Anatomie et physiologie du système nerveux en général et anatomie du cerveau en particulier, avec



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cemtessesM***, àHesel, et J***, à Francfort, avoicnt aussi ce penchant. Madame de N**% avoit été élevée avec un soin particulier. Son esprit et ses talens lui assuroient une place distinguée dans la isociété. Mais ni son éducation, ni sa fortune ne la garantirent du penchant le plus décidé pour leol. .Lavater ' parle d'un médecin qui ne.sortoit pas de la chambre de ses malades sans leur dérober quelque chose, et qui après ny-sofflgeoit plus. Le soir, sa femme visitoit ses poches, elle y »Oüvoit des clefs, des ciseaux, des dés à coudre , des couteaux, des ctlleïs,jdes boucles, des étuis, et les renyoyoit aux propriétaires.Moriiz dans .son magasin pour la psychologie empirique*, raconte, avec le plus granxTdelail, Fhisloire

i

1 Phj siognomie, édit. de la Haye, T. III,*p. 169. * Magasin fur die Erlalmmgs-Scelcnlchre.



22 PHYSHÏLOGIE

a voit un penchant si décidé au vol, que souvent, à la parade, il déro-boit les mouchoirs aux officiers. Son général Feslimoit beaucoup maïs aussitôt qu'il paroissoit, on enfermoit tout avec le plus grand soin, ça* il avoit souvent emporté des mouchoirs, des chemises, et jusqu'à des bas de femme. Au reste, quand on lui'redemandoit ce qu'il avoit pris, il le rendoit del>on cœur. M. Kneisler, directeur delà prison de Prague, nous a parlé de la femme d'un riche marchand, qui Voloit continuellement son mari de la manière la plus adroite. On fut obligé de la renfermer'dans la maison de force. A peine en fut-elle sortie, qu'elle vola encore , et fut enfermée pour la seconde fois. B endue à la liberté, de nouveaux vols la firent condamner à une troisième détention , plus longue que les*précédentes. Elle voloit dans la prison même : elle avoit pratiqué, avec fine adresse extrême', une ouverture dans un poêle qui échauflbit la pièce où étoit la caisse de l'établissement. Les vols répétés qu'elle y fit, furent remarqués : on mit inutilement, pour la découvrir, des sonnettes aux portes et aux fenêtres; mais enfin, des pistolets qui partirent à l'instant où elle touchoit à la caisse, lui causèrent une frayeur si vive, qu'elle n'eut pps le temps de s'échapper par le poêle. Nous avons vu, dans une prison de Copenhague, un voleur incorrigible, qui distribuoit quelquefois ses larcins aux pauvres. Dans un autre endroit, un voleur, enfermé pour la septième fois,* nous assura, avec chagrin, qu'il ne lui sembloit pas possible de se conduire autrement. Il demandoit avec instance d'être gardé en prison*, et qu'on lui fournit les moyens de gagner sa vie' ».

A ces faits., j'en ajouterai encore quelques autres. A Munster, un homme avoit été condamné pour cause de vols répétés ,* à une détention de huit ans, dans une majson de corre'ction. Ce temps expiré , il fut relâché ; lein de se corriger, ikcommit de nouveaux vols, et si öon-sidérables, qu'on le renferma à perpétuité. Après-seizeans, il dénonça une conspiration tramée dans la maison d? force, et l'on proposa de lui donner sa liberté. Mais le juge de la ville soutint qu'où ne le

1 T. II, Section lu, p. 178, 180.

DÛ CERVEAU. 27â

pouvoit pas sans danger, attendu que cet homme lui avoit avoué que le penchant au vol éloit-inné chez lui, et qu'il ne se sentoit pas la possibilité de s'en corriger. Un an après, cet homme trouva moyen de se sauver de la maison de correction, et reprit son genre de vie accoutumé, auquel il se livra jusqu'à ee qu'on l'arrêtât de nouveau ; peu après, il se pendit. « Pendant dix ans, nous dit M. Werneking, dont nous tenons ces détails, j'ai connu cet homme dans la maison de correction ; il se distinguoit par son activité et par son recueillement pendant le service divin ; mais j'appris après sa mort qu'il avoit commis constamment de petits vols, même dans la maison de force».

