NOS DEFUNTS
† Frère PIERRE-JOSEPH, économe général. — Le 28 janvier dernier, comme l'aura appris à tous les lecteurs du Bulletin la lettre de faire part qui leur fut adressée à cette date, fut un jour de grand deuil pour la Maison Mère et pour toute la Congrégation. Après une maladie d'une dizaine de jours qui, pendant la plus grande partie de sa durée n'avait paru avoir rien de grave, le C. Frère Pierre-Joseph, Econome Général, décédait inopinément, vers les 11 heures du matin, à l'âge de 68 ans, dont 53 de vie religieuse et 30 passés dans l'administration générale de l'Institut.
Né Philibert Fayolle, à Ecully, dans la banlieue de Lyon, en 1854, il appartenait à une famille de cultivateurs aisés aussi distinguée par ses vertus chrétiennes qu'universellement honorée, dans le pays, pour ses procédés toujours justes et ses dispositions obligeantes. De bonne heure, il fréquenta l'école communale de la localité, que dirigeait depuis 1842 une communauté de nos Frères, et il se fit remarquer dès lors par la perspicacité de son intelligence et le sens des choses pratiques qui devaient le caractériser plus tard à un si haut degré. A 10 ou 11 ans, il était déjà un des meilleurs élèves du Frère Marie Stanislas, qui resta fier de lui, et à qui lui-même conserva toujours un reconnaissant souvenir.
De cette estime réciproque naquit insensiblement, chez le disciple, le désir d'embrasser la vocation du maître, et chez ce dernier, le soin de cultiver dans le jeune Philibert les inclinations et les vertus qui pourraient en faire un vrai fils du Vénérable Champagnat, chacun d'eux s'en remettant cependant, à cet égard, aux dispositions de la Providence dont ils ne voulaient que favoriser les desseins. Mais la suite a fait voir que chez l'un et chez l'autre, ce pressentiment était réellement une manifestation-intérieure de la volonté de Dieu, qui appelait par ce moyen le jeune Philibert dans la famille religieuse des Petits Frères de Marie.
Docile à cette secrète inspiration de la grâce, le pieux, adolescent, du plein consentement de généreux parents, qui, sous l'inspiration de leur foi firent volontiers à Dieu ce sacrifice, malgré tout ce qu'il avait de pénible à la nature, demanda son admission au noviciat de Saint Genis-Laval où il fut reçu le S octobre 1868, par le pieux Frère Abel, qui, depuis trois ans, emplissait l'emploi si important et si délicat de maître des ()vices.
Le 2 février suivant, il y prenait le saint habit sous le nom de Frère Pierre-Joseph, que pendant 53 ans il devait porter si dignement. A ce moment, le noviciat de Saint-Genis traversait une période exceptionnellement prospère au point de vue du recrutement, puisque, durant cette seule année 1869, il y eut trois vêtures de 31 chacune, soit en tout 93 admissions. Mais d'autre part aussi les fondations étaient nombreuses, les besoins de personnel fréquents, de sorte que les jeunes Frères ne passaient pas toujours au noviciat tout le temps qu'on exige rigoureusement aujourd’hui. C'est ainsi que le Frère Pierre-Joseph, dès le mois de septembre 1869, était envoyé à Grigny pour faire la cuisine.
Malgré son jeune âge — 15 ans et quelques mois- — il s'acquitta de son emploi à la grande satisfaction de la communauté ; mais vers cette époque sa santé passa par une crise inquiétante. A la suite d'une période de croissance rapide, sa constitution était devenue si frêle qu'on redoutait grandement pour lui l'anémie et même la tuberculose. Il fallut tous les soins attentifs du Frère Directeur et même un peu, dit-on, ceux que de temps à autre y surajoutait sa bonne `mère, qui d'Ecully ne perdait pas de vue son cher Philibert, pour l'amener à prendre le dessus. C'est ce qui fit que, malgré son instruction plus qu'ordinaire, il garda quatre ans la fonction de cuisinier, où les jeunes Frères de ce temps-là ne passaient guère en général qu'une année. Aussi y était-il devenu fort habile.
