Informatique : Un transfert de données record (par Gaëlle Lahoreau)
Deux cent vingt kilomètres séparent deux laboratoires. Sachant que la fibre optique les reliant peut acheminer des données à la vitesse de 100 Gbit/s, combien d’octets peuvent être transférés en 24heures ? Non, ce n’est pas l’énoncé casse-tête d’un exercice de mathématiques. Mais le test grandeur nature réalisé en décembre dernier entre le Cern, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, basé à Genève, et le Centre de calcul de l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (CC-IN2P3) de Lyon. Coordonné par Renater (Créé en 1992, le Réseau national de télécommunications pour la technologie, l’enseignement et la recherche relie par des fibres optiques plus de 1000 établissements, leur permettant ainsi d’échanger entre eux, mais aussi avec des laboratoires du monde entier), cet essai a été couronné de succès puisqu’il a abouti à un record français en matière de transmission d’informations : 1 pétaoctet de données ont en effet été échangées en une journée. Soit 1 million de milliards d’octets ! C’est aussi l’équivalent du contenu de 212000 DVD qui, empilés, atteindraient le haut de la tour Eiffel. Depuis 2006, la vitesse de la liaison Genève-Lyon, comme sur la totalité du réseau métropolitain Renater, plafonnait à 10 Gbit/s. C’est l’ajout de prototypes développés par le constructeur américain Ciena qui a permis de la multiplier par dix pendant un mois. Un mois durant lequel a eu lieu ce fameux record qui a de quoi faire rêver les physiciens, dont les expériences sur les particules génèrent des avalanches grandissantes de données. En 2010, 13 pétaoctets ont été produits par le LHC du Cern, le plus grand accélérateur de particules au monde. Avec une liaison de 100 Gbit/s, une physicienne travaillant à Marseille ou à Paris téléchargerait en quelques heures les informations sur la dernière collision d’ions qui y serait réalisée. « Les données n’auraient pas besoin d’être pré filtrées avant d’être transférées, en temps réel, vers les laboratoires pour y être analysées. De nouveaux modèles et théories pourraient voir le jour. Les collaborations n’en seraient que plus fortes », explique Jérôme Bernier, responsable de l’équipe Infrastructure informatique du CC-IN2P3. La technologie du constructeur américain a aussi de quoi séduire en terme d’installation : il suffit de la r ajouter aux extrémités des fibres optiques. En fonction de son prix de vente, le passage à 100 Gbit/s pourrait ainsi s’opérer avant la fin de l’année sur le réseau Renater, notamment pour les fibres Paris-Lyon-Marseille et Lyon-Genève, les plus utilisées. Gluons, quarks et bosons de Higgs n’ont qu’à bien se tenir.