Kiwi en folie Peu de choses Lorsque s’ébranle soudainement la terre,
Quand commence une folie meurtrière,
Nous sommes alors bien peu de choses,
Face à ce que l’on croyait en osmose.
Night-Angel Dis-leur ! N°13 – Décembre 2004 – Lycée Blaise-Pascal – Brie-Comte-Robert (77) – Académie de Créteil
2 – Réflexion De quel état du monde témoigne la catastrophe du tsunami et sa prise en charge ? Et parfois l’esprit polémique pousse a l’erreur… (Textes figurant dans l’édition papier) Le (no) comment du Tsunami Après une longue conversation avec un professeur de SVT j’ai conclu que tous les élèves un minimum cultivés connaissaient les origines du tsunami. […] C’est pourquoi après avoir entrevu la rumeur d’une autre cause non naturelle du tsunami j’ai entrepris certaines recherches sur internet. C’est tout simplement bouleversant. Regardez le bilan des victimes : 150 000 musulmans tués et presque autant de sans-abri. N’oubliez pas que ce n’est pas en Afrique mais en Indonésie, où vit l’essentiel de la population musulmane. Il se pourrait que cet accident ne soit pas si naturel qu’il en a l’air. Il est démontré qu’une simple bombe atomique stratégiquement placée peut créer un séisme de cette envergure. Autre argument en faveur de cette théorie : l’océan Indien n’est pas le spécialiste des séismes : c’est le pacifique (par ailleurs tsunami vient du japonais et n’a aucune origine indienne), ne l’oublions pas. Qui serait l’instigateur de ce massacre ? Selon Jean-Pierre Petit, il s’agirait du pays de l’oncle Sam : les USA. Que s’est-il passé après les incidents du 11 septembre ? Invasion de l’Irak et près de 150 000 victimes en 2 ans. Qu’en est-il de l’Asie ? 150 000 victimes en 2 heures. Il en reste 150 000 victimes. Sans parler de l’intox médiatique à haut débit qui rabâche sans cesse les mêmes informations visant à faire de l’audimat. Qu’en conclure ? Catastrophe naturelle ou stratégie militaire ?
Alexis
Bouge ton bahut – N°5 – Avril 2005 – Lycée Darius-Milhaud – Kremlin-Bicêtre (94) – Académie de Créteil Nos excuses Vous avez été nombreux à réagir à l’article «le (no) comment du tsunami» paru dans le numéro de janvier. Beaucoup d’entre vous ont été choqués, et ils ont eu raison.
Au départ, l’article devait porter sur les causes du tsunami. L’auteur de l’article a finalement décidé de parler d’une rumeur (le tsunami aurait été provoqué par une bombe nucléaire lancée par les Américains). Il est évident que cette rumeur est fausse et infondée. Après hésitation, nous avons décidé de publier cet article, pour montrer la façon dont on pouvait déformer une information, et la mettre au service de cause extrémiste… Nous avons fait une erreur. L’article n’était pas assez clair, et ne montrait pas qu’il s’agissait d’une désinformation. Nous nous excusons auprès de tous nos lecteurs pour avoir diffusé cette information fausse et dangereuse…
Nous vous rappelons aussi que vous disposez d’un droit de réponse pour réagir à nos articles. (bougetonbahut@hotmail.com).
Morgane et Nico Le journal a reçu de très nombreuses critiques d’élèves et d’enseignants choqués de l’article «no comment» de janvier. Cet article relayait une rumeur mettant en cause les États-Unis dans l’origine du tsunami.
J’aurais dû insister sur le fait que c’était de la propagande anti-américaine basée sur aucune preuve valable, qui circulait sur Internet. En effet, la majorité des sites évoquant cette hypothèse sont des sites islamistes et extrémistes. Il est donc évident que cette rumeur est totalement fausse.
J’adresse ici toutes mes excuses aux personnes qui ont été choquées ou blessées, et réaffirme que je ne soutiens pas du tout cette rumeur infondée !
