DÉCRET
« Notre Très Saint Seigneur le Pape Pie IX, dans l'audience donnée au seigneur Secrétaire, désigné ci-dessous, de la Sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers, le 9 janvier 1863, a approuvé et confirmé, par la teneur du présent décret, comme Congrégation de voeux simples, sous le gouvernement d'un Supérieur général, et sauf la juridiction des Ordinaires, selon les prescriptions des sacrés canons et des Constitutions apostoliques, l'Institut susdit des Frères Maristes des Ecoles, dont la Maison-Mère se trouve dans le diocèse de Lyon.
« En outre, il a confirmé, par manière d'essai, pour cinq ans, les Constitutions écrites ci-dessus, telles qu'elles sont contenues dans cet exemplaire ; toutes choses contraires ne pouvant faire opposition.
« Donné à Rome, à la secrétairerie de la même Sacrée Congrégation, les jour et année indiqués plus haut.
« N. Cardinal PARACCIANI.
CLARELLI, préfet.
(Place du sceau.)
« A. Archev. de Philippes,
Secrétaire. »
Par ce décret, l'Institut des Petits Frères de Marie est définitivement approuvé comme Institut. Cette approbation est pleine, perpétuelle et elle donne droit aux Frères de se former en Congrégation religieuse sous la juridiction des Ordinaires, d'émettre les voeux simples de religion, de se choisir un Supérieur général, et, par suite, d'avoir des Chapitres généraux et tous les aides nécessaires au bon gouvernement de l'Institut.
Par le même décret, les Constitutions placées en tête, en soixante-neuf articles et dix chapitres, sont confirmées pour cinq ans, par manière d'essai.
Sur la seconde partie du décret, relative aux Constitutions de l'Institut, Mgr -Parisis, évêque d'Arras, consulté, considérant que les Constitutions n'étant que confirmées, c'est-à- dire approuvées en tant qu'on le demandait et qu'elles avaient été mises en œuvre, a exprimé son avis en ces termes :
« Si, après un sérieux et consciencieux examen, quelques. points sont reconnus ou impossibles, en raison des temps et des circonstances ; ou compromettants pour l'Institut, eu égard aux dispositions de l'autorité civile ; ou trop difficiles à pratiquer, eu égard à la nature et à la marche générale des Congrégations de Frères enseignants, les Frères peuvent, en toute assurance et conscience, sans manquer de respect et de, soumission, ni même d'affection et .de dévouement au Saint-Siège, suspendre l'essai pratique de ces points,: ou regarder cet essai comme déjà fait, restant toujours disposés à soumettre, en temps opportun, par l'entremise des évêques, leurs très humbles observations au Souverain Pontife. »
Sa Grandeur était également d'avis que; l'Institut étant. définitivement approuvé comme Institut, les Petits Frères de Marie pouvaient prendre le temps nécessaire pour éprouver encore leurs Constitutions, se régir et s'administrer comme par le passé, et attendre que les temps et les circonstances leur permissent .de solliciter, avec avantage pour leur œuvre, l'approbation définitive du corps entier de leurs Constitutions.
« Il faut, dit le savant évêque, savoir que le mot confirmées, appliqué aux Constitutions, ne veut nullement dire prescrites ou imposées ; et que dans le mot essai, il faut voir une chose permise et non commandée. Quand l'autorité supérieure confirme une règle; c'est que déjà elle a été en vigueur. L'examen sérieux que vous avez fait de ces Constitutions proposées, en les confrontant avec les circonstances actuelles, est un véritable essai.
« Ce que veut le Saint-Père, ajoute l'éminent prélat, c'est la prospérité de votre œuvre qu'il approuve, qu'il confirme et qu'il bénit. Il ne veut rien de ce qui peut arrêter ou entraver sa marche, vous compromettre et vous perdre. Or, il suffirait d'un point ou deux qui seraient en opposition directe avec vos statuts, tels qu'ils ont été arrêtés par le Conseil d'Etat, pour provoquer des mesures désastreuses contre vous. D'ailleurs, je connais vos statuts, je sais qu'ils n'ont rien d'absolument contraire ni à vos voeux, ni aux lois de l'Eglise; c'est moi qui les ai préparés et fait approuver en 1851. Croyez-moi, mes Frères, j'envisage et je comprends votre situation à tous les points de vue, je sais mieux que personne à qui vous avez affaire ; suivez fidèlement la ligne de conduite que je viens de vous tracer, et tenez-vous parfaitement tranquilles. En la suivant, vous êtes et vous serez toujours dans la voie de Dieu et dans l'esprit de l'Eglise. Puis Monseigneur ajouta, avec une bonté toute paternelle, que les conseils, avis et décisions qu'il donnait aux Frères, il les leur donnait en conscience et devant Dieu ; qu'ils pouvaient s'en prévaloir quand et devant qui ils jugeraient utile de le faire ; qu'eût-il à paraître devant Dieu ce jour même, il penserait et répondrait comme il venait de le faire.
