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M. le Président - Merci, Monsieur ROULLET.
Monsieur GAMBUTO, vous souhaitez la parole ?

M. GAMBUTO - Monsieur le Président, chers collègues, je souhaite faire deux remarques en ce qui concerne cette nécessité de développement, notamment la possibilité d’échanges de données importantes, pour plus d’égalité entre les entreprises et entre les citoyens.
Il faut savoir que le nombre d’informations échangées pour un artisan est de plus en plus important. Demain, dans nos communes, nous aurons des artisans équipés, par exemple, d’imprimante 3D avec des besoins d’échanges de fichiers énormes. Pour maintenir des entreprises, des petites entreprises et des artisans dans chaque commune, il faut absolument avoir cette démarche de leur donner du haut débit et que nous accompagnions ce déploiement.
Je vais vous raconter brièvement une anecdote, si vous me le permettez, en ce qui concerne les citoyens. En Eure-et-Loir, le développement du haut débit fonctionne très bien. Je suis allé inaugurer une armoire à haut débit. Une dame est venue me voir en me demandant si la coupure allait durer longtemps. Elle durait quelques heures, le temps du branchement. Je pensais qu’elle s’inquiétait, au même titre que d’autres habitants, sur le fait qu’il allait y avoir une coupure de télévision. En réalité, elle m’a expliqué que son véritable problème, alors qu’elle avait plus de 90 ans, était qu’elle n’aurait plus Facebook et qu’elle serait coupée de sa famille, de ses enfants qui étaient partis loin. Pour elle, c’était nécessaire et même vital. D’ailleurs, elle me disait que, grâce au haut débit, elle allait pouvoir recevoir ses petits-enfants, plus à même de venir en vacances chez elles, à partir du moment où ils avaient une possibilité d’accès au haut débit. Ce sont des réalités actuelles.
Le problème n’est pas de savoir si c’est bien : il faut accompagner cette démarche, évidemment, et réfléchir. Comme se posait la question à une époque, au niveau de cette égalité républicaine, fallait-il que le facteur passe partout ? Fallait-il qu’il y ait le téléphone partout ?
À notre époque, le haut débit est nécessaire et indispensable dans le cadre de l’égalité des territoires et des citoyens. Il est indispensable que chacun y ait accès. Il s’agit maintenant de savoir comment.
À chaque Département de nous accompagner et aux autres de faire aussi bien que l’Eure-et-Loir, par exemple !

