Submersions fertilisantes comprenant les travaux


Premiers travaux de bonification



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Premiers travaux de bonification. La pre-
mière idée de ces travaux remonte au xvT siècle.

De 1520 à 1533, la majeure partie des commu-


nes de cette vallée, alors complètement atteinte par

la mal'aria, afféagèrent au pape Clément VII les ter-


ritoires qu’elles possédaient dans les marais, pour en
faciliter le dessèchement et la mise en culture. —
Les premières opérations relatives à cette entreprise
avaient été commencées, peu de temps après, mais la
mort de ce pontife et les troubles civils qui eurent
lieu à cette.époque forcèrent de les interrompre, jus-
qu’en 1551.

C’est de cette dernière année que datent les pre-


miers travaux graphiques, plans et nivellements, re-
latifs à cette grande entreprise. Ils avaient été com-
mencés dès 1543, mais s’étaient trouvés plusieurs
fois interrompus. — Ce qui est certain, c’est qu’à
ladite époque il n’existait encore aucune trace du
grand canal actuel, à l’aide duquel a été réalisée la
bonification. — Les plans susdits constatent que la
vallée au sudd’Arezzo était occupée par un grand cours
d’eau sinueux, qui traversait de vastes marais et des es-
paces incultes, occupés par des broussailles. L’illustre
ingénieur et mathématicien Viviani avait été chargé
de ce premier travail, ayant pour objet l’étude de
l’assainissement de la vallée; mais il avait espéré pou-
voir l’effectuer par l’emploi des procédés ordinaires
de dessèchement ; à l’aide de canaux émissaires, avec
ou sans endiguement de la rivière.

En 1551, cette première étude, déjà très-précise,


fut complétée par d’autres nivellements, dont l’exac-
titude est fort remarquable, si l’on considère que la
science de l’hydraulique était encore entièrement
dans l’enfance.

On eut lieu de regretter que l’opération n’ait pas


été envisagée de suite dans son ensemble; car on s’é-
tait attaché principalement à opérer l’assainissement
partiel des régions les plus insalubres ; sans s’inquié-
ter des autres, dont la situation était cependant inti-
mement liée au rétablissement de la salubrité dans
la contrée.

L’ensemble des superficies marécageuses, réparties


en divers points de la vallée, était évaluée à environ
12.000 hectares, dont :

Sur la Toscane 9.500 h.

Sur l’État romain 2.500 h.

Le marais commençait alors à très-peu de dis-


tance en aval d’Arezzo et la largeur moyenne dé-
passait 3.300 mètres. — C’est alors que fut tracé le
canal principal par Antonio de Ricasoli, ingénieur
toscan. — Ce marais était alors entrecoupé de petits
canaux, ouverts tant pour la pêche que pour le par-
cours des barques, qui effectuaient les transports lo-
caux, de commune à commune. Leur profondeur or-
dinaire variait de 1 à 3 mètres.

Près des communes de Puliciano et d’Alberese, la


largeur des marais était d’environ 2 kilom. ; mais
sur celles de Broglio, de Montecchio et Fojano, cette
largeur était plus considérable. A partir de Turrita, le
périmètre se rétrécissait, de manière qu’aux abords
de Valiano, il n’avait plus qu’environ 1 kilom. de
largeur.

A partir de ce dernier point, et notamment aux


abords des petits lacs de Monte-Pulciano et Chiusi,

les nappes d’eau stagnantes s’élargissaient de nou-


veau, avec une profondeur considérable.

Tout cela constituait une situation devenant de


plus en plus insalubre et rendant le pays complète-
ment inhabitable, durant six mois de l’année. —
Mais il fut bientôt reconnu que, par le défaut de pen-
tes, on ne pouvait songer à assainir cettevalléeparles
moyens ordinaires, ou le simple écoulement; et qu’il
fallait recourir à un procédé plus énergique.

Les ingénieurs Ximenès et Ricasoliqui s’occupaient


de cette grande entreprise, furent donc naturelle-
ment conduits à utiliser d’abord les affluents les
plus troubles, pour le comblement des bas-fonds et
marais qui s’en trouvaient les plus rapprochés.

Le torrent Vingone, qui débouchait à environ


470 mètres en aval du port délia Nave, fut dévié de
manière à aboutir à environ 1.050 mètres plus en
aval de ce point. Le contraire eut lieu pour la Lota,
qui avait primitivement son débouché un peu en
amont du précédent, et qui fut dirigée dans un sens
presque opposé; jusqu’en amont du pont susdit,
c’est-à-dire en amont des ponts d’Arezzo. Et cela fut
fait ainsi pour assurer directement le colmatage des
vastes marais, qui viennent d’être signalés en ce
point.

Par le même motif, le débouché de la Foenna fut


reporté un peu en amont de Turrita, là où le marais
avait les plus grandes dimensions, en surface et en
profondeur.

Le torrent de Salarco fut divisé en deux bras, dontle premier entrait dans le marais, à environ 1.200 mè-


tres en aval de Vagliano, et le deuxième à 2.200 mè-
tres plus bas.