Ces conseils, avis et décisions reçurent l'approbation complète de Son Eminence le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon.
Puisque nous venons de parler de Mgr Parisis, nous ne pouvons laisser ignorer qu'il fut un des bienfaiteurs insignes de l'Institut des Petits Frères de Marie, ainsi qu'en témoigne une lettre que, dans sa reconnaissance, le F. Louis- Marie écrivait, le 21 mars 1866, après la mort de ce saint prélat, à M. l'abbé Lequette, vicaire général capitulaire. Elle était ainsi conçue :
« Monsieur le Vicaire général,
« Permettez que les Petits Frères de Marie viennent s'associer au deuil de l'église d'Arras et de l'Eglise entière, sur la perte douloureuse de votre saint et illustre évêque.
« En pleurant, avec tout le clergé et tous les pieux fidèles, un Pontife si distingué par sa vertu, par sa science, par son courage et son ardeur à défendre la cause de la religion catholique et de son. auguste chef, nous ne pouvons nous dispenser de payer à sa mémoire un tribut particulier de piété, d'amour et de reconnaissance.
« Monseigneur Parisis comptera à jamais parmi les plus insignes protecteurs et bienfaiteurs de l'Institut des Petits Frères de Marie.
« C'est à son puissant concours que nous devons le bienfait de notre reconnaissance légale en 1851, alors qu'il était membre de l'Assemblée nationale. Il me serait impossible de rappeler tout le mouvement qu'il se donna à cette époque, de concert avec feu M. le baron de Crouseilhes, ministre de l'instruction publique, pour lever les difficultés de tous genres qu'on nous opposait, et nous obtenir, pour toute la France, l'autorisation complète qui nous fut accordée.
« Cette faveur seule, par l'importance et l'étendue de ses conséquences, donne à Mgr Parisis un droit exceptionnel à nos respects, à notre affection, à tous nos pieux et reconnaissants souvenirs. Notre Congrégation, depuis ce moment, a plus que quadruplé le nombre de ses membres et de ses écoles.
« Le bien-aimé Pontife n'a pas cessé, depuis lors, de nous montrer le plus tendre intérêt et d'entretenir avec nous les rapports les plus paternels et les plus dévoués.
« Nos Frères du Nord, en particulier, ont été l'objet de sa bonté et de tous ses soins. Sa Grandeur a daigné se rendre elle-même à la maison provinciale de Beaucamps, pour y encourager le noviciat naissant, et pour présider la distribution des prix au pensionnat qui y est joint.
« C'est encore Mgr Parisis qui s'est le plus occupé de l'approbation de notre Institut par le Saint-Siège, en 1863. Nous avons dans nos archives tout un travail de Sa Grandeur sur cet important objet.
« Au mois de décembre dernier, Sa Grandeur m'accueillit encore à Paris avec une bonté toute particulière.
« Je m'en vais, mon Frère, me disait-elle; mais j'ai voulu vous donner à tous cette dernière marque de ma bonne volonté « en venant, malgré mon état souffrant, plaider vos intérêts au Conseil supérieur de l'Instruction publique.»
« C'est ainsi que Monseigneur a travaillé jusqu'à la fin et pour le bien particulier de son diocèse, et pour le bien général de l'Eglise et des Congrégations.
« Aussi, Monsieur le Vicaire général, la douloureuse nouvelle de sa mort nous a tous profondément affectés. Nous ne nous consolons que dans la pensée de la grande récompense que Dieu accorde à ses longs travaux et à son zèle incomparable.
« Dans toutes nos maisons de noviciat on fait offrir des messes et célébrer un service solennel, avec communion générale pour le repos de son âme.
« Nous continuerons partout à le comprendre, d'une manière spéciale, dans nos pieux suffrages pour les défunts ; mais ce sera moins pour lui procurer un soulagement dont son éminente sainteté ne laisse pas présumer qu'il ait besoin, que pour soulager notre douleur et témoigner le respect, la reconnaissance et l'affection dont nous serons à jamais pénétrés pour ce saint et admirable évêque.
« Veuillez me pardonner, Monsieur le Vicaire général, de vous exprimer si longuement, dans cette circonstance douloureuse, nos sentiments et nos pensées : c'était un besoin de mon cœur»
A l'occasion de la reconnaissance de la Congrégation par le Souverain Pontife, le Chapitre général fut convoqué à l'effet de procéder à l'élection du Supérieur général et de ses Assistants.
Dans la séance d'ouverture du 19 juillet 1863, le R. Frère Louis-Marie déclara que par suite de l'approbation de l'Institut, par Sa Sainteté le Pape Pie IX, comme Congrégation de voeux simples, sous la juridiction des évêques et le gouvernement d'un Supérieur général, le Chapitre général avait à élire un Supérieur général et des Frères Assistants.
A la séance suivante, il donna lecture au Chapitre du décret d'approbation, ainsi que d'un projet de lettre de remerciement au Saint-Père.