Alexis Bouge ton bahut N°6 – Avril 2005 – Lycée Darius-Milhaud – Kremlin-Bicêtre (94) – Académie de Créteil
(Texte figurant dans l’édition papier) Brève Le VIH (sida) tue 300 000 personnes par mois dans le monde soit l’équivalent d’un tsunami. Où sont les dons exceptionnels des industries pharmaceutiques ? Où est passé notre formidable élan de générosité ? Malgré les appels incessants des associations internationales et l’implication des personnalités, ce problème reste en suspens. Nandeska N°3 – Février 2005 – Lycée Vauvenargues – Aix-en-Provence (13) – Académie d’Aix-Marseille (Texte figurant dans l’édition papier) Solidaires, oui. Mais à quel prix ? Condoleeza Rice, ministre des Affaires étrangères des États-Unis, a déclaré que le tsunami a été «une formidable opportunité» pour son pays de s’affirmer en tant que première puissance mondiale, grâce à sa générosité. Parallèlement aux nombreux dons des entreprises et citoyens du monde entier, cette citation cynique paraît être la seule ombre dans un tableau de générosité pure. Pourtant, les dons des entreprises et des grands groupes commerciaux (tant alimentaires et médicaux que cosmétiques, puisqu’à Danone et Sanofi-Aventis se greffe L’Oréal), ne sont pas réellement désintéressés. En effet, ces entreprises, en offrant leur aide aux victimes du séisme, savent pertinemment qu’elles tireront un bénéfice à court terme lorsqu’il y aura reconstruction de ponts, immeubles, routes et autres infrastructures. Sous ces profits avantageusement tirés d’une catastrophe, le gouvernement français n’affiche aucune honte, et invite au contraire les grands groupes français à faire des dons. Étrange, lorsque l’on constate que les pays sous-développés ou en voie de développement, tels la Somalie n’ont jamais bénéficié d’une telle aide financière.
Marina Zacharie Lettres au petit B N°3 – Avril 2005 – Lycée Alain-Fournier – Mirande (32) – Académie de Toulouse
(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier) Émotion, solidarité… En rentrant des vacances de Noël, la nouvelle de la catastrophe de la vague géante dans l’océan Indien nous a touchés. Des délégués de seconde, en formation, proposent de monter un projet d’aide, une réunion a été organisée… Tous d’accord pour agir, mais comment ? À qui envoyer les dons ?… Finalement, avec l’aide des CPE, du CDI et des TL1, une collecte est organisée qui a permis de réunir 341,69 e. les élèves ont décidé d’envoyer cette somme à l’UNICEF.
Pour les organisateurs, Justine Gourcerol 2e2 … et réflexion. Tsunami de la dette ou hystérie compassionnelle Entendons-nous sur la question. Le raz de marée du 26 décembre 2004 est sans conteste LA catastrophe du XXIe siècle et l’on ne peut que se lamenter devant le drame humain que causent ces injustes déboires de la nature.
En revanche, la couverture médiatique dont a bénéficié cet événement n’est assurément pas la cause d’un quelconque mouvement tectonique. Le devoir d’informer qui incombe aux journaux télévisés s’est au fur et à mesure des jours transformé en un clip d’appel aux dons comme l’on en voit fréquemment en période de fêtes. C’est alors une véritable course qui s’est amorcée dans les locaux de TF1 et des grands hebdomadaires à scandale dont les journalistes guettaient les terminaux de Roissy pour marchander quelques photos ou vidéos souvenir.
