Submersions fertilisantes comprenant les travaux



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Sans entrer dans le détail des opérations qui fu-
rent successivement entreprises à partir de 1829
sous la direction d’une commission spéciale, nous
donnerons seulement ici un aperçu rapide des tra-
vaux les plus importants.

On ne doit pas perdre de vue, qu’avant tout, il


s’agissait de rétablir la salubrité alors totalement
compromise pendant près de six mois; puis de res-
tituer à la culture de vastes superficies improduc-
tives.

Une des premières mesures de la commission fut


de décider que le marais de Piombino serait dessé-
ché par colmatage, en y employant les eaux trou-
bles de la Cornia. — Cette rivière fut canalisée, un
pont fut construit à la rencontre delà voie Émilicnne.
Le marais divisé en deux parties, par une digue des-
tinée à régler le dépôt des alluvions, fut entouré du
côté du levant par une petite digue, destinée à arrê-
ter l’expansion des eaux, en temps de crue. Quant
aux terrains supérieurs, ils se trouvent naturellement
assez élevés pour avoir leur égouttement, sans le
secours du colmatage.

Pour faire écouler à la mer les eaux claires de la


Cornia et pour empêcher l’introduction des eaux sa-
lées, on ferma l’ancienne ouverture dite du Tombolo,
et l’on ouvrit un nouvel émissaire, plus convena-
blement placé, au lieu dit Capezzuolo, où il se
trouve sur un fond solide.

Sur cet émissaire qui doit, après l’exécution du


colmatage, former le débouché de la nouvelle rivière,
on construisit un pont en maçonnerie à trois arches,
muni de portes busquées contre l’introduction des
eaux salées. Cet ouvrage, qui sert en même temps à
la continuation de la route du littoral, se trouvant
très-rapproché de la mer, on a dû, à l’aide d’une

assez grande dépense, le défendre contre l’action des


vagues, par un petit môle, en enrochement.

Dans la plaine de la Cornia, on a commencé par


remettre en bon état tous les petits canaux et fossés
d’écoulement. Mais on n’a pris aucune disposition
pour prévenir l’introduction des eaux de mer dans
le marais, comme on l’avait fait dans tous les cas
précédenis.

Le petit lac de Rimigliano était devenu un des


principaux centres d’irrigation de la contrée parce
que, outre le mélange des eaux douces et salées
dont la funeste influence a été déjà signalée, il s’y
écoulait des eaux thermo-minérales qui accéléraient
la formation des miasmes délétères; et que de plus,
il était tantôt submergé, tantôt à sec. On pensa qu’il
pouvait être assaini par simple dessèchement. C’est
pourquoi on canalisa dans ce but la fossa Calda qui
fut retirée de ce lac, et à laquelle on ouvrit un émis-
saire spécial désigné sous le nom d’allaciante, et
destiné à recevoir tous les écoulements de cette par-
tie de la plaine. Mais on s’aperçut plus tard, que
pour le succès de cette opération la pente sur la-
quelle on avait compté, était insuffisante. Ce fut là
un des points de l’entreprise générale sur lesquels
les prévisions ne furent pas réalisées. Cela a été
constaté dans une des visites de la commission spé-
ciale, faite dans le mois de juin 1859.

Pour l’amélioration de la partie inférieure de ia


vallée de la Pecora, on suivit les mêmes procédés
qui avaient été précédemment observés pour celle de

l’Ombrone, c’est-à-dire : d’abord séparation aussi


complète que possible des eaux douces et salées par
la fermeture des émissaires, au moyen de ponts
éclusés munis de portes mobiles, redressement et
régularisation de tous les lits des affluents, pour
empêcher les débordements accidentels et la stagna-
tion des eaux ; ouverture de nouveaux émissaires, là
où ils pouvaient être établis avec une pente suffi-
sante ; et enfin introduction des eaux troubles des-
tinées au colmatage des bas-fonds, quelle que fût
leur profondeur.

Tous les canaux d’écoulement existant entre Fol-


lonica, la Pecora, la mer et le marais, furent appro-
fondis puis réunis en un seul lit, dans le canal
Ronna qui a son libre écoulement à la mer.

Cette opération a parfaitement réussi.

De 1829 à 1841, après quelques discussions enga-
gées dans le sein de la commission spéciale sur le
meilleur modeà suivre pour accélérer des travauxd’as-
sainissement restant à exécuter et toujours après l’exa-
men personnel de S. A. le grand-duc, qui voulait tout
voir par lui-même, les propositions de M. Manetti
furent définitivement adoptées. C’est-à-dire que,
dans toutes les vallées conservant des parties maré-
cageuses, on redressa ou approfondit, la plupart
des canaux, dont les débouchés étaient reconnus
insuffisants, et que l’on en ouvrit de nouveaux là où
cela fut nécessaire. —Ces travaux, exécutés de 1841
à 1846, amenèrent déjàune amélioration très-notable.
Mais cependant le but désiré n’était pas encore com-

plétement atteint. Car dans la plaine de Scarlino,


notamment dans les parties basses voisines de la
Pecora, l’influence du mauvais air se faisait encore
sentir pendant l’été; et cela particulièrement au
préjudice des habitants de Follonica, qui, de tout
temps, a été regardé comme l’un des points les plus
insalubres des maremmes.

C’est alors que s’élevèrent dans le sein de la com-


mission de nouvelles discussions, sur les procédés à
adopter. On se prévalut des faibles résultats produits
par les colmatages opérés avec les eaux de la Pecora,
et l’on pensa qu’il y avait lieu d’examiner, concur-
rement, d’autres systèmes. Des ingénieurs qui avaient
visité récemment les Polders de la Hollande prétendi-
rent que l’on devrait essayer de l’emploi des ma-
chines élévatoires, au moins pour accélérer l’œuvre
du dessèchement. Mais lorsque l’on eut à tenir
compte de la grande diversité des situations climaté-
riques des deux pays, il fut reconnu que ce moyen
serait peu praticable et, dans tous les cas, ne procu-
rerait pas les résultats désirés ; dont le principal était
bien plutôt l’assainissement delà contrée qu’une con-
quête agricole.

Ce mode écarté, on examina successivement les


quatre autres qui pouvaient être admis pour com-
pléter l’assainissement de la plaine de Scarlino, sa-
voir : 1° la continuation des colmatages naturels,
avec les eaux de la Pecora; 2° le colmatage artificiel,
parles eaux troubles, élevées à l’aide des machines;
3° l’avivement, ou la submersion, avec des eauxdouces; 4° enfin, la submersion par les eaux de
mer.