D’après ces indications, fournies par le plan géné-


ral du dessèchement, dressé en 1551, on peut juger
des grands changements, arrivés depuis trois siècles,
dans la situation de ce territoire, en ce sens que le
Satarco et la Foenna ont prolongé leurs débouchés
de plusieurs kilomètres, en ouvrant leur nouveau lit
à travers leurs vastes et fertiles alluvions.

Jusqu’à la fin du xvi siècle, on s’occupa de la con-


tinuation de ces travaux de dessèchement, basés
exclusivement sur le colmatage. Mais on n’était pas
sans craintes sur les résultats de cette canalisation,
qui, en dirigeant vers l’Arno une partie notable des
eaux de la Chiana, pouvaient augmenter les crues
de ce fleuve, d’une manière redoutable pour la ca-
pitale de la Toscane.

C’est de cette époque que datent les longues et


vives discussions qui s’engagèrent, au sujet du main-
tien ou de la démolition d’un grand barrage existant
de temps immémorial en aval d’Arezzo, et connu sous
le nom d’Écluse des Moines. Les uns le considéraient
comme un préservatif indispensable pour la sécurité
de la vallée de Florence, les autres comme un em-
pêchement absolu au succès du dessèchement du
Val de Chiana.

Néanmoins, dans cette seconde moitié du siècle


susdit, d’importantes conquêtes furent réalisées par
les travaux de colmatage ; notamment dans la partiede la vallée comprise entre Arezzo et Pili, qui pro-
fita la première du dessèchement opéré par le canal,
qui de cette localité se dirige vers l’Arno.

Ces premiers travaux furent exécutés sous le gou-


vernement du duc Ferdinand Ier, qui y prenait un
intérêt, spécial, visitait souvent les chantiers, encou-
geant les travailleurs. Aussi les populations, frappées
des premiers et heureux résultats d’une telle entre-
prise, donnèrent-elles à ce souverain divers témoi-
gnages de leur reconnaissance.

La seconde moitié du xviie siècle fut encore pres-


que exclusivement consacrée aux conférences inter-
nationales, entre les représentants de la Toscane et
ceux des États pontificaux, pour arriver à établir un
accord préalable, entre ces deux gouvernements, sur
la fixation d’un point partage définitif, des eaux de la
Chiana ; opération sans laquelle tous les travaux que
l’on aurait entrepris pouvaient rester sans effet.

La situation plus qu’anormale du cours de cette


rivière, qui donnait lieu à tant de discussions, et que
des auteurs du temps ont appelée une catastrophe
hydraulique,
ne cessait d’être un objet de graves
préoccupations. — En effet, la perte totale d’un si
riche territoire, l’expulsion de la population, qui
l’habitait autrefois, le danger des inondations déjà
si redoutables, soit de l’Arno, soit du Tibre, tout
cela n’explique que trop les tentatives réitérées que
l’on fit pour arriver à un meilleur état de choses.

La plus célèbre de ces conférences, tendant à la


régularisation du cours de cette rivière, fut celle quieut lieu en 1665. — D. Cassini, l’illustre géographe
et mathématicien, étant le représentant du grand-
duc, Cosme III; et l’ingénieur Viviani celui du pape
Alexandre VII. — On y discuta très-vivement les
avantages et les inconvénients des divers systèmes à
employer, et il fut reconnu que le colmatage, ou
l'utilisation des matières limoneuses, déposées par
les affluents de la vallée, était la seule méthode pou-
vant conduire à un résultat certain. — On persista
donc définitivement dans cette voie, qui était en effet
la seule pouvant conduire à la soulution si désirée.

Plus la bonification obtenue par le premier em-


ploi des alluvions naturelles faisait de progrès dans
le val de Chiana, plus les discussions soulevées par
l’antagonisme des deux pays intéressés devenaient
vives et fréquentes. — Il fut rédigé à cette époque,
notamment de 1640 à 1690, une foule dè traités, de
conventions et d’engagements réciproques; mais au-
cun ne reçut d’exécution. Les choses restèrent donc
encore, durant un demi-siècle dans un état très-peu
satisfaisant, jusqu’en 1691 ; époque à laquelle l’in-
génieur G. Ciaccheri, de Florence, profitant des vues
si justes émises quelques années avant, par Torri-
celli, signala les causes évidemment artificielles
auxquelles était due la stagnation des eaux, dans
toute la région moyenne de la vallée ; c’est-à-dire
les travaux anciens au moyen desquels les Romains
(toujours par la crainte tradi tionelle de l’accrois-
sement des crues du Tibre) avaient arrêté l’écoule-
ment des eaux de la Chiana.

Cet ingénieur reprit donc, sur une grande échelle,


les travaux de colmatage déjà commencés précé-
demment, à l’effet de combler et exhausser tous les
bas-fonds qui renfermaient les eaux stagnantes.
Dans ladite année il employa à cet usage la rivière
de Parce, réunie aux petits torrents de Monaco,
Cerreto
et Fossatello.