Dans la plupart des cas que l'on vient de lire, ce n'est ni un défaut d'éducation ou de facultés intellectuelles, ni le besoin qui porto it les personnes à se laisser maîtriser par le malheureux penchant au vol. Je n'ai pas cité non plus ces exemples comme étant rares. Tous les jours on en voit de semblables, mais on les juge toujours mal, parce que l'on part de l'idée que c'est noire seule volonté qui détermine nos actions. Que peut-il y avoir de plus important pour le moraliste, pour le législateur et pour le juge, que la connoissance des véritables sources des actions criminelles?

Sans doute le défaut d'éducation, la superstition , les mauvais exemples, etc., sont autant d'alimens pour les penchans vicieux. Nous avons constamment observé, comme je l'ai déjà dit plus haut, que les crimes de toute espèce sont d'autant plus fréquens dans une contrée, que les établissemens pour« l'éducation et l'instruction y sont plus négligés. Mais ces circonstances défavorables ne produiroient pas le penchant au vol, s'il n'étoit pas, inhérent à notre nature.

Aussi, chez toutes les nations, et dans tous les temps, le vol a-t-il toujours occupé le premier rang parmi les délits. 11 y a bien peu de personnes qui, la main sur le cœur, puissent dire : je n'ai jamais voie; surtout si elles remontent à leur enfance. Chez la plupart des hommes, il faut combattre sans relâche le penchant au vol par des motifs puissans, par les lois pénales, par la religion , etc. Quelle variété dans les formes

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dS phvsiologi*

le cas de l'imbécillité » '.M. Esquirol m'a communiqué un fait que voici :

« Un chevalier de Malte, fils d'un ancien officieivgénéral, ayant lui-même reçu une éducation très-soignée, avoit quitté le service, comme tous les gentilshommes, à l'époque de la révolution. Rentré dans sa province, il devint amoureux, et se livra au* plaisirs de l'amour avec excès. A l'âge de trente - cinq ans , ses parens et ses ami» s'aperçurent que ses facultés intellectuelles s'afloiblissoient ; il n'étoit pas aussi gai ; il avoit des absences de mémoire; l'objet de sa passion fut pour lui une cause de chagrin violent. Alors il devint agité, querelleur, impertinent, insultant les hommes et les femmes, et enfin, voleur. Cette disposition au vol étoit telle, que dînant chez lui, il pre-noit un couvert dans sa pochej il ne se gênoit pas davantage chez ses amis et chez les étrangers. Il fit qua'tre-vingts lieues pour venir dans mon établissement; pendant la route, quoique accompagné de plusieurs personnes, il trouvoit le moyen de voler des couverts j illesglissoitdans ses bottes, s'il ne pou voit les mettre dans sa poche. Arrivé chez moi, je le laissai promener avec son domestique ; il étoit d'ailleurs raisonnable, il va da u s un café , il en sort sans payer, et emportant la cuiller et la soucoupe.à sucre. Je le place à table auprès de moi, et le premier soir qu'il glisse doucement sa main pour prendre son couvert, je l'arrête, et lui fais honte devant tout le monde. Cette leçon lui a suffi, et depuis lors, pendant plus de huit jours, il avoit soin d'écarter son couvert, et dé le pousser vers le milieu de la table, soil pour prévenir la tentation, soit pour convaincre qu'il nevoloitpas. Cette disposition au vol s'est parfaitement dissipée, quoique sa tête soit restée foible ».

J'aLparlé, dans le deuxième volume, dujeune homme qui, à la suite d'une blessure grave à la tempe, fut trépané par Acrel. Après sa sortie de l'hôpital, il manifesta, contre son ordinaire , un penchant invincible à voler. Aprèsayoir commis plusieurs larcins, il fut mi? en.prison, et eût été puni selon la loi, si Acrel ne l'eût déclaré aliéné, et n'eût attribué son malheureux penchant à un dérangement du cerveau.