Cette frénésie n’est pas sans poser la question d’une disparité dans le traitement de l’information. En effet, certaines catastrophes souffrant de leur lassante récurrence se voient privées du devant de la scène médiatique. Il en est ainsi du quasi-génocide qui touche actuellement le Soudan, où 70 000 personnes ont été tuées, des enfants des villages touchés par la guerre civile au Népal et en République centrafricaine, sans parler de la pandémie de sida qui touche dans certains pays d’Afrique jusqu’à 20 % de la population…
Ce raz de marée ne s’impose donc pas seulement par sa gravité mais bien pour avoir répondu à des critères médiatiques qui peuvent être résumées par ces trois piliers : choc des images, identification et apolitisme. Il est important d’insister sur ce dernier point en s’interrogeant sur les motivations éthiques des chaînes de télévision. «Il y a un énorme cinéma sur l’aide d’urgence, mais les feux de la rampe vont s’éteindre très vite.», comme le disait justement J.-H. Bradol, président de Médecins Sans Frontières.
Ce vacarme de l’information a tout de même eu le mérite, derrière l’enthousiasme des soirées spéciales et de la surenchère de dons, de révéler un problème trop oublié : la dette des pays du tiers monde qui s’élève à près de trois mille milliards de dollars.
Dans le cas onze pays touchés par le désastre, quel sens peuvent avoir tous ces dons (dix milliards de dollars promis) lorsque l’on sait qu’ils remboursent à eux seuls quatre fois plus chaque année à leurs créanciers. Le simple moratoire proposé par le Club de Paris (groupe de 19 pays créanciers) est le degré zéro de l’action politique, ils ne pouvaient en effet décemment réclamer des remboursements attendus dès février. Certains pays touchés, comme la Thaïlande ont même dû refuser ce gel temporaire de leur dette pour ne pas perdre leur réputation de «pays fiable» auprès des investisseurs étrangers et du FMI. En effet, c’est la stabilité politique et économique qui influe sur les taux d’intérêts des prêts accordés.
Ceci met en évidence la perversité d’un système économique où les dirigeants des pays du Sud préfèrent rassurer les marchés financiers plutôt que de venir en aide à leur population.
Cette réflexion nous amène donc à reconsidérer les catastrophes dites «naturelles». Il est aisé de regarder ce qui s’est passé en Asie comme l’inéluctable Nature ou la main divine. Cependant, une catastrophe de même ampleur au Japon n’aurait certainement pas eu le même impact humain : systèmes d’alerte perfectionnés, habitations solides…
De même, lorsque le cyclone Michel (de force 4 sur 5) s’abattit sur Cuba en 2001, l’évacuation d’une partie de l’île permise par des systèmes de protection et une organisation sophistiquée sauva des dizaines de milliers de vies. Bilan : 5 morts. Peu de temps après, un autre cyclone tomba sur l’île voisine d’Haïti. Catalogué de force 3, il fit 2 400 morts et d’immenses dégâts matériels.
C’est toute la perversité de la logique des plans d’ajustement structurel du FMI qui impose des restrictions budgétaires dont l’inefficacité économique et humaine n’est plus à prouver. Ainsi donc, la question de l’endettement du tiers monde ne doit plus rester absente du débat politique. Seule la volonté manque, alors à quand l’annulation totale ?
Manuel Rubio & Emmanuel Snyders (TS2) Le journal de Sophie-Germain N°2 – Mars 2005 – Lycée Sophie-Germain – Paris (75) – Académie de Paris (Texte figurant uniquement dans l’édition électronique) Un bête ressentiment… Nous, race supérieure, soi-disant «développés» êtres humains tentons de mettre en place des instruments capables de détecter les catastrophes naturelles. Je parie que si elles pouvaient nous faire concurrence dans la médisance, nos amies les bêtes se ficheraient bien de nous…
Alors que l’on dénombre tous les jours toujours plus de morts, on réalise qu’à quelques exceptions près, tous les cadavres, de leur vivant se tenaient sur 2 jambes. En effet, on a retrouvé un nombre minime d’animaux morts après le tsunami. Babar et tous ses sujets (je rappelle à ceux qui auraient perdu leur âme d’enfant que Babar est le roi des éléphants) ont commencé à barrir et à pleurer dès l’aube et se sont réfugiés sur des collines à l’intérieur des terres et la vague du raz de marée s’est arrêtée à leurs pieds.