En 1873, il fut nommé professeur au pensionnat de Saint Didier-sur-Chalaronne (Ain), où, par son heureux caractère, Il gagna dès l'abord les sympathies profondes des Frères de la Communauté, comme par son ascendant moral sur les élèves et ses rares qualités d'administrateur, il devint bientôt le bras droit du Frère Marie-Sébastien et du Frère Aglibertus, successivement Directeurs de la maison pendant les dix ans qu'il y resta: L'émoi fut grand, au pensionnat, lorsque, à la fin de la retraite de 1883 il n'y fut pas renommé; et Dieu sait combien le bon Frère Adon, qui, depuis quelques mois seulement avait pris, comme Assistant du R. Frère Supérieur, la direction de la province, eut à subir d'assauts pour maintenir ce changement. Mais le R. Frère Supérieur ordonnait, et le Frère Assistant resta inexorable.
La raison était que le Cours préparatoire au Brevet Supérieur, fondé depuis un an à la Maison Mère par le R. Frère Nestor, n'avait guère pu trouver jusqu'alors qu'un personnel enseignant de fortune, et que le R. Frère Théophane, qui tenait à asseoir sur une base solide cette création si opportune de son prédécesseur, avait choisi le Frère Pierre-Joseph pour en être le plus ferme pilier.
Pendant les huit ans qu'il resta à ce poste, le nouveau professeur justifia d'ailleurs brillamment les espérances qu'on avait fondées sur lui, non seulement par la façon très appréciée dont il donnait ses leçons, mais par l'action entraînante qu'il ne tarda pas à exercer sur les élèves, remplis à son égard d'une confiance sans limites en même temps que de la plus cordiale affection. Il fit ainsi rejaillir sur l'institution la prestigieuse sympathie qui s'attachait naturellement à sa personne, en même temps qu'il consacrait — non sans profit notable pour la Congrégation -- les heures disponibles que pouvait lui laisser son emploi à la composition de quatre petits volumes de sciences physiques et naturelles, dont les exemplaires se sont débités depuis par centaines de milliers dans nos écoles et ailleurs.
En 1891, il fut remplacé, à la tête du cours préparatoire au Brevet Supérieur par le Frère Marie-Chrysostome, et nommé Visiteur de la province de St. Genis-Laval. La mesure, cette fois, était moins heureuse. Non pas, sans doute que Frère. Pierre-Joseph manquât de qualités nécessaires pour remplir très dignement cette nouvelle charge; mais, à qui l'avait connu d'un peu près, il n'était pas difficile de prévoir que sa santé ne pourrait y tenir longtemps, et c'est en effet ce qui ne manqua pas de se produire. Dès la première année, toute une suite d'indispositions, dont plusieurs mirent sa vie en sérieux danger, firent comprendre que décidément cette vie de presque continuels voyages par le froid, le chaud et souvent la brusque transition de l'un â l'autre, n'était pas faite - pour lui, et qu'il fallait. songer à utiliser dans quelque autre sphère les précieuses aptitudes dont la Providence l'avait doué, si l'on ne voulait s'exposer à en perdre le bénéfice. .
La mort du Frère Eubert, en 1893, en fournit l'occasion. La charge de Secrétaire Général étant ainsi devenue vacante, le Conseil du Régime ne crut pas pouvoir mieux la confier qu'au Frère Pierre-Joseph, qui la remplit en effet avec distinction pendant douze ans, sans préjudice de plusieurs autres missions secondaires dont il fut incidemment chargé à plusieurs reprises. Mais où il devait donner toute sa- mesure, c'est dans la charge d'Econome Général à laquelle il fut élu par le Conseil Général le 12 décembre 1905 et réélu à l'unanimité par les deux Chapitres généraux de 1907 et de 1920. A beaucoup d'autres points de vue, mais particulièrement à celui-ci on peut dire qu'il avait 'à un degré peu ordinaire le sens de sa fonction, l'esprit de son état, ce dont tout, dans sa gestion, porta l'heureuse empreinte.
