I. 1. Synthèse des travaux : de l'approche sémiotique et littéraire à l'approche fonctionnaliste-conceptuelle modifiée
De nombreux courants, qu'ils soient sémiotiques, littéraires ou encore linguistiques, ont étudié le récit. Cela est aisément explicable par le fait que cette forme discursive est une forme universelle, présente dans toutes les cultures du monde. On peut noter sa présence en littérature mais également sous forme orale dans les conversations quotidiennes.
Un des premiers courants à étudier le récit, l'aborde dans une perspective sémiotique et littéraire. Rien de surprenant à cela, puisqu'il remonte aux sémioticiens tels que Barthes (1966), Greimas (1966), ou encore Propp (1958) qui cherchent à réaliser une typologie des récits. Selon eux, le récit est une séquence d'événements, organisés selon des règles d'agencement particulières et mettant en jeu des personnages aux fonctions spécifiques. Ils s’intéressent principalement à établir un "schéma canonique" (Fayol, 1985:14) du récit, c'est-à-dire à mettre en relief une organisation abstraite et très générale du récit, en se basant sur un corpus littéraire. Ces recherches se concentrent sur le récit entendu comme produit, sans se soucier des processus mis en oeuvre au cours de son élaboration.
À la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, on voit apparaître un nouveau courant, dont les représentants, comme les sémioticiens de la première génération, cherchent à établir une structure rigide du récit. Mais, contrairement à leurs prédécesseurs, ils élargissent leurs recherches aux récits d'expériences personnelles, et par conséquent, ne prennent plus le corpus littéraire comme champ d'investigation.
À l'intérieur de cette nouvelle approche, on peut encore différencier deux principales branches d'analyse du récit : l'analyse en "sommets" (high points) (Bamberg, 1987 ; Labov, 1972 ; Labov & Waletzky, 1967 ; Peterson & McCabe, 1983) ainsi que l'analyse en "schéma" qui a donné naissance à de nombreuses "grammaires de récit" (Mandler & Johnson, 1977 ; Rumelhart, 1975 ; Stein & Glenn, 1982). La première branche s'intéresse de façon privilégiée à la manière dont se structure le récit, ainsi qu'au matériel linguistique utilisé, alors que la seconde se penche davantage sur les représentations mentales situées en amont des productions narratives.
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