Ensuite il en fit de même avec l’Astrone qu’il dé-


riva sur la plaine delle Cardette, le long de la col-
line de Chiusi ; et en opérant ainsi il montra, avec la
plus grande évidence, la puissance et l’utilité des col-
matages.

Les sages prévisions de Torricelli se trouvèrent


encore mieux justifiées lorsque, dix ans plus tard
en 1701, les ingénieurs P. A. Tosi et G. Franchi,
appelés par Cosme de Médicis, dérivèrent successive-
ment dans les marais tous les affluents disponibles
entre Vagliano et Arezzo, pour en utiliser les dépôts.
Il résulta de là un double avantage; c’est-à-dire
qu’outre la conquête agricole et la diminution de
l’insalubrité, les eaux sortant des enceintes du col-
matage, dépouillées des graviers qu’elles charriaient,
cessèrent de produire dans le grand canal les dépôts
et exhaussements qui s’y produisaient auparavant
d’une manière très-nuisible à leur libre écoulement.

On voit d’après ce qui précède que, dans le cours


du xvie siècle, qui du reste correspond à la création
des plus grands ouvrages hydrauliques de l’Italie,
des travaux de colmatage, ayant pour but le dessèche-
ment du val de Chiana, ont été exécutés, à plusieurs

reprises, en donnant chaque fois de bons résultats ;


mais des résultats partiels, qui ne pouvaient avoir
pour conséquence l’amélioration générale de la
vallée.

Dans le courant du xvie siècle, ainsi qu’il a été dit


plus haut, on s’occupa presque exclusivement des
longues discussions que soulevait, sans cesse, entre
les deux États limitrophes, la direction indécise des
eaux de la Chiana. Mais comme elles n'aboutissaient
à aucune convention définitive, il ne put se faire dans
les dernières années de ce siècle, notamment à par-
tir de 1691, que des travaux encore très-restreints.

L’époque delà reprise, vraiment fructueuse, des


dits travaux est donc celle qui dans la seconde moi-
tié du xviiie siècle correspond au règne du grand-duc
Pierre-Léopold Ier. Ce souverain ayant enfin obtenu
du gouvernement pontifical un règlement amiable,
pour la fixation d’un point de partage effectif, des
pentes, jusqu’alors indéterminées, de la Chiana, c’est
seulement alors que l’on a pu effectuer, dans les deux
États, mais particulièrement en Toscane, des tra-
vaux stables et définitifs.

Nous n’entrerons pas ici dans de plus longs dé-


tails sur ce sujet ; cette période moderne des travaux
de colmatage du val de Chiana faisant l’objet prin-
cipal du chapitre suivant.

CHAPITRE VIII.

SUITE DU DESSÈCHEMENT DU VAL DE CHIANA.

État moderne.



Résumé des premières études. — Lorsque
on jette les yeux sur la carte d’Italie, entre le con-
tour que forme l’Arno dans la plaine d’Arezzo, et la
Paglia, afluent du Tibre, en aval d’Orvieto, on re-
marque, coulant à peu près dans la direction du
nord au sud, une petite rivière, qui traversant les
lacs de Montepulciano et de Chiusi forme la jonction
entre deux fleuves, débouchant l’un et l’autre dans
la Méditerranée, l’un passant par Florence et Pise,

l’autre par Rome.

Cette rivière dont le parcours est d’environ 100
kilomètres, à travers la Toscane et les États romains
est la fameuse Clanis des anciens, aujourd’hui la
Chiana.

Sa vallée, d’une largeur moyenne d’environ 100


kilomètres, jadis florissante, puis devenue déserte
au moyen âge, par suite de son insalubrité, due tant
à la stagnation des eaux qu’à l’abandon où elle fut
laissée, durant les discordes civiles, était, au com-
mencement du xiiie siècle, envahie par des marais,
tellement pestilentiels, que le nom de Chiana servait

alors pour désigner tout ce que l’on pouvait imaginer


de plus infect et de plus meurtrier.

Aujourd’hui que cette même vallée est rendue à sa


salubrité et à sa fertilité primitives, par le secours de
la science hydraulique, on la voit de nouveau bien
peuplée, couverte de jolies habitations, et traversée
en tout sens par des routes nombreuses, parfaite-
ment entretenues, au nombre desquelles se trouve
la célèbre voie Cassienne. — Cette vallée forme
aujourd’hui la partie la plus fertile du territoire des
villes, bourgs et châteaux, situés sur les riantes col-
lines dont elle est environnée. — Parmi celles-ci
Cortone et Chiusi furent autrefois célèbres, au temps
des Étrusques.

Il est digne d’intérêt de connaître comment les


ressources de la science ont pu ainsi triompher de
la complète détérioration du sol et du climat, et
opérer cette merveilleuse transformation.

Généralement le moyen le plus simple pour dé-


barasser un terrain des eaux stagnantes consiste à
leur procurer une issue, qui leur manquait, en ou-
vrant un canal émissaire, ou en supprimant les
obstacles qui s’opposaient à leur écoulement, vers
un bassin de niveau inférieur ; c’est-à-dire à faire
baisser la surface de l’eau, en contre-bas de celle du
terrain submergé.