Avoir ses comptes si bien en règle qu'on sache toujours exactement où l'on en est; ne mépriser aucun profit, si minime qu'il soit sans cependant y attacher plus d'importance qu'il ne mérite; éviter toute dépense inutile, sans craindre cependant d'en faire même de grandes selon ses moyens quand la nécessité ou quelque intérêt supérieur l'exigent; faire rentrer fidèlement les dettes en tachant de ne pas offenser les débiteurs ; payer exactement les siennes en faisant attendre les créanciers le moins possible; ne placer ses disponibilités qu'à bon escient et pour cela se tenir au courant de la situation réelle des établissements de crédit ou des entreprises industrielles; se défier des offres trop séduisantes et préférer un rendement modeste mais sûr aux rendements merveilleux qui fleurent le mirage, étaient pour lui des axiomes financiers dont il avait grand soin de tirer â propos toutes les conséquences, et il s'en -est toujours bien trouvé.
Un autre principe dont il ne s'est jamais départi, c'est de faire contrôler sa gestion, jusque dans les moindres détails, par l'autorité qui, d'après les Constitutions, a le droit et le devoir de le faire, c'est-à-dire, en l'espèce, par le Conseil Général. Non seulement. il était d'une impeccable exactitude, à la fin de chaque semestre, à lui soumettre les comptes parfaitement tenus de l'Economat Général; mais il ne faisait pas- la moindre dépense, en dehors de celles qui sont d'un usage courant, sans l'avoir fait approuver.
Etant ainsi le premier à donner l'exemple de la soumission au contrôle régulier, on eût été mal venu à trouver mauvais qu'il contrôlât-lui-même exactement toutes les comptabilités qui lui étaient soumises soit qu'elles lui vinssent des membres de la Congrégation ou des commerçants du dehors d'autant plis que ce contrôle s'exerçait dans l'esprit de la plus parfaite justice. Quand un compte était trouvé en défaut, il n'avait pas moins de soin de signaler à l'intéressé l'erreur qui était au désavantage de celui-ci que celle qui eût été à son détriment propre:
Aussi aurait-on peine, sans doute, à trouver, parmi tant de gens avec qui il a . eu affaire, l'exemple de quelqu'un qui soit resté. en brouille avec lui: S'il est, au contraire, un fait remarquable, c'est l'unanimité avec laquelle tous ceux â qui on a fait part de son décès se félicitent des rapports qu'ils ont eus avec lui, précisément à cause de l'esprit de justice dont on le trouvait toujours anime.
Depuis longtemps déjà, comme nous avons dit, il avait une santé un peu fragile, que peu de chose suffisait à ébranler. Néanmoins, grâce aux précautions qu'il savait prendre, il parvenait à se tenir assez valide pour pouvoir vaquer sans trop de danger à ses occupations ordinaires; de sorte qu'on pouvait avoir l'espérance de le conserver longtemps encore au poste important qu'il occupait si bien. Aussi l'attaque d'influenza dont il fut pris vers le milieu de janvier n'inspira-t-elle tout d'abord aucune crainte. A peu près tous les hivers, il passait par une crise analogue et l'on aimait à penser qu'il s'en tirerait, cette fois-ci comme les autres, avec une huitaine de jours de lit.
Mais une légère congestion d'un des poumons, qui se déclara dans la nuit du 25 au 26, sans alarmer encore, commença bien à. donner du souci, d'autant que la fièvre devenait tenace. Au cours de la nuit suivante les battements du cœur prirent une allure plus inquiétante encore, de sorte que, dans la matinée du 27 on jugea prudent de lui proposer les derniers sacrements.
Il les reçut avec une grande piété, en pleine possession de toute sa connaissance et avec une parfaite sérénité d'âme; répondant lui-même avec les assistants aux prières récitées parle prêtre. Puis il 'renouvela ses vœux, demanda pardon de la peine qu'il aurait pu faire, des mauvais exemples qu'il aurait pu donner, et avec une véritable expression de bonheur, il ajouta: "Maintenant me voilà prêt; au bon Dieu de faire ce qu'il lui plaira; que sa sainte volonté soit faite’’.