Ces divers systèmes furent longuement discutés,


en 1845; leurs promoteurs produisirent à l’appui de
leur opinion tous les arguments qui pouvaient la
justifier. — Mais finalement, il fut reconnu que le
colmatage ou emploi des alluvions artificielles obte-
nues par simple écoulement était la méthode à la fois
la plus simpleet la plus assurée, pour détruire la cause
des miasmes paludéens, en même temps qu’elle pro-
curait un sol excellent pour Inculture; que si l’on
avait à se plaindre de la trop faible abondance des dé-
pôts produits par la Cornia, il convenait de circon-
scrire l’opération en agissant séparément sur les divers
bas-fonds qui formaient encore des centres d’infec-
tion. — Quant aux deux systèmes d’avivement, pour
le cas où ils devraient être employés, la commission
se prononçait unanimement en faveur du dernier,
c’est-à-dire de la submersion, par des eaux marines de
la plus grande partie possible du marais. — Enfin,
indépendamment de ces considérations, la commission
invitait les ingénieurs à procéder immédiatement à
l’expulsion de toutes les eaux minérales, qui jus-
qu’alors arrivaient dans ce marais, attendu que leur
influence y était particulièrement nuisible. Et fina-
lement elle recommandait l’emploi utile des planta-
tions, tant comme abri, du côté des vents du sud, que
comme moyen de concourir à l’assainissemeùt de
l’air.

Nous n’entrerons pas dans plus de détails sur les

travaux effectués, dans cette première période,
pour l’assainissement des maremmes. Nous rappelle-
rons seulement qu’à part les opérations exécutées,
dans un but purement sanitaire comme celles rela-
tives à la séparation des eaux, dont nous avons déjà
parlé, à plusieurs reprises, tous les travaux d’art pro-
prement dits, tels que l’ouverture des canaux et les
constructions y relatives, ont été exécutés sur les plans
de M. l’ingénieur Manetti, sous le contrôle de la
commission spéciale. — Cet ingénieur avait com-
mencé par se rendre un compte exact du volume des
terres d’alluvion à employer pour obtenir l’exhaus-
sement nécessaire sur l’ensemble du périmètre ; et
cela eu égard à la profondeur des lacs et étangs qu’il
s’agissait de combler. — Les détails donnés ci-après
prouvent que ses prévisions ont été justifiées.

Superficie totale. — Cube général terrisscment. — Les portions du périmètre maré-
cageux réclamant la bonification ont été subdivisées
de la manière suivante :

1°Marais de Castiglione, étendue approxi-
mative 6.094‘,22‘


2° Plaine degli acquuisti sur les rives de ce
marais 254 ,30


3° Petit marais à droite et à gauche du canal
Martello et autres terrains bas de la plaine... 4.420 ,00

4° Zone littorale 2.380 ,00

Superficie totale 12.148,52‘

Le cube des terres à déposer a été calculé, d’une


maniéré exacte, ainsi qu’il suit :

Dans la première subdivision, on a calculé qu’il


fallait, pour le colmatage, une hauteur totale de
2',32 répartie ainsi :


Laquelle étant appliquée sur la superficie



correspondante, donne un cube de 119.864.000“'

La deuxième subdivision réclamait un ex-
haussement total de 0”,87, correspondant a
un cube de terre de 2.235.000


Total 121.099.000»'

Ces évaluations préalables se sont trouvées entiè-


rement justifiées lors de l’exécution des travaux.

Dans une vérification faite, en avril 1837, leshau


teurs du colmatage, rapportées à des repères établi
avec soin, dès le commencement des opérations
en 1828, on a constaté les résultats suivants :

DÉTAILS DES POINTS VÉRIFIÉS.

HAUTEURS

des terres déposées.



Partie moyenne du petit marais

0“,245

Sur le domaine Pierini

0 ,951

Près le village de Querciolo

1 ,243

Bas-fond, au-dessous de Querciolo

1 ,250

A gauche du débouché du deuxième canal
de dérivation de l’Ombrone

1 ,255

Près la borne n° 17

2 ,406

Au débouché du nouveau canal de Barba-
nella

1 ,162

2 ,410


Près de la maison Marruchetto

Le long de la digue du Chiocciolajo

0 ,250

A droite du premier canal

2 ,480

Le long du déversoir de Scandona

0 ,490

Dans le petit lac de Barbanella

2 ,208

A gauche du débouché du premier canal..

2 ,200

Bas-fond de la Rugginosa

2 ,190

Premier contour du canal Francesco

2 ,920

Bas-fond, en avant de Poggio-Forte

1 ,325

Le long du canal Francesco

2 ,302

On voit par ce résumé des hauteurs de l’atterris-
sement, relevées dès 1837, que l’entreprise dont il
s’agit avait pour caractère distinctif les profondeurs
considérables des bas-fonds à colmater. — On con-
çoit alors combien étaient grandes les difficultés
d’exécution, quand on considère que la vaste super-
ficie du périmètre de Grosseto ne présentait que des
pentes presque nulles.

CHAPITRE X.

SUITE DU DESSÈCHEMENT DES MAREMMES DE TOSCANE.

I. — Résultats obtenus par les travaux


exécutés d.e 1828 à 1838.

Ouvrages accessoires. — Les grands travaux
hydrauliques dont il vient d’être parlé daus le cha-
pitre précédent, bien que n’ayant pu être exécutés
d’une manière complète, eurent cependant pour
effet immédiat le dessèchement des parties basses
et marécageuses des maremmes et l’assainissement
d’une grande partie du territoire. On entreprit,
presque aussitôt après, divers ouvrages accessoires,
pour faciliter la mise en culture. En voici l’indica-
tion sommaire :

Routes. — Le premier besoin qui se fait sentir,
en pareil cas, est celui des voies de communication ;
aussi est-ce à celui-là que l’on s’empressa de pour-
voir en comprenant ces ouvrages de viabilité dans le
budget général de l’entreprise.

On exécuta d’abord, de 1828 à 1834, une grande


route traversant dans toute la longueur les maremmes
de Grosseto; ensuite on pourvut à l’ouverture ou à la
restauration des autres voies secondaires.

Des subventions furent accordées aux com-

munes, communautés, et propriétaires, qui étaient à
même de concourir directement à la construction
des chemins ruraux.

Indépendamment de la création et de la restaura-


tion des routes et chemins, il y eut aussi d’autres
améliorations diverses qui sont indiquées succincte-
ment ci-après :

Fontaines. — Les fontaines publiques qui man-
quaient complètement dans ce territoire ont été, de
la part du gouvernement, l’objet d’une sollicitude
particulière. Quelques restes d’anciens aqueducs qui
avaient fourni autrefois des eaux potables, furent
soigneusement restaurés, toutes les eaux courantes
de bonne qualité pouvant être utilement dérivées,
le furent dans l’intérêt des nouveaux centres de po-
pulation, et même des simples villages.

Là où l’on ne pouvait employer ce moyen, on eut


recours à de vastes citernes telles que celles qui ser-
vent encore à la ville de Massa.

