5. discussion sur l’explosion Dans le batiment 221


Ecart de temps (secondes)



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Ecart de temps (secondes)



11 ED RP HD AF








Y. Grenier

10

LATESAC




9

P.A. Naylor






8

Evaluation issue des

mesures sismiques

7






6


2000 3000 4000 5000 Distance (mètres)



Intervalles prédits et intervalles mesurés dans les différents sites en fonction de la distance au centre du cratère
Le tableau et la figure montrent que, aux erreurs de mesures près, les écarts de temps entre les événements acoustiques E1 et E2 et les écarts de temps entre le passage des ondes sismiques et de l’onde acoustique sur les différents sites sont EGAUX.
L’analyse bibliographique des rapports du Bureau Central Français de Sismologie (BCFS) limitée aux rapports de cet organisme concernant quelques séismes significatifs, établit expérimentalement le fait que les ondes sismiques engendrées par les séismes produisent des effets acoustiques qui les accompagnent.
La conclusion des experts sismiques sur les mesures réalisées dans les sites acoustiques :


  • « A partir des mesures réalisées par les spécialistes en acoustique et des données de la campagne de sismique-sismologie nous avons constaté que dans les sites Ecole Dentaire (ED), Radio Présence (RP), Hôtel Dieu (HD) et Montaudran (AF), les écarts de temps entre les événements acoustiques enregistrés en 2001 dans ces sites et les écarts de temps entre le passage de l’onde sismique suivie de l’onde acoustique sont égaux aux erreurs de mesures près.




  • Dans ces différents sites, les mesures des temps d’arrivée des ondes sismiques montrent que la vitesse de la première excitation sismique est très nettement supérieure à la vitesse du son.

  • L’analyse bibliographique menée sur les rapports du BCFS établit expérimentalement le fait que les ondes sismiques engendrées par les séismes produisent des effets acoustiques qui les accompagnent.

  • Les premiers événements acoustiques enregistrés sur ces sites le 21 septembre 2001 et lors de la campagne d’essais, ont donc été causés par les ondes sismiques.

  • Sur la base des mesures enregistrées lors de la campagne d’essais et des constatations expérimentales rapportées par le BCFS, nous concluons que les deux phénomènes acoustiques enregistrés dans différents sites de la région toulousaine ont une origine unique : l’explosion du hangar 221 d’AZF. »


Autres investigations
Il s’agit de travaux réalisés par les experts sismiques, missionnés par les Magistrats Instructeurs. Une planche en annexe XV positionne tous les sites électriques, acoustiques et autres enregistrements, situés à Toulouse et en banlieue, qui ont fait l’objet d’investigations dès le début des opérations.
Site acoustique de l’URSSAF :

En conclusion de leurs travaux depuis la remise de leur rapport (D6465), objet du rapport du 9 mai 2006, les experts sismiques concluent que l’hypothèse sismique induite par l’explosion du bâtiment 221, ayant généré des effets acoustiques est acceptable dans les cinq sites ED/RP/HD/AF et l’URSSAF, dernier site étudié se trouvant à 3200 mètres du cratère : voir annexe XV.2 positionnant les sites acoustiques et autres enregistrements. Ils ont démontré que cet événement acoustique enregistré dans une salle de réunion de ce site, a été causé par l’onde sismique et son agitation provenant de l’explosion du bâtiment 221.


Site acoustique de BLAGNAC – BL :

Les deux événements acoustiques enregistrés à la tour de contrôle de BLAGNAC, repérée sur le plan des sites en annexe XV.2, se trouvant à 8956 mètres du cratère AZF, ont permis à ces experts de conclure que :




  • « Le premier bruit est la signature du passage de l’onde acoustique aérienne engendrée par l’explosion d’AZF qui s’est propagée directement entre le cratère AZF et BLAGNAC,




  • Le second brut est la signature d’un écho de l’explosion d’AZF. Il s’agit du passage de l’onde acoustique émise par l’explosion d’AZF réfléchie sur les coteaux de Pech David »

Sur ce « site BL l’événement étiqueté E1 est la signature de l’explosion d’AZF et l’événement étiqueté E2 est un écho de cette signature ».