Après que le prêtre fut parti il dit encore une bonne parole au R. Frère Supérieur, au T. R. Frère et aux autres membres du Régime qui, pleins d'émotion entouraient son lit, puis il demeura plongé dans le recueillement de l'action de grâces.
Le reste de la journée se passa sans aggravation bien sensible; mais une consultation de médecins, qui eut lieu le soir ne laissa guère d'espérance. La nuit, en effet, fut mauvaise, et le lendemain vers les dix heures et demie l'agonie commençait. Le R. Père Aumônier lui renouvela une dernière fois l'absolution qu'il lui avait donnée; pendant qu'on récitait autour de lui les prières des agonisants, il donna encore, à plusieurs reprises, des signes non équivoques de connaissance, et enfin, vers 11 heures 1/4, il rendit paisiblement le dernier soupir.
Ce fut vraiment une sainte mort, d'autant plus consolante qu'elle était l'écho d'une sainte vie; car il n'a guère pu échapper à personne de ceux qui ont connu le cher défunt d'un peu près, qu'il apportait avant tout dans les choses de la piété et dans l'accomplissement de tous les devoirs de la vie religieuse, la conscience et l'esprit sérieux le guidaient dans sa conduite à l'égard des choses humaines.. C'est bien le cas ou jamais de redire en modifiant légèrement la parole des Livres saints: "Puissé-je mourir de la mon. de ce juste et ma fin ressembler à la sienne!’’.
R. I. P.
† Frère EPHYSIUS, Profès des vœux: perpétuels.. — Jules Tracol, qui sera plus tard le Frère Ephysius, naquit à Moissac (Tarn-et-Garonne), le 16 mars .1843, niais dès ses plus tendres années, il vint, aven sa chrétienne famille, se fixer à Beaussemblant, flans le département de la Drôme. La. mort prématurée de son père, lui fit comprendre, tout jeune qu'il fût encore, le néant des choses de ce monde et il conçut dès lors le désir de se donner tout à Dieu.
Agé de treize ans à peine, il demanda et obtint, par l'entremise de sa pieuse mère, son admission au noviciat de Saint Paul-3-Châteaux, où sa piété, son amour du travail et toute sa bonne conduite lui méritèrent de prendre le saint habit le 31 mai 1857.
Envoyé peu de mois plus tard à la Calmette comme chargé des soins du temporel, il y donna toute satisfaction, et pendant les sept années qu'il exerça le même office dans les établissements de Pierrelatte, St. Marcel d'Ardèche, Gémenos et Remoulins, il se fit également apprécier par son activité, son initiative, son amour de la propreté et son esprit d'économie.
Tout en remplissant son emploi manuel, il s'était appliqué, durant ses Moments disponibles, à renforcer le bagage un peu -rudimentaire de connaissances qu'il avait apporté en entrant dans l'Institut; de sorte que, lorsqu'aux vacances de 1864 il fut nommé professeur de petite classe , à l'externat de St. Paul-3-Châteaux, il se trouvait déjà bien préparé à sa tache, sans compter qu'il avait, pour la bien remplir, de précieuses dispositions naturelles. Aussi réussit-il très bien. La ferme discipline et l'esprit d'ordre et de propreté qu'il sut faire régner dans sa classe, joints à l'application qu'il mettait à donner ses leçons d'Une manière intéressante, ne tardèrent pas â lui faire, parmi ses élèves et auprès de leurs familles, la réputation d'un excellent maître, qu'il sut d'ailleurs maintenir dans les autres établissements de la province où l'envoya successivement l'obéissance pendant une période de 35 ans. Fallait-il remplacer, pour le mettre à quelque autre emploi nécessaire, un professeur qui réussit bien, et dont le déplacement risquait de provoquer des récriminations, ou remonter une classe dont l'inexpérience d'un débutant avait laissé fléchir la discipline, Frère Ephysius, était la ressource des Supérieurs, et c'est ce qui explique le nombre :relativement grand des écoles où il a passé.