Puits artésiens. — Parmi ces travaux accessoires
du dessèchement, on doit une mention particulière
au puits foré d’Orbetello, qui bien que n’ayant pas
donné des résultats aussi beaux que l’on pouvait l’es-
pérer, n’en est pas moins un travail remarquable, au
moins par les difficultés que l’on a eues à surmonter
pour son exécution.

Un autre puits artésien, qui donne aussi de bons


résultats a été foré à proximité de la ville de Grosseto,
sans compter celui qui a été établi près des bâtiments
de la direction des travaux.

Enfin, trois autres puits semblables l’ont été dans


l’intérêt de bourgs ou villages, dépendant du même
territoire.

Constructions privées. — Elles ont été la consé-
quence nécessaire de l’amélioration du sol. A mesure
que l’on pouvait compter sur l’assainissement défi-
nitif d’une partie déterminée de ce territoire si fertile,
surtout à proximité des lieux déjà habités ou des
voies de communication, de nouvelles familles venaient
s’y fixer et y bâtir.

Sous ce rapport le changement fut surtout sensible


dans la partie inférieure de la maremme, que l’on
parcourt, en partant de la plaine de Pise, où, jus-
qu’enl828, régnaientla solitude et la désolation, tan-
dis que les cinq années qui suivirent cette dernière
date virent s’élever un grand nombre de jolies con-
structions, dont la présence donne un aspect tout
nouveau à la campagne située au delà de la Cecina.

Les nombreuses petites habitations de colons, éle-


vées vers la même époque, et s’ajoutant à celles qui
existaient déjà, témoignaient aussi d’un progrès sou-
tenu dans la culture des terres ; car aucune ne restait
jamais sans habitants. Il était d’ailleurs dans les in-
tentions du gouvernement de favoriserle plus possible
les locations ou amodiations pouvant hâter la mise
en valeur des terrains nouvellement améliorés.

C’est ce qui contribua le plus à hâter la création


de constructions nouvelles et la restauration des
anciennes, qui avaient été en grande partie aban-
données.

C’est surtout dans les environs de Follouica que


ces nouvelles constructions ont été les plus nom-
breuses et qu’elles y ont le plus modifié l’ancien as-
pect de ces campagnes :

Le long de la grande route de S. Guido àGrosseto,


il y a eu de 1828 à 1836 123 maisons nouvelles et
104 agrandies ou restaurées. Cet heureux progrès
àchèverait aujourd’hui de se réaliser si la salubrité
obtenue par les premiers travaux avait continué de
se maintenir.

Nous examinons dans le paragraphe suivant : les


principales causes du retard qu’a éprouvé l’entre-
prise; la situation actuelle des travaux; enfin les
motifs qui permettent d’espérer un prompt et heu-
reux succès.

II. — Situation, actuelle.

Les détails fournis dans les paragraphes précé-
dents nous ont paru suffisants pour donner une idée
du double système de travaux adoptés ; savoir :
1° des portes busquées à tous les débouchés des cou-
rants sortant du périmètre marécageux, pour éviter
le mélange des eaux douces et salées; 2° des déri-
vations ayant pour objet le colmatage et l’exhaus-
sement de toutes les superficies ne pouvant avoir
leur écoulement à la mer.

Mais ces mêmes détails montrent en outre que,


pour la réalisation de ce programme, il n’y a pas eu,
à beaucoup près, unité de vues sur les moyens à

employer. S. A. L le grand-duc Léopold II, qui n’a


cessé de porter à cette entreprise un intérêt parti-
culier, y intervenait personnellement. La direction
technique était confiée à M. A. Manetti, ingénieur
distingué sorti de l’École des ponts et chaussées de
Paris ; mais la direction sanitaire appartenait à
M. le professeur G. Giorgini, qui, outre sa valeur
scientifique, avait le mérite incontestable d’avoir le
premier appelé l’attention publique sur l’étude de
cette grande question; en signalant les résultats
obtenus, dans une contrée voisine.

Enfin l’illustre ingénieur V. Fossombroni, devenu


homme d’État, avait dans ces matières une trop
grande autorité pour ne pas exercer, ainsi que cela à
eu lieu effectivement, une très-grande influence sur
les résolutions soit de la commission spéciale, soit
du souverain.

Ces diverses autorités, procédant, le plus souvent


d’une manière indépendante les unes des autres, on
comprend sans peine qu’il est résulté de cette ab-
sence d’une direction unique, beaucoup de tirail-
lements, de fausses manœuvres, mais surtout de
retards et de dépenses considérables, qui eussent
été évitées, si l’on avait opéré comme il convenait,
c’est-à-dire à la suite d’une étude préalable bien ar-
rêtée dans laquelle après une discussion approfondie
des divers systèmes, on n’aurait eu qu’à exécuter
celui qui aurait prévalu.

Au lieu de cela, on doit reconnaître que l’on a


opéré, à peu près, en l’absence de toute direction ;

chacune des quatre autorités susdites faisant succes-


sivement prévaloir ses idées.

Ainsi l’on n’a pu se mettre d’accord ni sur le vo-


lume d’eau à dériver de l’Ombrone, ni sur la direc-
tion, ni sur les pentes du premier canal de déri-
vation, qui devait opérer le colmatage du vaste marais
de Castiglione. Malgré ses hautes capacités et l’expé-
rience acquise dans la bonification du Val de Chiana,
le comte Fossombroni conseillait, ce qui ne peut
s’expliquer, l’adoption de pentes insuffisantes, infé-
rieures à 0m,45 par kilomètre. M. Manetti ne pou-
vant suivre un tel avis prit sur lui de donner à ce
canal des pentes plus que doubles qui n’étaient que
suffisantes. Mais gêné dans sa liberté d’action, il fit
aboutir ledit canal au milieu du marais; tandis
qu’il est de règle élémentaire en pareil cas de le pro-
longer jusqu’à l’extrémité la plus éloignée des
périmètres à colmater.

Il est résulté de là, que la masse énorme des al-


luvions, déposées en surabondance dans cette partie
centrale, après le comblement des bas-fonds, d’ail-
leurs très-considérables, ont formé un obstacle à la
transmission des eaux vers l’aval et que l’on a subi
au bout de quelques années un double et grave in-
convénient consistant : 1° dans la conservation et
même l’extension des surfaces marécageuses; 2° dans
l’obstruction de toute la partie inférieure dudit
canal.

D’un autre côté, la nécessité des nombreux ou-


vrages éclusés à établir pour tous les débouchés à la

mer, afin d’empêcher le mélange des eaux, et pré-


sentés par le professeur Giorgini comme l’œuvre
fondamentale de la bonification, n’étaient point regar-
dés comme indispensables par les ingénieurs char-
gés de la direction technique. Ces ouvrages étaient
tantôt abandonnés, tantôt reconstruits à grands frais,
et chaque fois il résultait de là de nouveaux retards
et de nouvelles dépenses.