Site acoustique SOUTOUL :

Après traitement des signaux par J.L LACOUME, enregistrés par le sismomètre de M. SOUTOUL, situé à SAINT ORENS, à 7833 mètres du cratère, il ressort que l’écart de temps entre le passage de l’onde sismique (premier événement) et celui de l’onde aérienne (deuxième événement) est de 19 secondes environ. Cette valeur de 19 secondes correspond à l’écart de temps qui existe et qui a été constaté, entre le passage de l’onde sismique et celui de l’onde aérienne, ayant pour origine l’explosion du bâtiment 221. Cet intervalle de temps correspond par ailleurs à ce qu’à précédemment indiqué M. ARNAUDIES dans ces rapports remis aux Juges.


Les experts sismiques ont pu établir que le premier événement présente la signature d’une onde sismique et qu’elle est issue de l’explosion du bâtiment 221.
En conclusion, des dernières études et investigations, conduites par ces experts sismiques, confortent les résultats déjà obtenus au cours de la campane sismique de l’été 2004. Nous ne pouvons que mettre en évidence la cohérence d’ensemble de tous les résultats, établissant l’existence d’une seule explosion dont l’origine est le bâtiment 221.
5.4.3 Synthèse générale
Par des investigations complètement indépendantes, mettant en œuvre des techniques différentes basées sur :


  • l'analyse des endommagements matériels des structures en champ proche,

  • l'étude du cratère formé,

  • la cohérence dans les désordres mécaniques survenus et la signature du cratère,

  • les expérimentations en sismique-sismologie permettant, d'une part, la datation et l'identification de l'explosion et, d'autre part, l'interprétation des mesures acoustiques,

  • les études des événements acoustiques enregistrés sur différents sites,




  • les études de détonique des caractéristiques de l’explosion et les expérimentations réalisées à différentes échelles,

nous ont permis d’établir que :




  • une seule explosion s'est produite le 21 septembre 2001 sur le site de l'usine AZF.

Elle a eu lieu entre 08h17mn55,440s et 08h17mn55,470s en temps universel (TU). Le signal sismique enregistré à l'OMP le 21 septembre 2001 provient de cette unique explosion,




  • elle a trouvé son origine au sein du tas de 11,5 tonnes de nitrates d'ammonium entreposés dans le box du bâtiment 221. La forte puissance de cette explosion a formé un énorme cratère, présentant des signatures très instructives pour la détermination du point de départ et le sens de la détonation.

La détonation s'est propagée dans la matière entreposée dans le hangar 221 d'Est en Ouest, c'est-à-dire du tas du box vers le tas principal de forme allongée, à une vitesse de l'ordre de 3500 m/s sur une distance correspondant à la longueur du cratère engendré par l’explosion,


  • le couplage de cette explosion avec le sol a généré des ondes sismique et aérienne qui se propagèrent dans leur milieu respectif à des vitesses différentes. Les mesures des temps d'arrivée des ondes sismiques sur les sites acoustiques Ecole Dentaire, Radio-Présence, Hôtel Dieu et Air France Montaudran, montrent que la première excitation sismique est très nettement supérieure à la vitesse du son. Les écarts de temps entre les deux événements acoustiques enregistrés sur ces sites et les écarts de temps entre le passage de l'onde sismique suivie de l'onde acoustique issue de l'explosion sur le site de l'usine AZF sont égaux,




  • les premiers événements acoustiques enregistrés sur ces sites le 21 septembre 2001, ont été causés par les ondes sismiques ayant pour origine unique l'explosion du bâtiment 221, car il est établi que des effets acoustiques accompagnent les ondes sismiques issues de séismes. Les deux phénomènes acoustiques enregistrés sur ces sites ne sont pas dus à deux explosions distinctes.




  • d’après les travaux conduits depuis la remise de leur rapport (D6465), faisant l’objet d’un rapport en date du 9 mai 2006, les experts sismiques ont établi que :


  • l’événement acoustique enregistré à l’URSSAF a été causé par l’onde sismique et son agitation ayant pour origine l’explosion du bâtiment 221,

  • les deux événements acoustiques enregistrés à la tour de contrôle de BLAGNAC sont dus respectivement à la signature du passage de l’onde de choc aérienne issue de l’explosion d’AZF et à la signature d’un écho de l’onde aérienne émise par cette explosion, réfléchie sur les coteaux de Pech David,

  • les signaux ou événements enregistrés par le sismomètre de M. SOUTOUL à SAINT ORENS, sont dus respectivement au passage de l’onde sismique suivie de l’onde aérienne, qui proviennent de l’explosion du bâtiment 221.

