concentrées les places financières et les grandes banques internationales qui dominent les réseaux des opérations de change. C’est là qu’un accord politique entre Etats sur la mise en œuvre simultanée d’une Taxe Tobin dans chaque Etat, doit être instaurée. Il s’agit donc bien de commencer par le cœur monétaire et financier, les pays du G7 et quelques autres. Le produit de la taxe prélevée par chaque pays pourrait être centralisé et géré par “ un FMI rénové ”, et redistribué à des pays du Tiers Monde.
On ne rappelle pas ici les arguments sur la faisabilité technique de la Taxe Tobin, et sur sa portée pour contrer la spéculation.(Jetin and Brunhoff,2000) La discussion se poursuit. Pour ma part je pense que la mise en œuvre d’une telle mesure introduirait un changement de logique par rapport aux politique actuelles de libre circulation des capitaux, de non -coopération et de hiérarchie monétaire internationale.

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