On conçoit donc, sans peine, que dans de telles


conditions, une entreprise, par elle-même aussi dif-
ficile, n’ait pu s’accomplir qu’avec peine et à des frais
beaucoup plus considérables que si l’on eût opé-
ré dans de meilleures conditions. — Et c’est ce que
l’on ne manquerait pas de faire si, avec l’expérience
acquise, une opération analogue était à entrepren-
dre aujourd’hui.

Aussitôt après la guerre d’Italie le nouveau gou-


vernement, mis en possession du grand-duché du
Toscane, eut à reprendre la suite de cette impor-
tante opération, dans l’état où elle se trouvait. 11
nomma d’abord une commission, chargée de visiter
les lieux, et de proposer dans son rapport les me-
sures qui paraîtraient les plus propres à assurer son
achèvement, dans le plus bref délai possible. —
Voici un résumé sommaire du rapport de cette com-
mission.

Rapport de la commission spéciale. — A la

suite de la visite des lieux faite, à la fin de 1863,

par la commission, pour reconnaître la situation
exacte du dessèchement, les faits suivants ont été
constatés :

Malgré les difficultés exceptionnelles et les com-


plications dont il vient d’être parlé, le grand marais
de Castiglione était, sur plus des deux tiers de sa
superficie, complètement colmaté et assaini ; et
donnait de très-belles récoltes. Sur le dernier tiers
l’exhaussement n’étant pas suffisant, aucune culture
ne pouvait être effectuée; la salubrité de l’air laissait
toujours beaucoup à désirer.

Dans cette même circonscription l’étang de la


Meloria était colmaté, mais il restait une partie ma-
récageuse entre Raspolino et Barbaruta, en un point
qui n’est élevé que de l"’,50 au-dessus de la mer ; de
sorte que le terrain marécageux subsistait encore, le
long du cordon littoral et le long de l’émissaire de
San-Léopold jusqu’à Castiglione, sur une étendue
d’environ 5 hectares, qui avaient besoin d’être
encore exhaussés par le colmatage.

Dans le district de Piombino, les quatre petits ma-


rais n’étaient que partiellement améliorés, de la ma-
nière suivante : celui de la Sdriscia, situé à droite
de la rivière de Cornia, était à peu près complète-
ment colmaté, et pourrait être, dès à présent, remis
aux propriétaires, s’il ne fallait attendre le colmatage
de l’étang inférieur, à travers lequel doivent passer
les canaux d’écoulement. — Le même marais, à
gauche de la rivière, se trouvait, sur la moitié de
son étendue, parfaitement colmaté, et le serait, entotalité, sans des questions litigieuses soulevées par
le propriétaire.

L’étang de Piombino était colmaté et mis en cul-


ture, sur le tiers de son étendue; le surplus était en
voie de bonification, à l’aide des dépôts de la Cornia.
Le petit marais de Torre-Mozza était resté très-insa-
lubre , parce que les eaux de la mer continuaient à y
entrer librement.

Dans le district de Scarlino, entouré par une di-


gue de ceinture, qui le préserve des débordements
de la Pecora, le terrain déjà assaini, par simple des-
sèchement, était en voie d’amélioration parle colma-
tage, à l’aide des eaux de cette rivière ; et l’opération
se trouvait accélérée par suite de ce que les eaux
étaient enrichies du limon fourni par des ter-
rains mis en culture.

Les marais des plaines de l’Alma, de Gualdo et de


Rocca, situés sur le littoral, entre Scarbino et Casti-
glione, étaient retombés dans leur ancienne et mal-
heureuse situation ; aucun travail n’y avait encore
été fait.

Le marais dell’ Alberese se colmatait rapidement;


et l’on pouvait dire que l’opération touchait à son
terme.

Aucun autre travail n’avait été fait pour la boni-


fication du vaste territoire d'Orbetello ; hormis l’ou-
vrage éclusé, construit sur l’émissaire du lac de
Talamone, centre redoutable d’infection, qui étend
ses effets pernicieux sur toute la plaine de Grosseto ;

parce que les vents du sud y portent, directement,


ses mauvaises exhalaisons.

Aux abords de l’étang de Talamon les portes bus-


quées primitivement construites, à l’effet d’empê-
cher l’introduction de l’eau de mer dans le marais,
n’ayant pas été entretenues, ne produisaient plus leur
effet, dès le milieu de l’année 1859.

En général, il a été constaté que les ouvrages de


cette espèce étaient en mauvais état et ne remplis-
saient qu’incomplétement leur destination ; de telle
sorte que la mer pouvait pénétrer librement sur une
grande étendue du marais, notamment aux abords
de Castiglione.

Il n’est pas question dans ce rapport du grave


dommage qui est résulté de l’obstruction complète
du premier canal principal, dérivé del’Ombrone; ce
qui mit dans la nécessité d’en ouvrir un deuxième,
placé dans de meilleures conditions. Mais cette mo-
dification était alors effectuée, depuis une époque
assez ancienne, et le second canal a fonctionné con-
venablement.

Ces détériorations ne s’expliquent que trop bien


par les longues interruptions, dans l’entretien des
ouvrages, occasionnées, à plusieurs reprises, soit
par manque de fonds, soit par les événements poli-
tiques, soit enfin par d’autres causes, indiquées pré-
cédemment.

Aussitôt après la cessation de la dernière guerre,


le gouvernement italien se fit un devoir d’ordonner
la reprise immédiate de ces importants travaux ; dans

le but de pourvoir d’abord à leur restauration, puis


à la continuation de ceux qui restaient à faire, à
partir de 1864.

Mais tout gouvernement nouveau, obligé de réor-


ganiser l’ensemble des services publics, l’armée,
l’administration, les finances etc., rencontre ordi-
nairement bien des difficultés ; et l’on sait qu’elles ne
manquent pas en Italie. — C’est à cette cause seu-
lement qu’on doit attribuer le retard qui aura lieu,
pendant quelques années encore, dans le rétablis-
sement complet et définitif de la bonification des
maremmes.

Nous terminerons ce paragraphe par une indica-


tion succincte des principaux ouvrages d’art, qui sont
une partie importante de cette grande entreprise.

Principaux ouvrages d’art. —Ils se composent
particulièrement des suivants :

1° Travaux de tunage, en pieux et fascines entre-


lacées ; employés tant pour la défense des rives des
canaux que pour former des radiers.

2° Ouvrages du même genre, formés de gabions,


paniers
et saucissons, remplis de terre franche, ou de
graviers, dans le système des travaux du Rhin, et
employés soit à combler des bas-fonds isolés, soit à
barrer certains bras de rivière, soit enfin à former des
défenses spéciales à l’embouchure (ou origine) des
canaux de dérivation.

Ponts, tant en maçonnerie qu’en charpente,


établis sur les canaux de divers ordres.

Prises d'eau partiteurs, et autres ouvrages ana-


logues en tête des canaux de dérivation.

Ponts-canaux et ponts-aqueducs en maçon-


nerie, dont un d’une seule arche de 33 mètres d’ou-
verture, établi sur la rivière de la Pecora.

