Carte mémoire : Histoire devoir…
Outil Quotidiennement, chaque passant croise en ville, sans trop le savoir, l’histoire aussi douloureuse qu’héroïque de Lyon pendant la Seconde guerre mondiale. Stèles, plaques, événements, noms de rues… Une Mission mémoire désormais appuyée par un “commando” municipal contre l’oubli et son arme en ligne : une carte interactive sur le net !
Soixante-cinq ans après la Libération de Lyon, de nombreuses traces rappellent que la Cité fut le théâtre de moments forts. Qui s’en souvient encore ? Il est vrai que le quai Jean-Moulin évoque le héros dont tout le monde connaît l’itinéraire et le destin tragique. Mais quid des Pierre Baizet, Lucien Sportisse ou René et Marguerite Pellet ? Ils sont plus de 100 Résistants qui, avant de donner leur nom aux rues de Lyon, ont donné leur vie pour notre liberté. Des noms parfois tombés dans l’oubli. Ils animent pourtant le quotidien d’une ville certes reconnaissante, mais pas toujours bien consciente de l’ampleur, de la cohérence et de la richesse d’un patrimoine mémoriel ancré sur son sol. Que dire de la mémoire des murs, témoins d’événements ou d’activités liés à cette période de l’histoire et son dénouement victorieux ? Qui se souvient de l’arrestation d’Edouard Herriot, le 1er octobre 42 à 7h du matin, chez lui, 1 cours d’Herbouville ? Les rencontres de Résistants au “Moulin joli” où se fondaient les grands mouvements de Résistance ? Les imprimeries clandestines qui ont vu naître les titres comme Combat, Libération, Franc-Tireur ? Les lieux d’attentats ? Ou dans un autre registre, cette rue Sainte-Hélène qu’il fallait éviter, parce qu’occupée par la terrible Milice, au numéro 10…
L’histoire est là, partout. Souvent endormie. Et la faire vibrer en nous est une nécessité pour activer ou réactiver une mémoire collective capable de préparer le meilleur avenir.
Volonté politique, motivation personnelle et collective, la Ville de Lyon signe la création d’un outil interactif original permettant à l’internaute de localiser les stèles, plaques, lieux et événements parfois oubliés qui façonnent le paysage urbain. L’idée est aussi de faire découvrir l’histoire rattachée à chacune des 1.000 références ! Autant dire que le travail fut, et reste de taille… L’ouvrage d’un solide réseau de terrain tissé entre quelques agents des services informatique, cartographie, cabinet du maire et Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation. Objectif : répertorier sur une carte les traces trouvées dans le fonds documentaire, les archives, les témoignages… Cette topographie où s’opposent et se font écho terreur et Résistance est désormais accessible par tous. Outil pédagogique, mine d’infos pour les pros comme pour le grand public, une nouvelle porte vient de s’ouvrir, en grand, vers tout un pan de l’histoire locale. Entrée libre !
Lyon.fr, rubrique “culture” puis “patrimoine”
3 questions à Régis Le Mer, documentaliste, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation.
Méthode ?
Activité, événement, logement… On cartographie avec une adresse. C’est la base des recherches. Il s’agit de relever, croiser et vérifier les sources trouvées dans les livres, les récits et toutes nos collections, fonds d’archives. Et il nous en reste beaucoup à étudier !
Émotion ?
Notre approche de l’info est par définition très scientifique. Toute découverte a son importance. Etre passionné par le domaine n’est pas anodin. Cette période est forte, lourde, sensible. L’étudier de si près est une vraie responsabilité. Et notre regard sur la ville change…
Exemple ?
Pour Pierre Baizet, la plaque commémorative avait disparu. Mentionnée sur la carte, la famille a pris contact pour nous renseigner. De nombreuses précisions ont ainsi été ajoutées. Belle satisfaction de voir que nos recherches sont parfois indissociables de la parole vivante…
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