Coxyde: le migrant suspecté d’avoir agressé une jeune fille voulait l’aider
C.J.
Mis en ligne lundi 25 janvier 2016, 20h12
Crise des migrants
Le quotidien « De Morgen » cite des sources venant du parquet de Furnes.
http://www.lesoir.be/1103253/article/actualite/belgique/2016-01-25/coxyde-migrant-suspecte-d-avoir-agresse-une-jeune-fille-voulait-l-aider
Tout a commencé ce samedi. Het Nieuwsblad rapporte qu’une mineure aurait été agressée à la piscine communale de Coxyde par un demandeur d’asile résidant au centre d’accueil de la commune. Selon Marc Vanden Bussche, le bourgmestre, un incident similaire avait aussi eu lieu plus tôt dans la semaine. Dans la foulée, il annonce son intention d’interdire l’accès de la piscine communale aux demandeurs d’asile.
Samedi en fin de journée, le parquet de Furnes décide que le jeune homme de 23 ans (qui a été arrêté par la police) peut être libéré, parce qu’il n’a pas commis d’acte répréhensible. Mais Theo Francken, secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, décide ensuite de placer le jeune homme en centre fermé, d’ici que l’enquête soit terminée.
Mais ce lundi, le quotidien De Morgen revient sur l’affaire et parle d’une « erreur de jugement ». Le demandeur d’asile serait innocent, selon des sources au parquet de Furnes.
Une « pseudo » agression
Selon le journal, il ne s’agit pas d’une agression. Les parents de la fillette de 10 ans n’ont d’ailleurs pas porté plainte contre le demandeur d’asile irakien. Après avoir été auditionné par la police, il s’avérerait que le jeune homme aurait voulu aider la petite fille qui était en difficulté dans l’eau. Paniquée, la fillette se serait mise à hurler, ce qui a alerté le maître-nageur… qui a appelé la police.
Appelé par nos soins, le bourgmestre de Coxyde (qui avait directement réagi ce week-end en proposant que la piscine soit fermée aux demandeurs d’asile adultes) a signalé qu’il avait pris connaissance de l’article du Morgen, mais qu’il fallait attendre la fin de l’enquête avant de définir si le demandeur d’asile et innocent ou non.
Du côté du cabinet de Theo Francken, même son de cloche : attendre le résultat de l’enquête. La porte-parole du secrétaire d’Etat signale que ce dernier n’a pas encore été mis au courant par le parquet de la potentielle innocence du jeune Irakien. « Non, nous n’avons pas agi trop vite en plaçant le demandeur d’asile en centre fermé, insiste-t-on au cabinet Francken. On a choisi d’être 100 % sûrs avant de laisser cette personne partir. Il y a des éléments dans son dossier. On a voulu agir très vite. On ne pouvait pas se permettre d’attendre, parce que l’on ne veut pas que tout un groupe soit stigmatisé à cause d’actes peut-être commis par une personne. »
La piscine accessible à tous
Ce lundi après-midi, le collège échevinal s’est rassemblé à la maison communale de Coxyde pour débattre de l’interdiction d’accès de la piscine aux demandeurs d’asile. Verdict : l’accès ne sera pas interdit aux migrants adultes. Les demandeurs d’asile devront en revanche suivre des séances d’information organisées à leur attention. Le règlement de la piscine sera aussi traduit en arabe.
OreLa -
L’Observatoire des Religions et de la Laïcité
Un sondage ORELA/IPSOS/Le Soir/RTBF : « Les Belges francophones et la religion »
Auteur: Caroline Sägesser Jean Philippe Schreiber et Cécile Vanderpelen Diagre
Jeudi 28 Janvier 2016
http://www.o-re-la.org/index.php?option=com_k2&view=item&id=1476:un-sondage-orela/ipsos/le-soir/rtbf-les-belges-francophones-et-la-religion&Itemid=85&lang=fr
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La manière dont le grand public et les médias se représentent le fait religieux est souvent tributaire des coups de projecteurs braqués sur les religions en raison de l’actualité immédiate et des rapports de force qu’elles subissent ou entretiennent entre elles — voire avec l’Etat et les collectivités locales. Dès lors, beaucoup de stéréotypes et a prioris circulent sur les religions, leurs pratiques et les croyants. Pour les sciences humaines, l’une des manières les plus efficaces d’approcher la façon dont la religion est vécue, pratiquée, perçue et expérimentée par les individus est l’enquête. ORELA, dans le cadre de "La Religion dans la Cité", et en collaboration avec Le Soir et la RTBF, vient ainsi de faire réaliser par IPSOS un sondage sur « Les Belges francophones et la religion ». Quels enseignements en tirer ?
