Le journal du cnrs numéro 228/229 Janvier février 2009 titre : Univers, les mystères des origines


Mécanique des fluides Un bouclier contre la colère des mers



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Mécanique des fluides Un bouclier contre la colère des mers


Protéger nos côtes de l'érosion causée par la houle, voire d'éventuels tsunamis ? Mettre à l'abri de ces terribles vagues les plateformes pétrolières ? Ce sera peut-être bientôt possible grâce à un drôle de bouclier imaginé par des chercheurs : un réseau de piliers espacés de quelques dizaines de mètres et disséminés le long du rivage à sauvegarder. L'idée vient des équipes de Stefan Enoch, de l'Institut Fresnel (Laboratoire CNRS Universités Aix-Marseille1 et 3 École Centrale Marseille), à Marseille, et d'Alexander Movchan, à Liverpool, et s'inspire du concept d'invisibilité : en 2007, Sir John Pendry, professeur à l'Imperial College de Londres, avait réalisé un vieux rêve de la science-fiction en montrant qu'on pouvait rendre invisible un objet grâce à des matériaux disposés convenablement autour. Or les lois qui régissent le comportement des ondes lumineuses sont très proches, « du point de vue des équations », de celles qui s'appliquent aux ondes « matérielles » comme les vagues. Stefan Enoch et ses collègues ont donc appliqué ce principe aux milieux liquides. Leur expérience : un bassin, tenant sur une table, rempli d'un liquide et pourvu d'un disque au centre. De la taille d'une main et effleurant la surface, le disque est hérissé de petits plots. Dès que la surface du liquide est mise en mouvement, les vaguelettes sont renvoyées par les plots et s'annulent mutuellement au centre du disque. Résultat : c'est le calme plat dans cette zone. Des résultats mathématiques, obtenus par Sébastien Guenneau, un membre de l'équipe, doublés de simulations numériques, avaient déjà montré que seul l'agencement des plots compte ici pour obtenir ce résultat. « La structure fonctionne dans toute une gamme de longueurs d'ondes », souligne Stefan Enoch. Autrement dit, moyennant l'utilisation de piliers à la place des plots, le principe pourrait être appliqué aux vagues réelles. Même celles d'un tsunami. Une plateforme pétrolière encerclée d'un tel bouclier serait ainsi protégée des puissantes lames de fond, d'après Stefan Enoch. Parfaitement approprié à des zones entièrement entourées d'eau, ce principe de bouclier anti-tsunamis peut-il aussi bénéficier aux côtes ? Oui, estiment les chercheurs, à condition toutefois d'adapter la forme de la structure à la géométrie du rivage. L'agence chargée de la protection des côtes britanniques s'est montrée très intéressée et devrait débuter bientôt des tests en bassin. Outre-Manche, on ne craint pas un tsunami, mais le travail de sape de l'érosion. Sur les bords de la Manche, les vagues grignotent chaque année plus de vingt centimètres aux falaises de craie. En jalonnant une partie des côtes d'un système inspiré de celui de l'équipe française, l'agence britannique pense réduire l'effet dévastateur de la houle.

Xavier Müller

Contact Stefan Enoch, stefan.enoch@fresnel.fr

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Perception Nos stéréotypes nous jouent des tours


À quelle distance suis-je du bout de la rue ? Cette route est-elle fortement en pente ? Ces questions font appel à notre perception de l'espace. Perception qui – cela a été maintes fois prouvé – peut être influencée par l'évaluation de nos propres forces : une personne âgée ou fatiguée estimera les distances plus longues et les pentes plus raides que quelqu'un de jeune et en pleine forme. Or, Michel Chambon, chercheur au Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Lapsco) (Laboratoire CNRS Université Clermont-Ferrand 2), à Clermont-Ferrand, démontre aujourd'hui qu'il n'est pas nécessaire d'être âgé ou fatigué pour voir sa perception de l'espace altérée. En effet, les mêmes observations ont été faites avec de jeunes adultes en parfaite santé, mais à qui on venait juste d'évoquer, très subtilement, des personnes âgées. Ce « mimétisme perceptif », comme il est appelé, a été démontré par le biais d'une expérience. Après avoir remis les mots d'une trentaine de phrases courtes dans l'ordre, des individus de 18 à 25 ans ont évalué la distance qui les séparait d'un cône de chantier et estimé la pente de plusieurs allées. Pour la moitié d'entre eux, chaque phrase comportait un mot associé aux personnes âgées (retraite, rides, etc.). Les résultats montrent que les participants ainsi « amorcés » ont jugé les pentes plus raides et les distances plus longues que les autres, sans se rendre compte qu'ils avaient été influencés. « Quand on leur a posé la question, ils ont déclaré en effet ne pas avoir imaginé un lien quelconque entre les deux études, ni même avoir reconnu le thème de la vieillesse, prouvant ainsi leur absence de conscience du phénomène. » Cette découverte s'ajoute à celle, plus ancienne, d'un autre mimétisme, cette fois comportementale. «Il a déjà été observé qu'après un exercice consistant à remettre dans l'ordre des phrases présentant des mots fortement reliés aux personnes âgées, des jeunes gens s'étaient révélés significativement plus lents dans leurs décisions comme dans leurs déplacements », explique Michel Chambon. Ils ont agi selon la manière supposée des membres d'une catégorie sociale, et ce de manière non consciente et non volontaire. En rapprochant notre vision du monde de celle des autres, de tels phénomènes mimétiques contribueraient à faciliter les interactions entre membres de différentes catégories sociales.