M. le Président - Merci, Monsieur GAMBUTO.
Quelques précisions et éléments de réponse de Pierre COMMANDEUR.

M. COMMANDEUR - Je ne reviendrai pas sur l’organisation du très haut débit, le Président l’évoquera.
Je souhaite répondre à la question de Madame RENIER concernant l’état d’avancement du déploiement du très haut débit dans le territoire régional : nous avons les éléments au sein du GIP RECIA, donc il est tout à fait possible que Dominique ROULLET organise une présentation assez régulière au sein de la Commission sur ce thème. Nous avons une concentration des données au niveau du GIP RECIA, chacun des syndicats mixtes remontant les informations régulièrement.
Je voudrais revenir sur les propos des élus écologistes. Je ne l’avais pas abordé dans la présentation, mais je partage une sorte d’objectif de « sobriété numérique ». Je reprends le terme parce que les propos sont recyclables aussi !
« Sobriété numérique », recyclage, notion d’énergie, nous avons un concept de « green IT » qui existe mais qui est souvent du « greenwashing ». Dans les enjeux du numérique, aussi bien au niveau matériel qu’énergétique, de nombreux efforts sont nécessaires mais ne sont pas encore beaucoup commencés. Nous serons confrontés à une raréfaction de certaines ressources qui nous obligeront à retravailler la longévité des tablettes, des smartphones et de tous les outils numériques.
Il faut savoir aussi que c’est chaque comportement individuel qui agit dessus : on peut garder un smartphone ou un téléphone pendant quatre, cinq ou six ans. Ce n’est pas impossible, cela fonctionne très bien. C’est mon cas !
Je voudrais revenir sur la communication et les prises de position du groupe FN. Je suis toujours sidéré. Parfois, je me demande si vous lisez les rapports ! Il est écrit « communication » en haut du rapport et non stratégie. Nous faisons l’effort de faire un point de communication sur un travail réalisé pour échanger politiquement sur le sujet et vous nous dites qu’il n’y a pas de stratégie. En effet, nous avons commencé à la construire et nous allons continuer à le faire ensemble.
Je suis également un peu sidéré de voir votre position sur la politique régionale. Vous nous dites que notre seule préoccupation devrait être l’infrastructure. Je pensais vous avoir démontré dans mon propos à quel point les politiques régionales étaient impactées par la numérisation.
En même temps, dans le même propos, comme d’habitude, vous êtes capable de dire tout et son contraire. Vous nous dites qu’il ne faut faire que de l’infrastructure mais après, vous nous parlez des écoles, de PISA, etc. Vous avez donc bien une position aussi en termes des usages.
Vous parlez de censure, mais je vais reprendre exactement ce que je vous ai dit en introduction parce que je l’ai écrit : « Le numérique doit faciliter la liberté d’expression et l’accès à l’information et présenter la plus grande neutralité possible. » Je ne vois pas où, dans le rapport, dans mes propos ou dans ceux des conseillers de la Région, vous avez pu trouver un élément de censure ou d’appropriation ou de contrôle des propos qui seraient tenus sur notre politique.
Vous nous parlez de valeurs. Oui, excusez-nous, nous avons des valeurs. Nous avons reçu un mandat de la part de la population sur un programme, sur une présentation des valeurs et nous souhaitons défendre nos valeurs de lien social aussi sur le numérique.
Nous avons bien compris que vous aviez aussi des valeurs, ce ne sont pas les mêmes et nous ne les partageons pas. Laissez-nous défendre les nôtres, nous avons été élus pour cela.
Dernier point sur lequel je voudrais revenir : le numérique est éminemment libéral avec des avantages et des inconvénients, mais il donne le pouvoir à l’utilisateur et au citoyen. Nous avons bien vu ces dernières années, au Moyen-Orient, que le numérique avait facilité la prise de contrôle par les citoyens. À certains endroits, cela a mal fini mais à d’autres, cela s’est mieux terminé. La liberté apportée par le numérique permet à des opposants en Chine de communiquer.
On ne peut pas vouloir la liberté qu’apporte le numérique et, en même temps, imposer des systèmes aux utilisateurs.
C’est ce que je voulais dire en quelques mots, Monsieur le Président.

M. le Président - Je vous remercie de cet échange.
La question du déploiement a été à nouveau évoquée. Oui, depuis le départ, et ce n’était pas le très haut débit, c’était simplement le débit, la Région a voulu que nous travaillions pour un déploiement organisé, structuré et fédéré à l’échelle de la région. Nous l’avons proposé mais cela n’a pas été retenu par les Départements.
Oui, mille fois oui, nous avons fait en sorte, mais pas simplement la Région car l’État y a pris sa part aussi, que les Départements s’organisent pour le déploiement de la fibre et travaillent ensemble.
Vous savez ce qu’il s’est passé, cela a été rappelé. Des mouvements ont été extrêmement disparates. Il nous a fallu, de manière constante, faciliter le rapprochement des points de vue et des approches départementales. Tout était planté à un moment mais nous y sommes parvenus partiellement, avec SMO, avec 41 et 37, avec 18 et 36. Des zones restent incertaines face à la montée en puissance et la capacité des opérateurs à répondre aux consultations.
Un modèle plus convergent aurait pu être choisi, c’est ce que nous avions proposé. La meilleure preuve de notre engagement en la matière est ce qui a été rappelé par Dominique ROULLET, à savoir 174 millions d’euros. La Région est peut-être la plus petite mais de très loin la plus engagée financièrement pour aider les Départements dans leur responsabilité et pour faire en sorte que nous n’ayons pas trop d’écarts dans la mise à disposition du très haut débit, notamment dans les territoires ruraux.
La Région a vraiment fait en la matière tout ce qu’elle souhaitait porter comme volonté unificatrice. Nous n’y sommes parvenus qu’en partie.
Concernant la stratégie, nous souhaitons que le travail que nous avons réalisé, à savoir l’accompagnement du GIP et le travail dans les territoires, permette non pas d’opposer les uns aux autres mais de les réunir. C’est tout le travail que nous accomplissons sur « French Tech ».
Vous vous souvenez, Orléans/Tours, pas de connexion, nous avons favorisé la connexion avec « French Tech ». Cela fonctionne maintenant mais nous disons aujourd’hui qu’il ne s’agit pas simplement de Tours et Orléans mais de l’essentiel du territoire. Pierre COMMANDEUR était récemment à une réunion à ce sujet, nous sommes en train de connecter l’ensemble des agglomérations et des territoires porteurs de projets ; ils auront beaucoup plus de force ensemble.
S’agissant du numérique, il faut partir des thématiques et des domaines d’application. Il n’y a pas de problème de distance a priori parce que nous sommes dans le numérique et cela se prête très bien à une vraie animation régionale.
J’ai entendu les informations données à l’instant par Olivier FRÉZOT : nous souhaitons véritablement que de plus en plus de collectivités rejoignent ce groupement d’intérêt public dans lequel nous sommes engagés avec l’État, afin que nous ayons à la fois la convergence et la capacité d’agir efficacement.
Voilà les compléments.
C’était une communication intéressante.
Merci à Pierre COMMANDEUR.
Nous avons une seconde communication qui porte sur la politique régionale de santé : point d’étape et perspectives.
J’appelle Anne LECLERCQ, Vice-présidente, à nous rejoindre pour la présenter.


