Le journal du cnrs numéro 228/229 Janvier février 2009 titre : Univers, les mystères des origines


Neurobiologie Enfants hyperactifs : un traitement en débat



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Neurobiologie Enfants hyperactifs : un traitement en débat


Alors que de nombreux enfants hyperactifs reçoivent un traitement basé sur un psychostimulant, la ritaline, un neurobiologiste s'interroge sur le bien-fondé de celui-ci. Le point sur son analyse et la réponse d'un pédopsychiatre. Le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) toucherait 7 à 9 % des enfants aux États-Unis, et presque autant sont traités par un psychostimulant, la ritaline. En France, on pense qu'environ 9 000 enfants hyperactifs suivent ce même traitement. Mais François Gonon, de l'Institut des neurosciences de Bordeaux (Laboratoire mouvement adaptation cognition CNRS Universités Bordeaux 1 et 2), met en doute les hypothèses qui appuient son utilisation. Dans son étude, à paraître en janvier 2009 dans Trends in Neuroscience, il a analysé un corpus de plus de 80 publications scientifiques au sujet du TDAH. Premier point souligné par le neurobiologiste : l'effet de la ritaline sur les symptômes. « Il est indiscutable qu'elle en soulage à court terme la majorité des enfants souffrant du TDAH : on observe chez eux une amélioration de l'attention », explique François Gonon. « Mais elle améliore aussi l'attention chez les sujets sains. Ce type de stimulant est d'ailleurs connu pour augmenter les performances de travail de tout un chacun… » On peut donc se demander si son utilisation cible réellement le dysfonctionnement à l'origine du TDAH. Celui-ci est justement le deuxième point discuté par le neurobiologiste. « La plupart des publications scientifiques partent d'un postulat de base : l'hyperactivité résulte du déficit d'un neurotransmetteur qui permet à certains neurones de communiquer entre eux, la dopamine. » Pourtant, ce que l'on sait avec certitude est bien plus nuancé. Primo, la dopamine est sécrétée par les neurones, dans l'espace extracellulaire, et c'est là seulement qu'elle est active. Normalement, elle est ensuite recapturée dans les cellules pour inverser le processus et cesser la stimulation des neurones. « Certes, les études prouvent que la ritaline inhibe cette recapture, et augmente donc le taux de dopamine extracellulaire. Mais ce résultat, bien réel, n'apporte rien à l'hypothèse de base : les preuves d'un déficit de dopamine sont minces. » Selon le chercheur, les études récentes d'imagerie moléculaire qui ont tenté d'observer un tel déficit peuvent d'ailleurs être interprétées de manière inverse. Enfin, explique-t-il encore, il faut savoir que la ritaline inhibe aussi la recapture d'un autre neurotransmetteur : la noradrénaline. Certaines publications proposent donc de reporter sur elle la cause du dysfonctionnement lié au TDAH. Cela reste à démontrer. « Mais la véritable question qui se pose est ailleurs », insiste François Gonon. « Est-il légitime de présenter ces hypothèses de déficit en neurotransmetteur comme des faits scientifiquement établis et de justifier ainsi les traitements par psychostimulants comme la ritaline au détriment d'approches non médicamenteuses ? » Selon le chercheur, et à travers les publications qu'il a analysées, les résultats à long terme de ces traitements sont en effet peu satisfaisants. « L'étude de suivi sur trois ans du groupe MTA, à laquelle se réfèrent de nombreux auteurs, montre en effet ceci : l'échec scolaire, la toxicomanie et les conduites prédélinquantes présentent statistiquement la même fréquence que les sujets hyperactifs aient été traités ou non avec des psychostimulants lorsqu'ils étaient enfants. »

L'opinion du Pr Manuel Bouvard (Professeur des universités - praticien hospitalier, « Imagerie moléculaire et fonctionnelle : de la physiologie à la thérapie » CNRS Université Bordeaux 2), pédopsychiatre

« François Gonon a le mérite de redire un point, souligné depuis plusieurs années dans la littérature : l'hypothèse du déficit en dopamine dans le TDAH n'est en effet pas prouvée. En revanche, il n'est pas juste de prétendre que cette même hypothèse sert à justifier l'utilisation des psychostimulants. Cette dernière est fondée sur les résultats de nombreuses études cliniques qui ont mis en évidence l'efficacité de la ritaline sur les enfants ayant un TDAH. À la question de savoir si cette efficacité a aussi été observée chez des sujets sains, je réponds : attention, nous n'avons que peu d'études qui le prouvent. Et l'usage inapproprié par des adultes pour améliorer leurs performances ne justifie pas l'abandon du médicament chez les patients. L'objectif de l'étude MTA à laquelle il est fait référence était de comparer plusieurs types de traitements sur une population d'enfants pendant trois ans. À court terme, elle a en effet conclu à la supériorité du traitement médicamenteux seul ou en association avec la psychothérapie, par comparaison à un traitement par psychothérapie seule. Mais pour le long terme, il me semble qu'elle ne permet pas de trancher : l'échec scolaire et les conduites prédélinquantes y furent évalués avec trop peu de précision et sur une période trop courte. La question de la surprescription aux États-Unis peut être posée, notamment dans certains États. Mais la situation en France est radicalement différente, puisque seuls 5 % des enfants atteints du trouble sont traités par des médicaments. »