On constate tout d’abord que la progression de la sécularisation constante observée jusqu’ici ne peut se vérifier, même si elle paraît en réalité freinée ; il n’y a pas de rejet massif de la religion, dont l’image est globalement plutôt positive, même si sur certaines questions, les Belges francophones sont divisés. L’adhésion au catholicisme demeure largement majoritaire. Cependant, la pratique religieuse est basse et le lien avec le catholicisme est donc davantage un lien culturel, ramenant plutôt à l’identité ; le présent sondage affiche ici une tendance que ne montraient pas les enquêtes précédentes qui ne distinguaient pas entre identité convictionnelle et pratique religieuse.
Bien que les différentes enquêtes de ces dernières années révélaient une sécularisation constante, ici, les données semblent contredire cette tendance, puisque 75% de l’échantillon sondé se revendique d’une culture ou d’une identité religieuse. Ceci résulte du caractère particulier de la question posée, laquelle distinguait sentiment d’appartenance à une religion (renvoyant donc plutôt à une identité culturelle) et pratique de cette religion (ce qui peut recouvrir des formes diverses, depuis la pratique régulière conjuguée à l’observance stricte jusqu’à des manières très diffuses, peu régulières et très lâches de manifester sa pratique).
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Une minorité des répondants se déclarent pratiquants : 19 % de catholiques, 6 % de musulmans. S’il y a 26 % de pratiquants en Belgique francophone, ils sont 34 % à Bruxelles — le poids de l’islam y influence la tendance, à savoir le nombre total de pratiquants. Dans le même temps, Bruxelles est plus contrastée parce qu’elle compte davantage d’incroyants et une plus grande diversité convictionnelle. Alors que chez les catholiques, plus l’on est jeune, moins l’on pratique (contrairement à la France, comme le révélait l’enquête Opnion Way menée pour la Conférence des religieux et religieuses de France en 2015), la tendance s’inverse chez les musulmans : la pratique y est davantage le fait des plus jeunes.
Toutefois, ces constats ne permettent pas d’identifier la nature de la pratique religieuse, ni le type d’adhésion aux institutions religieuses. En 2007 et 2009, les derniers chiffres relatifs à la pratique catholique diffusés par l’épiscopat montraient que moins de 5 % de la population avait une pratique dominicale hebdomadaire et que seuls un peu plus 50 % des enfants nés en Belgique étaient baptisés (54,6% pour l’ensemble du pays, mais seulement 14,8 % à Bruxelles). Par ailleurs l’enquête européenne sur les valeurs menée elle aussi en 2009 confirmait que la pratique dominicale (à savoir l’assistance mensuelle à la messe) concernait seulement 4 % des Belges.
Les données recueillies ici semblent confirmer ainsi que les catholiques se revendiquent davantage d’une proximité avec la culture chrétienne que d’un respect des pratiques, une adhésion au dogme ou à la morale religieuse — comme l’ont montré diverses études antérieures, insistant sur une pratique « à la carte ».
Moins d’un tiers des catholiques (31 %) se déclarent en effet pratiquants, alors qu’ils sont 89 % des musulmans à se déclarer tels (sans que l’on sache si cette pratique se résume par exemple à l’observance du Ramadan ou si elle concerne les cinq prières quotidiennes et les autres « piliers » de l’islam). Ainsi, l’enquête de la Fondation Roi Baudouin intitulée « Belgo-Marocains et Belgo-Turcs : (auto)-portrait de nos concitoyens » et dont les résultats avaient été livrés en mai 2015 montrait que moins d’un répondant sur trois seulement (environ 30 %) disait fréquenter la mosquée au moins une fois par semaine.