En 1899, il fut chargé, au juvénat de Castelnaudary, du soin de la surveillance et du maintien de l'ordre et de la propreté, et il s'acquitta de ces fonctions avec la conscience qu'on lui savait. Jamais sans doute un atelier d'épluchage ne fut plus reluisant de netteté: pavé, tables, seaux et ustensiles de toute sorte étaient l'objet d'une si soigneuse toilette et rangés en si -bel ordre que cela faisait vraiment plaisir à- voir.
Mais, quatre ans plus tard, le juvénat de Castelnaudary était fermé par ordre du Gouvernement de Mr Combes, comme tous ses similaires de France, et quelques-uns de ses débris allèrent chercher un refuge â San Andrés, près de Barcelone. Frère Ephysius les y suivit et fut chargé de la procure provinciale -d'Espagne, où il apporta ses qualités ordinaires d'ordre, d'économie et d'inlassable activité.
En juillet 1909, lors du soulèvement de Barcelone, la maison de San Andrés ayant été incendié par les révolutionnaires, tout ce qui se trouvait dans la procure devint la proie des flammes. :Le Frère Ephysius fut encore plus affecté de ce malheur que -des souffrances et des dangers qui furent son lot pendant cette affreuse semaine; mais il ne fut pas découragé, et au prix de -beaucoup d'efforts de sa part et de celle des supérieurs de la province, la procure bientôt 'fut reconstituée près du collège de la rue Lauria.
Toutefois, il avait gardé des événements de 1909 une impression obsédante, et il était devenu comme hanté de la crainte 'des les voir se reproduire. Les Supérieurs lui offrirent de se rendre en Italie, ce qu'il accepta volontiers; et, dans la maison de Santo Stefano, son nouveau domicile, il rendit encore pendant près d'une dizaine d'années d'appréciables services, tout en édifiant la communauté par l'exemple de sa régularité, de sa fois vive, et de sa piété envers le T. S. Sacrement, - auquel il faisait de longues et fréquentes visites.
En 1919, après avoir passé trois premières semaines dans de pénibles souffrances, sans que rien cependant fit prévoir une mort immédiate, il expira assis dans un fauteuil, le 22 juillet. Heureusement quelques jours auparavant-il avait reçu les derniers sacrements dans de très religieuses dispositions.
R. I. P.
† Frère BERTINUS, profès des vœux perpétuels. - Né César Pruvot à Ercourt (Somme) en 1863, entra au noviciat de Beaucamps à l'âge de 17 ans. Il revêtit le saint habit le 19 mars 1881 et fit sa profession religieuse en 1888.
Cuisinier pendant un an, suivant un usage assez général dans l'Institut à cette époque, il fut ensuite chargé d'une petite classe à Wavrin. Nommé après deux ans professeur au Pensionnat Ste Marie à Lille, il ne quitta plus guère les Pensionnats et on le vit successivement, à Pont-Ste-Maxence, Les Andelys, Beau camps, Paris-Plaisance. En 1903 il suivit le personnel de ce -dernier pensionnat, à Grove-Ferry en Angleterre où il resta 14 ans. En 1-917, il alla rendre service clans deux pensionnats de France jusqu'à ce que la maladie, diminuant peu à peu l'usage de ses facultés intellectuelles, il dut entrer à l'infirmerie de Pommerœul (Belgique) où il est mort le 12 septembre 1921, après avoir reçu les derniers sacrements dans une heure de pleine lucidité d'esprit. F. Bertinus a laissé partout où il a passé le souvenir d'un aimable, joyeux et charmant confrère. Partout aussi, sa bonté et sa discipline paternelle lui gagnèrent la sympathie des élèves. Il faut bien avouer cependant que dans son enseignement il ne brillait ni par la méthode ni par la précision. Il comblait çà et là, par quelques histoires les lacunes de sa préparation; mais il arrivait parfois que quelques-uns de ses élèves ne réussissaient pas aussi bien, les jours de compositions ou d'examens, â combler les lacunes dans leur connaissance du programme; alors sans acrimonie, on supportait l'échec en famille.
