Envers des endroits.
De l’air : un chantier au chausse-pied.
La tour Oxygène commence son ascension dans le ciel de Lyon. Evolution urbaine historique, le projet est hors normes sur le plan humain, logistique et ?technologique. Rentré au chausse-pied dans un site exigu, le chantier relève ici son premier défi : tourner à plein régime sans asphyxier un quartier déjà bien animé.
Offrir beaucoup d’espace avec peu d’emprise au sol, le concept de la tour arrange bien les affaires d’un centre-ville économique déjà hyper urbanisé. Et lorsqu’il s’agit de construire l’édifice, le problème de place disponible au sol se traduit vite en casse-tête chinois pour installer et faire fonctionner le chantier. La tour Oxygène a en effet besoin d’air. Au-dessus, évidemment, mais surtout autour, pour accueillir une organisation particulièrement complexe, volumineuse et exigeante. Au sein de GFC construction, en charge de la réalisation du projet, une cellule logistique se décarcasse à plein temps pour implanter et gérer les infrastructures fondamentales d’un outil opérationnel à 100 %. Trois ingénieurs et un chef de chantier pour un chantier dans le chantier qui fabrique par exemple un espace de 500 m2 sur une voirie en exploitation avec l’aide d’anciens ponts militaires. Une plateforme pour assembler les 3.500 tonnes d’acier prévues pour armer le béton. La location d’une partie du parking d’un supermarché du centre commercial pour stocker les éléments de grues. L’installation de 160 bungalows, empilés sur plusieurs étages pour loger bureaux, salles de réunion et la base de vie d’ouvriers ici rebaptisés compagnons. Transports en commun, Grand Lyon, Voirie, Ville, riverains…, tous les acteurs du site ont été consultés pour faciliter l’intégration et réduire au mieux les contraintes générées.
Parce qu’il manquait encore de la place, un terrain de 1.000 m2 est loué à quelques centaines de mètres de là pour installer la base arrière capable de réguler les stocks de matériels et stationner les camions en attente de livraison. Pour désengorger les abords du chantier, la cellule orchestre ainsi, entre autres, par talkie-walkie, le bal des 58.300 camions toupies prévus pour acheminer les 350.000 tonnes de béton des 115 mètres de hauteur de la tour. Sur le chantier lui-même, où chacun a son rôle précisément défini, chaque étape, chaque manœuvre, chaque geste est calculé, prévu avec beaucoup de méthode et de rigueur dans une gestion permanente à flux tendu. 40 ingénieurs, 10 chefs de chantier et 500 compagnons pour vivre avec force un chantier qui marque à jamais un parcours professionnel. L’édification d’une tour de cette ampleur reste en effet une expérience exceptionnelle, spectaculaire et valorisante. Pour l’heure, pour tous les acteurs, il s’agit de monter tous les jours, dans les règles de l’art, un petit bout d’un signe fort du Lyon de demain.
3 questions à Stéphan Paillette, ingénieur de l’École nationale des ponts et chaussées, directeur du chantier de la tour Oxygène.
-Contraintes ?
-Le chantier d’une tour est tellement particulier et exigeant en termes de contraintes techniques qu’il nécessite une préparation sans failles pour réduire l’impact des aléas du chantier. Le travail en amont, la préparation, autant que le suivi, c’est fondamental.
-Compétences ?
-Ici, les enjeux et la pression liés aux côtés spectaculaire et médiatique du projet sont énormes. Pour mettre toutes les chances du côté d’un objectif partagé de réussite, toutes les équipes, dans tous les domaines, sont composées de nos meilleurs éléments.
-Personnellement ?
-C’est une lourde responsabilité, une expérience unique. J’apprends beaucoup et peux compter sur la vigilance d’un groupe pour atteindre les objectifs ambitieux d’une entreprise fière de pouvoir faire ici, dans de telles conditions, la démonstration de ses savoir-faire.
Vu d’ailleurs.
Partage : partenariat éclairé.
En mettant en lumière trois sites historiques majeurs de Jéricho (Palestine), la Ville de Lyon fait plus que contribuer à l’amélioration de l’éclairage urbain et au développement touristique de la région. Selon ses partenaires locaux, c’est un acte symbolique fort en faveur de la paix.
Dans cette région imprégnée, par ses vestiges, tout autant du christianisme que de l’Islam antiques, dans le contexte que l’on sait, toute intervention sur le patrimoine archéologique et historique revêt une dimension symbolique sensible et forte. Or voici que les 3 sites retenus pour être mis en lumière, dans le cadre d’un partenariat Villes de Lyon et Jéricho - réseau Luci et son sponsor Thorn, témoignent, par essence, d’une cohabitation millénaire : l’arbre de Zachée, d’où il est dit que le Christ fit descendre le contrôleur des impôts à la solde des Romains et qu’il le convainquit de redistribuer ses biens aux pauvres ; le palais d’Hisham, représentatif des débuts de l’architecture islamique ; le mont de la Tentation où le Christ aurait jeûné quarante jours… Un projet «comme une lumière au bout du tunnel», dit volontiers Noha Rashmawi, Présidente de l’association des Amis de l’archéologie palestinienne.