Mais un autre moyen, moins connu, quoique


très-efficace, consiste à introduire dans les espaces
submergés ou marécageux les eaux d’une rivière
trouble, en leur faisant perdre une partie notable de

leur vitesse, ce qui les oblige à déposer les matières


qu’elles charriaient avec elles; de telle sorte qu’après
un certain temps, la superlîcie du sol arrive à se
trouver plus élevée que celle des eaux stagnantes.

Le premier mode est le dessèchement par écou-


lement ; le second constitue le dessèchement par le
colmatage.

Les torrents et ruisseaux à pente rapide, qui


forment les nombreux affluents du Val de Chiana
démontraient, d’eux-mêmes, la puissance de cette
opération, puisque partout où le hasard les avait
fait déboucher dans des espaces submergés, ceux-
ci s’exhaussaient peu à peu, et se trouvaient bientôt
hors d’atteinte de la submersion. C’est donc la na-
ture elle-même qui, là comme en d’autres localités,
a indiqué la précieuse ressource que l’homme pou-
vait tirer de ce procédé d’assainissement.

On ne manqua pas de tirer parti deces bonifica-


tions fortuites en en opérant d’artificielles, qu’on
était certain d’obtenir, par la seule dérivation du
cours d’eau trouble dans le bas-fond à rehausser.

Mais on ne tirait d’abord de l’emploi de cette mé-


thode que des avantages restreints en opérant sui-
des parcelles isolées,' sans prévoir qu’un jour la val-
lée entière pourrait se trouver assainie et transformée,
en opérant, par principes, sur la masse de toutes les
alluvions dont on pouvait disposer.

Les savants et ingénieurs qui, dans le cours du


xviie siècle, illustrèrent la Toscane, invités par les
Médicis à s’occuper de la grande question de lassai-

nissement du Val de Chiana pensèrent d’abord que


l’on pourrait peut-être l’effectuer par voie de simple
dessèchement; mais ils furent bientôt amenés à re-
connaître que, par cette voie, le succès serait au
moins très-incertain. Telles furent les opinions de
Galilée, de son illustre disciple Torricelli, auteur de
la découverte de la pesanteur de l’air, et de Castelli,
l’un des savants les plus estimés de cette époque, pour
les travaux sur l’hydraulique.

Ainsi qu’il a été dit plus haut la vallée était, deve-


nue presque entièrement marécageuse et très-insa-
lubre. Les marais, interrompus par les lacs, encore
existants, de Montepulciano et de Chiusi, commen-
çaient aux environs d’Arezzo à 11 kil. de l’Arno et
s’étendaient jusqu’à une distance d’environ 18 kil.,
en avant de la Paglia qui coule à peu de distance de
la ville d’Orvieto. Leur largeur moyenne était d’envi-
ron 3 kilom.

Il résulte d’anciens nivellements et de cartes dres-


sées avec un soin remarquable, vu leur date si re-
culée, que le sol de ces marais était, sur une très-
grande longueur, presque horizontal, mais que du
côté du sud, il avait une pente assez prononcée,
divisée en plusieurs bassins partiels, diversement in-
clinés.

I1 est à remarquer surtout que, du côté du nord,


les eaux de la Chiana, avant de venir déboucher dans
l’Arno, se trouvaient à environ 3 milles 1/2 de leur
confinent dans ce fleuve, retenues artificiellement par
un grand barrage, partie en rocher, partie en maçon-

nerie, établi très-anciennement, par les bénédictins


d’Arezzo, à l’effet d’obtenir une chute, utilisée poul-
ie roulement d’un moulin à blé, et auquel on a con-
servé d’après cela le nom de barrage des Moines.

Ce barrage, qui avait primitivement une hauteur


considérable de 22 brada (12n’,76), fut détruit à
plusieurs reprises, notamment en 1545 et en 1607,
par les habitants d’Arezzo, pour donner un libre cours
vers 1’Arno aux eaux de la Chiana, qui restaient sta-
gnantes sur ce territoire. Mais toujours il fallut le
reconstruire, sur les réclamations des magistrats de
Florence, qui voyaient dans cet ouvrage un puissant,
modérateur des grandes crues de l’Arno.

Considéré comme chute des eaux paisibles s’écou-


lant d’un marais, le barrage des Moines fût resté
complètement ignoré. Comme servant au roulement
d’un moulin, cet ouvrage eut été encore moins digne
d’attention. Les discussions célèbres auxquelles son
existence donna lieu, entre des savants de premier
ordre, les nombreux projets présentés, soit pour sa
suppression, soit pour sa conservation, soit pour un
simple abaissement, proviennent donc d’une autre
cause. C’est ce qui va être indiqué plus loin.

Les partisans de la suppression totale du barrage


susdit espéraient qu’elle pourrait procurer, sans in-
convénients, le libre écoulement, vers l’Arno, de
toutes les eaux de la Chiana réunies à celles des nom-
breux torrents qui débouchent dans la vallée; que
dès lors par ce simple moyen, on en opérerait le des-
sèchement et l’assainissement.