Mais comment se fait-ce, me direz-vous ? Tout le monde parle de 6e sens. En réalité, ça n’existe que dans les films avec Bruce Willis ce genre de truc. Désolée de casser le mythe, mais d’après nos amis les scientifiques, les animaux n’ont pas de 6e sens. Ils ont 5 sens comme nous mais beaucoup plus développés. Ce qui explique qu’ils ont en fait ressenti les vibrations bien avant nous, et perçu des infrasons. Grâce à ces infrasons, ils ont entendu le séisme marin avant que le tsunami ne se déclenche. Ensuite, le fait que par exemple les éléphants ont les pieds très larges (avec des super coussinets ultrasensibles, je veux les mêmes) et que de manière générale, les animaux soient plus au contact du sol que nous, explique qu’ils ont ressenti les vibrations de la terre qui les ont alertés.
De plus, les animaux sont très sensibles, par exemple aux changements de pression atmosphérique ou aux variations du champ magnétique (ne me demandez pas d’expliquer). Ils sentent donc les changements violents bien avant nous. Pour eux les vibrations représentent un danger donc, moins bêtes que nous, ils se réfugient.
C’est pour ça que lors de catastrophes naturelles, les animaux ont beaucoup plu de chance de s’en sortir que nous, et que les éléphants ne font pas bronzette sur les plages d’Asie du Sud-est les jours de tsunamis.
Therezzz
Le fruit des fendus N° spécial – Lycée Michelet – Marseille (13) – Académie d’Aix-Marseille
III – Actualité internationale Dans l’actualité internationale, la mort de Yasser Arafat et le décès du pape suscitent d’utiles débats. Le Darfour n’est pas oublié. 1 – Le Darfour
(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier) Crimes contre l’humanité au Darfour Le jour se lève, comme une ombre évanescente. Les premières lueurs de cristal sont glacées. Sous un ciel ensanglanté, un siècle nouveau naît. Silence. Silence funèbre d’un matin froid comme le marbre.
Lambeaux de chair et hurlements de souffrance, lambeaux d’espoir et hurlements silencieux. Chaque matin, le Darfour se réveille d’un cauchemar convulsif. La mort règne dans les villages désertés où crépitent les dernières flammes d’une terre brûlée. La poussière de cendres est étouffante, que reste-t-il ?
Il y a un an et demi, en février 2003, le Darfour se soulève contre le gouvernement de Khartoum.Un premier groupe d’opposition naît, l’Armée de Libération du Soudan (SLA), bientôt rejoint par un deuxième groupe armé, le Mouvement Justice et Egalité (JEM). Le gouvernement est sourd aux revendications d’une région marginalisée, sous-développée et non protégée. Il faut prendre les armes, faire preuve de détermination pour se faire entendre. Ces deux groupes armés, majoritairement composés de paysans, sont les porte-parole d’une population délaissée.Ils sont le cri d’une rumeur désespérée. Mais le gouvernement, menacé, choisit la répression : réduire au silence la voix de la dissidence.
L’armée officielle est immédiatement envoyée sur place pour imposer l’ordre. Dans son ombre, le gouvernement envoie la milice Janjawid. L’armée et la milice sont les deux leviers d’une répression sanglante, barbare, inhumaine. Les « Janjawids » vont de village en village pour les raser (570 villages ont été détruits). Ils violent, torturent, exterminent… Main dans la main avec l’armée officielle. Au Soudan, le gouvernement est directement impliqué dans ce qui pourrait être un nouveau génocide. Au Soudan, le gouvernement se moque de nous, et nie toute implication, ça nous arrange. Il ne se passe rien au Soudan.
Un an et demi… À peine Est-ce que ça rapporte d’aller au Soudan ? Qu’est-ce qu’on y gagne ? Siècle de chiffres, chiffre d’affaires, chiffres funéraires… 200 000 personnes ont pris le chemin de l’exode, 1 450 000 personnes attendent dans des camps de réfugiés, menacés par le Janjawids… 1 800 000 personnes sont touchées par le conflit. Entre 6 000 et 10 000 personnes meurent chaque mois, de faim et de maladies.