Ibidem, p. 187.

DU CEKVEAÜ.



Histoire naturelle du penchant au vol dans la manie.

J'ai déjà dit, dans l'historique, que certains maniaques ont un pen-chant irrésistible à voler. M. Pinel aussi, a plusieurs fois observé que des hommes, cités, dçns leurs mqmens lucides, comme des modèles de probité, ne pouvoient s'empêcher de voler et de faire des tours de filouterie, durant leurs accès de manie', de dérober tout ce qui tombe sous leurs mains, de s'introduire dans les loges des autres aliénés, et d'en emporter tout ce qu'ils trouvent. J'ai cité aussi quatre exemples de femmes, qui, dans leur état ordinaire, n'avoient pas la moindre inclination au vol, et qui, dans leur grossesse, y étoient provoquées par un penchant violent.

Le journal de Paris, du 29 mars 1816, rapporte le fait suivant. « Un ex-commissaire de police de Toulouse, nommé Beau-Conseil, vient d'être condamné à huit ans de travaux forcés et à l'exposition, pour avojr, lorsqu'il étoit encore en fonctions, volé dans une auberge, plusieurs pièces d'argenterie. L'accusé a persisté jusqu'à le fin dans un système de défense assez bizarre : il ne nioit point le vol, mais il l'attri-buoit à des accès d'aliénation mentale ; suite des blessures qu'il avoit reçues à Marseille, en i8i5.

Je suis loin de vouloir m'ériger en critique du jugement rendu par le tribunal ; mais il est certain que si la conduite de Beau-Conseil a été sans reproche avant qu'il fût blessé, et s'il a reçu effectivement des blessures à la tête, son défenseur est inexcusable de n'avoir pas fait valoir ce moyen de défense, ou la Cour blâmable de n'y avoir pas eu égard.

Tous ces faits de vols irrésistibles que je viens de citer, et auxquels j'en pourrois ajouter un nombre infini, ne permettent plus aux amis de la vérité de douter de l'existence d'un penchant inné au vol.

' De l'aliénation mentale, a«, édit., p. ia3.

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ne s'abstiendroit pas de voler; nous ajoutâmes que ce qu'il y anroit de mieux à faire, seroit de le tenir pour toujours dans une maison de sûreté. Nous fîmes part de nos motifs à ceux qui nous accompagnoient; ils compulsèrent le registre des écrous, et trouvèrent, à leur grande surprise, que ce jeune garçon avoit, dès sa plus tendre enfance, montré le penchant le plus opiniâtre au vol. Nos adversaires profitèrent de cette occasion pour mettre dans le plus grand jour ce qu'ils vouloient trouver d'effrayant et de dangereux dans ma doctrine. Condamner,disent-ils, à une détention perpétuelle, un jeune garçon, parce qu'il a commis uii vol, qu'y auroit-il déplus cruel et déplus contraire à l'humanité»?

« Quelle raison eûmes-nous de donner ce conseil? Nous avons déjà fait voir que l'on doit considérer l'homme sous deux rapports; d'abord, comme ayant des qualités communes avec les animaux, c'est-à-dire celles de l'ordre inférieur ; ensuite, comme étant doué du caractère de l'humanité, ou de qualités d'un ordre supérieur. Nous avons montré aussi que l'homme, par le moyen de ses qualités supérieures, est en état de dompter et de diriger ses penchans d'un ordre inférieur. Maïs si les qualités de l'ordre supérieur sont comprimées d'une manière extraordinaire, au point que leur action ne puisse avoir lieu, tandis que celles de l'ordre inférieur sont, au contraire, très-actives, alors Ta partie animale de l'homme domine exclusivement, et la chair ou les désirs brutaux tiennent eu sujétion l'esprit ou les dispositions des propriétés supérieures qui sont àpeine ébauchées. Il arrive, avec une telle organisation , pour les fonctions de l'aine, qui tiennent à un ordre supérieur, ce qui a lieu pour chaque organe dont le développement est défectueux, e'est-à-dire qu'il en résulte une imbécillité relative,et par conséquent l'incapacité d'agir moralement, tandis que les penchans brutaux agissent avec la force la plus énergique. Un tel individu se trouve dans la nécessité absolue d'agir d'après l'impulsion du penchant qui le domine, et son organisation le met souvent moins en état de se dompter, que ne l'est un animal bien organisé. Cette imbécillité n'exclut pas toujours d'autres propriétés bien neuves qui sont communes aux animaux, telle que la ruse; de manière que ce même individu,