6° Quatre grands ponts écluses, en maçonnerie,


de 8 à 10 mètres d’ouverture avec portes busquées;
dans le but d’obtenir la séparation des eaux douces
et salées, aux débouchés des principaux canaux
émissaires du dessèchement.

Des spécimens, ou parties, de ces divers ouvrages


sont représentés dans le PI. III de l’Atlas, joint au
présent ouvrage.

III.— Dépenses générales.

Pour les travaux ci-dessus décrits, exécutés de
1828 à 1839, mais comprenant une quantité consi-
dérable d’ouvrages accessoires, autres que ceux de la
bonification proprement dite, les dépenses peuvent
se résumer ainsi qu’il suit, pour les trois sections :

Plaine de Piombino.

1° Curage, redressement et endiguement de la Cornia et
autres torrents avec ouverture de fossés latéraux d’assainisse-
ment;


2° Travaux relatifs au colmatage, y compris les ouvrages
d’art, ponts éclusés, etc. ;


3° Dessèchement du lac de Rimigliano et de son émissaire,
y compris les ouvragés accessoires.


Ensemble 527.281',72

Plaine de Scarlino.

1° Creusement et endiguement de la Pecora et de deux au-
tres cours d’eau, suppression du torrent
Plutone;

2° Ouverture de canaux émissaires;

3° Constructions de ponts écluses, ponts-canaux et autres
ouvrages d’art;


4° Travaux divers relatifs au colmatage des marais ;

5° Entretien et grosses réparations des ouvrages établis sur

les torrents nouvellement réglés.

Ensemble 423.593',56

Plaine de Grosseto.

1° Régularisation et entretien des lits de la Savana, de la
Fossa et de la Bruna;

2° Travaux neufs sur le cours de VOmbrone;

3° Régularisation du cours de plusieurs autres torrents et

canaux ;

4° Creusement du premier et du second canal distributeurs,
y compris l’établissement de ponts, de siphons et autres ou-
vrages d’art ;


5° Travaux d’entretien des canaux distributeurs, y compris
plantations, revêtements, etc. ;


6° Dessèchement du grand marais de Castiglione, compre-
nant : la construction de digues d’enceinte, l’ouverture de deux
émissaires, etc. ;


7° Dessèchement du marais d’Albero et, du lac Bernardo, etc.

Les dépenses pour cette section se sont éle-
vées à 2.869.224',86


Ce oui porte celles des trois sections réunies
au chiffre de
3.820.075',14

A cette première catégorie de dépenses relatives aux


ouvrages exécutés dans le périmètre même du dessè-
chement, il faut ajouter celle des dépenses accessoires
qui ont été relativement très-élevées.

Elles comprennent, principalements : les travaux


de construction ou redressement de routes de divers
ordres; ceux d’uri puits artésien et l’établissement
de plusieurs fontaines publiques ; ceux de reconstruc-
tion ou modification de pulsieurs moulins et usines;
enfin des travaux préparatoires de dessèchement et
de mise en culture des terrains desséchés.

Le chiffre de ces dépenses s’est élevé à 1.678.736',64

Mais des travaux accessoires, d’une autre nature
ont été encore admis, dans le budget général de l’en-
treprise. Tels sont notamment :

1° La construction et l’entretien des logements, magasins
baraquements pour ouvriers civils ou militaires, frais de trans-
port, d’hospice, etc., qui ont coûté 542.018',42


2° Les indemnités pour occupation de terrains,
dommages temporaires, contrats et primes d’en-
couragement, pour nouvelles constructions, etc.,
qui ont coûté 450.339',88


3° Les dépenses d’administration proprement
dite, se composant, principalement: des frais de
surveillance et de déplacement des ingénieurs et
agents secondaires; des frais de correspondance,
transports de fonds ; remises aux comptables ;
frais de régies; gratifications, mobilier, et dé-
penses de la commission spéciale ; des frais rela-
tifs à l’établissement des premières circonscrip-
tions pour la taxe d’entretien des canaux, etc.


Enfin des dépenses, non classées, comprenant
des acquisitions de terrains, des primes et les
frais des fêtes d’inauguration ; articles s’élevantà 515.488',10


Ces nouvelles dépenses accessoires se sont
donc élevées ensemble à 1.507.846',40

Les dépenses effectuées de 1828 à 1.839, sous le


gouvernement grand-ducal, se résument donc ainsi :

Dépenses principales pour canaux, ouvrages
d’art, etc 3.820.075',14


Dépenses accessoires de la première catégorie. 1.678.736',64
— — de la seconde catégorie. 1.507.846',40


Ensemble, au 31 décembre 1839 7.006.658*,18

Mais, dans les vingt-six années qui vont de 1840


à 1866, il a été nécessaire de procéder à de nouvelles
dépenses, tant de grosses réparations que d’entretien,
frais d’administration, etc.

Ces dépenses, supportées pendant dix-huit ans par


le gouvernement toscan et pendant les huit dernières
par le gouvernement italien, se sont élevées en
moyenne, par année, à environ 265.500 fr., et pour
les vingt-six années au chiffre de. . 6.903.693',52

En ajoutant ce chiffre au précé-


dent, on trouve un total de. . . . 13.910.351',70

représentant les dépenses principales et acces-


soires de l’entreprise générale jusqu’au 31 décem-
bre 1866.

Celles de la nouvelle série ont consisté principa-


lement dans les suivantes :

Construction de ponts sur la Sovata, la Cornia et


la Bruna ; — restaurations aux travaux du canal de
l’Ombrone; — ouverture de trois nouvelles routes
et restauration de la voie Émilienne ; — subventions
pour l’ouverture des routes communales et pour les

constructions privées;— fontaines publiques, abreu-


voirs et distributions d’eau potables.

Construction et entretien de logements d’ouvriers,


maisons de garde, magasins, etc.; — expertises et
indemnités ; — surveillance des travaux ; — service
militaire et culte; — transport des malades ; — com-
mission sanitaire, etc.

Acquisitions d’immeubles ; — cultures et planta-


tions; — expertises; — indemnités pour occupa-
tion temporaire de terrains; —travaux de cultures,
fossés d’assainissement sur les terrains privés.

Dépenses des employés; — id. des bureaux et


autres locaux occupés par l’administration ;—entre-
tien du mobilier ; — frais de chauffage et éclairage ;
— id. d’impression et de correspondance; — re-
gistres et frais d’actes judiciaires, etc.

Ces dépenses, réunies aux précédentes et groupées


en chapitres spéciaux, donnent la récapitulation gé-
nérale détaillée dans le tableau ci-après :

DÉSIGNATION DES TRAVAUX.

DÉP. PA R ARTICLES.

DÉPENSE TOTALE.

