Astronomie : De la poussière de comètes découverte en Antarctique
C’est une toute nouvelle famille de micrométéorites qui a été découverte par des chercheurs du Centre de spectrométrie nucléaire et de spectrométrie de masse (CSNSM) (Unité CNRS / Université Paris 11) dans la neige de l’Antarctique, près de la station scientifique Concordia. Grâce à des conditions favorables (vent soufflant du pôle vers les côtes, altitude de 3200 mètres), l’endroit est une véritable salle blanche naturelle, conservant intact tout ce qui tombe du ciel. Soutenue par l’Institut polaire français PaulÉmile-Victor, l’équipe y exhume depuis dix ans des micrométéorites, témoins des premiers instants du système solaire. Cette nouvelle espèce, décrite début mai dans la revue Science, pourrait être la première provenant d’une comète. La quantité de matière trouvée est faible : à peine six micrométéorites, toutes de la taille de grains de poussière domestique (0,1 mm). Les 4 mètres de profondeur où elles ont été trouvées situent leur atterrissage au pôle Sud dans les années 1960. Malgré leur petite dimension, elles ont pu être fragmentées et leurs morceaux distribués à trois laboratoires (Le service national Nanosims du Laboratoire de minéralogie et cosmochimie (Laboratoire CNRS / Muséum national d’histoire naturelle), l’Unité matériaux et transformations (Unité CNRS / Université de Lille 1 / ENS Chimie Lille) et le Laboratoire de géologie de l’École normale supérieure (Laboratoire CNRS / ENS Paris) à des fins d’analyses diverses. Ce qui a permis de révéler la composition isotopique de l’hydrogène des particules, signature de leur origine extraterrestre. À l’arrivée, les résultats des analyses ont stupéfait les chercheurs : au milieu des assemblages des minéraux habituels des météorites (formés à base d’oxygène, de magnésium, de silicium...), les particules contiennent une forte proportion de carbone sous forme organique. Plus de la moitié de la masse de chaque grain est ainsi formée de matière carbonée, une proportion encore inédite dans le paysage des micrométéorites. D’où viennent ces grains? Plusieurs indices attribuent leur paternité aux comètes dont la Terre traverse le sillage. Notamment la composition des minéraux, qui est proche de celle des fragments de poussières de la comète Wild 2, rapportés en 2004 par la sonde Stardust, de la Nasa. Or « les comètes se sont formées dans les régions froides du disque de gaz qui a donné naissance aux planètes, il y a 4,5 milliards d’années », souligne Jean Duprat, qui a dirigé les recherches au CSNSM. Les régions froides étaient suffisamment éloignées du centre du disque pour permettre la condensation de glaces (d’eau, de monoxyde de carbone, etc.), constituants majoritaires des comètes. Les chercheurs viennent ainsi peut-être de trouver les premières archives sur Terre de ces zones reculées dans le temps et l’espace.