Mais des hommes éminents, tels que le savant ma-


thématicien Torricelli, l’ingénieur Michelini, le sé-
nateur Arrighetti et autres, étaient d’opinion con-
traire, et soutenaient que le seul moyen d’obtenir
le résultat si désiré était d’utiliser les alluvions.
— En effet, par leur emploi convenablement dirigé,
on pouvait obtenir en peu de temps l’exhaussement
des terrains bas et marécageux, en leur procurant
ainsi un assainissement qu’il était impossible d’ob-
tenir avec un canal émissaire, de quelque dimension
qu’il fût.

Le barrage des Moines resta donc en place confor-


mément à l’avis de Torricelli, appuyé d’ailleurs par
celui du cardinal Léopold de Médicis.

D’une description détaillée de l’état ancien et mo-


derne du Val de Chiana, donnée vers le milieu du
xviiie siècle par le P. Corsini, il résulte que, dès
l’année 1607, les eaux de celle rivière ne commen-
çaient à prendre leur cours, vers le midi, ou vers le
Tibre, que dans les environs de Chiusi. C’est-à-dire
que le point de départ de cette pente, qui, dans les
temps antiques et même encore en 1551, avait no-
toirement son origine aux environs d’Arezzo, s’était,
dans l’espace d’environ un demi-sièçle, avancé de
près de 10 kilomètres. Cela tient à ce que les alluvions
considérables produites par les nombreux affluents
de cette vallée l’ayant naturellement exhaussée, et
par conséquent assainie, sur une assez grande éten-
due, les communes, dans le but de compléter cette
bonification avec le secours de l’art, avaient traité

avec le pape Clément VII, qui s’était engagé à exécuter


l’entreprise.

Mais par suite de ce que deux États différents (la


Toscane et l’État romain) étaient diversement inté-
ressés au régime des eaux de la Chiana s’écoulant à
la fois vers l'Arno et vers le Tibre, il arriva que des
contestations, des rivalités de territoires et des con-
flits de toute sorte prirent naissance entre ces deux
États au sujet des opérations commencées, qui cepen-
dant avaient dé jà procuré une notable étendue de bons
terrains, conquis sur le marais.— La plus célèbre de
ces discussions fut celle qui eut lieu en 1665, et à
laquelle prirent part, en première ligne, les mathé-
maticiens Viviani et D. Cassini, délégués, le premier
par le pape, le second par le grand-duc de Tos-
cane. Mais si cette conférence sur les lieux con-
tentieux eut un grand retentissement, surtout dans
le monde savant, les conventions qui en résultè-
rent furent ou méconnues ou transgressées, de telle
sorte que Ton n’en retira d’abord aucune utilité
pratique.

Une opinion accréditée dès le temps de l’empe-


reur Tibère était que les eaux de Val de Chiana, eu
temps de crue, se trouvaient trop abondantes pour
pouvoir être reçues, sans grand dommage, dans l’un
des fleuves vers-lesquels ces mêmes eaux pouvaient
se diriger, soit au nord, soit au sud. C’est-à-dire que
le préjugé populaire admettait, comme une consé-
quence inévitable, qu’elles devaient porter préjudice
ou à la ville de Rome en s’écoulant vers le Tibre,

ou à celle de Florence, si elles avaient leur débouché


dans l’Arno.

Ainsi que cela a été exposé plus haut, le sénat


romain s’inquiétait de cette question et avait pris
une délibération tendant à obtenir que des travaux
fussent exécutés, dans cette vallée, pour rejeter dans
l’Arno, les grandes eaux qu’à certaines époques elle
versait dans le Tibre, en y accroissant le danger
des débordements, déjà si redoutables, de ce dernier
fleuve. — Mais les habitants de Florence, justement
alarmés par les mêmes motifs, intervinrent à leur
tour, en suppliant le sénat romain de prendre en
considération les dangers dont cette innovation les
menacerait. Et après un mûr examen de la question,
le sénat décida qu'il ne serait rien changé à l’état des
lieux
(1).

Ces craintes qui, de part et d’autre, furent ensuite


reconnues exagérées, se maintinrent néanmoins in-
stinctivement dans les populations intéressées; et
surtout lorsque, après la chute de l’empire romain,
les contrées parcourues par l’Arno et par le Tibre se
trouvèrent appartenir à deux États différents.

Ce fut là incontestablement une des causes qui con-


tribuèrent le plus à retarder pendant plusieurs siècles
l’amélioration définitive du Val de Chiana.

Bien que la célèbre conférence de 1665, dont il


vient d’être parlé, n’ait pas eu immédiatement de ré-
sultats favorables, par suite de la persistance des pré-

(1) Nuova Raccolta, etc., t. VII, supp., p. 84.

jugés populaires et de l’antagonisme entre les deux


gouvernements intéressés, les idées émises quelques
années auparavant, et pour la première fois par Torri-
celli, sur la puissante ressource que l’on pouvait
tirer des alluvions artificielles pour le rétablissement
d’un bon régime des eaux et de la salubrité, alors
détruite daris cette vallée, produisirent une vive im-
pression sur lés esprits sérieux. Et comme finale-
ment, ce sont ces mêmes idées qui ont prévalu, on
voit qu’il faut ajouter un titre de plus à la gloire de
cet illustre savant.