Première catégorie.— Travaux hydrauliques.
District de Grosseto


5 814.633',70




/>/, de Scarlino

704.555 ,80
1.169.234 ,90


7.688.424',40

Id. de Piombino

Seconde catégorie.— Travaux accessoires.
Travaux de routes, ponts et autres ouvrages
d’utilité publique exécutés dans les trois


circonscriptions

Dépenses accessoires relatives aux travaux

2.193.998,50 '

1.546.894 ,30




Direction technique et ordonnancement.—
Rédaction des projets. — Conduite et di-
rection des travaux


Autres dépenses diverses relatives à l’entre-
prise


1.019.723 ,90

1.461,310,60

6.221.927',30

Total général. . . .




13.910.351', 70










IV. — Résumé.

Des détails sommaires qui viennent d’être donnés


sur les travaux de la bonification des maremmes de
Toscane, il semblerait résulter que cette entreprise
a été faite dans de mauvaises conditions; qu’elle a
du moins été très-onérense.

Mais quand on examine attentivement la situation


réelle, on est conduit à une conclusion contraire.
En effet, d’une part, des difficultés multiples et
exceptionnelles, au point de vue de l’art, ne pou-
vaient être surmontées qu’à l’aide d’un long délai et
de dépenses très-considérables. Il s’agissait de dis-
tribuer le volume énorme de plus de 120 millions

de mètres cubes d’alluvions, sur une superficie d’un


niveau inégal ; présentant des étangs et des bas-fonds
de plus de 3 mètres de profondeur; tandis que,
pour d’autres parties du périmètre, il fallait des
dépôts de moins de 26 centimètres. — Ces dépôts
devaient s’effectuer sur une plaine dépourvue de
pente naturelle; et les cours d’eau alimentaires
étaient, sous le rapport de leur richesse en limons,
dans des conditions très-inégales.

Les dissidences d’opinion, en l’absence d’une di-


rection unitaire, pour l’exécution d’une aussi vaste
entreprise, ne pouvaient manquer d’en accroître les
frais et d’en prolonger la durée.

En un mot on se trouvait là en présence de toute


la série des difficultés, techniques, administratives
et contentieuses, qui peuvent se présenter dans une
opération de cette nature.

Eu égard aux tâtonnements, aux fausses manœu-


vres, aux discussions entre les directeurs des tra-
vaux, d’abord abandonnés, puis reconstruits à grands
frais, enfin aux interruptions de force majeure, no-
tamment pendant la guerre d’Italie, on reconnaît
aisément que la même entreprise, si on la recom-
mençait aujourd’hui, avec l’expérience qu’elle a
permis d’acquérir, pourrait être exécutée en moins
de vingt-quatre années, et avec moins de 12 millions
de dépense totale, y compris même les ouvrages
accessoires.

Or dans ces conditions l’opération eût été évidem-


ment avantageuse, sous tous les rapports ; puis-

que, indépendamment de l’intérêt principal consis-


tant à rétablir la salubrité, totalement compromise
sur une superficie de plus de 600 kilomètres carrés,
la production agricole a largement profité de l’en-
treprise; ainsi qu’on le voit par ce simple aperçu:
En retranchant du total des dépenses, détaillées au
paragraphe précédent, la portion correspondante
aux travaux accessoires qui n’étaient pas nécessaires
à la bonification proprement dite, et en tenant
compte, dans une certaine mesure, des augmenta-
tions dues à des circonstances exceptionnelles, on
arrive à un chiffre de 10.200.000 fr.

Cette dépense appliquée à la totalité du péri-


mètre, qui est d’environ 12.000 hectares, donne
pour prix des travaux par hectare, 850 fr.

Or d’après la grande fertilité de ces alluvions sous


un climat privilégié, une plus-value considérable
correspond encore à ce prix. En effet, la valeur
nouvelle du terrain, entièrement assaini, telle
quelle résulte, d’un revenu locatif de
80 fr., en moyenne, est de 2.500 fr.

La valeur, avant les travaux, serait éva-


luée très-haut, à raison de. . . . 150fr.

Les frais établis ci-dessus, sont


de 850

Ce qui donne, ensemble 1.000

D’où résulte une plus-value, nette, de 1.500fr.

Sur la totalité du périmètre, cette plus-value se-


rait, dès lors, de 18 millions de francs.

L’avantage obtenu n’est pas moins grand quand


on raisonne au point de vue de la population.

Il est notoire qu’avant les travaux, la contrée en


question était dépeuplée par les fièvres. — Une fois
assainie et remise en culture, elle égale en fertilité
les meilleurs territoires de l’Italie méridionale;
auxquels correspond une population de cent vingt
habitants par 100 hectares (1); ce qui donne ici
14,400 âmes.

Cette population, qui a existé jadis sur le sol des


maremmes, pourra donc bientôt y reparaître, et y
vivre dans l’aisance ; en exportant de nombreux
produits.

Dès 1840, à la fin des douze années de reprise


très-sérieuse des travaux, à dater de 1828, les vignes,
les mûriers, oliviers et autres arbres à fruits, ainsi
que le maïs, les plantes fourragères, etc., donnaient
déjà des récoltes notables, sur plusieurs domaines
de la couronne, situés dans cette contrée. Enfin, de
nombreux bestiaux étaient entretenus sur ces do-
maines.

Il est donc hors de doute que le succès de cette


belle opération est désormais bien assuré.

Pour cette seule entreprise, le gouvernement


de la Toscane, dont la population n’était que de
1.430.000 âmes, et les revenus publics de moins de
18 millions de francs, a trouvé moyen de consacrer

(1) La Lombardie en compte 176.

à cet objet une dépense de plus de 10 millions de


francs, soit 7 fr. par habitant.

En raisonnant par analogie, cela supposerait


qu’en pareilles circonstances un grand État comme
la France, par exemple, comptant plus de 38 millions
d’habitants, n’hésiterait pas à s’imposer un sacrifice
de 260 millions s’il s’agissait de rétablir, la salu-
brité, la production des subsistances et la population
sur 80 à 100.000 hectares de terrains, insalubres,
improductifs et inhabitables.

Cela donne la mesure de l’importance que, de


tout temps, on a attachée, en Italie, aux opérations
de cette espèce ; par cette raison qu’on en compre-
nait toute la portée.

Nous allons voir, dans les chapitres suivants, que,


dans un autre petit État, au delà des Alpes (l’ex-
royaume de Sardaigne), d’une population d’environ
4 millions d’habitants, on a abordé, avec non moins
de difficultés, non moins de dévouement et non
moins de succès, deux grandes opérations d'endigue-
ment et de colmatage,
entreprises dans le but prin-
cipal de la salubrité et de la conservation d’un
territoire précieux ; mais qui ont eu aussi pour ré-
sultat accessoire une conquête agricole, d’une cer-
taine importance.

Ces travaux, commencés sur deux provinces au-


jourd’hui réunies à la France, étaient très-bien
conçus, et ne réclamaient, en 1861, qu’un com-
plément d’exécution.