Il y aurait 7 % de musulmans en Belgique francophone (ce qui corrobore les données récentes de l’enquête du Pew Forum on Religion and Public Life), et 23 % de musulmans à Bruxelles, un pic démographique qui pourrait ne pas être dépassé si le taux de natalité des musulmans se calque progressivement sur celui de la population générale, comme cela paraît être observé par d’aucuns — sauf si le regroupement familial ou des migrations nouvelles viennent bouleverser ce constat. Ceci est à mettre en relation avec le fait qu’à Bruxelles, le cours de religion islamique est le plus suivi dans l’enseignement officiel (qui rassemble environ la moitié des élèves), avec 47,5 % des élèves, comme l’a montré le rapport ORELA portant sur l’année 2014.
Bruxelles et la Wallonie comptent 25 % d’incroyants et assimilés ; mais on peut supposer qu’il y a également des incroyants parmi les non-pratiquants, surtout catholiques, voire même chez les pratiquants. On constate un grand dimorphisme sexuel. Il y a beaucoup plus de femmes pratiquantes, principalement chez les catholiques (24 % contre 14 % d’hommes chez les catholiques pratiquants, pour 48 % contre 37 % chez les catholiques non pratiquants) ; il n’y a en revanche pas de différence significative de ce point de vue chez les musulmans. Les hommes sont en général davantage incroyants ou indifférents que les femmes (37 % contre 14 %). Le profil de l’incroyant ou de l’indifférent est ainsi plutôt celui d’un homme jeune et éduqué, tandis que celui du pratiquant catholique est celui d’une femme, senior, peu éduquée, rurale et inactive.
Pour 73 % des Belges francophones, la religion appartient au domaine privé. Il n’y a pas de distinction de ce point de vue entre Bruxelles et la Wallonie. Les hommes en sont légèrement plus convaincus ; de manière générale, plus on est éduqué, plus l’on considère que la religion appartient au domaine privé. Il est à remarquer que les musulmans et les incroyants/indifférents en sont davantage convaincus que les catholiques : on ne doit pas nécessairement y voir chez les premiers le reflet d’une vision laïque de la société, mais plus vraisemblablement une réaction face aux politiques publiques menées à l’égard de l’islam : les musulmans souhaiteraient ainsi se prémunir d’une ingérence des autorités publiques dans la gestion de leur culte notamment. Parmi ceux qui considèrent que la religion appartient davantage au domaine public, on compte sans doute surtout des protestants évangéliques.
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Pour 48 % des personnes interrogées, la religion contribue au renforcement de l’identité. Il est toutefois difficile d’apprécier si ce constat est perçu de manière positive ou négative. Une proportion quasi égale de Belges francophones estiment que la religion est un facteur de paix (46 %) ou un facteur de violence (43 %) : ceux-ci sont donc divisés de ce point de vue. Ceci se marque davantage à Bruxelles en raison de la propension des musulmans à considérer que la religion est un facteur de paix et sans doute aussi en raison de la diversité culturelle bruxelloise, qui entraîne vraisemblablement une vision plus positive de la religion.
Ceci peut s’expliquer soit par la conviction forte chez les musulmans que la religion constitue un facteur de paix et d’amour de l’autre, soit par la nécessité à leurs yeux de défendre l’idée que la religion, et en particulier l’islam, ne sont pas facteurs de violence (seuls 6 % des musulmans pensent que la religion est un facteur de violence). Les catholiques sont en revanche une minorité à le penser : sans doute portent-ils un regard plus critique sur leur propre religion, combiné à une vision de l’islam considéré par certains d’entre eux comme une religion intrinsèquement violente.
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Les jeunes sont plus enclins à penser que la religion est davantage facteur de paix que de violence. Les incroyants se caractérisent également par une attitude moins négative à l’égard de la religion qu’on ne pouvait le penser ; de manière générale, dans le contexte actuel, il est remarquable de noter qu’on ne stigmatise pas la religion de manière exacerbée : elle n’est facteur de violence que pour 43 % des personnes sondées.