C'est dans la même séance que le Chapitre général décida qu'en reconnaissance de l'approbation de l'Institut, la fête de saint Pierre et de saint Paul serait chômée et solennisée dans toutes les maisons de noviciat, le 29 juin; et que ce jour- là serait un jour de communion pour tous les membres de l'Institut, à l'intention du Souverain Pontife et pour les besoins de la Sainte Eglise.
Dans la séance du 21 juillet, et à la suite d'une forte méditation sur l'enfer, le R. F. Supérieur recommanda de bonnes élections. « Il nous faut, dit-il, des Supérieurs qui se placent à la porte de l'enfer, pour empêcher qu'aucun Frère de Marie n'y tombe... »
Dans cette séance le Chapitre statua que le décret d'approbation était accepté dans le sens des avis, conseils et décisions donnés par Son Eminence le Cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, et par Mgr Parisis, évêque d'Arras, et dont le révérend Frère supérieur avait donné connaissance aux Capitulants. Il fut décidé que ces avis, conseils et décisions et la correspondance échangée à ce sujet, entre les deux prélats et le R. F. Supérieur seraient transcrits dans les livres capitulaires.
Ensuite le Chapitre reconnut à l'unanimité que le décret d'approbation renfermait l'esprit de l'Institut, en donnant à ses membres le nom de Petits Frères de Marie, qui les oblige à se faire petits par l'humilité, la simplicité et la modestie, et le double but de l'Institut : savoir la perfection de ses membres, puisqu'ils doivent former une Congrégation religieuse et garder les voeux de religion ; et l'exercice du zèle et la sanctification des enfants par les Ecoles, puisqu'ils sont dits Frères Maristes des Ecoles.
Dans les séances des 22 et 23 juillet, le chapitre élut pour supérieur général le F. Louis-Marie, et pour Assistants, les chers Frères Jean-Baptiste, Pascal, Théophane, Philogone et Eubert.
Le C. F. Pascal, Assistant, étant décédé en juin 1867, il y avait lieu de pourvoir à son remplacement. C'est ce que fit le Chapitre général (le cinquième), convoqué à cette fin, dans sa séance du 28 octobre 1867, en élisant pour son successeur le cher Frère Euthyme. Le même jour, le Chapitre élut un sixième Assistant qui fut le cher Frère Félicité.
Le 16 novembre 1868, le Chapitre général, élu en 1867, se réunit de nouveau à la Maison-Mère, et, dans plusieurs séances, il s'occupa de diverses questions, notamment du règlement des économes, et reçut, par le Révérend Frère Supérieur, communication de documents relatifs aux Constitutions dont avait eu à s'occuper le Chapitre général de 1862, et de l'état général du personnel de l'Institut au mois de novembre 1868, duquel il résultait qu'il y avait alors 2.187 Frères, dont 72 stables, 1.220 profès, 640 ayant le vœu d'obéissance, 255 novices et 159 postulants ; au total 2.346.
La période décennale pour la durée de laquelle les Frères Assistants avaient été élus en 1863, ayant pris fin, le chapitre général fut convoqué à l'effet de procéder à de nouvelles élections. Il ouvrit sa première session à la Maison- Mère, le 11 août 1873. Il réélut les mêmes Assistants, à l'exception du C. F. Eubert qui, pour raison de santé, fut remplacé par le C. F. Nestor, élu 5° assistant. De plus un sixième Assistant fut élu en la personne du C. F. Procope, qui fut désigné pour prendre la direction de la Province des Iles.
Après l'élection des Frères Assistants, le Chapitre- général s'occupa de divers points rapportés dans la Circulaire du 13 mars 1874. Il décida notamment que, par reconnaissance des faveurs sans nombre que la bonne Mère continuait à répandre sur toute la Congrégation, et pour s'associer au mouvement extraordinaire qui entraînait les populations vers le Sanctuaire béni de Lourdes, une bannière serait offerte et portée par le C. F. Eubert, au nom de l'Institut, à Notre- Dame de Lourdes.
En 1876, le même Chapitre général tint sa seconde session et en fit l'ouverture le 10 août. Il eut encore à s'occuper des Constitutions approuvées par le Saint-Siège, le 9 janvier 1863, et proposées à titre d'essai. Il joignit ses voeux à ceux des Chapitres précédents, en vue d'obtenir du Saint-Siège l'approbation des Constitutions, telles que le Fondateur les avait établies concernant le gouvernement de l'Institut et les voeux qui s'y font.
Le Chapitre général émit ensuite divers avis et voeux, et prit maintes décisions et arrêtés qui furent tous portés à la connaissance des Frères par une Circulaire en date du 23 octobre 1876.11 procéda de plus à l'élection de deux nouveaux Assistants, qui furent le C. F. Avit et le C. F. Norbert..
Après avoir rendu compte des travaux du Chapitre général, le R. F. Supérieur complète sa Circulaire ainsi qu'il suit :
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