Ces dernières investigations confortent les résultats précédemment obtenus et mettent en évidence leur cohérence d’ensemble.


5.5 Les effets produits par l’explosion : mécaniques, sonores, lumineux, thermiques et les fumées
La détonation des nitrates d’ammonium entreposés dans le bâtiment 221, indépendamment de la formation du cratère à l’emplacement des bâtiments 221 et 222 et des effets destructeurs liés à l’onde de choc, a généré des effets sonores, lumineux, thermiques, des gaz et fumées. Ces effets, qui sont décrits plus ou moins précisément par des témoins, sont étudiés et interprétés dans le présent paragraphe, en tenant compte bien évidemment de la cohérence des témoignages, mais également de nos investigations et de la connaissance que nous avons de ce type d’événement.
En revanche, nous n’avons pas d’explication rationnelle pour expliquer les incidents ayant affecté, peu avant l’explosion, des ordinateurs du service Sécurité incendie et la « badgeuse » du BCA.
Ainsi, M. Roland LE GOFF (audition du 26 septembre 2001 - D336), qui se trouvait au service Sécurité incendie à environ 130 mètres du cratère, signale que son ordinateur et celui de M. COMAS ont présenté des anomalies : «  J’étais entrain d’imprimer un E-Mail qui m’était destiné, en voulant l’imprimer, je me suis rendu compte que l’ordinateur refusait d’exécuter l’impression. C’était la première fois que cela arrivait. Je me suis rendu dans le bureau de Gérard COMAS situé à 3 m et son écran quant à lui était recouvert d’une neige de couleur rose bleue et ne répondait plus aux commande. Je reviens dans mon bureau afin de téléphoner au service informatique et au moment de composer le numéro, l’explosion et je me suis retrouvé sous les gravats… ».
De même, M. Michel SABATIER, qui était employé en tant que conducteur par la société SAMAT, se trouvait le jour des faits près le BCA à environ 150 mètres du cratère. Il a garé son camion à proximité du BCA à la bascule. Comme un camion espagnol se trouvait devant lui et tardait à « badger », il est descendu de son véhicule et a voulu passer le badge dans la machine, mais cela ne fonctionnait pas. Il a alors appelé à l’interphone le responsable M. PERRON qui lui a dit que tout était bloqué, les ordinateurs ne fonctionnaient plus. Il a réessayé de « badger» et c’est alors que l’explosion s’est produite (audition du 08 octobre 2001 - D1428).
Nous notons toutefois que, dans le même temps, l’ordinateur de Mme Sybille LLAMAS, qui se trouvait dans l’Algeco TMG face à la tour verte des bâtiments NN à environ 180 mètres du cratère, donc sensiblement à une même distance du cratère que les ordinateurs précédemment cités, a fonctionné correctement :

« Au moment de l’explosion, je sais que j’étais en train de procéder à des saisies informatiques, je n’ai pas constaté de coupure de courant» (audition le 04 octobre 2001 - D938).


D’autres ordinateurs du site situés dans des zones plus éloignées du cratère n’ont également pas présenté d’anomalies :


  • M. André ANNEBICQUE, qui se trouvait dans les locaux ETI près de la porte C, déclare lors de son audition le 27 septembre 2001 (D426) : « J’étais dans mon bureau devant mon ordinateur en train de lire des demandes d’intervention. J’ai entendu un boum et ça a tremblé en même temps. C’était le sol. Juste après, une fraction de seconde après, j’ai eu le souffle qui est venu de la fenêtre qui m’a projeté de ma chaise vers le sol.

Question : Y a-t-il eu une coupure d’électricité ? Réponse : Au moment de l’explosion, non, je n’ai pas eu de coupures. Mais en fait, je n’ai pas pu voir si mon ordinateur s’est éteint à ce moment là, car j’ai été projeté par le souffle ».

  • M. Michel CARRERE, qui se trouvait dans le bureau de l’atelier ammoniac des services généraux techniques à environ 730 mètres du cratère, entrain de saisir des données sur son ordinateur, déclare lors de son audition le 28 septembre 2001 (D467) : «  je travaillais sur secteur, chronologiquement mon ordinateur s’est coupé et dans l’instant qui a suivi, j’ai entendu une première explosion comme un coup de canon, j’ai analysé cette explosion comme pouvant être une mise à l’air de soupapes de l’atelier ammoniac, et dans la seconde qui a suivi car je n’ai même pas eu le temps de bouger, une autre déflagration qui s’accompagnait d’un grand souffle ».




