L' acte psychanalytique



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S2 S1
Si toute l’interprétation analytique s’est engagée du côté de la gratifi­cation ou de la non gratification, de la réponse ou non à la demande, bref, vers une élusion toujours croissante vers la demande, de ce qui est la dialectique du désir, le glissement métonymique, quand il s’agit d’assurer l’objet constant, c’est probablement en raison du caractère strictement inutilisable du complexe d’Œdipe. Il est étrange que cela ne soit pas devenu clair plus rapidement.

Et en effet, qui utilise, quelle place tient dans une analyse la référence à ce fameux complexe d’Œdipe? Je demande ici à tous ceux qui sont ana­lystes de répondre. Ceux qui sont de l’Institut, bien sûr, ne s’en servent jamais. Ceux qui sont de mon école font un petit effort. Bien sûr, ça ne donne rien, ça revient au même que pour les autres. C’est strictement inutilisable, sauf de ce grossier rappel de la valeur d’obstacle de la mère pour tout investissement d’un objet comme cause du désir.

D’où les extraordinaires élucubrations auxquelles arrivent des ana­lystes concernant le parent combiné, comme ils disent. Cela ne signifie qu’une chose — édifier un A receleur de la jouissance, qu’on appelle généralement Dieu, avec lequel ça vaut la peine de faire le quitte ou double du plus-de-jouir, c’est-à-dire ce fonctionnement qu’on appelle le surmoi.

Je vous gâte aujourd’hui. Je n’avais pas encore sorti ce mot. J’avais pour cela mes raisons. Il fallait que j’en sois arrivé au moins au point où j’en suis, pour que ce que je vous avais énoncé l’année dernière du pari de Pascal puisse devenir opératif.

Peut-être certains l’ont-ils deviné — le surmoi, c’est exactement ce que j’ai commencé d’énoncer quand je vous ai dit que la vie, la vie provi­soire qui se joue en faveur d’une chance de vie éternelle, c'est le a, mais

114 - que ça ne vaut la peine que si le A n’est pas barré, autrement dit, s’il est tout à la fois. Seulement, comme le parent combiné, ça n’existe pas, qu’il y a le père d’un côté, et la mère de l’autre, comme le sujet aussi, ça n’existe pas, il est également divisé en deux, comme il est barré, comme, pour tout dire, c’est la réponse que mon graphe désigne à l’énonciation, cela met sérieusement en cause qu’on puisse jouer au quitte ou double du plus-de-jouir avec la vie éternelle.

Oui, ce recours au mythe d’Œdipe est vraiment quelque chose de sen­sationnel. Cela vaut la peine que nous nous y étendions. Et je pensais vous faire sentir aujourd’hui ce qu’il y a d’énorme dans le fait que Freud, par exemple, dans la dernière des Nouvelles Conférences sur la psychanalyse, puisse croire tranché ce qu’il en est de la question du rejet de la religion de tout horizon recevable, puisse penser que la psychanalyse joue là un rôle décisif, et croire en avoir fini pour nous avoir dit que le support de la religion n’est rien d’autre que ce père auquel l’enfant recourt dans son enfance, et dont il sait qu’il est tout amour, qu’il va au-devant, prévient ce qui peut se manifester chez lui de malaise.

N’est-ce pas là chose étrange quand on sait ce qu’il en est en fait de la fonction du père ? Certes, ce n’est pas que par ce bout que Freud nous présente un paradoxe, à savoir, l’idée de la référer à je ne sais quelle jouis­sance originelle de toutes les femmes, quand il est bien connu qu’un père suffit tout juste à une, et encore — il ne faut pas qu’il se vante. Un père n’a avec le maître — je parle du maître tel que nous le connaissons, tel qu’il fonctionne — que le rapport le plus lointain, puisqu’en somme, au moins dans la société à laquelle Freud a affaire, c’est lui qui travaille pour tout le monde. Il a charge de lafamil dont je parlais tout à l’heure. N’est-ce pas là assez d’étrangeté pour nous faire suggérer qu’après tout, ce que Freud préserve, en fait sinon en intention, c’est très précisément ce qu’il désigne comme le plus substantiel dans la religion ? — à savoir, l’idée d’un père tout-amour. Et c’est bien ce que désigne la première forme de l’identification parmi les trois qu’il isole dans l’article que j’évoquais tout à l’heure — le père est amour, ce qu’il y a de premier à aimer en ce monde est le père. Etrange survivance. Freud croit que cela va évaporer la religion, alors que c’en est vraiment la substance même qu’il conserve avec ce mythe bizarrement composé du père.

Nous y reviendrons, mais vous pouvez déjà en voir le nerf — tout ceci

115 - aboutit à l’idée du meurtre, à savoir que le père originel est celui que les fils ont tué, après quoi c’est de l’amour de ce père mort que procède un certain ordre. Dans ses énormes contradictions, dans son baroque et dans sa superfluité, cela ne semble-t-il pas n’être autre chose que défense contre ces vérités que le foisonnement de tous les mythes articule en clair, bien avant que Freud, à faire le choix de celui d’Œdipe, ne les rétrécisse, ces vérités ? Que s’agit-il de dissimuler ? C’est que, dès lors qu’il entre dans le champ du discours du maître où nous sommes en train de nous orienter, le père, dès l’origine, est castré.

Tel est ce dont Freud donne la forme idéalisée, et qui est complè­tement masqué. Pourtant, l’expérience de l’hystérique, sinon les dires, du moins les configurations qu’elle lui offrait, eussent dû mieux le guider ici que le complexe d’Œdipe, et le conduire à considérer que cela suggère que tout est à remettre en cause, au niveau de l’analyse elle-même, de ce qu’il faut de savoir, pour que ce savoir puisse être mis en question au site de la vérité.

Voilà ce qui fait le but de ce que nous essayons de vous dérouler cette année.


18 FEVRIER 1970


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