Communication - Politique régionale de santé :
point d’étape et perspectives

(COMMUNICATION N°6)
Mme LECLERCQ - Monsieur le Président, chers collègues, qu’est-ce que cette communication ? C’est un point d’étape sur des engagements forts que nous avions pris dans les mandats précédents au service de la santé de notre territoire : engagements hors des compétences obligatoires des Conseils régionaux, engagements et réalisations dictés par l’urgence ressentie quotidiennement par nos concitoyens, préoccupés de ne plus trouver de médecins généralistes ni de spécialistes près de chez eux, dans des délais raisonnables.
La situation de la région Centre-Val de Loire était préoccupante, nous avons répondu « présent ». Tout n’est pas réglé, bien entendu : je pense à l’Indre qui connaît une situation difficile, mais aussi au Cher, à l’Eure-et-Loir et à bien d’autres petits territoires.
Des élus se mobilisent dans ces territoires ; je pense notamment à Gil AVEROUS à Châteauroux, à Michel DESCOUT dans l’Indre, à Gérard HAMEL à Dreux ou à Jean-Pierre GORGES à Chartres. La Région Centre-Val de Loire est à leurs côtés dans ce qu’ils entreprennent. J’ai d’ailleurs dressé des courriers en ce sens à des présidents de Conseil départemental. La mobilisation doit être totale, au-delà des clivages habituels.
Par ailleurs, nous articulons nos actions avec celles du ministère de la Santé et de l’Agence régionale de santé. La Région est ainsi associée à l’élaboration par l’ARS du Projet Régional de Santé n° 2 (le PRS 2) qui sera adopté en décembre 2017.
L’objet de cette communication est de tracer quelques perspectives d’actions pour l’avenir à partir des enseignements du terrain. Les principaux enjeux sont les suivants :


  • Comment garantir à chacun l’accès à une offre de soins de premier recours ?

Nous pensons que les maisons de santé pluridisciplinaires sont l’un des éléments de réponse, car elles permettent un exercice regroupé de plusieurs disciplines et de plusieurs praticiens. C’est la raison pour laquelle nous nous engageons à en déployer 100 dans le territoire régional d’ici la fin du mandat, sans réponse dogmatique, sans modèle duplicable partout mais à partir des forces vives d’un territoire et autour d’un projet de santé parce que c’est ce qui motive les professionnels.


Il nous faut désormais agir dans l’ensemble du territoire, réfléchir pour attirer et ancrer des spécialistes et encourager les cabinets secondaires ou satellites et toutes les formes innovantes qui s’appuient sur l’engagement des professionnels.


  • Comment décloisonner les différentes professions et les différentes structures pour construire une réponse autour des besoins de chacun ?

Évidemment, les MSP dont je viens de parler sont des lieux exemplaires de coopération mais nous pensons également que cela se joue dès la formation initiale et nous misons sur la formation des professionnels paramédicaux partout dans le territoire. Nous leur apportons une attention particulière et notre ambition est grande en ce domaine. Nous œuvrons pour mutualiser les enseignements et les supports pédagogiques dans nos instituts ; c’était aussi un clin d’œil à la communication précédente parce que les outils numériques sont importants pour la formation de nos professionnels. Nous agissons massivement dans l’enseignement supérieur : c’était aussi le sens de notre soutien actif aux travaux du « Collegium Santé ».


