La deuxième journée de formation fut conduite par Mme Diouf et Mme Sall qui ont expliqué à l’audience la sensibilisation et la facilitation dans le domaine de l’environnement, plus particulièrement dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur le changement climatique. Le travail a d’abord démarré par la lecture du rapport de la journée précédente puis la présentation de l’agenda de la présente journée, suivie de la formation proprement dite.
Mme Diouf a débuté en définissant ce qu’était la sensibilisation, c’est-à-dire l’action de rendre quelqu'un, un groupe sensible, réceptif à quelque chose pour lequel il ne manifestait pas d'intérêt. Elle poursuivit en précisant qu’en environnement, il s’agissait d’une prise de conscience des problèmes de l’environnement. Pour réaliser cette prise de conscience sur l’environnement et plus spécifiquement sur le changement du climat, il fallait que chacun bénéficie des quatre volets constituant la base essentielle à asseoir pour mener une bonne campagne de sensibilisation, à savoir les volets information, conscientisation et éducation des populations, ainsi que le volet communication à ces populations des informations relatives au climat.
Mme Diouf a par la suite expliqué ce qu’était une campagne de sensibilisation et a procédé à détailler les huit étapes d’une campagne de sensibilisation dans le cadre du changement climatique.
D’abord, la première étape était la mise sur pied d’un comité de sensibilisation réunissant plusieurs personnes autour de la radio communautaire (animateurs, volontaires, etc.) Le rôle de ce comité serait de chapeauter l’ensemble du projet de sensibilisation. La seconde étape, qui d’ailleurs constituait le pré-requis le plus important pour la suite, était l’engagement, la conviction personnelle des membres du comité envers le thème de sensibilisation. En effet, pour pouvoir sensibiliser au sujet d’une cause auprès d’un auditoire, il faut une certaine motivation personnelle, un engagement envers cette cause. Ceci révèle l’importance du premier module où chaque animateur de radio s’est informé sur le changement climatique dans sa région, pour bien réaliser les tenants et aboutissants du phénomène climatique. Cette étape doit permettre de s’engager dans une campagne de sensibilisation sur le changement climatique avec une conviction personnelle, basée véritablement sur une certaine connaissance des faits.
Mme Diouf a ensuite souligné que rendu à ce stade, la troisième étape était de se préparer pour commencer la campagne de sensibilisation en définissant ce qui allait être fait comme campagne, à savoir le sujet de la campagne; et le pourquoi, c’est-à-dire la définition des objectifs de la campagne de sensibilisation. Elle a ici passé le relais à Mme Sall qui a expliqué la méthode SMART pour la détermination des objectifs de la campagne. Un objectif SMART se doit d’être Spécifique, Mesurable, Atteignable, peRtinent et Temporellement défini, donc SMART ou intelligemment conçu.
Pour établir un objectif SMART, Mme Sall a donné l’exemple suivant dans le cadre d’une campagne sur les changements climatiques qui se déroulerait au Sénégal oriental:
Informer sur une période de six mois 75% des populations agricoles et pastorales du département de Koumpentoum du risque de la perte de biodiversité dans leur région à cause entre autres des feux de brousse et de l’élevage extensif.
Cet objectif est : (1) Spécifique (adressé à une population cible avec un but concret - populations agricoles et pastorales du département de Koumpentoum) ; (2) il est Mesurable (75%) et (3) Atteignable (Il ne s’agit pas d’être trop timide ou trop ambitieux mais raisonnable donc les données chiffrées doivent être déterminées de concert avec les membres du comité et d’après l’expérience des radios de la région); (4) peRtinent (ce problème en entraîne d’autres qui les touche directement; ex: perte de biodiversité végétale => appauvrissement des sols => mauvais rendements agricoles & disparition des pâturages); et enfin (5), il se mesure sur une période de Temps bien définie (six mois; on vise le moyen-long terme pour s’assurer de toucher tout le monde voulu).
Mme Diouf a ensuite repris la parole pour terminer son explication sur les autres étapes d’une campagne de sensibilisation, à savoir, (4) le choix du groupe, de la communauté cible (étape qui peut être simultanée à celle des objectifs), (5) la documentation sur ce groupe cible et les partenariats possibles à développer avec d’autres organismes, (6) la mise en œuvre d’un programme de communication (choix du bon message pour les paliers publicitaire et diffusion-propagation du message), (7) la logistique et les règles à suivre durant la campagne et enfin (8) le suivi-évaluation après la campagne.
Après cet exposé, les participants ont été invités à faire le montage préliminaire d’une campagne de sensibilisation en précisant, le thème de leur campagne, un objectif de campagne basé sur la méthode SMART, un nom et/ou un slogan pour leur campagne. Ils ont été encouragés à faire cet exercice en langue locale. Ce que la plupart ont fait. La plénière a été riche en échanges et les montages préliminaires ont été évalués dans une méthode participative où les participants et les intervenants apportaient tous leurs opinions constructives ; ce qui a permis de constater certains manquements et d’améliorer de manière critique le travail au fur et à mesure des présentations.
