Classement B.
TELESSAO : TELdétection des Eaux de Surface et Santé en Afrique de l’Ouest
Porteur : M. Grippa (GET)
Laboratoires impliqués : GET, iEES-paris, Centre de Suivi Ecologique (Dakar), LERMIT (Ouagadougou)
Année de première soumission et nombre d'années prévues : APR 2016-2017, 2.5 ans
La proposition vise à utiliser la télédétection optique (couleur de l’eau) et thermique pour détecter l’aléa sanitaire en Afrique de l’ouest qui est causé par la contamination des eaux de surfaces en agent pathogènes, puis de traduire cet aléa en risque par l’étude des populations exposées.
La proposition est bien rédigée et s’attaque à un sujet socialement important. Elle a été examinée par quatre évaluateurs ayant des compétences complémentaires en télédétection, hydrologie, qualité de l’eau et épidémiologie. Il ressort que la partie “télédétection” est solide et déjà bien avancée en partie grâce au soutien du CNES (postdoc E Robert et site Take 5). Les proposants du GET ont une solide expérience dans les pays ciblés via le programme AMMA, avec un accès privilégié à une large gamme de données environnementales.
En revanche la partie qui relie les paramètres télédétectés à la qualité de l’eau et risque sanitaire est moins convaincante. L’hypothèse que certains paramètres visibles par télédétection comme la turbidité de l’eau puissent être des marqueurs bactériologiques n’est pas suffisamment étayée. La prédiction du risque sanitaire notamment lié à E. Coli devrait considérer les apports latéraux causés par des pluies et pas seulement les caractéristiques physico-chimiques des mares. De plus, E. Coli est susceptible de croître dans certaines conditions en milieu tropical, ce qui remet en cause l’utilisation de cette bactérie comme indicatrice fécale.
Le point le plus critique concerne l’utilisation de données épidémiologiques recueillies dans les structures de santé pour chercher des associations avec les « pratiques à risque » et avec des données environnementales télédétectées. Il est très rare de pouvoir compter sur une qualité des données suffisantes lorsqu’elles sont obtenues passivement dans ce genre de structures sanitaires dans les pays envisagés. Faute de protocole de collecte de données précis et étroitement supervisé, faute de vérification continue de la qualité des données, il est prévisible que les variations d’incidence de diarrhées qui pourront être identifiées ne pourront pas raisonnablement être attribuables à des variations environnementales, sociétales ou comportementales.
Par ailleurs, à aucun moment les auteurs du projet ne semblent considérer que les maladies diarrhéiques infectieuses sont d’abord transmises entre humains, par les mains, faute d’hygiène des mains, et que dans ce cadre, ce n’est pas tant la qualité microbiologique de l’eau qui est déterminante, que les pratiques de lavage des mains et d’utilisation de savon. Les auteurs semblent aussi faire l’hypothèse implicite que les populations utilisent majoritairement les eaux de surface pour la boisson, l’alimentation et l’hygiène des mains. Pour de nombreuses communautés de ces régions, ce n’est pas le cas. L’eau des puits ou des forages lorsqu’ils existent, est majoritairement utilisée.
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