Etudes cas-témoins
La mention spécifique de RF a été retrouvée dans 6 études cas-témoins. Des personnels de la US-Air Force employés de 1970 à 1989 et qui ont développé un cancer du cerveau ont été comparés à 4 témoins (même arme, âge et catégorie ethnique). L’exposition professionnelle a été caractérisée au moyen de matrices emploi-exposition définies par un groupe. En plus d’une association très forte, et inexpliquée avec le rang hiérarchique, un discrète relation a été observée avec l’exposition aux RF (RR = 1,39 [1,01-1,90]). Une limite de cette étude est le fait que n’ont pas été inclus des agents ayant quitté l’armée, ce qui peut introduire un biais de sélection.
Dans trois régions des Etats Unis, des cas de cancer du cerveau mortels (hommes blancs de plus de 30 ans) ont été comparés avec des témoins (même âge et zone de résidence) décédés d’affections autres que ce cancer, épilepsie, accident vasculaire cérébral, mort violente. Un proche a été interrogé sur les expositions professionnelles (taux de réponse inégal selon les cas et témoins : 74% et 63%). Les emplois ont été classés selon l’exposition potentielle aux RF. Le risque de cancer était lié aux emplois ‘exposés’ (RR=1,6) parmi les seuls agents d’industries électriques et électroniques, mais pas parmi ceux actifs dans d’autres branches professionnelles (RR=1,0). Cela suggère que le facteur de risque serait plus dû à d’autres caractères des emplois que les RF (solvants, vapeurs…).
Les facteurs de risque du cancer du testicule ont été explorés chez 271 cas de 18 à 42 ans et 259 témoins, dans 3 hôpitaux (dont deux militaires). La catégorie d’emploi et la déclaration des sujets ont servi à classer l’exposition aux micro-ondes et autres ondes radio. Les résultats sont incohérents, avec des excès de risque lorsque l’exposition est fondée sur les déclarations, mais pas selon l’intitulé d’emploi ; les emplois considérés comme les plus exposés aux RF étaient associés à un risque faible (RR = 0,8).
Des facteurs de risque de l’incidence du cancer du sein de l’homme, affection très rare, ont été étudiés chez 227 cas et 300 témoins dans 10 régions des Etats-Unis. Avoir travaillé dans un emploi impliquant des RF définissait l’exposition. Si les risques observés étaient plus élevés parmi les électriciens, poseurs de lignes téléphones et agents d’installations de production d’électricité, il n’était pas significativement accru parmi les travailleurs des secteurs radio et télécommunications (OR = 2,9 [0,8-10,0] ; pour 7 cas). Les taux de participation à l’étude sont décrits comme faibles par Elwood, qui considère ce travail comme préliminaire.
Les facteurs de risque de la mortalité féminine pour cancer du sein, entre 1984 et 1989 dans 24 Etats des Etats-Unis, ont fait l’objet d’une étude cas-témoins, sur un total de 33 000 cas et 117 000 témoins. Les seules données disponibles sur l’exposition étaient dérivées des certificats de décès, qui ont permis de classer les femmes selon des matrices emploi-exposition. A côté de diverses expositions potentielles à des substances chimiques (styrène, solvants chlorés…), le probabilité d’exposition aux RF a été estimée, et catégorisée en 4 groupes, selon un gradient. Si, par rapport au groupe non exposé, les classes 1 et 3 d’exposition sont suggestives d’un effet ( OR moyen = 1,14 et 1,15 respectivement), la classe intermédiaire ne montre pas d’excès de risque (OR = 0,95). Les auteurs concluent que ‘les investigations ne montrent pas d’association avec des rayonnements ionisants ou non ionisants’.
L’effet des RF sur le risque de mélanome intra-oculaire a été étudié à partir de 221 hommes blancs d’un hôpital de San Francisco, et 447 témoins de la même aire géographique. De nombreux facteurs d’exposition professionnelle ont été explorés, par catégorie de métier ; seuls ceux s’étant avérés associés au cancer ont été rapportés, ce qui ne permet pas d’apprécier la possibilité d’associations fortuites. Une association a été mise en évidence avec une exposition aux micro-ondes et aux ondes radar (OR = 2,1 [1,1-4,0] sur 21 cas exposés). Ce résultat ne figure pas dans le résumé écrit par les auteurs qui signalent, par ailleurs, la possibilité de biais de mémoire dans ce type d’enquête.
Elwood rapporte d’autres études pouvant présenter un intérêt pour le sujet. L’une concerne la comparaison du taux de dommages des chromosomes parmi 38 employés de Telecom Australia, technicien lignards ayant une exposition voisine de ou inférieure aux valeurs limites professionnelles, pour des fréquences de 400 à 20 000 MHz, et 38 agents de bureau non exposés. Pratiqués en aveugle, les examens biologiques ne montrent aucune anomalie de la division cellulaire parmi 200 métaphases pour chaque sujet examiné (OR de cellules montrant une aberration = 1,0 [0,8-1,3]). Deux autres données sont évoqués, mais si évasivement qu’il n’est pas possible de les interpréter.
Au terme de se revue, l’auteur récapitule les observations et les soumet au crible des critères de causalité de Hill. Cela le conduit à conclure que les études individuelles sont faibles sur le plan méthodologique, tout particulièrement pour ce qui est de la caractérisation des expositions, ce qui ne permet pas de les interpréter clairement en terme de relations cause-effet. « L’impression majeure est que ces études sont incohérentes. Aucun type de cancer n’est relié de manière cohérente avec l’exposition aux RF ».
L’avis du groupe d’experts sur l’article : Les travaux considérés dans cette revue ne concernent pas directement l’exposition aux RF liée aux téléphones mobiles et à leurs stations de base. Les gammes de fréquence ainsi que les conditions d’exposition sont sensiblement différentes. Cependant, ces études sont a priori pertinentes, en ce qu’elles pourraient permettent de mettre en lumière des catégories de cancers auxquelles il faudrait particulièrement porter attention dans des études épidémiologiques spécifiques sur la téléphonie mobile.
Les renseignements apportés par Elwood pour apprécier la qualité des études originelles sont très variables quant à leur précision. Il y a parfois une certaine confusion entre la présentation des études et leur critique, ce qui n’en facilite pas la lecture ‘objective’. Malgré cela, on doit convenir avec lui que le message véhiculé par cette série de travaux est loin d’être convaincant.
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