Sous le gouvernement éclairé des grands-ducs de


Toscane, des efforts persévérants secondés par les lu-
mières de plusieurs hommes éminents dans les
sciences parvinrent à triompher de tant d’obstacles,
et furent enfin couronnés par d’heureux résultats.
Ceux-ci se manifestèrent surtout dans le demi-siècle
compris entre les années 1690 et 1740 ; car il résulte
de la relation publiée par le P. Corsini qu’à cette
dernière époque, la vallée se trouvait alors, non-
seulement assainie, mais déjà repeuplée de nombreux
habitants, qui y avaient construit des maisons et dont
les terres ainsi que les jardins étaient parfaitement
cultivés; de sorte que les meilleurs grains et les
fruits les plus délicats qu’on pouvait obtenir en Tos-
cane se trouvaient tous en abondance dans ladite
vallée, ou sur les collines environnantes.

Cependant il restait encore beaucoup a faire pour


compléter cette première amélioration ; c’est pour-
quoi le duc de Lorraine P. Léopold Ier, qui en 1790

succédait aux Médicis, comme neuvième souverain


de la Toscane, comprit dès son avènement au trône
qu’il était de son devoir de continuer avec zèle les
travaux de ses prédécesseurs, pour la complète res-
tauration du Val de Chiana.

A l’instar de ce qui s’était fait déjà, en 1665, il


s’entendit avec le pape Pie VI pour provoquer entre
les deux États une nouvelle conférence d’ingénieurs
et de mathématiciens qui, après s’être rendus sur
les lieux, délibéreraient sur la meilleure solution à
adopter, à Teffet de parvenir à l’achèvement des tra-
vaux, et sur plusieurs importantes questions restant
à résoudre.

Cette conférence eut lieu en effet, en 1780, à


Cilla délia Pieve. Il y fut décidé, entre les représen-
tants des deux États : que, pour mettre un terme
aux longues et stériles discussions, qui s’étaient pro-
longées depuis des siècles, sur le mode de transmis-
sion des eaux de la Chiana, il serait construit, vers
le milieu de la vallée, dans la plaine de Chiusi, une
forte digue transversale, qui servirait désormais à
fixer d’une manière invariable le point de partage des
eaux de la Chiana, se dirigeant au nord vers l’Arno,
et au sud vers le Tibre.

Cet ouvrage exceptionnel désigné, d’après son


usage, sous le nom de digue de séparation, fit enfin
cesser les perpétuelles contestations qui s’élevaient à
l’occasion de la situation variable du point de par-
tage naturel, qui se trouva ainsi définitivement fixé.

A partir de cette époque le grand-duc Léo-

pol Ier, sentant toute l’importance de ne pas laisser
perdre le fruit des premiers travaux de la bonifica-
tion, déjà effectuée par ses prédécesseurs, mais com-
prenant en même temps qu’une pareille entreprise
exigeait d’être conduite avec les lumières de la
science, des vues d’ensemble et une parfaite con-
naissance des localités, décida que pour toute la
partie toscane les travaux auraient lieu sous la di-
rection supérieure du chevalier V. Fossombroni, qui
possédait sur cette matière des connaissances spé-
ciales (1).

Les mémoires publiés, à partir de 1789 par ce


savant ingénieur, et dans lesquels la partie histo-
rique est traitée avec autant de soin que la partie
hydraulique, font connaître les différentes phases
par lesquelles avait passé successivement cette con-
trée avant d’arriver à la situation, déjà très-amélio-
rée, dans laquelle elle se trouvait lorsqu’il prit la
direction des travaux à partir de 1782.

Les vues particulières de Fossombroni sur le mode


d’écoulement des eaux du Val de Chiana, pendant
et après l’exécution des travaux de colmatage, et
dont il a été parlé dans le chapitre précédent,

(1) V. Fossombroni était natif d’Arezzo, ce qui l’avait mis à même


d’étudier dès sa jeunesse les principaux faits relatifs au régime des
eaux dans le Val de Chiana. — On sait qu’après avoir consacré plu-
sieurs années à cet important objet, il devint successivement ministre
plénipotentiaire sous l’ancien régime, puis comte et sénateur sous le règne
de Napoléen 1", et aussi ministre secrétaire d’Etat en Toscane, à partir
de 1815.

ne furent pas généralement admises. — Elles don-


nèrent lieu parmi les ingénieurs s’intéressant à la
même question à beaucoup de discussions. Mais au
surplus les événements politiques qui agitèrent à
cette époque presque tous les États de l’Europe
n’auraient pas permis qu’on pût s’occuper avec suite
de ces intéressants travaux.

Lorsqu’ils purent être repris, en 1816, sous le


grand-duc Ferdinand III, l’illustre ingénieur, devenu
ministre, conserva néanmoins la haute direction, ou
surintendance, des travaux du Val de Chiana ; comme
président de la commission administrativo qui avait
été instituée pour cet objet.