BU CERVEAU. 277

tout en s'abandonnant à une inclination perverse et irrésistible, semble, sous ce rapport, agir avec réflexion et délibération, C'est par là que les idiots les plus stupides trouvent souvent les moyens les plus adroits de satisfaire leur brutale lasciveté ou tout autre penchant déréglé. »

u Telle étoit la position du jeune voleur, dont nous venons de parler. Les organes supérieurs n'avoient qu'un développement défectueux ; l'organe, au contraire, dont l'activité trop grande conduit au vol, avoit acquis un haut degré de développement et d'énergie; et cette qualité malfaisante étoit encore secondée par l'activité de la ruse. Cet homme étoit petit et trapu; son front éloit très-bas, déprimé en arrièie immédiatement au-dessus des sourcils, très-échancré latéralement au-dessus des yeux, mais large et saillant vers les tempes. Sa physionomie n'annonçoit aucune attention pour les choses raisonnables ; l'on n'y découvroit que la ruse et la malice. Etoit-il donc bien difficile de conclure, de l'organisation de cet imbécile, qu'il devoit être incorrigible? ' »

J'ai parlé , dans l'historique du penchant au vol, d'un jeune homme de quinze ans, demi-imbécile et incorrigible, mort dans la maison de correction de Vienne.

« Nous avons vu , dans la prison de Berne, un garçon de douze

ans, mal organisé et rachitique, qui ne peut s'empêcher de voler; ayant ses poches pleines de pain, il dérobe encore celui des autres. A Haina > les préposés nous entretinrent long temps d'un voleur obstiné, nommé Fesselmayer, qu'aucune punition corporelle n'avoit pu corriger. Il voloit dans la ptison tout ce qu'il rencontroit, et on lui avoit mis au bras un billot, marque d'ignominie, qui aveitissoit de se défier de lui. Avant de le voir, nous conjecturâmes quelle devoit êtie son organisation. Notre attente fut confirmée au premier coup-J'œil. U paroissoit avoir environ seize ans, quoiqu'il en eût vingt six. Sa icte éloitronde, etàpeuprès de la grosseur de celle d'un enfant d'un an. Cet individu étoit en outre sourd et muet, ce qui airive fréquemment dans

T. II, Sect. Ill, p i85, 186.

2?4 PHYSIOLOGIE

que revêt le vol? Combien est longue la chaîne, depuis le larcin le plu$ insignifiant, jusqu'à la rapine et le brigandage!

Dans les procès, dans l'administration des biens des orphelins et des pupilles, dans les relations commerciales, dans presque toutes les manières de gagner sa vie , même dans beaucoup d'établis-settiens créés ou protégés par le gouvernement, tels que les loteries, l'es je'flx , efc.', partout je ne Vois qu'escroqueries, filouteries, duperies, vols, pirateries, pillage. Jamais le panégyriste le plus zélé" de l'espèce humaine, ne réussira à la d.sculper da penchant presque général à dérober.