  • M. Alain CONSONNI, qui se trouvait dans son bureau dans l’unité NH3 à environ 750 mètres du cratère, déclare lors de son audition le 26 septembre 2001 (D313), qu’il travaillait sur son ordinateur. Il a ressenti une première détonation avec extinction de son micro, et perte de sa ligne téléphonique, et il a eu le réflexe de se mettre en boule. Puis le temps de regarder ses collègues de travail, après 4 ou 5 secondes, il y a eu un bruit assourdissant avec arrachement des portes et des fenêtres, qui sont venus vers l’intérieur….

Il ne nous est pas possible d’expliciter si les incidents des ordinateurs du service Sécurité incendie, qui ne résultent pas d’une coupure de courant pas plus que celui de la « badgeuse » du BCA, qui se produirent selon les témoignages avant l’explosion, dans une zone distante d’environ 150 mètres du cratère.


Ceci étant, les investigations des experts électriciens MM. Pierre MARY et Paul ROBERT (D6265) sur les sources d’énergie électrique, les réseaux de distribution et les matériels du site AZF : « ne leur ont pas permis de localiser, sur les composants qui n’ont pas été dispersés ou qui n’ont pas été détériorés par les engins de chantier ou qui n’ont pas quitté le site avant nos recherches, de dysfonctionnements ou de désordres électriques antérieurs au sinistre ».
Pour ce qui concerne les installations téléphoniques de la zone sinistrée, MM. Pierre MARY et Paul ROBERT indiquent que : « Les bâtiments situés dans la zone sinistrée étaient raccordés au central téléphonique placé dans un local du bâtiment GS, par un câble téléphonique 112 paires avec écran, enterré sous fourreau jusqu’au garage du bâtiment SIS et fixé ensuite, selon AZF, par colliers sur les parois intérieures de ce bâtiment qui n’existait plus lors de nos investigations. Lors du sinistre la partie de câble placée dans le bâtiment a été détruite en même temps que ce dernier.
Nous n’avons pu investiguer que sur la partie enterrée représentée sur le plan en annexe 4. Nous avons demandé à l’APAVE de réaliser, en notre présence, les 21 et 22.04.02 sur cette partie de câble, diverses mesures dont les résultats sont mentionnés dans le rapport correspondant joint en annexe 20.

Ces résultats ne révèlent aucune anomalie dans ce câble ».
MM. MARY et ROBERT ont aussi fait examiner, sous leur contrôle, 3 appareils téléphoniques de marque ALCATEL type OPUS et un support de téléphone situés, selon M. PETRIKOWSKI d’AZF, dans un seul et même bureau à l’Ouest du bâtiment RCU. Le résultat de ces examens et tests montre un fonctionnement tout à fait correct.
Comme nous l’avons vu au § 3.3.9.2, les médecins ayant examiné les témoins déclarant avoir été électrisées  (Mme Michèle AUZER - D368 et D2110, MM. Damien BORG - D1419 et D2108, Roland DUPONT - D356 et D2111, Michel ROMERO - D238 et D2109) n’ont pas diagnostiqué des effets liés à une électrisation.
Nous soulignerons enfin qu’en conclusion de son rapport partiel du 20 avril 2004,
M. Jean-Pierre COUDERC (D4449) qui a examiné les dysfonctionnements correspondant aux indications apparues sur les écrans de MM. Jean-Claude Gamba et Raymond Denis -qui se trouvaient dans la salle de contrôle de l’unité NH3 à 694 mètres du cratère- tels que ceux-ci les décrivent, écrit :
« L'origine de tous les incidents et de toutes les alarmes enregistrées par les cinq systèmes de sauvegarde de l'usine est l'explosion du silo 221, situé au Nord du site. Pendant les deux secondes et demi qui suivent cette explosion, l'arrêt des installations électriques dans l'ordre croissant de leur distance au hangar 221 met clairement en évidence la propagation de l'onde de pression créée par l'explosion.
Tous les incidents et arrêts sont postérieurs à l'explosion et ne peuvent donc, en aucun cas, être considérés comme des causes plausibles de la catastrophe.
Dans ce contexte, si les témoignages décrivent bien des faits qu'on retrouve sur les enregistrements des alarmes, il faut admettre que l'intensité de l'explosion à laquelle les témoins ont été soumis aurait perturbé leur perception de la chronologie ».