Dès cette époque la difficulté n’était plus d’effec-


tuer par voie de colmatage l’exhaussement des bas-
fonds marécageux, dont une très-grande partie
avait déjà disparu. Il s’agissait surtout de savoir
comment serait établi, d’une manière stable et per-
manente le système hydraulique de la vallée, après
que son assainissement aurait été obtenu.

L’idée de Fossombroni aurait été de diriger les


opérations, de manière que l’on pût se borner
à un seul canal principal, dont la section et les
pentes eussent été réglées d’une façon convenable
pour assurer en tout temps un bon écoulement aux
eaux. Mais eu égard à l’interversion obtenue artifi-
ciellement dans l’ancien système des pentes natu-
relles, qui jadis étaient dans la direction du nord
au sud, celte canalisation ne pouvait s’obtenir qu’a-
vec un rehaussement considérable du sol, dans toute

la largeur de la vallée. Le même ingénieur pensait


pouvoir arriver à ce résultat, non point avec des
terrassements proprement dits, qu’il eût été évidem-
ment impossible d’exécuter, sur une aussi vaste
échelle, mais par le moyen des alluvions, qui étant
convenablemen aménagées, eussent constitué peu à
peu une sorte de cuvette, destinée à former le lit de
ce canal principal.

La plus grave objection à ce système était qu’il


annulait, pour ainsi dire, tous les résultats précé-
demment obtenus, puisque pour effectuer ces atter-
rissements latéraux, il fallait recouvrir indistincte-
ment, les parties incultes, ou déjà cultivées; ce qui
était inadmissible.

On se borna donc, comme par le passé, à des


opérations partielles, ayant pour objet le comble-
ment des bas-fonds, convenablement encaissés, de
manière à raccorder aussi approximativement que
possible leur superficie nouvelle avec le nivellement
général de la vallée ; mis en rapport avec les faibles
pentes du canal central, ne recevant plus que des
eaux claires.

Achèvement des travaux. —À partir de 1838,


la direction en fut confiée à M. A. Manetti, natif
de la Toscane, mais ayant fait ses études à l’École
polytechnique et à l’École des ponts et chaussées
de France. — Revenu dans son pays avec le grade
d’aspirant-ingénieur, il fut attaché d’abord aux tra-
vaux des Maremmes, dont il devint ensuite le direc-

leur. Mais il avait pris part également à ceux du Val


de Chiana, notamment de 1816 à 1825.

M. Manetti n’hésitait pas à reconnaître que l’œu-


vre générale de l’assainissement de la valléeétait à peu
près accomplie ; puisque presque partout le sol y
était devenu cultivable et fertile. Mais il se préoc-
cupait, à juste raison, du moyen de maintenir cet
état florissant, en présence des causes qui ne pou-
vaient manquer d’y porter atteinte. Il signalait, no-
tamment le triste état dans lequel se trouvaient les
affluents d’eau trouble, ayant servi ou servant en-
core au colmatage des parties marécageuses. En effet
ces cours d’eau, dont le lit s’était considérablement
exhaussé, par suite des travaux mêmes auxquels ils
avaient été soumis, coulaient, pour la plupart, à un
niveau supérieur à celui des terres voisines, et entre
des digues tellement faibles qu’ils ne pouvaient plus
y être contenus, pendant les crues; ce qui était un
sujet d’inquiétude et d’effroi pour les populations
rurales ayant leurs habitations dans la vallée. — Il
y avait donc quelque chose à faire, pour remédier
à cette situation.

Sans doute l’inversion de la pente primitive de la


vallée était depuis longtemps obtenue, puisque les
eaux qui coulaient jadis du nord au midi se diri-
geaient actuellement du midi au nord; et ce résul-
tat existait déjà en 1769. Mais la difficulté princi-
pale consistait dans l’existence d’une pente beaucoup
trop faible pour que le canal principal, dans son
état actuel, pût recevoir non-seulement le volumeordinaire de la rivière, mais en même temps les
eaux troubles de ses nombreux affluents. La cuvette,
en remblai telle que l’avait conçue Fossombroni
étant reconnue impossible, il fallait aviser à un au-
tre mode d’aménagement général des eaux.

C’est dans ces circonstances que M. A. Manetti,


devenu directeur des travaux hydrauliques en Tos-
cane, ayant été invité, par S. A. le grand-duc
Léopold II à exprimer ses vues sur cette question,
proposa, pour la partie supérieure de la vallée, l’ou-
verture de deux canaux secondaires, l’un à droite
l’autre à gauche du canal principal, rapprochés du
pied des coteaux et destinés à recevoir les affluents
troubles pour n’effectuer leur confluent dans le ca-
nal principal de la Chiana qu’un peu en aval du
port de Cesa, à environ 10 kilomètres et demi en
amont de l’écluse des Moines. Celle-ci ayant été
précédemment abaissée d’environ 4 mètres la pente
delà partie inférieure du canal principal se trouvait
améliorée d’une manière suffisante pour pouvoir as-
surer l’écoulement de toutes les eaux.