Un an et demi après le début du conflit, le Nord se penche sur le Sud, afin de déterminer ce qui s’y est passé. Y a-t-il eu un génocide ? La question reste polémique. Il y a bien eu crime contre l’humanité, ou plutôt, il y a crime contre l’humanité. Mais ces crimes visent-ils « un groupe national, ethnique, racial ou religieux » ? Ces crimes cherchent-ils à « détruire tout ou partie de ce groupe » ? Ce sont les conditions posées par le Tribunal Pénal International, et peut-être serait-ce de la « surenchère judiciaire » que de parler de génocide à propos de ce qui se passe au Darfour (voir Alternatives internationales).
La question est importante, mais peut-être aurait-il été plus urgent d’agir contre ces crimes lorsqu’ils avaient lieu, plutôt qu’après. Agir contre ces crimes, c’est exercer notre devoir de mémoire. Cet article ne se fait que l’écho des voix de la dissidence. Les hurlements du Soudan sont l’écho de notre passé. Ce silence qui nous aveugle, n’est pas celui du deuil, mais celui de l’oubli.
Comment pouvons-nous oublier ?
J.A. Le Poinca n°56 – Décembre 2004 – Lycée Poincaré – Nancy (54) – Académie Nancy-Metz
2 – La mort de Yasser Arafat
(Version intégrale du texte figurant dans l’édition papier) Mort de Yasser Arafat Arrivé en région parisienne pour être soigné à l’hôpital militaire de Percy-Clamart, le leader de l’Autorité palestinienne paraissait fatigué et affaibli. Yasser Arafat, dont la mort avait été plusieurs fois annoncée en raison de la fragilité de son état de santé, puis démentie par son entourage, s’est officiellement éteint jeudi 11 novembre. L’émotion à son comble
Pour les médecins de Percy, Yasser Arafat est à un stade de « mort cérébrale » (aucune activité de provenant de l’encéphale n’est enregistrée). Les dirigeants palestiniens optent pour un coma « réversible ». Enfle alors une polémique, lancée par Souah Arafat, l’épouse du raïs, qui s’indigne de l’empressement de ses proches (MM. Mahmoud Abbas, Ahmed Qoreï et Nabil Chaath, respectivement responsable de l’OLP, Premier ministre palestinien et maître de la diplomatie de l’Autorité palestinienne) à le donner pour mort : « ils viennent à Paris pour l’enterrer vivant », s’exclame-t-elle sur la chaîne d’information qatarie Al-jazeera. Mais cette confrontation cache peut-être un scandale financier : d’après la Banque mondiale, presque 800 millions de dollars ont été détournés des caisses de l’Autorité palestinienne, composés de prélèvements sur des produits de consommation courante. Ainsi, l’économie palestinienne, asphyxiée, et la population, touchée par la misère, ont été éloignées de ce « trésor de guerre ». La population de Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, semblait dans l’expectative, en attente du communiqué qui la plongerait dans la tristesse et le deuil. Autour de la Mouqata’a, quartier de résidence surveillée d’Arafat depuis 3 ans, la foule patiente et des nouvelles du raïs commencent à se propager. Après l’accord des autorités israéliennes, la décision est prise : le chef de l’OLP sera inhumé dans son dernier fief. Un dignitaire musulman, Tayssir Al Tamimi, en visite à Paris déclare sur les écrans français que Yasser Arafat est « vivant », expliquant que l’interruption volontaire de soins de réanimation par l’équipe médicale est formellement prohibée par le Coran. Les modalités de succession sont déjà établies : le président du Conseil législatif palestinien, Rawhi Fattouh, est provisoirement nommé président pour quelques mois. La France fait part dans la soirée de son affliction et le Ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, quitte le Quai d’Orsay pour rejoindre Le Caire, où la cérémonie d’hommage est organisée. Quelle image l’Histoire retiendra-t-elle de Yasser Arafat ?
