La taille de l’échantillon et la méthode d’échantillonnage ont une influence déterminante sur la qualité des résultats de l’enquête et sur la fiabilité des enseignements et des prévisions que l’on pourra en tirer.
1.12.1.Quels sites sélectionner ?
Si l'objectif est d'étudier la volonté de payer d'une ville ou d'un village particulier, le problème de la sélection du site d'enquête ne se pose pas. Mais si l'étude couvre une région ou une province entière et que l'on veut pouvoir généraliser les résultats obtenus à partir de quelques villes, petits centres ou villages, alors il est nécessaire de sélectionner des sites ou collectivités représentatifs. Le nombre de sites qu'il faut tirer au hasard pour assurer la représentativité statistique de l'échantillon est malheureusement souvent incompatible avec les contraintes logistiques du travail de terrain. En pratique, on ne pourra généralement travailler que sur une poignée de sites et la sélection de ceux-ci sera nécessairement empreinte d'une certaine subjectivité.
Lorsque l'on doit choisir quelques petits centres ou villages d'une région pour l'étude, l'analyste aura intérêt à les sélectionner de façon à ce que la volonté de payer des ménages, leurs caractéristiques socio-économiques et leurs sources d'approvisionnement en eau disponibles soient susceptibles de varier d'un site à l'autre. Ces variations permettront à l'analyste d'étudier comment les caractéristiques socio-économiques et celles des sources d'approvisionnement affectent la volonté de payer et, ainsi, de mieux comprendre le comportement et la demande en eau des ménages. Si tous les ménages des sites sélectionnés avaient le même niveau d'éducation, par exemple, il serait alors impossible de déterminer l'influence de ce paramètre sur la volonté de payer.
En fait, si la plupart des centres, pris séparément, sont homogènes du point de vue des caractéristiques socio-économiques de leurs habitants, il peut y avoir conflit entre sélectionner des villages qui soient représentatifs et sélectionner des villages dans lesquels existent des variations socio-économiques. Puisque l'étude sur la volonté de payer porte d'abord sur le comportement des ménages, à moins que tout porte à croire que les différences de comportements d'un centre à l'autre ne puissent s'expliquer par des différences de caractéristiques socio-économiques et de caractéristiques des sources d'approvisionnement, l'analyste devrait généralement opter pour des sites dans lesquels ces deux types de caractéristiques sont hétérogènes, même s'ils ne sont pas représentatifs de l'ensemble des centres ou villages de la région. Si la durée de l'étude et les moyens le permettent, il sera néanmoins préférable de retenir des sites relevant des deux catégories.
1.12.2.Quelle taille pour l'échantillon ?
Les études déjà effectuées indiquent que, pour une ville de taille moyenne (c'est-à-dire de l’ordre de 500 000 habitants), la taille de l’échantillon devrait être au moins égale à 500.
1.12.3.Quelle méthode d'échantillonnage ?
L’objectif de l’échantillonnage est d’obtenir un échantillon représentatif. Dans la plupart des communautés rurales ou des zones périurbaines, il ne sera pas possible de définir une base de sondage suffisamment rigoureuse pour permettre d'en tirer un véritable échantillon aléatoire de ménages. Le problème de l'identification d'une base de sondage correcte se pose pour tous les travaux d'enquêtes à mener dans les pays en développement et pas seulement pour les enquêtes sur la volonté de payer. Dans deux enquêtes de VDP menées par WASH, il a cependant été possible d'échapper à cette contrainte. En Tanzanie, l'organisation du parti s'étendait au niveau villageois et les ménages étaient rassemblés par groupes de 10 en "cellules". Au niveau de chaque village était disponible une liste complète de tous les responsables de cellule du village. L'équipe de recherche a pu ainsi tirer au hasard un nombre approprié de responsables de cellules puis enquêter exhaustivement les 10 ménages de chacune des cellules ainsi sélectionnées. En Haïti, les villages étudiés étaient suffisamment petits pour que la majorité des ménages soit enquêtée. Dans ce cas, si l'on prend soin de ne pas introduire de biais systématique lorsque l'on exclut quelques ménages de l'enquête, l'échantillon doit être raisonnablement représentatif du simple fait qu'il représente une large proportion de la population totale.
Diverses méthodes peuvent être utilisées, les unes plus rigoureuses que les autres (c'est-à-dire garantissant une représentativité plus ou moins grande de l’échantillon) mais, en règle générale, plus la méthode d’échantillonnage est rigoureuse, plus les données nécessaires à la construction de la base d’échantillonnage sont longues, difficiles ou coûteuses à obtenir. Le plus souvent, les études de volonté de payer ont eu recours à 2 méthodes.