Dans ce mode d’aménagement, différent de celui


qu’avait indiqué Fossombroni, on observait cepen-
dant l’un des principes fondamentaux établis par
cet illustre ingénieur, en matière de colmatage,
savoir : la nécessité d’opérer complètement, toutes
les fois que cela était possible, la séparation des
eaux claires et des eaux troubles.

Les résultats favorables de cet aménagement se


manifestèrent aussitôt après son exécution, tant parle bon régime clu tronc inférieur du canal, après la
réunion de toutes les eaux, que par le prompt et
facile écoulement de celles-ci dans le vallon de la
Foenna et la plaine de Bettolc, où l’on opéra d’a-
bord, et qui auparavant avaient beaucoup à souffrir.
Il résulta de là que les propriétaires des terrains
situés dans les autres vallons s’empressèrent de sol-
liciter le gouvernement de pourvoir le plus promp-
tement possible à la continuation du même travail,
surtout dans les vallons du Salarco, de l'Esse et du
Fojano.

Cela montre qu’une opération de colmatage, exé-


cutée sur une grande échelle, ne consiste pas seu-
lement à faire déposer de la terre végétale, sur les
bas-fonds marécageux; mais qu’il s’agit surtout de
soumettre à un aménagement régulier les eaux d’é-
coulement ordinaire et les eaux troubles des af-
fluents, surtout lorsque, comme dans le cas actuel,
ceux-ci ne pouvaient être détournés après l’opéra-
tion terminée.

C’est par ce mode d’aménagement, dû à M. Ma-


netti, qu’a été complétée, dans ces derniers temps,
cette grande et belle entreprise, discutée durant
tant de siècles. — Il est hors de doute que son
succès final aurait été compromis sans l’adoption du
système ingénieux et efficace dont il s’agit, car les
trop faibles pentes du canal central ne permettaient
pas de l’employer comme émissaire général des eaux
qui par les nombreux affluents continuent, malgré
le rehaussement de leurs débouchés, d’arriver, pres-que aussi chargés de limons que quand la première
opération sérieuse du colmatage a été entreprise au
commencement du xvf siècle.

Le système indiqué par Fossombroni, et consistant


dans le relèvement général du plafond de ce canal
central par l’emploi de nouvelles alluvions, n’était
pas réalisable. — I1 rencontrait d’ailleurs un pre-
mier empêchement absolu, dans la nécessité de
recouvrir d’une épaisse couche de limon les terres
déjà conquises sur les anciens marais, cultivées, bâ-
ties et pourvues d’une population à laquelle on en-
levait ainsi, au moins temporairement, ses moyens
d’existence.

I1 est donc incontestable que c’est bien à M. Ma-


netli que l’on doit le succès définitif de cette grande
bonification. Si les travaux exécutés de 1828 à 1838
sur les plans et sous la direction de cet ingénieur
n’ont pas produit d’abord tous les résultats que
l’on en avait espérés, cela tient à des causes locales
et à des difficultés, dont il est probable que personne
n’aurait pu triompher immédiatement.

Les quelques mots qui terminent ce paragraphe


nous semblent fournir sur ce point une confirma-
tion évidente.

Généralement les opérations de colmatage s’effec-


tuent au moyen d’une dérivation temporaire et facul-
tative du cours d’eau, pouvant déposer des terres fer-
tiles ; et la dérivation cesse quand on a obtenu ce dépôt
sur une hauteur déterminée. Ici le cas était diffé-
rent. Dans le Val de Chiana, le colmatage ne pouvaitêtre obtenu que par des dérivations partielles, d’un
grand nombre d’affluents qui devaient continuer né-
cessairement d’avoir leur débouché dans la vallée
après l’opération terminée.

Sans doute le rehaussement notable obtenu par


l’opération elle-même, dans la partie inférieure de
leur cours, a eu pour effet d’arrêter en grande partie
l’invasion des graviers. Mais les matières limoneuses
produisant des atterrissements par l’effet d’une simple
réduction de la vitesse ne pouvaient être interceptées;
et il est hors de doute que d’après la faible pente
conservée au canal central, son régime ne pouvait
manquer d’être complètement altéré par l’effet de ces
atterrissements.

On conçoit dès lors que le système proposé par


M. l’ingénieur Manetti, d’établir, pour ces eaux sau-
vages, deux canaux latéraux dont la pente pouvait
être réglée à volonté, était le seul qui pût assurer le
succès définitif de cette grande opération, commencée
depuis des siècles, mais dont l’avenir restait toujours
incertain.

C’est d’ailleurs ce que l’expérience a complète-


ment justitifié, et l’on peut dire que cette ingénieuse
et savante disposition a contribué plus que toutes
les autres à placer ce territoire dans la situation émi-
nemment prospère dans laquelle il se trouve au-
jourd’hui ; et où il continuera de se maintenir, d’après
l’heureuse faculté qu’ii conserve de recevoir, à vo-
lonté, des eaux de limonage et d’irrigation pour y
entretenir, comme en Égypte, la fertilité du sol, qui

sans cela serait tôt ou tard épuisée, par l’abondance


même des récoltes qu’on en tire.

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