Issus des nouvelles orientations du Plan lumière de Lyon, les principes d’éclairement ont été définis. L’arbre de Zachée sera éclairé comme de l’intérieur par des projecteurs discrets ; dans le palais d’Hisham, c’est la mosaïque “L’arbre de vie” (photo) qui sera mise en valeur par une source lumineuse en hauteur ainsi que le parcours pédestre, par un éclairage soulignant les points architecturaux les plus significatifs du lieu. Pour ces deux sites, les projets de la direction Eclairage public de la Ville de Lyon sont prêts tandis que celui du mont de la Tentation, pour lequel la tâche est considérable, est au stade de l’étude. Le tout sera soumis à la fin de l’année aux autorités de Jéricho. D’ores et déjà, pour Jean-Michel Daclin, Adjoint au maire délégué aux Relations internationales et président de Luci, «cette collaboration est un succès, parce qu’elle réunit deux villes à 3 000 km de distance, et un exemple d’accompagnement d’une région en développement». Après Hô-Chi-Minh-ville (Viêt Nam) et San-José (Costa Rica), partenariats internationaux les plus récents, une nouvelle balise du savoir-faire lumière de Lyon vient de s’allumer sur le globe.
3 questions à Noha Rashmawi, Présidente de l’association des Amis de l’archéologie palestinienne.
-Quel sens donnez-vous à cette mise en lumière ?
-Jéricho recèle de sites archéologiques essentiels pour l’histoire de l’humanité. En 2010, elle organise l’anniversaire de ses 10.000 ans d’histoire. Cette initiative permettra à la ville de mettre l’accent sur ces joyaux. La solidarité entre Lyon et Jéricho se manifeste ainsi par des actions concrètes, dans la lignée des projets de coopération dans les domaines de la jeunesse, de l’archéologie, des conférences sur la paix. C’est aussi une manière de montrer à la population de Jéricho qu’une lumière brille au bout du tunnel et que l’espoir existe toujours.
-Qu’attendez-vous de l’expertise lyonnaise ?
-Lyon se positionne au premier plan des villes ayant développé une politique urbaine de l’éclairage public. La Fête des lumières mobilise l’ensemble de la profession et pour nous, habitants de Jéricho, c’est un honneur inestimable de mettre en place un tel partenariat.
-Votre perception de Lyon ?
-Lors de sa première visite, l’ancien maire de Jéricho a déclaré que Lyon, à travers son histoire et sa politique patrimoniale, fait figure d’exemple. Il fut notamment impressionné par le musée urbain Tony Garnier. Lyon a su mettre son patrimoine en valeur. J’y ai rencontré beaucoup de chaleur humaine et un accueil plus que favorable à notre coopération. Ma première rencontre avec MM Gérard Collomb et Jean-Michel Daclin fut un moment d’espoir et de confiance en l’avenir qui ne s’est pas démenti.
PRODIJ : l’effort selon Marie.
Lyon compte une nouvelle ambassadrice : Marie Gubareva. À 24 ans, elle vient d’enchaîner seule 6 sommets de la cordillère des Andes. Histoire de transmettre à sa génération le goût de l’effort…
Huascaran (7.000 m), Coropuna (6.400), Alpa Mayo (6.000), Tocclaraju (5.200), Ishinca Urus (idem) + le Machu Pichu dont le tortillard était en panne, “une balade à 2.400”… Le tout entre juillet et août, seule (à partir des camps de base, s’entend, mais tout de même…). C’est le “petit exploit” réalisé par une jeune Lyonnaise, Marie Gubareva avec l’aide de PRODIJ, le coup de pouce de la Ville de Lyon aux projets des 16-26 ans. Objectif : donner le goût de l’effort à celles et ceux de son âge. Oui mais tout le monde ne peut pas enchaîner 6 sommets des Andes ? «Je le sais bien, répond l’étudiante future guide de haute montagne, mais selon moi, l’effort est un passage obligé en tout, quels que soient le projet, la discipline, l’activité, il est source de dépassement de soi donc de plaisir».
Naturellement, elle a rencontré quelques difficultés. Accroché à un mur déversant de 60 m, son corps de 50 kg a dû lutter pour résister à son sac à dos (35 kg) qui tirait obstinément en arrière. Plus loin, après deux jours passés recroquevillée sur une paroi par moins 15 degrés, vivres et eau épuisés, elle a réussi à repartir non pour redescendre mais pour terminer son ascension et ensuite, seulement, redescendre. «Oui d’accord, reconnaît Marie, mais pour moi, l’effort, c’est aussi (surtout ?) tout ce qui a précédé : travailler deux fois plus tout en poursuivant mes études, chercher des aides et à chaque fois, présenter un dossier adapté à mes interlocuteurs, préparer l’expé (il n’existe pas de cartes, les topos sont imprécis…), une fois sur place, c’est tout plaisir, même l’effort… Et puis relativisons : j’ai été tellement bouleversée par la joie de vivre des Péruviens de la cordillère, dont les habitations n’ont ni eau ni électricité, et qui subsistent en raclant une terre d’acier sous un soleil d’enfer»… Reste à partager. Une exposition photos est en préparation, des conférences - débats, un blog… Quant à les animer, on peut lui faire confiance. Marie, c’est la petite sœur de Tintin qui serait sortie d’un album pour aller au bout de ses rêves. En s’en donnant la peine.
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