Il est à relever qu’en 2014, les résultats d’une enquête Win/Gallup menée dans 65 pays auprès de 66 806 personnes à propos de leur perception du rôle de la religion, avaient montré que la religion serait aujourd’hui davantage perçue comme un facteur de division et de conflit dans notre pays. En Europe occidentale, qui constitue déjà la région la plus sceptique au niveau mondial, les Belges seraient ainsi les plus méfiants à l’égard de la religion, juste derrière le Danemark.
Le regard porté sur les convictions des autres s’énonce de manière fort contrastée. De manière générale, plus l’on est éduqué, plus on est tolérant. La confiance en la tolérance du catholicisme et du bouddhisme est forte, surtout chez les plus jeunes et les plus éduqués. Il est plus surprenant de constater que la laïcité vient en deuxième position et qu’elle est à ce point bien vue, même chez les musulmans (68 % d’entre eux considèrent la laïcité comme tolérante, 28 % comme non tolérante). Peut-être peut-on y lire le fait qu’en des temps troublés, en particulier au lendemain des attentats de janvier 2015 qui ont visé la liberté d’expression, l’idéologie républicaine et les valeurs des Lumières, la laïcité apparaisse comme une réponse ou à tout le moins un recours. Dans le même temps, tout dépend du sens que l’on donne au terme laïcité, dont on sait que les interprétations sont nombreuses et divergentes.
Les musulmans sont par ailleurs globalement plutôt tolérants à l’égard des religions du Livre ; ils le sont en revanche moins à l’égard du bouddhisme et de l’hindouisme. Ce sont aussi ceux qui ont la meilleure image de leur propre religion.
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Il est également surprenant de constater que, contrairement aux idées préconçues, la tolérance est moindre à l’égard du judaïsme — même si 20 % des sondés sont sans avis à ce sujet — que de l’islam — qui recueille des avis très contrastés, 23 % le considérant comme très peu tolérant et 38 % comme plutôt tolérant. La moindre tolérance à l’endroit du judaïsme se marque surtout en Wallonie, chez les femmes, chez les seniors, chez les moins éduqués et les catholiques. On peut sans doute y voir la persistance de stéréotypes chrétiens négatifs traditionnels ou le fait qu’il s’agisse d’une religion non prosélyte, paraissant repliée sur elle-même ; mais il est vraisemblable aussi que la perception souvent négative de l’Etat d’Israël contribue par incidence ou par amalgame à nourrir cette vision d’un judaïsme peu tolérant.
L’image des protestants évangéliques est également plutôt négative : les raisons peuvent en être multiples : il est possible qu’ils soient assimilés à une image trop visible et trop envahissante de la religion, et/ou qu’ils soient associés au phénomène dit sectaire.
En conclusion, si les résultats de ce sondage sont très instructifs de la récurrence de certaines tendances déjà signalées par les spécialistes du fait religieux contemporain, l’enquête mériterait d’être poursuivie afin de détailler et affiner certains points. Les questions posées partent ici d’une vision très institutionnalisée de la croyance, montrant les limites d’un sondage résumé à quelques questions de base. Croyance, adhésion et pratiques sont perçues comme intrinsèquement liées. Or, le propre de la société post-moderne est d’avoir délié ce triptyque. Autrement dit, il n’est pas rare de rencontrer un individu qui se dit catholique, va à la messe et communie, mais ne croit pas en Dieu.
D’autres disent n’appartenir à aucune religion mais affirment croire en une série de transcendantaux plus ou moins liés à des traditions religieuses : les forces surnaturelles, les êtres surnaturels (les jedis par exemple), la réincarnation, « quelque chose après la mort », l’astrologie, le sens de la vie (et donc la possibilité de prédire l’avenir), l’âme, etc. Ces croyances peuvent se réaliser par des pratiques plus ou moins matérialisées (la méditation, des séminaires de « bien-être », des régimes alimentaires…). La multiplicité des rapports individuels au fait religieux qui dessinent l’être au monde à l’ère de l’ego rend évidemment toute enquête transversale et standardisée difficile. C’est pourtant bien cette direction qu’il faudra poursuivre dans les années à venir…
Caroline Sägesser, Jean-Philippe Schreiber et Cécile Vanderpelen-Diagre (ULB).