Il faut préparer dès aujourd’hui le mouvement enclenché vers la délégation de tâches pour dégager du temps médecin en faisant évoluer les missions dévolues aux infirmiers ou aux orthoptistes, par exemple, mais nous pensons aussi que cela se joue en articulant les énergies à l’échelle des bassins de vie. Tel est le sens de notre soutien aux contrats locaux de santé.
Ce mouvement s’inscrit dans les importantes réformes engagées par le ministère de la Santé sur la modernisation de l’offre de soins, les groupements hospitaliers de territoire, pour mettre en commun l’offre publique, ou les communautés professionnelles de territoire de santé, pour articuler les acteurs libéraux.


  • Comment mobiliser les nouvelles technologies ?

Nous pensons que le patient ou l’accompagnant d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui de vingt ans en arrière et que les professionnels de santé, surtout les plus jeunes d’entre eux, sont prêts à basculer vers de nouvelles pratiques, pour peu qu’on les accompagne dans ce changement radical.


Pour les professionnels et dans les instituts de formation paramédicaux, nous investissons dans la télémédecine et dans les nouveaux usages. Nous soutenons les infrastructures, de même que les usages.
Un point de vigilance sur ce que cela signifie : j’ai rencontré à Blois la semaine dernière le directeur du GCS (groupement de coopération sanitaire) Télésanté Centre. Il m’a expliqué que 1 euro investi dans l’outil appelle 10 euros dans l’accompagnement des utilisateurs.


  • Comment penser global ?

Le soin, c’est seulement 10 % de la santé ; la santé est bien plus que le soin. C’est tout le sens des contrats locaux de santé que nous accompagnons et de l’engagement des acteurs de terrain. Penser global en matière de santé, c’est penser santé dans l’ensemble de nos politiques régionales. Nos politiques d’aménagement du territoire et de la mobilité interviennent sur l’accès aux soins. C’est penser que l’éducation et la prévention sont des leviers extrêmement puissants, et nous les activons en lien avec nos compétences : les actions santé dans les lycées, les efforts portés sur la restauration, les mesures pour améliorer la qualité de l’air, la qualité de l’eau et la gestion des déchets. Les pics récents de pollution de l’air à Paris le montrent : à long terme, cela déclenche des maladies chroniques dont la prise en charge engorge nos systèmes.


Nos mesures de soutien à l’agro-écologie et à l’agriculture biologique, nos engagements dans les domaines du sport et de la culture participent également à la « bonne santé ». Nous agissons là encore et ces actions devront être amplifiées car nous savons désormais qu’il existe des inégalités environnementales qui se cumulent à des inégalités sociales et territoriales.
Avant de nous engager dans le débat, je voudrais vous dire ce qui me frappe après une première année de plein exercice de cette délégation : c’est la prégnance des questions de santé dans tous les échanges sur le terrain.
Ce qui me frappe aussi, c’est l’enthousiasme des acteurs de terrain. Ils sont mobilisés et personne ne baisse les bras. Nous sommes à un moment clé où d’importants acteurs prennent des enjeux et s’adaptent ; je pense en particulier au doyen de la Faculté de médecine de la région Centre-Val de Loire, le professeur Patrice DIOT, qui a initié le « Collegium Santé » et qui a récemment axé un séminaire sur le thème suivant : « La responsabilité sociale et territoriale de la Faculté de médecine ».
Désormais, des unités d’enseignement pour découvrir les différentes facettes de notre territoire seront intégrées dans le cursus des futurs médecins dès la deuxième année. Ce n’est qu’un exemple.
La prise de conscience est réelle et je crois que nos efforts vont se conjuguer.
Ce qui me frappe enfin, c’est la recherche systématique de l’innovation. La gravité de la situation engage chacun des acteurs et oblige à sortir des lignes et des postures. Ce que nous allons faire à Tours, qui a déjà été engagé à Orléans pour l’ontologie, est unique en France : dès la formation initiale, nous allons réunir l’hôpital, l’université, les collectivités territoriales et le monde libéral. C’est exemplaire.
Les acteurs savent compter sur l’Exécutif régional et sur le Président BONNEAU pour proposer des solutions impossibles ailleurs. La confiance est la clef de tout, j’en suis persuadée, et nous travaillons ici avec tout le monde au service de la population.
Un dernier mot : partout dans le territoire je rencontre des habitants, des professionnels de santé, des médecins, des élus très attachés à notre système de soins et de santé. Les échéances de 2017 seront propices à la surenchère, à la recherche de boucs émissaires et à la facilité.
Nous proposons, pour notre part, d’ouvrir un débat national sur le conventionnement des médecins. Il s’agit bien d’un débat. Il nous faut trouver les leviers nécessaires pour une répartition équilibrée des médecins dans notre territoire. C’est un enjeu de société qui doit se régler sur la place publique et non dans les couloirs ni les cénacles. C’est notre méthode, c’est notre engagement. Il faut bouger pour que la santé reste au cœur de notre pacte social.
L’action régionale présentée dans la communication et le débat d’aujourd’hui le prouve : là où il y a une volonté, il existe un chemin.
Je vous remercie.