Figure 5. Une participante, présentant le travail de son équipe sur le montage préliminaire
Mme Sall a ensuite pris le relais pour expliquer le concept de la facilitation. Elle l’a défini de plusieurs manières, entre autres, comme étant la fonction de l’animateur d’un groupe de discussion qui consiste à favoriser le bon déroulement d’une réunion, en veillant entre autres à ce que les objectifs poursuivis soient bien définis, en proposant des méthodes de travail efficaces et en coordonnant la participation de chaque partie présente. L’animateur de la radio peut être amené à jouer ce rôle lors d’un débat, d’une rencontre-concertation, d’une émission décentralisée ou d’une activité de sensibilisation similaire où plusieurs personnes sont présentes et où il doit gérer la discussion.
Mme Sall a aussi parlé du rôle du facilitateur ou modérateur qui représente une partie neutre, s’abstenant de prendre position en faveur d’un côté ou d’un autre ou d’exprimer son point de vue, et qui, de la sorte, favorise une méthode de travail juste, ouverte et inclusive. Elle a aussi précisé que ce rôle s’étendait avant l’évènement de sensibilisation (planification et préparation de la réunion) et durant l’évènement lui-même (diriger et gérer la rencontre, créer et renforcer un environnement participatif, ouvert et coopératif). Elle a également exposé à l’audience la technique du consensus. Cette technique est utilisée en facilitation comme une méthode de prise de décision de groupe, requérant un engagement de chaque participant à la collaboration active, à une prise de parole et une écoute disciplinées, ainsi qu’à un respect pour la contribution de chaque membre. La technique du consensus part d’un brainstorming ou étape de génération d’idées où sont recueillis les avis de tous; s’ensuit une étape où on limite les options, en regroupant les idées émises en sous-groupes plus spécifiques; et enfin, on choisit une alternative en ayant répertorié les avantages et inconvénients de chaque option. L’alternative consensuelle est celle pour laquelle tout le monde s’accorde pour dire que tous les efforts ont été faits pour répondre à chaque intérêt implicite ou explicite de chaque partie présente.
Une session pratique a illustré le rôle de l’animateur comme facilitateur avec un exercice où il fallait modérer diverses parties représentant des intérêts divergents et des intérêts neutres et où l’animateur devait arriver à gérer tout cela dans le calme, l’impartialité et l’ouverture. Il s’agissait d’un débat sur les changements du climat au Sénégal, avec quatre groupes présents: 1) Les carbones fossiles; privilégiés en ressources, grands émetteurs de gaz à effet de serre et producteurs d’agro-carburants, qui voulaient créer un projet d’agro-carburants chez les assoiffés et les affamés; 2) les carbones forêts, résidents de zones à forte déforestation, qui n’avaient pas d’intérêt particulier menacé par les carbones fossiles; 3) les assoiffés, résidents de zones d’accès difficile à l’eau potable, soucieux de conserver leur habitat mais aussi d’avoir plus d’accès à l’eau; 4) les affamés, résidents de zones où régnaient les famines et la sous-alimentation, également soucieux de leur habitat mais désireux d’être auto-suffisants en ce qui concernait leur alimentation. Le caractère humoristique des noms donnés aux quatre groupes était délibéré et destiné à rendre un exercice ardu comme la facilitation, plus détendu, pour une meilleure analyse de la prestation du facilitateur ou de la facilitatrice.
Cet exercice a été mené par trois groupes différents avec trois modérateurs distincts. Il a permis de montrer aux animateurs de radio la difficulté de la tâche de gérer une réunion, en étant équitable et impartial, tout en restant ouvert et en permettant à tout un chacun d’exprimer son opinion. Les critiques constructives des participants et intervenants après chaque prestation ont permis de renforcer la compréhension du processus chez les participants et les capacités managériales des facilitateurs.
Figure 5. Groupe de participants, lors de l’exercice de facilitation d’une discussion
Au cours de l’après-midi, la présentation s’est accentuée sur les outils de communication à utiliser lors d’une campagne visant le court, le moyen ou le long terme. L’élaboration du montage d’un plan de communication, commencé en matinée, a été poursuivie dans une autre session pratique en y intégrant les outils énumérés, pour travailler successivement sur des plans de communication de 3 mois, 6 mois et 1 an chacun. En plénière, les participants ont partagé leurs différents programmes qui étaient déjà des esquisses bien solides pour un futur travail de sensibilisation sur les changements du climat
Cette deuxième journée a permis aux participants d’allier les notions de changement climatique à celles de sensibilisation et facilitation et de renforcer leurs capacités de communicateur communautaire en tant qu’agent de facilitation et de sensibilisation au changement climatique.
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