Le Soir.be -
Pour les jeunes, «la religion a encore beaucoup d’importance»
MIS EN LIGNE LE 27/01/2016 À 21:06
LAÏCITÉ RELIGION DANS LA CITÉ PAR MATHIEU COLINET
http://plus.lesoir.be/23261/article/2016-01-27/pour-les-jeunes-la-religion-encore-beaucoup-dimportance
Religieux ou pas, beaucoup de jeunes sont convaincus que les croyances sont encore bien présentes au sein de leur génération. Rencontre avec quelques adolescents bruxellois.
© Mathieux Golinvaux / Le Soir
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Où les jeunes ont-ils rangé leurs convictions religieuses ? Aux oubliettes ? Sous leurs semelles pour mieux les piétiner ? A l’inverse dans un coin de leurs têtes, capables qu’ils sont de s’y accrocher lorsqu’une adversité se présente ? Dans leurs « cœurs » comme une part de leur intimité qui ne regarde qu’eux ? En frontispice de leurs identités ? En bandoulière ? Dans le cadre du colloque « La religion dans la cité » organisé par l’ULB, Le Soir et la RTBF, nous nous sommes glissés dans trois écoles de l’enseignement officiel (Institut Bischoffsheim) et libre, confessionnel (Institut Maris Stella) et non confessionnel (Inraci) pour constater qu’entre ces jeunes et leurs parents, la sécularisation de la société – qui a longtemps été le cadre pour envisager l’évolution des convictions religieuses - n’a pas forcément avancé aussi vite qu’annoncé. En tout cas, qu’en la matière, les absolus n’existent pas.
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Tous les jeunes rencontrés ou presque en sont convaincus : la religion garde selon eux une place importante dans la société. Parce qu’eux-mêmes croient en un dieu et qu’ils ont aménagé leur quotidien en conséquence. Parce que même s’ils ont pris beaucoup de distance par rapport à toute conviction religieuse, ils n’ont pas abandonné complètement la « pensée magique » pour penser ce qui leur arrive ou tout espoir « psychoreligieux » d’un quelque chose après la mort. Les jeunes qui se disent athées ne nient pas l’importance de la religion. Certains s’intéressent aux textes sacrés pour leur édification personnelle, d’autres à la spiritualité.
« Je ne comprends pas comment on peut croire en un dieu, explique une élève de l’Inraci. J’ai du mal par principe à croire en quelque chose que je ne peux pas voir ou sentir. » « Pour ma part, j’ai beau avoir beaucoup de réserves avec la religion, cela me fait du bien de croire que quelqu’un nous protège, raconte une autre jeune fille. Et quand ma grand-mère a guéri, je n’ai pu m’empêcher de lier d’une certaine manière sa meilleure santé et quelque chose, quelqu’un qui serait là quelque part. »
Des jeunes plus conciliants
Ce genre de propos peut gêner des jeunes qui se revendiquent comme croyants. Ils contiendraient une vision utilitariste de dieu et rangeraient ses détenteurs au rang de « profiteurs » prêts à accepter les avantages d’une divinité sans les « inconvénients » et parmi ceux-ci les interdits religieux. « Je ne vis pas cela comme étant des interdits, explique un étudiant musulman de l’Institut Bischoffsheim. Etre croyant, c’est un choix que j’ai posé. Cela fait partie du package d’une certaine façon. Ma vie serait différente si je ne l’étais pas mais cela ne m’embête pas. »
La tradition familiale est pour beaucoup dans le choix d’une religion. Certains affirment avoir questionné cet « héritage ». D’autres beaucoup moins. « Je suis musulmane, affirme une jeune fille de l’Institut Maris Stella. Je le suis pour moi et pas pour ma famille. J’ai d’ailleurs du mal avec cette idée que l’on soit croyant pour sa famille. »Une élève de l’Inraci, croyante elle aussi, peut même envisager de ne plus l’être d’ici à quelques années. Dans le même intervalle de temps, un garçon de Maris Stella qui« oublie régulièrement de faire la prière » espère pouvoir être plus appliqué.