M. le Président - Merci, Anne LECLERCQ.
Madame BOISGERAULT, vous avez la parole.

Mme BOISGERAULT - Monsieur le Président, chers collègues, alors que le principe de la pensée est un droit fondamental et doit être accessible à chacun, quels que soient ses moyens, son âge et son territoire de résidence, la fracture sanitaire reste d’actualité dans notre région : les Français ne sont pas égaux devant la santé. Trouver dans certaines communes un médecin traitant ou un spécialiste relève du parcours du combattant.
Cependant, la Région et les collectivités territoriales ne restent pas sans rien faire. Pour autant, les mesures financières et les dispositifs incitatifs financés par l’État ne se sont pas montrés très efficaces. Les actions mises en œuvre par la Région, pourtant si nombreuses, ne changent pas la tendance. Les jeunes médecins, dont les études ont été financées, préfèrent encore rembourser les aides pour se soustraire à l’engagement qu’ils avaient signé. Les hôpitaux de proximité en difficulté financière ferment des lits, voire des services, faute de médecins spécialisés dans notre région où la population est aussi la plus âgée comparativement au niveau national.
Une étude sur les inégalités sociales des territoires de notre région met en évidence un déficit criant de tous les professionnels de santé, induit aussi par la pyramide des âges de nombreuses spécialités, et une accélération de ce déficit pour les années à venir. L’implantation de ces professionnels est inégalement répartie, accentuant ainsi l’inéquation entre les besoins de la population et l’offre sur leur lieu de vie. Certains médecins de ville, aujourd’hui à la retraite, se voient contraints de poursuivre leur activité, afin de ne pas laisser leurs patients à l’abandon.
Les économies imposées à la Sécurité Sociale, près de 10 milliards d’euros en trois ans, contribuent à un désengagement sur les dépenses de santé, notamment auprès des populations les plus fragiles. De plus en plus de médicaments ne sont plus remboursés et les délais sont très longs pour consulter un spécialiste ; les aides pour bénéficier de la CMUC, ainsi que les complémentaires de santé sont compliquées à obtenir et donc peu sollicitées par les Français qui y ont droit, d’autant que les complémentaires de santé remboursent de moins en moins les soins. Le reste à charge devient de plus en plus important et une partie de nos concitoyens renoncent aux soins d’abord pour des raisons financières.
Nous avons ce phénomène marquant dans notre région de la surmortalité par le suicide.
Les mesures d’économies demandées aux hôpitaux, au détriment des malades comme des personnels soignants, aboutissent parfois à un résultat inattendu : c’est ainsi que le nouvel hôpital d’Orléans accuse, en cette fin d’année, un déficit de 13 millions d’euros. C’est le résultat d’une politique qui vise à limiter la durée des séjours.
Autant dire que l’alternative à cette paupérisation de notre système de santé ne se trouve certainement pas dans une nouvelle diminution de la prise en charge par la Sécurité Sociale au profit des mutuelles, défendue par certains candidats aux élections présidentielles.
Les quelques actions mises en œuvre par la Région, que nous venons d’évoquer, auront très peu d’effets en cas de remise en cause du principe fondamental de la Sécurité Sociale, à savoir la solidarité entre Français, au bénéfice exclusif d’intérêts particuliers contre l’intérêt général.
Enfin, le maintien d’une Sécurité Sociale digne de ce nom est possible en engageant la lutte active contre la fraude et l’immigration sanitaire et en privilégiant l’innovation : autant de pistes pour réaliser les économies nécessaires permettant de pérenniser le financement public de la Sécurité Sociale et l’accès aux soins, et même de l’améliorer à l’échelle nationale comme régionale.
Merci.