Durant toute son existence, Yasser Arafat sera resté un homme de révolte, s’impliquant dans le soulèvement comme dans la discussion. Né en 1929 en Egypte, Arafat se lance très tôt dans la lutte contre le sionisme et milite contre la création d’un Etat juif. Il fonde en 1929 le Fafah, mouvement d’opposition à Israël, qui a survécu aux tournants de l’histoire et existe encore aujourd’hui. Il s’engage dans des combats terroristes de manière virulente. En 1974, il fait irruption dans l’arène de négociation militaire en étant reçu aux Nations-Unies à New York. Il déclame l’une de ses plus célèbres phrases, emblème de son action : « Je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de révolutionnaire. Ne laissez pas tomber le rameau de ma main » et résume ainsi sa participation, qui oscilla sans cesse entre paix et prise des armes. En 1993, le monde entier assiste à l’accord historique entre Israël et l’Autorité palestinienne, préparé à Oslo par Bill Clinton et symbolisé par la poignée de main entre Itzhak Rabin, le Premier Ministre de l’Etat hébreu, et Yasser Arafat. Puis vient le temps des désillusions : Itzhak Rabin est assassiné deux ans plus tard par un extrémiste religieux, la droite israélienne est de retour au pouvoir, avec à la tête du Likoud Benyamin Netanyaou ; l’arrivée des travaillistes au gouvernement d’Israël ne résout rien, puisque les pourparlers engagés à Camp David en 2000, toujours grâce à Bill Clinton, entre Ehoud Barak et Arafat échouent à cause du statut de Jérusalem. Au lendemain de cette entrevue débute la seconde Intifada, « guerre des pierres », et le conflit reprend de plus belle, avec son lot quotidien d’attentats-suicides de kamikazes palestiniens et la riposte de Tsahal (armée israélienne) qui ne se fait guère attendre.
Arafat sera à jamais considéré comme un homme d’Etat, mi-terroriste, mi-négociateur, l’incarnation de la Palestine, cette Nation qui peine à se construire en Etat à cause d’un contentieux avec Israël qui dure depuis un demi-siècle et se nourrit de rancoeurs et de déchaînements extrémistes. L’ancien Secrétaire d’Etat (prédécesseur de Colin Powell, donc Ministre des Affaires étrangères américaines) Henri Kissinger rappelle que « personne n’a pu manquer d’être ému par le long et tortueux parcours d’Arafat, ancien terroriste », accepté en tant que porte-parole national. Yasser Arafat se sera battu pour l’émergence d’une entité politique palestinienne aux côtés de l’Etat hébreu. Mais cette tentative sera infructueuse et marquée par l’insuccès. Arafat ne sera pas parvenu à accepter des compromis, aura échoué à améliorer les relations entre les deux camps, n’aura pas réussi à instaurer ce climat de confiance nécessaire à tout arrangement. Comment se profile la poursuite du processus de paix ?
Avec le décès d’Arafat on peut penser qu’a disparu l’un des derniers symboles de la discussion. Et cela ne manque pas de vérité. Arafat de par sa maîtrise, son aura et sa poigne (bien que vieillissante ces dernière années), aura su contenir les mouvements radicaux, violents ou extrémistes. Ainsi, son groupe, le Fatah (combattant d’abord pour l’indépendance de la Palestine), est supplanté par son concurrent, le Hamas, branche plus islamiste et plus déterminée à éradiquer tout signe d’expansion israélienne. Le Hamas est traité par les Etats-Unis et l’UE comme un mouvement terroriste. Comme sa popularité est immense auprès des jeunes Palestiniens, les responsables de l’OLP ont commencé à courtiser le mouvement, sans doute à leurs risques et dépens. Car le propre d’une organisation militante et de surcroît extrémiste, est son caractère incontrôlable, son instabilité.