Claire Gouny



Contact Michel Chambon, michel.chambon@univ-bpclermont.fr

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Sociologie Ça bouge en Europe


Des sociologues de six pays européens ont réalisé une vaste enquête, la première de ce type, sur la mobilité géographique liée aux activités professionnelles. Les Européens sont sédentaires et pourtant extrêmement mobiles. C'est le résultat apparemment paradoxal d'une étude (Coordonnée par l'université Johannes Gutenberg, à Mainz, Allemagne) menée en 2007 sur un panel de 7 200 personnes de 25 à 54 ans, en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne, en Pologne et en Espagne, par une équipe d'une vingtaine de sociologues issus de ces six pays. Il s'agit tout simplement de la première étude représentative sur l'étendue, les causes et les conséquences de la mobilité géographique professionnelle en Europe. « Nous disons les Européens “sédentaires” car peu d'entre eux déménagent, à l'intérieur de leur propre pays ou à l'étranger », explique Beate Collet, maître de conférences à l'université Paris-IV, qui a mené l'enquête pour la France avec Estelle Bonnet, Béatrice Maurines et Renaud Orain, ses collègues au Laboratoire « Mondes et dynamiques des sociétés » (Modys) (À l'Institut des sciences de l'homme, Laboratoire CNRS Université Lumière Lyon 2 Université Jean-Monnet, Saint-Étienne). Mais ils sont quand même extrêmement nomades car « un Européen actif sur deux a déjà été mobile géographiquement pour raisons professionnelles, et 14 % l'étaient au moment de l'étude », poursuit la sociologue. Parmi ces derniers, 40 % dits « pendulaires longues distances » ont ainsi fait des allers-retours quotidiens d'au moins deux heures. Et 27 %, dits « absents du foyer », ont passé plus de soixante nuits par an hors de chez eux. Au total, seuls 21 % ont changé de ville durant ces trois dernières années, dont un tiers à peine dans un autre pays. Enfin, près de 12 % combinent deux ou trois de ces types de déplacement. « Dans une période de demande croissante de mobilité, alors que l'air du temps et l'idéologie de la mondialisation valorisent le fait de se déplacer, surtout à l'étranger, de parler d'autres langues, etc., les Européens se révèlent donc étonnamment bien enracinés, préférant développer d'autres stratégies de déplacement », remarque la sociologue. Financé par le 6e Programme-cadre pour la recherche et le développement technologique en Europe de la Commission européenne (PCRD), le projet a déjà occasionné la sortie d'un premier livre, d'autres suivront. Il a fortement intéressé le Parlement européen où les chercheurs ont été invités à présenter en octobre dernier leurs résultats sur la mobilité géographique professionnelle en Europe. Celle-ci a justement beaucoup augmenté ces vingt dernières années, comme le montre l'étude malgré l'absence de chiffres antérieurs : « On le déduit des résultats obtenus sur les 25-35 ans qui comptabilisent déjà une expérience en la matière bien supérieure à celle des 35-45 ans », commente Beate Collet. À la demande de l'Union européenne, les sociologues ont aussi rédigé un rapport dans le but d'améliorer la qualité de vie des personnes concernées. Plusieurs points négatifs ont en effet pointé le bout de leur nez… D'abord, la mobilité favorise une répartition traditionnelle des responsabilités entre hommes et femmes au sujet de la prise en charge des enfants : les hommes concernés en sont souvent soulagés par leurs partenaires féminines tandis que l'inverse demeure très rare… La conciliation entre famille et emploi s'avère donc épique pour les femmes mobiles. Peu étonnant dès lors que celles-ci tendent à n'avoir pas d'enfants ni même de partenaire. « Même si l'ensemble des “pendulaires longues distances” et des “absents du foyer” peut souffrir de fatigue, de stress et de conflits familiaux, les femmes vivent souvent la situation beaucoup plus difficilement que les hommes », reprend Beate Collet. « Nous l'avions observé lors d'une précédente étude (« Mobilités géographiques professionnelles : rapport au territoire et carrières familiales », réalisé pour le plan Urbanisme construction architecture, ministère de l'Équipement, 2006), purement qualitative et sur la France uniquement ». C'est donc en toute logique que l'enquête européenne révèle que les personnes les plus mobiles sont souvent de jeunes hommes, et plutôt sans famille à charge. Enfin, si peu de différences ont été observées sur les grandes tendances dans ces six pays, quelques nuances attirent l'attention. Par exemple, la mobilité dictée par une nécessité économique, résultat d'une « stratégie de survie », est plus fréquente en Pologne qu'ailleurs. Pour encourager la mobilité des Européens et améliorer leur quotidien, les chercheurs en appellent aux employeurs. Leur contribution, concluent les sociologues, « pourrait notamment consister en plus de souplesse quant aux heures de travail, par exemple en permettant aux salariés de travailler plus souvent à la maison ».

Charline Zeitoun



Contact Beate Collet, beate.collet@ish-lyon.cnrs.fr

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