      1. Les effets sonores

Comme décrit dans la littérature scientifique ([21] - Annexe IV), l’explosion de grandes quantités d’explosif chimique conduit à la perception de deux phénomènes impulsionnels successifs :



  • une onde de choc de faible niveau due à la propagation dans le sol de l’onde sismique à une célérité de l’ordre de 2060 m/s, voire davantage suivant la densité du sous-sol rencontré (D6465). Nous pouvons considérer comme vitesse une valeur moyenne de 2500/s,

  • une onde de choc aérienne de fort niveau, se propageant en champ lointain à la vitesse du son dans l’air, soit environ 345 m/s.

Pour que le premier phénomène puisse être perçu, il faut que plusieurs conditions soient remplies :




  • l’observateur doit être à une distance suffisante de l’épicentre de l’explosion pour que l’écart temporel entre les deux chocs permette à son système auditif de distinguer les deux phénomènes successifs ; typiquement, la distinction ne peut être réalisée qu’au-delà de quelques centaines de mètres,

  • le couplage de l’explosif avec le sol doit être fort ; pour cela, l’explosif doit être soit disposé à même le sol, soit enterré ; une explosion aérienne, sans formation de cratère, n’induit pas de propagation sismique significative,

  • la masse d’explosif doit être suffisante pour que l’onde sismique produite puisse induire à une certaine distance, un choc dans l’air perçu comme étant une explosion. Pour des masses faibles ou pour des grandes distances, ce phénomène sismique est soit imperceptible, soit perçu comme une vibration, trépidation ou tremblement de terre, et non comme un choc.

En acoustique, un bruit est considéré comme impulsionnel si :



  • sa durée est inférieure à 1 seconde,

  • la séparation entre deux bruits impulsionnels successifs est supérieure à 200 millisecondes (0,2 s), le système auditif ne pouvant les discriminer si cet écart est plus faible ([22] - Annexe IV),

  • la différence entre le niveau crête et le niveau continu est supérieure à 20 dB (décibel).

Dans le tableau 1, ci-après, tiré du rapport de Didier BERGUES du 24 janvier 2006 (D6721 à D6726) sont reporté les écarts temporels entre les ondes sismique et aérienne issues de la détonation d’une masse de 100 tonnes de TNT. La vitesse de propagation de l’onde sismique est celle tirée de la campagne sismique (D6465), et celle de l’onde aérienne est celle calculée au moyen du code analytique Conwep ([24] - Annexe IV).



Tableau 1 : Écart temporel entre les ondes émises par une explosion de 100 tonnes de TNT, pour des distances du point d’explosion inférieures à 1000 m


Distance (m)


Temps d'arrivée onde sismique à u=2060 m/s (ms)


Temps d’arrivée onde de choc aérienne (ms)


Écart temporel entre onde sismique à 2060 m/s et onde aérienne (ms)

25

12,1

7,49

- 4,6

48,6

23,59

23,59

0

50

24,3

24,85

0,6

100

48,5

90,37

41,8

200

97,1

302,9

205,8

300

145,6

559,5

413,9

400

194,2

828,7

634,5

500

242,7

1103

860,3

600

291,3

1381

1089,7

700

339,8

1662

1322,2

800

388,3

1946

1557,7

900

436,9

2233

1796,1

1000

485,4

2522

2036,6

Compte tenu des incertitudes sur la vitesse de propagation de l’onde sismique, la perception discriminante entre les deux phénomènes sismique et aérien ne peut avoir lieu qu’au-delà de 200 mètres environ à partir desquels l’écart entre les 2 signaux sonores est supérieur à 200 millisecondes ([21] - Annexe IV).


