Thèse Lyon 2



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Conclusion de chapitre


Le développement et le renforcement des liens directs entre les pouvoirs publics locaux et les entreprises constituent donc un leitmotiv croissant de la politique économique du Grand Lyon depuis une quinzaine d’années. Le développement récent de l’animation territoriale dans le champ de l’action économique, destiné à assurer la présence des services communautaires au niveau local au nom de la recherche d’une plus grande proximité avec les acteurs économiques présents sur le territoire, en est l’une des dernières déclinaisons. Il s’agit ainsi de permettre l’interface au quotidien entre les services du Grand Lyon, encore fortement centralisés, et les réalités du terrain, autant pour une meilleure mise en application des orientations politiques et de la stratégie de développement communautaire, que pour se rapprocher encore plus de la demande et des besoins des entreprises.

Le point de vue et les intérêts spécifiques des acteurs économiques privés sont ainsi de plus en plus directement et exclusivement pris en compte par les pouvoirs publics locaux, qui les considèrent comme des acteurs légitimes et compétents, d’autant plus lorsqu’il s’agit de favoriser le développement économique local et d’améliorer l’attractivité ou la compétitivité économiques territoriales. La vision très particulière du développement économique portée par les entreprises, fortement imprégnée des théories néolibérales, tend donc à se confondre avec l’intérêt général, les deux étant défendus et promus par la même institution publique dans l’agglomération lyonnaise : le Grand Lyon.

Toutefois, ce dernier aspect n’est pas sans poser problème, notamment en matière de cohérence globale des objectifs des politiques urbaines et de l’action publique sur le territoire. Certes, les grandes firmes peuvent être des partenaires et des vecteurs privilégiés pour les projets d’aménagement ou de développement économique du Grand Lyon, en raison de leurs importantes propriétés foncières et immobilières dans l’agglomération et de leur grande lisibilité sur les marchés. Mais leurs intérêts économiques et stratégiques en matière de développement ne sont pas toujours en phase avec ceux de la collectivité, ils peuvent même être totalement contraires. C’est notamment le cas pour les questions relatives à la préservation du patrimoine ou de l’environnement, ainsi qu’à l’aménagement spatial et à l’urbanisme, qui sont de plus en plus assujetties à l’intérêt économique des entreprises.

Sur un plan plus politique et démocratique, le point de vue des salariés et des habitants - citoyens de façon plus générale n’est pas pris en considération dans l’élaboration ou la conduite de la politique économique au niveau local. La problématique de l’emploi et de la lutte contre le chômage, qui justifie pourtant l’intervention publique dans le domaine de l’économie au sein des discours politiques des responsables du Grand Lyon, est recouverte voire mise à l’écart par la problématique de l’intérêt des entreprises dès lors qu’il s’agit de mettre en application les grandes orientations de la politique économique locale. Les thèmes de la solidarité sociale et de la protection environnementale sont ainsi instrumentalisés, quand ce n’est pas complètement pervertis et dénaturés, par la vision dominante des acteurs économiques au sein des politiques urbaines. Ils deviennent des problèmes de cohésion sociale et de développement durable, au gré d’un changement de vocable qui scelle également leur asservissement à la logique néolibérale de la compétitivité territoriale (Jouve, 2005).



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