J.-Philippe WATBLED
Communication présentée à l’atelier de phonologie latine, Université de Provence, avril 2002.
Article paru dans Essais de phonologie latine, ouvrage édité sous la direction de Christian
Touratier, 2005.
Théories phonologiques
et questions de phonologie latine
Dans ce travail, nous exposons tout d’abord quelques idées et réflexions sur certains
aspects de théories relativement récentes, faisant partie de ce que l’on appelle parfois les
« nouvelles phonologies ». Nous proposons ensuite un exemple de modèle théorique qui
représente une synthèse de différentes écoles : traditionnelles, structuralistes, génératives et
post-génératives. Notre objectif est, tout en acceptant certaines innovations, de préserver les
acquis fondamentaux des grandes théories classiques : par exemple, le phonème et sa fonction
distinctive, la construction de systèmes phonématiques, l’importance de la combinatoire, le
rôle fondamental de la syllabe et des éléments prosodiques, tout cela dans le cadre d’une
approche dynamique et variationniste des structures phonologiques.
Dans la partie suivante, nous proposons un ensemble de traits phonologiques, dont la
fonction est de rendre compte des oppositions sous-jacentes, mais aussi des réalisations
phonétiques, des processus phonétiques, des classes naturelles de phonèmes, ainsi que de faits
de diachronie. Ce système de traits est applicable au latin.
Dans la même optique, nous présentons enfin une revue critique des principales
hypothèses concernant deux problèmes de phonologie latine — les labiovélaires [kw, gw] et
les semi-voyelles [j, w] — en nous limitant volontairement à ce qu’il est convenu d’appeler le
latin classique.
Lors de la discussion théorique, notre intention est de montrer que, très souvent, la
question de la validité de telle ou telle hypothèse n’a de sens qu’au sein d’un cadre théorique
donné et que les résultats auxquels on aboutit et les analyses qui sont retenues sont, dans une
large mesure, fonction des principes théoriques explicites ou implicites auxquels on a
préalablement souscrit.
Conventions, abréviations, symboles :
• Nous notons les voyelles longues par des symboles doubles : /ii/, /ee/, /aa/, /oo/, /uu/.
• Le symbole « + » signale une frontière interne (entre unités morphologiques dans le mot).
• Les points signalent des frontières de syllabe et l’accent tonique est indiqué sur la voyelle
accentuée : /.á.si.nus./.
• Les représentations phonémiques sont entre barres obliques : /..../, et les représentations
phonétiques entre crochets carrés : [.....]. Les représentations abstraites des unités
morphologiques sont entre doubles barres obliques : //....//.
• Les symboles du type /g
w
/ renvoient à une interprétation monophonématique, tandis que le
type /gw/ représente une séquence biphonématique.
• V = voyelle (ou +syllabique) ; C = consonne (ou –syllabique) ; N = nasale ; M = mot ; P =
pied ; S = syllabe ; A = attaque ; R = rime ; N° = noyau ; C° = coda ; m = more ; x = unité de
poids.