La création du cratère par l’explosion du bâtiment 221 de l’usine AZF le 21 septembre 2001, a nécessité la détonation d’une masse équivalente de TNT estimée à 100 tonnes d’après la dernière estimation de M. Didier BERGUES (D6721 à D6726). Cette masse étant très importante, la physique de la propagation des ondes de chocs sismique et aérienne conduit obligatoirement et à partir d’une certaine distance, à la perception de 2 explosions. Le 21 septembre 2001, des milliers de personnes sur Toulouse ont effectivement perçu ces deux explosions successives.
Partant de cette perception bien réelle, d’aucuns ont tenté d'exploiter l’existence de ces deux phénomènes pour tenter de démontrer qu’il y aurait eu deux explosions successives et n'étant pas liées à la même source, une première de faible niveau et une seconde dans le bâtiment 221, générant le cratère, conséquence de la première.
Nous avons réalisé une lecture des pièces de la procédure en portant une attention particulière au nombre d’explosions ou phénomènes explosifs perçus, et relatés par les personnels présents sur le site AZF le 21 septembre 2001, dans le but de vérifier si ces perceptions proviennent d'une seule explosion ou de deux explosions générant des effets sismiques et aériens.
Les 173 témoignages recueillis font l’objet de l’annexe V où sont reportés les noms et prénoms, la date d’audition et le numéro de la cote dans la procédure, le lieu de présence lors de l’explosion, la distance entre ce lieu et le bâtiment 221, l’extrait d’audition relatif au nombre d’explosions ou phénomènes explosifs entendus, le nombre d’explosions que nous avons retenu, et l’écart temporel entre 2 phénomènes explosifs.

Il est important de noter qu’une très large majorité des 173 témoignages analysés a été recueilli rapidement (quelques jours ou semaines) après l’explosion, le délai étant inférieur à 1 mois pour 164 d’entre eux (figure 1).

Cette précocité dans la collecte des témoignages est primordiale, car on doit garder à l’esprit que lorsque ces témoins ont vu, ressenti ou entendu ce qu’ils ont vu, ressenti ou entendu le 21 septembre 2001, ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait.

Et donc, au moment de leur audition ultérieure, même quelques jours après, ces témoins ont pris en compte tous les éléments recueillis (presse, radio, télévision…) relatifs à la catastrophe, ce qui conduit à altérer la description qu’ils auraient pu initialement en faire.


Figure 1 : Histogramme des dates de déposition des 173 auditions retenues
Ainsi, M. Jean-Claude GAMBA déclare lors de sa première audition du 27 septembre 2001 (cote D343) : « Je me trouvais à la salle de contrôle avec Monsieur DENIS, notre local se trouve à environ 600 mètres du point d’explosion. Et nous étions situés face à celle-ci : j’ai donc vu en direct un flash, comme un éclair de couleur blanche. En premier, j’ai ressenti un déclenchement sur l’atelier pouvant signifier une anomalie électrique et après c’est l’explosion dans une fraction de seconde suivante. Personnellement, je ne peux pas dire avoir entendu 2 explosions : éclair- déclenchement et explosion avec souffle ».

Lors de son interrogatoire à l’occasion d’un transport sur les lieux en présence du Magistrat Instructeur, le 05 décembre 2003 (cote D4268), M. Jean-Claude GAMBA déclare : « Je me trouvais assis devant mon pupitre, me semble-t-il, lorsque j’ai constaté que les alarmes apparaissaient sur l’écran et le pupitre. J’ai affiché la page d’alarme sur l’écran, je l’ai regardée, j’ai ensuite constaté un flash lumineux à travers la vitre située sur la droite de la salle de contrôle, genre flash d’un appareil photo, bleuté, comme un éclair d’orage. Pensant à un orage, j’ai appuyé sur la touche TA du pupitre (celle de l’alternateur) qui protège l’atelier.



J’ai constaté sur l’écran que celui-ci avait été déclenché. J’ai ensuite appuyé sur la touche ENERG, celle correspondant au signe optique de repli, (aide mémoire pour effectuer les manœuvres de sécurité dans ce genre de situation). C’est à ce moment là que j’ai entendu et ressenti la grosse explosion, qui a emporté les vitres de la salle, les portes etc. Je me suis précipité sur le bouton d’urgence situé sur ma droite ».
Lors de ce transport sur les lieux, M. le Magistrat Instructeur a ensuite demandé à
M. GAMBA d’effectuer les mêmes manipulations qu’il a effectuées le 21 septembre 2001 et a chronométré l’enchaînement des opérations :

  • dans un premier temps, depuis le moment où M. GAMBA a constaté l’apparition des signaux d’alarme jusqu’au moment où il a entendu et ressenti l’explosion, il s’est écoulé entre 22 à 32 secondes,

  • dans un deuxième temps, il s’est écoulé 8 à 9 secondes entre le moment où M. GAMBA a constaté l’apparition des alarmes et le moment où il a aperçu le flash lumineux.

Ces temps, qui diffèrent complètement de celui indiqué par M. GAMBA lors de son audition du 27 septembre 2001 (j’ai ressenti un déclenchement sur l’atelier pouvant signifier une anomalie électrique et après c’est l’explosion dans une fraction de seconde suivante) illustrent que les témoignages s’altèrent avec le temps et que la précocité des auditions est primordiale.