Charline Zeitoun



Contact François Gonon, francois.gonon@u-bordeaux2.fr

Manuel Bouvard, bouvard.manuel@wanadoo.fr

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Climatologie Surveillance météo sur les vignes


En février, le géographe-climatologue Hervé Quénol s'envole pour sa nouvelle destination : le Chili. Objectif : étudier un vignoble pour mieux comprendre les conséquences du changement climatique sur le cépage. Hervé Quénol se remet à peine de trois semaines intensives sur les coteaux verdoyants des vignobles de Stellenbosch, non loin du Cap, en Afrique du Sud, qu'il doit déjà se préparer à repartir. Cette fois pour le Chili, en février prochain… Depuis deux ans déjà, le chercheur du laboratoire « Littoral, environnement, télédétection et géomatique » (LETG) (CNRS Université de Nantes Université de Brest Université Rennes 2 Université de Caen), à Nantes, parcourt la planète. Avec un seul projet : installer un maillage serré de capteurs météorologiques dans des cépages ciblés afin d'étudier, sous des latitudes différentes, l'évolution et l'impact du réchauffement de la planète sur le raisin et sur les crus. Car chez les professionnels viticoles, partout dans le monde, c'est la même interrogation : quelles seront les conséquences du changement climatique pour la vigne d'ici vingt à cinquante ans ? « -, avoue Hervé Quénol. Il est déjà difficile de prévoir le climat à l'échelle régionale dans les trente années à venir, alors obtenir des conclusions tangibles à l'échelle très fine d'un arpent de terrain s'avère particulièrement ardu. Pour y parvenir, on définit d'abord les variations microclimatiques d'un vignoble, en installant un réseau compact de stations météorologiques, selon l'exposition, la pente, la distance par rapport à la mer ou l'occupation du sol. Puis on confronte les résultats obtenus avec d'autres données, viticoles et œnologiques. Avant de procéder à une simulation adaptée aux échelles fines. » Le site pilote du vignoble de Stellenbosch, proche du Cap en Afrique du Sud, est un modèle du genre. Le vignoble, équipé en stations météorologiques depuis 1994, notamment par l'université de Stellenbosch, a déjà produit une base de données intéressante et permis une cartographie du climat local avec une précision de 200 mètres. Pour affiner encore ce résultat et passer à une résolution de quelques dizaines de mètres, Hervé Quénol est retourné sur le vignoble en novembre dernier pour truffer le terrain de 40 nouveaux capteurs. Ces derniers enregistrent la température toutes les 15 minutes simultanément sur les 40 emplacements différents. Au Chili, sa prochaine destination est une autre paire de manches… « Mes capteurs ont été bloqués trois mois à la douane », raconte-t-il. Dans la vallée de Casablanca, au sud de Valparaiso, seules 15 stations météorologiques, installées là par une association motivée de viticulteurs, occupent une surface de 15 000 hectares. Hervé Quénol doit donc reprendre son bâton de pèlerin en février pour installer de nouveaux réseaux de capteurs avec le soutien de l'université catholique de Valparaiso et récupérer des données dans la vallée de Casablanca. Si la mission CNRS avance à pas de géant en Afrique du Sud, c'est que les viticulteurs du pays prennent le changement climatique très au sérieux. Déjà soumis à des conditions climatiques extrêmes pour la culture de la vigne, ils subissent de plein fouet toute modification supplémentaire des températures. Du coup, pour sauver ces vins de qualité, ils assument pleinement de travailler main dans la main avec des géographes climatologues, des modélisateurs physiciens du climat, des œnologues, des agronomes… Pragmatiques, certains envisagent sans complexe de planter leurs vignobles en fonction des simulations climatiques du CNRS. Des producteurs sud-africains ont même déjà repiqué des ceps de vigne plus en altitude pour récupérer des périodes de froid essentielles au bon développement du cépage. Pour la mission CNRS comme pour les vignerons du monde entier, le temps presse. Depuis de nombreuses années, le changement climatique influence directement la qualité du vin et les rythmes de la vigne. La hausse des températures a déjà engendré une modification naturelle des taux de sucre et d'alcool. Et paradoxalement, le réchauffement climatique ne limite pas le risque lié au gel, loin de là. Avec le bouleversement des saisons, la floraison intervient plus tôt au printemps. Les jeunes bourgeons alors très vulnérables peuvent subir d'importants dégâts lorsque les températures rechutent brusquement. Surtout, le réchauffement de la planète pourrait bien modifier la localisation de certains cépages très spécifiques. Comme l'Alvarinho du Portugal : un cépage qui se cultive uniquement dans la vallée du Minho, au nord-est de Porto, et qui a lui aussi reçu la visite d'Hervé Quénol. Un microclimat étonnant épargne à ce raisin les variations de températures qui lui seraient normalement fatales. Quelques degrés de plus pourraient aussi avoir des répercussions majeures sur le goût et la teneur en alcool du célèbre vinho verde. Et de bien d'autres vins de terroirs dont la singularité tient au climat local…

Camille Lamotte

Contact

Hervé Quénol, herve.quenol@uhb.fr



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