En ce qui concerne les Maremmes toscanes, nous

devons faire remarquer, en terminant, qu’une dé-
pense de près de 14 millions de francs a été suppor-
tée, pour la plus grande partie, par le trésor public
d’un pays qui était alors un des plus petits États
européens.

Ce sacrifice, relativement énorme, a été fait par


les contribuables, non-seulement sans réclamations,
mais avec empressement; parce que chacun com-
prenait qu’il s’agissait d’un des plus grands inté-
rêts du pays.

Plus les obstacles et les difficultés se multipliaient,


plus les encouragements publics venaient soutenir le
zèle du souverain et les efforts des hommes éminents
auxquels cette noble tâche avait été confiée. En pré-
sence des résultats obtenus et d’un succès désormais
assuré, la reconnaissance publique a été le prix de
leur persévérance.

Nous croyons donc émettre un avis impartial en


disant : que le dessèchement des Maremmes de Tos-
cane, par voie de colmatage, loin de pouvoir fournir
un argument défavorable à l’exécution de travaux
analogues, dans d’autres contrées, y sera plus profi-
table , par ses utiles enseignements, que si cette
grande entreprise fût restée exempte de toutes
difficultés.

CHAPITRE XI.

TRAVAUX D’ENDIGUEMENT ET DE COLMATAGE EXÉCUTÉS DANS
LES VALLÉES DE L’ARC ET DE L’iSÊRE (SAVOIE).

I. — Situ.at.ion. hydrographique des deux


vallées (I).

L’Isère, dont le cours total a plus de 300 kil. de


longueur entre sa source, au pied du mont Iséran
(Piémont) jusqu’à son confluent au Rhône, reçoit dans
la partie supérieure de son parcours quelques af-
fluents considérables, dont les principaux sont : en
amont de Moufiers, le Dayron et deux autres petits
torrents; en amont d’Albertville, l'Arly elle Doron ;
enfin aux environs de Chamousset, l'Arc dont il va
être parlé. — Tous ces cours d’eau sont torrentiels.
Ils charrient dans leur région supérieure des galets
et cailloux roulés, qui après avoir été remaniés par
les eaux, pendant un long parcours, s’usent et ver-
sent dans le cours de l’Isère, une quantité notable de
matières limoneuses et terreuses, venant s’ajouter à
celles qui, durant les pluies d’orage, y tombent direc-
tement par l’effet de la dégradation des terrains
meubles.

(1) Voir PI. V, une partie du plan général de la vallée de l’Isère,


comprise entre le confluent de l’Arc et l’ancienne frontière.

Là, comme dans la plupart des grandes vallées


des Alpes, la rivière coulait : tantôt encaissée et ra-
pide, tantôt divisée en une multitude de bras, débor-
dant fréquemment, sur toute la largeur de la vallée.
Tour à tour, elle atfouillait et comblait son lit, ou le
quittait pour en ouvrir un autre ; laissant alors une
multitude d’îlots, de graviers et cailloux, qu’entou-
raient des bras secondaires, pas plus stables que le lit
principal.

Les conséquences de cet état de choses étaient des


plus graves. Non-seulement il amenait la ruine de
l’agriculture dans ces vallées jadis fertiles et dont la
richesse égalait celle du Grezivaudan, mais ce qui est
pis encore, la stagnation des eaux, durant l’été, don-
nait lieu chaque année à un développement de
miasmes pestilentiels, qui répandaient le fléau des
fièvres paludéennes sur toutes les communes envi-
ronnantes.

Le gouvernement sarde ne pouvait manquer de se


préoccuper d’une telle situation ; et encore bien que
ses ressources financières fussent très-restreintes, on
doit reconnaître qu’il fit les plus louables efforts
pour arriver à combattre un tel fléau, dont l’intensité
toujours croissante eût fini par amener la dépopula-
tion complète de ces vallées, autrefois riches et flo-
rissantes.

Nous donnons plus loin l’exposé succinct des tra-


vaux faits, par ce gouvernement, pour arriver à la
réalisation d’un but aussi important.

En ce qui concerne le régime particulier des ri-

vières de l’Arc et de l’Isère, on peut remarquer que
ces deux cours d’eau torrentiels ayant leurs sources
dans la région des glaciers, ont habituellement leurs
plus basses eaux dans les mois d’hiver; tandis qu’au
plus fort de l’été, et par le fait même de la fonte
plus considérable des neiges, elles ont un débit
moyen toujours assuré ; mais presque exclusivement
en eaux troubles, par suite de la nature schisteuse
qui prédomine dans les roches de la partie supérieure
et moyenne de leurs vallées.

Le printemps et l’automne sont la saison ordinaire


des grandes crues qui sont très-violentes. C’est prin-
cipalement par la fréquence de ces crues, souvent
torrentielles, dans deux vallées d’alluvion, jadis très-
fertiles, que l’une et l’autre se trouvaient, depuis un
certain nombre d’années, dans un état déplorable au
point de vue de la culture et de la salubrité.

L’Isère, notamment, s’ouvrait, à chaque grande


crue, comme on vient de le dire, des lits différents,
et variables, à travers les masses de graviers prove-
nant de ses propres atterrissements, et la largeur to-
tale de 700 à 800 mètres comprise entre des pentes
abruptes se trouvait dévastée et stérilisée.

Sur une moindre échelle, mais presque sur la


même longueur, la vallée de l’Arc était dans une si-
tuation analogue. Comme les eaux de ces deux rivières
sont très-limoneuses, et que leurs limons sont des
plus fertiles, on a eu naturellement l’idée de com-
biner l’œuvre principale de l’endiguement avec une
opération accessoire de colmatage.

Les dommages publics, occasionnés par les causes


susénoncées, étant devenus intolérables, le gouver-
nement piémontais avait, depuis bien longtemps,
annoncé l’intention d’y porter remède ; secondé par
des ingénieurs très-versés dans la connaissance de
l’hydraulique pratique, il avait la certitude que le
procédé adopté assurerait l’assainissement et la bo-
nification des vallées de l’Arc et de l’Isère.

Mais, pour un aussi petit État, les voies et moyens


d’exécution n’étaient pas faciles à réaliser.

I1 s’agissait, en effet, d’établir au préalable dans


ces vallées, presque entièrement dévastées sur une
longueur de près de 50 kilom., un double endigue-
ment continu qui, pour être dans des conditions de
solidité suffisante, devait exiger une dépense très-
élevée.

Cela fait, la tâche n’était encore qu’à moitié rem-


plie ; car il fallait, avec les efforts réunis du gouver-
nement des provinces et des possesseurs du sol, pour-
voir, au moyen de mesures spéciales, à l’exécution
d’autres travaux ayant pour but le mode particulier
d’aménagement des dérivations d’eau trouble pou-
vant rétablir, par le bienfait des alluvions, un nou-
veau sol arable, sur les grèves et marécages qui, en
dernier lieu, étaient l’état général de ces deux val-
lées.