La première a été utilisée pour l’étude du plan stratégique d’assainissement de Kumasi54 (Ghana). Il s’agit d’une procédure d’échantillonnage stratifié à deux degrés. Elle s’est déroulée en quatre phases :
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stratification des zones de dénombrement du recensement de Kumasi selon la densité d’habitants par logement (par exemple : densité faible, moyenne, élevée et très élevée) ;
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pour chaque strate, tirage (dit de premier degré) aléatoire d’un échantillon de zones de dénombrement, le nombre tiré pour chaque strate étant proportionnel à sa taille (dans le cas de Kumasi, ceci a produit un échantillon de 26 zones de dénombrement sur un total de 373 zones) ;
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établissement de la liste de tous les ménages de chacune des 26 zones tirées au hasard, avec leur adresse ;
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tirage aléatoire (dit de deuxième degré) d’un échantillon de ménages à enquêter parmi tous les ménages de chaque zone, l’effectif de l’échantillon étant proportionnel au nombre total de ménages de la zone considérée. Au total, la taille de l’échantillon résultant de cette méthode était légèrement supérieure à 1600 ménages.
Les avantages de cette méthode sont les suivants :
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elle est scientifiquement rigoureuse, au sens où elle garantit que chaque ménage de la ville a une probabilité identique d’être retenue dans l’échantillon à enquêter ;
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elle permet de donner aux enquêteurs des instructions précises sur les ménages à enquêter (identité et adresse) ;
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les superviseurs peuvent facilement vérifier si les entretiens ont été effectivement menés.
Ses inconvénients résident dans son coût et le temps nécessaire à sa mise en œuvre.
Lorsqu’il est impossible de dresser une liste nominative et exhaustive des ménages, une méthode simplifiée d’échantillonnage stratifié à deux degrés peut être utilisée. Elle est documentée et recommandée par Choe (1990)55 et a été utilisée avec succès à Ouagadougou, dans le cadre du PSAO56. Dans cette étude, une grille composée de carrés de 1 pouce carré a été appliquée sur un plan de la ville au 1/25 000ème, conduisant à un nombre de 224 zones de dénombrement possibles. 20 zones ont été tirées au hasard parmi ces 224 puis les parcelles de 3 de ces 20 zones ont été comptées de façon exhaustive. En moyenne, il a été trouvé 300 parcelles par zone. Sur cette base, il a été décidé de sélectionner 1 parcelle sur 10 pour l’enquête, de façon à obtenir une taille totale d'échantillon de 625 ménages. Cette procédure permettait de garantir que le nombre de ménages échantillonnés dans les zones retenues était sensiblement proportionnel à la densité de ces dernières. Cette approche est rapide, plus simple à mettre en œuvre que la méthode plus rigoureuse appliquée à Kumasi.
Elle a cependant plusieurs inconvénients. Elle donne trop de latitude aux enquêteurs dans le choix du ménage à enquêter. Dans les quartiers non lotis, il est en effet délicat de préciser exactement ce que l’on entend par « chaque dixième parcelle » : cela dépend du chemin emprunté par l’enquêteur ; la limite des parcelles est parfois imprécise ou peut être difficilement visible depuis la rue. De plus, dans leur travail de contrôle, les superviseurs peuvent rencontrer des problèmes pour retrouver les parcelles où les enquêtes sont supposées avoir eu lieu. Des procédures ont été développées pour remédier à ce type de difficulté, mais elles requièrent une formation et une supervision soigneuses des enquêteurs.
1.12.4.Le choix de l'individu à enquêter
Une fois qu'un ménage particulier a été retenu se pose la question du choix du membre à interviewer au sein de ce ménage. La réponse dépend des objectifs de l'enquête et des modalités de la gestion domestique de l'eau. Si l'on entend utiliser les résultats sur la volonté de payer pour estimer le niveau de participation financière des usagers au coût du service et si le budget du ménage est entièrement contrôlé par un chef de ménage masculin, alors il est clair que l'information requise ne pourra être recueillie qu'auprès de ce dernier. Le fait que ce sont les femmes et les enfants qui sont le plus souvent chargés des tâches d'approvisionnement en eau et qui seront les premiers bénéficiaires directs d'une amélioration du service n'a aucune utilité dans l'évaluation des revenus potentiels de l'entité gestionnaire.
En revanche, si l'objectif est d'estimer les bénéfices sociaux d'un approvisionnement en eau amélioré et l'impact qu'un allégement des tâches de collecte de l'eau aura sur le développement économique et sur la santé des enfants, par exemple, ce sont alors les femmes du ménage qu'il faut enquêter. Si hommes et femmes disposent chacun d'un certain contrôle sur les finances du ménage, les uns et les autres doivent alors être enquêtés de façon à voir s'il existe des différences dans leur volonté respective de payer. Si tel était le cas, il pourrait y avoir conflit au sein du ménage sur l'effort à consentir pour une amélioration de l'approvisionnement en eau potable et quelques difficultés à prédire ce qui pourrait en résulter.
Compléter par biais propriétaires/locataires, chef de ménage/non chefs de ménage…
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