Les témoins indiquent, dans leur audition, qu’ils ont entendu 0, 1 ou 2 explosions.
Seuls 2 témoignages reportés en annexe V et faisant état de 4 explosions (M. Jacques PALLUEL cote D215) et 8 explosions (M. Bernard HOFFMAN cote D341) n’ont pas été retenus dans notre analyse.
On notera que MM. René MAILLOT (cote D206) et Jean-Claude PANEL (cote D210) qui se trouvaient dans le même local que M. Bernard HOFFMAN n’ont entendu qu’une seule explosion.

D’autres témoignages trop imprécis ou écartés (par exemple, port de casque antibruit ou début de surdité) n’ont pas été reportés.

Afin de rendre les échantillons statistiquement significatifs, nous avons compté par bande de 100 mètres le nombre de témoins ayant entendu 0, 1 ou 2 explosions, et fait le ratio avec le nombre total de témoins présents dans cette bande de 100 mètres. Le résultat global obtenu est reporté sur la figure 2.
L’examen de cette figure permet d’établir que :


  • quasiment tous les témoins présents en champ proche, c’est-à-dire à moins de 200 mètres de l’épicentre de l’explosion ont entendu soit une explosion, soit aucune, la proportion de ceux en ayant entendu une augmentant fortement au fur et à mesure que l’on s’éloigne du cratère,

  • à 300 mètres, plus de 90% des témoins soit 12 sur 13, ont entendu une seule explosion,

  • au-delà de 300 mètres, la proportion du nombre de personnes ayant entendu 2 explosions augmente avec la distance, et concerne plus de 3 témoins sur 4 au delà de 800 mètres (différentiation de plus en plus aisée par l'oreille de l'onde aérienne).




Figure 2 : Proportion de témoins présents sur le site AZF le 21 septembre 2001

et ayant entendu 0, 1 ou 2 explosions, en fonction de la distance au cratère de l’explosion
Par ailleurs, en utilisant les 78 extraits d’audition reportés en annexe III pour lesquels les personnes déclarent avoir ressenti deux phénomènes explosifs successifs, nous avons relevé lorsque cela a été possible, l’écart temporel entre les 2 phénomènes.
Sur ces 78 auditions :

  • 29 ne donnent aucune information temporelle,

  • 31 en donnent une (Nota : certaines valeurs sont interpolées. Par exemple, lorsqu’il est indiqué « entre 2 ou 3 secondes », nous avons pris comme écart 2,5 secondes),

  • 18 permettent de faire une estimation à partir de leur contenu (par exemple, nous avons pris pour l’expression « quelques secondes » une valeur de 2 secondes, ou pour les mots « immédiatement » ou « une fraction de seconde » une valeur de 0,5 seconde).

Les 49 (31+18) valeurs retenues sont reportées sur la figure 3 où elles peuvent être comparées à celles des écarts entre les ondes sismique et aérienne issues du tableau 1.


Figure 3 : Comparaison des écarts temporels entre les phénomènes ressentis par 49 témoins, avec ceux résultant de la propagation à des vitesses différentes, des ondes sismique (3 valeurs de vitesse proposées) et aérienne liées à l’explosion d’une masse de 126 ou de 70 tonnes d’explosif TNT

L’examen du graphique de la figure 3 permet de monter que :



  • une très large majorité des témoins ayant entendu 2 phénomènes explosifs successifs soit 42 sur les 49 témoignages (85%), donne un écart inférieur à 2,5 secondes,

  • cet écart relativement faible est compatible avec ceux liés à la propagation des ondes sismique et aérienne issues d’une même explosion.

Il faut rajouter que pour un site de taille limitée (rayon inférieur à 1 km) comme celui de l’emprise de l’usine AZF, la propagation des ondes sonores peut être considérée comme isotrope. Un phénomène sonore tel que celui dû à une explosion d’une masse supérieure à quelques kilogrammes de TNT, doit être perçu par quasiment tous les personnels présents sur le site.


Cette affirmation conduit à relativiser la confiance à accorder à la valeur de l’écart temporel reporté par les témoins ayant relaté des explosions très espacées. Car si cet écart temporel avait été bien réel, une majorité des personnels sur le site l’aurait relaté. Or ce n’est pas le cas.



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