II. — Historique de l'entreprise.

Dès l’année 1787, Victor-Amédée III, troisième roi
de Sardaigne, avait conçu la pensée d’entreprendre

les travaux nécessaires pour rétablir la salubrité dans


la vallée de l’Isère, et rendre à l’agriculture les vastes
étendues de terrain occupées par les lits variables de
cette rivière torrentielle. Les premiers projets de
cette grande entreprise furent effectivement dressés
à cette époque. — Mais les changements politiques
occasionnés après les premières guerres qui suivirent
la révolution française, les firent nécessairement
ajourner.

Par lettres patentes du 7 janvier 1823, le roi


Charles-Félix ordonna l’endiguement de l'Isère, de-
puis le torrent d’Arly jusqu’à la frontière de France,
et celui de l'Arc, depuis le pont d’Aiton jusqu’au
confluent.

La direction supérieure de l’entreprise était con-


fiée à une commission spéciale, investie des pouvoirs
nécessaires. Le projet général des travaux, rédigé par
les ingénieurs du gouvernement, et montant à la

somme de 6.517.632 fr.

fut approuvé par lettres patentes du 21 août 1827.

Par la même décision la répartition de cette dé-


pense était établie ainsi qu’il suit :

1° Subvention du trésor ... 1.000.000 fr.

2” Produit présumé des terrains à acquérir
par voie d’atterrissement sur les anciens lits. 2.580.000


3" Cotisation à répartir entre les provinces et
les propriétaires intéressés 2.937.652


Total pareil 6.517.652 fr.

On va voir, plus loin, que ces premières prévisions

Les dommages publics, occasionnés par les causes
susénoncées, étant devenus intolérables, le gouver-
nement piémontais avait, depuis bien longtemps,
annoncé l’intention d’y porter remède ; secondé par
des ingénieurs très-versés dans la connaissance de
l’hydraulique pratique, il avait la certitude que le
procédé adopté assurerait l’assainissement et la bo-
nification des vallées de l’Arc et de l’Isère.

Mais, pour un aussi petit État, les voies et moyens


d’exécution n’étaient pas faciles à réaliser.

Il s’agissait, en effet, d’établir au préalable dans


ces vallées, presque entièrement dévastées sur une
longueur de près de 50 kilom., un double endigue-
ment continu qui, pour être dans des conditions de
solidité suffisante, devait exiger une dépense très-
élevée.

Cela fait, la tâche n’était encore qu’à moitié rem-


plie ; car il fallait, avec les efforts réunis du gouver-
nement des provinces et des possesseurs du sol, pour-
voir, au moyen de mesures spéciales, à l’exécution
d’autres travaux ayant pour but le mode particulier
d’aménagement des dérivations d’eau trouble pou-
vant rétablir, par le bienfait des alluvions, un nou-
veau sol arable, sur les grèves et marécages qui, en
dernier lieu, étaient l’état général de ces deux val-
lées.

Il, — Historique de l'entreprise.

Dès l’année 1 787, Victor-Amédée III, troisième roi
de Sardaigne, avait conçu la pensée d’entreprendre

les travaux nécessaires pour rétablir la salubrité dans


la vallée de l’Isère, et rendre à l’agriculture les vastes
étendues de terrain occupées parles lits variables de
cette rivière torrentielle. Les premiers projets de
cette grande entreprise furent effectivement dressés
à cette époque. — Mais les changements politiques
occasionnés après les premières guerres qui suivirent
la révolution française, les firent nécessairement
ajourner.

Par lettres patentes du 7 janvier 1823, le roi


Charles-Félix ordonna l’endiguement de l'Isère, de-
puis le torrent d’Arly jusqu’à la frontière de France,
et celui de l'Arc, depuis le pont d’Aiton jusqu’au
confluent.

La direction supérieure de l’entreprise était con-


fiée à une commission spéciale, investie des pouvoirs
nécessaires. Le projet général des travaux, rédigé par
les ingénieurs du gouvernement, et montant à la

somme de 6.517.652 fr.

fut approuvé par lettres patentes du 21 août 1827.

Par la même décision la répartition de cette dé-


pense était établie ainsi qu’il suit :

1° Subvention du trésor 1.000.000 fr.

2° Produit présumé des terrains à acquérir
par voie d’atterrissement sur les anciens lits. 2.580.000


3° Cotisation à répartir entre les provinces et
les propriétaires intéressés 2.937.652


Total pareil 6.517.652 fr.

On va voir, plus loin, que ces premières prévisions

n’ont pas été maintenues ; — puisque les articles 2
et 3, de la répartition provisoire indiquée ci-dessus,
n’ont pu être intégralement recouvrés. — Mais cela
n’a pas empêché l’entreprise de s’effectuer, nonob-
stant les difficultés de toute nature qu’il a fallu sur-
monter.

À partir de 1829, la commission adjugea successi-


vement diverses parties de cet endiguement, sur un
parcours total de 43k,520m, au prix d’environ 60 fr.
le mètre courant; en 1840, elle donna à forfait à une
société particulière (société Chiron) l’achèvement des
43 Rilom. restants au prix de 55f,50.

Un an après, une décision de la même commis-


sion augmenta, d’un quart, la cotisation des proprié-
taires intéressés ; ce qui portait la moyenne à environ
700 fr. par hectare; les terrains de la première zone
étant taxés à près de 1.400 fr. (somme qui dépassait
leur valeur vénale).

Dans ces conditions, l’entreprise ne donna pas


d’abord de bons résultats. La cotisation des proprié-
taires, évidemment trop élevée, était d’une perception
extrêmement difficile. — Des terrains aliénés pré-
maturément, avant d’être à un niveau suffisamment
élevé au-dessus des eaux, produisirent moins de
300 fr. l’hectare, au lieu de 1.500 fr., prix des pré-
visions. En outre, les travaux de l’endiguement dé-
passaient le montant des premières estimations. En
un mot, les choses ne pouvaient rester dans une telle
situation ; et il fallait nécessairement changer de
svstème.

C'est dans ce but que, par lettres-patentes, du


20 mai 1845, le roi Charles-Albert décida que l’en-
treprise susdite serai t continuée entièrement aux frais
du trésor public.

Les travaux de l’endiguement, repris dans cette


même année, furent achevés dans le délai de huit ans
et une réception provisoire eut lieu le 1er octobre 1854.
Mais par suite d’un exhaussement général, reconnu
indispensable, en sus des dimensions prescrites
lors des premiers contrats d’adjudication, des rema-
niements considérables durent avoir lieu dans les
comptes des entrepreneurs ; les concessionnaires
étaient chargés de l’entretien jusqu’au 1er octobre
1864.

C’est ce qui explique les réclamations nombreuses


qui surgirent, notamment de 1848 à 1854, de la part
des propriétaires intéressés, et aussi de la part des
provinces, qui devaient également supporter une forte

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