Les religions sont parfois mutuellement exclusives jusqu’à menacer ce qu’on nomme parfois le vivre-ensemble. De même, certains pourfendeurs de dieu écartent tout « accommodement raisonnable ». Les jeunes semblent plus conciliants imaginant par exemple très bien des unions entre personnes de confessions différentes ou entre religieux et athées. Et sans aller jusque-là, un calendrier scolaire qui tiendrait davantage compte de fêtes religieuses non catholiques. « C’est plus délicat, la tradition belge étant catholique », convient un élève. Une condisciple, musulmane, aurait-elle aimé ne plus être sanctionnée d’un jour d’absence le jour de l’Aïd-El-Kébir. Une autre la contredit :« Je ne suis pas d’accord, je ne demande pas cela, c’est à nous aussi de nous adapter ! ».
Témoignages
MIS EN LIGNE LE 27/01/2016 À 21:03
Je fais très bien au quotidien sans religion »
Samuel, élève à l’Inraci à Bruxelles, ne croit en aucun dieu. « Croire pour moi, ce serait compliqué. Je fais très bien sans religion. Les convictions religieuses sont à l’origine de beaucoup de conflits. Parmi les pays qui comptent le plus de croyants, de catholiques notamment, pas mal sont parmi les plus pauvres. Ce n’est pas forcément un hasard selon moi. Mais même si je ne suis pas croyant, je peux m’intéresser à la religion à un niveau culturel, m’intéresser à certains textes sacrés. Au fond, ce sont de belles histoires. Elles livrent aussi des façons de se conduire. Mais, une nouvelle fois, je peux m’en passer. »
« Rassurant de penser que quelqu’un nous protège »
Dakota Nihoul, élève à l’Inraci à Bruxelles, considère les religions comme des philosophies. « Je me suis intéressée à plusieurs textes sacrés. J’ai entrepris de les lire. J’ai beaucoup prié dans ma vie en espérant par moments que quelqu’un m’entende. L’idée que quelqu’un soit là-haut pour nous protéger me plaît, me rassure. Lorsque ma grand-mère a guéri, je n’ai pas écarté le fait que sa guérison puisse être liée à quelqu’un quelque part. Je crois que la religion influence encore beaucoup le monde aujourd’hui. Au niveau des relations sociales, elle peut parfois rapprocher certains individus, être à l’origine de la constitution des groupes. »
« Croire, le travail de toute une vie »
Mounia Djeblari est de confession musulmane. « C’est quelque chose que j’ai hérité de mes parents. Je me suis toujours questionnée sur la religion. Cela m’embête un peu qu’une croyance soit en quelque sorte imposée à quelqu’un, que l’on soit d’office musulman par exemple. Croire, c’est le travail de toute une vie selon moi. Il faut notamment apprendre à dominer certains de ses fantômes. Je suivais avant un cours de religion musulmane. Je préfère le cours de morale, de philosophie que j’ai aujourd’hui. D’une génération à l’autre, les croyances peuvent évoluer. Mais il y a quand même un fond intemporel que l’on trouve dans le Coran par exemple. »
« Croire, c’est quelque chose d’intime »
Layna Ajbailou, qui étudie à l’Inraci, considère tout ce qui relève de la croyance comme quelque chose d’intime. « Croire pour moi, c’est quelque chose de très intime. Les interdits de la religion, je les accepte et c’est d’autant plus aisé qu’au départ, la religion, le fait de croire, c’est un choix personnel. Je n’envisage pas la religion comme mes parents le font. D’une génération à l’autre, il y a des choses qui évoluent, je pense. Sans doute que mes enfants verront les choses de façon un peu différente également. Je regrette les gens qui s’affichent sur les réseaux sociaux en prétendant être religieux. Pour moi, ils répondent en quelque sorte à une mode. »
Le Soir.be -
Incursions dans les trois cultes du Livre
MIS EN LIGNE LE 25/01/2016 À 08:20 LAÏCITÉ PAR ELODIE BLOGIE
http://plus.lesoir.be/22834/article/2016-01-25/incursions-dans-les-trois-cultes-du-livre
A la mosquée, à la synagogue ou à l’église, les croyants sont à la recherche d’une même parenthèse spirituelle hors du temps.
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