M. le Président - Merci.
Madame COTILLON-DUPOUX, vous avez la parole.

Mme COTILLON-DUPOUX - Merci, Monsieur le Président.
Chers collègues, c’est avec plaisir que je constate que la Région, passant outre ses compétences propres, décide de poursuivre son effort pour lutter contre la désertification médicale qui pénalise lourdement notre région, plus particulièrement l’Indre et le Cher, ainsi qu’une partie de l’Eure-et-Loir.
Ce point d’étape du plan « Ambitions Santé 2020 », assorti de sa projection vers l’avenir pour l’horizon 2020, amène toutefois quelques commentaires.
Les deux axes prioritaires que sont les maisons de santé pluridisciplinaires et les contrats locaux de santé, fers de lance de l’action régionale en matière de désertification médicale, montrent actuellement leur limite.
L’implantation de maisons de santé pluridisciplinaires, même régulée, n’attire que peu de nouveaux médecins en zones rurales. Ces regroupements professionnels sont indispensables, puisque ce mode d’exercice pluridisciplinaire est plébiscité par les jeunes médecins, mais ne nous berçons pas d’illusions : c’est insuffisant.
Quant aux contrats locaux de santé, pour l’essentiel, ils sont voués à la coordination des réseaux professionnels ou associatifs sous la tutelle de l’ARS. Ils sont le plus souvent méconnus et peu accessibles par leur complexité. J’en ai la modeste expérience puisque nous venons d’en signer la version 2 à Châteauroux, sans pour cela endiguer la baisse inéluctable des médecins en exercice.
Si l’approche transversale de la problématique santé, ainsi que le volet prévention sont intéressants, ils ne sont en aucun cas une réponse à l’urgence extrême de notre situation. En outre, la lourdeur administrative de ces deux dispositifs est décourageante et c’est souvent l’énergie du désespoir qui nous conduit à emprunter les arcanes de leur mise en place.
Non, le plan « Ambitions Santé 2020 », tel qu’il est, ne répondra pas à l’objectif de garantir à chaque habitant de la région un accès aux soins de premier recours.
En ce qui concerne les innovations en matière de formation, menées de front avec le professeur DIOT, doyen de la Faculté de médecine Centre-Val de Loire, ce sont de réelles avancées ; ma collègue en a parlé. Elles mettent en lumière deux éléments :


  • d’une part, la volonté de mettre les étudiants en situation dans nos territoires éloignés de Tours, afin de leur donner l’envie de construire leur projet professionnel dans notre belle région dont les atouts divers, souvent méconnus, ouvrent des conditions d’exercice, ainsi qu’une qualité de vie, exceptionnelles. C’est le but de la venue de chefs de cliniques assistants dans nos départements, qui viendront délivrer l’enseignement aux futurs médecins en fin de cursus, au cœur de nos territoires.




  • d’autre part, la nécessaire transversalité et l’ouverture des professions de santé aux autres formations ne sont plus à démontrer.

La création du « Collegium Santé » dont la dernière réunion, le 30 novembre, à laquelle je participais et qui avait pour thème « Responsabilité sociale et territoriale de la Faculté de médecine, au sein du Collegium Santé de la région Centre-Val de Loire », montre bien la mobilisation de tous.


Cela montre également la volonté d’implication de la Région sur cette problématique mais les effets seront positifs à moyen terme. Or, c’est aujourd’hui qu’il faut agir, car je veux souligner l’extrême épuisement de nos médecins en zones rurales qui, croulant sous les tâches administratives et sous la pression d’une attente démesurée des patients, cessent parfois de façon anticipée leur activité professionnelle pour une retraite bien méritée ou pour des exercices moins contraignants. La nouvelle génération, également rebutée par la gestion de plus en plus administrative du métier, tarde à s’installer et multiplie les bonnes raisons de surseoir avec, entre autres, la pratique du remplacement.
Posons-nous les bonnes questions !
Pour apporter les réponses adaptées, est-ce l’attractivité de notre territoire ou celle de la pratique de la profession qui est mise en cause ?
En prenant en compte la nécessaire évolution des pratiques professionnelles, qui va de pair avec l’évolution numérique de notre monde, je me demande comment nous allons pouvoir, pendant quelques années, pallier le manque de professionnels de santé. Dans nos campagnes, si le manque cruel de médecins est déjà effectif, la télémédecine ne sera pas demain la solution puisque le très haut débit, indispensable préalable, s’arrête en général aux portes du bourg principal, comme l’a laissé d’ailleurs entendre Monsieur ROULLET.
C’est ainsi que nous justifions un peu tardivement le vœu déposé par notre groupe hier, soutenu par le CESER et qui vient moduler et appuyer votre proposition en vous mettant toutefois en garde contre l’effet tout à fait contre-productif d’une volonté de contrainte à l’installation.
Non, Monsieur le Président, s’installer en Centre-Val de Loire ne doit pas être une punition. À nous de développer nos atouts !
Je vous remercie.

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