Toute la diflérence consiste dans le plus ou le moins ; chez l'un, ce penchant est modéré par une organisation heureuse ; chez l'autre , par l'influence de l'éducation, l'empire de l'habitude ou la crainte des châtimens; chez un troisième, le penchant vicieux est déterminé par un organe tellement énergique, que les mêmes motifs qui eussent porté tout autre à être honnête homme, ne peuvent rien sur lui. C'est le degré de violence du penchant au vol qui devroit fixer l'esprit du juge et du législateur. Le vol ou la valeur de l'objet volé sont des choses accessoires ; c'est la gradation du penchant, les essais que l'on a tentés inutilement pour la correction, les récidives, l'indifférence du coupable, le manque absolu de repentir, l'effronterie et l'insolence avec 'lesquelles les voleui-s font parade de leurs crimes; voilà ce qui devroit attirer l'attention de l'observateur.

Aussi je ne trouve rien de plus approprié à la nature de l'homme, que les institutions qui existent dans certains étals. La première fois qu'un individu se rend coupable d'un délit, on le séquestre, non pas dans une maison de force , mais dans un établissement destiné à corriger les coupables ; et lorsqu'il a été préparé par des instructions morales et religieuses à mener une vie régulière, et qu'il justifie des moyens de subsistance, on le rend à la société. A chaque récidive, quelque légère qu'elle soit, la peine est aggravée, et ce n'est que lorsque des récidives multipliées prouvent que l'individu est incorrigible, qu'on l'exclut pour toujours de la société. Avant de prononcer cet arréî

Dû CERVEA.tr. S.'jï

définitif, on évite tous les châtimens qui empêcheroieut l'individu do reparoitre au milieu de ses semblables, dans le cas possible, qu'il changeât de conduite. On regarde comme absolument contraires au but que i'ou se propose, antiphilanthropiques et pernicieux , l'exposition au carcan, la marque, la diffamation par les feuilles publiques, etc. Quand une aussi sage législation pénale sera-t-elle généralement adoptée! Combien n'en est-on pas'éloigné encore dans us*pays où presque tous les jours, par des peines infamantes, on Ole au coupable repentant les moyens de rentrer dans le sentier de l'honneur ! On le force, pour ainsi dire, à chercher son existence en s'unissant aux criminels que la société a rejetés de son sein. Toutes ces bandes de brigands, composées d'hommes marqués du sceau de l'infamie, qui exercent leurs rapines sur les routes, et même dans les villes, sont la preuve frappante de cette triste vérité.

On est forcé d'avouer que les moyens employés jusqu'à présent pour corriger les malfaiteurs, sont insuffisans. Dans les Annales politiques, morales et littéraires, 1818, a4 octobre ; audience du octobre, il est dit; « L'affaire dont là Cour d'assises s'est occupée aujourd'hui, prouve d'une manière sensible et frappante, que la plupart des forçats libérés meurent dans l'impénitence finale. Soit qu'ils aient eu l'âme avilie par le séjour du bagne, ou qu'ils soient naturellement enclins au crime, presque tous reparaissent devant les Cours d'assises , souillés de nouveaux forfaits ».

Histoire naturelle du penchant au vol dans Vétat de maladie, avec foiblesse d'esprit très-marquée.

Ici encore, j'extrais les exemples que j'ai cités dans la troisième section du tome II.

« Parmi les jeunes garçons que l'on nous amena dans une des prisons de Berlin ( Stadtvogtey) , il y en eut un qui fixa particulièrement notre attention. Nous conseillâmes de ne pas le mettre eu liberté, parce qu'il

300 PHTSIOLOGIE

La philosophie la plus timorée doit se taire devant des faits que tous les temps ont offerts, et qui se renouvellent encore tous les jours. Tous les reproches que l'on a faits à ma doctrine, à l'occasion du penchant au vol, n'ont pu me détourner d'en parler publiquement. Jamais le naturaliste ne doit s'abaisser jusqu'à profaner le sanctuaire de la vérité, soit, par crainte, soit par des condescendances hypocrites.

Jusqu'ici, j'ai conduit le lecteur par la route sur laquelle la nature m'avoit dirigé, et j'imagine que les faits que je viens d'exposer lui auront fait éprouver le sentiment pénible que j'avois ressenti moi-même. Dans toutes les autres qualités de l'homme , nous découvrons un but nécessaire et une institution bienfaisante. Ici, nous voyons toul-à-coup un penchant qui se trouve en opposition directe avec l'ordre social. N'aurions-nous pas encore sous les yeux l'un de ces cas où la manifestation de la qualité, telle que j'ai pu la découvrir seulement chez des sujets qui avoient l'organe développé au plus haut degré, n'est que le résultat d'une activité exubérante, mais nullementla qualité fondamentale elle-même?Que l'on continue de me suivre dans mes observations, et l'on se verra bientôt, jusqu'à un certain point, réconcilié avec la nature,



Sur le sentiment inné de la propriété.

Dans l'embarras oùm e metloit ce qu'il y a de révoltant dans l'idée d'un penchant inné au vol , je me fis l'objection suivante : Le vol suppose la propriété; mais dans la nature, il n'existe pas de propriété, elle n'est qu'un résultat des conventions sociales ; donc, il ne peut pas exister de penchant inné au vol, ni organe de ce penchant.

Dans toutes mes leçons publiques, j'ai articulé cette objection, et je l'ai réfutée. Partout, les adversaires de l'organologie l'ont accueillie, comme une preuve sans réplique de la non-existence dn penchant et de l'organe du vol, et ils se sont empressés de la répandre. Quoique ma réponse se trouve dans les nombreux ouvrages de mes élèves, tous

DU CERVEAU.



mes adversaires ont eu la mauvaise foi de la passer sous silence et de n'instruire leur public que de l'objection , parce qu'ils pensoient qu'elle leur assuroit la victoire. Examinons donc si réellement la propriété n'existe pas dans la nature, et si c'est la propriété qui a produit les lois, ou si ce sont les lois qui ont fait naître la propriété.

La propriété est une institution de la nature chez

les animaux. '

Les animaux n'ont ni ces lois ni ces conventions sociales dont on dit que résulte la propriété chez les hommes, et cependant la propriété existe chez eux, et ils en ont le sentiment le plus vif. Ils ont leur demeure fixe, et l'ardeur qu'ils mettent à la défendre contre toute usurpation, prouve bien qu'ils la regardent comme leur propriété. Lorsqu'il est à craindre que le terrain qu'ils occupent, ne devienne insuffisant pour les nourrir ils ont soin d'en chasser sur le champ tout animal de la même espèce qui voudroit s'y établir. Un certain nombre de chamois habitent une montagne sur laquelle ils n'en Souffrent abso-ment pas d'autres. Le loup, le renard, le lièvre , la martre, etc., occupent un certain canton plus ou moins grand, suivant que la nourriture y est plus ou moins abondante, et dont tous les intrus sont chassés à l'instant. Ceux qui imaginent que les bêtes sauvages errent à l'aventure dans les bois, se trompent; chacun de ces animaux a, dans le fait, une demeure de son choix qu'il n'abandonne que lorsqu'il en est chassé par la violence. Lorsqu'il lui arrive de la quitter, soit dans le temps de l'amour, soit à l'occasion d'inondations , de chasses, etc.-, il y retourne dès que les circonstances le permettent. Les mêmes couples de cigognes, d'hirondelles, de rossignols, de rouge-gorges, etc., retournent tant en automne qu'au printemps, dans la même contrée où ils ont passé cette saison l'année précédente. Le même couple de cigognes fait tous les ans son nid sur le même clocher. Le même couple d'hirondelles établit tous les ans son domicile sons le même loit. Le même couple de rossignols revient tous les ans dans le même buisson. Lors-

ni. 36

PHYSIOLOGIE



qu'une autre paire veut s'emparer d'un lieu déjà occupé, il s'élève une guerre très-animée, dans laquelle les intrus sont toujours forcés à la retraite. Ces faits sont connus de tous les chasseurs et de tous les naturalistes , et mes propres observations les ont constamment confirmés. Celui qui voudra les répéter devra marquer les vieux et non les jeunes ; car chez les animaux il en est de même que dans notre espèce, le père et la mère restent dans leur établissement, et les enfans et les jeunes se dispersent.


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