Là où le F. Bertinus était maître, c'était dans la préparation et l'exécution des chants religieux, qui élevaient l'âme des élèves et -maintes fois ont émerveillé les parents, aux jours de fête nu de première communion.
Le bon Dieu aura fait bon accueil â celui qui fit si magnifiquement chanter ses louanges ; et surtout - il se sera montré -miséricordieux pour celui qui, toute sa vie fut un modèle de douceur, de bonté et de condescendance: "Heureux les miséricordieux parce qu'il leur sera fait miséricorde’’
R. I. P.
† Frère DAMIEN, profès des vœux perpétuels. - Il dut sa vocation, après Dieu, à son oncle, le bon Frère Paul, dont les conseils, les prières, les bons exemples et les paternelles recommandations contribuèrent pour une grande part à le diriger vers notre Institut.
Né Roger Nicolas, à Saint-Brès (Gard) le 20 juillet 1903, d'une famille aux fortes convictions religieuses, il entra au Juvénat de Pontés le 31 décembre 1914, fut admis au Noviciat le 2 février 1918 et revêtit le saint habit le 22 août de la même année.
Durant sa période de formation, Frère Damien se fit remarquer par une piété sincère et de bon aloi, par son bon esprit et son heureux caractère, par sa docilité exemplaire à l'endroit de ses supérieurs et par un attachement plus qu'ordinaire à sa sainte vocation.
Son noviciat terminé, Frère Damien fit ses débuts dans l'enseignement à notre Collège San José récemment fondé, à Madrid Au dire du Frère Directeur de cet établissement, Frère Damien fut, pendant les deux années qu'il y exerça, un jeune Frère modèle: pieux dans la prière, actif et zélé dans la préparation de sa classe et l'exercice de ses nobles fonctions; charmant confrère dans les rapports avec ses collègues; en un mot,, il reconduisit toujours en enfant de la maison et en vrai disciple du Vénérable Champagnat.
Bien impressionnés par de si heureux débuts, ses Supérieurs fondaient sur lui les plus belles espérances quand, vers la fin du mois de mai dernier, cet excellent sujet fut atteint de la terrible tuberculose. Aussitôt le mal connu, on se. préoccupa, mais en vain, de l'enrayer. C'est alors que le cher Frère Provincial, jaloux de la santé de' ses Frères, l'envoya d'abord à Venta de Bafios et puis à Tuy pour s'y reposer et être soigné plus commodément. Mais, malgré les soins dont il fut l'objet et le dévouement admirable du Frère Infirmier, le mal poursuivit impitoyablement son œuvre de destruction, tellement que le 27 septembre, fête de saint Damien, son glorieux patron, notre cher malade fut administré et fit par anticipation sa profession perpétuelle avec beaucoup de ferveur. Et, 15 jours après il s'éteignait doucement dans les plus saintes dispositions qu'on puisse-désirer, après avoir fait spontanément â Dieu plusieurs fois le sacrifice de sa vie.
Pendant ses quatre mois de maladie, Frère Damien a été admirable de résignation. Toujours content de ce qu'on lui donnait, on ne l'entendit jamais se plaindre. Son occupation favorite était d'égrener son chapelet. Souvent on-le surprenait, dans sa chambre, le crucifix entre les mains, méditant sur les souffrances de Notre Seigneur.
Par ses dispositions religieuses, ses talents de professeur et son esprit de zèle, Frère Damien paraissait destiné à faire beaucoup de bien ici-bas. Le bon Dieu s'est contenté de sa bonne volonté et l'a appelé prématurément à la récompense. On peut dire de lui que dans une vie courte il a fourni une longue carrière. Heureux les jeunes religieux qui vivent et meurent comme Frère Damien! Leur sort est vraiment digne d'envie.
R. I. P.
† Frère JOSEPH-MAXIME, stable. - Joseph Albert Ouzilleau car c'est ainsi que le cher défunt s'appelait dans le siècle, naquit â Lévis, près de Québec (Canada), le 6 janvier 1878. Elevé par ses pieux parents avec bonté mais sans faiblesse, il apprit de bonne heure à faire passer le devoir avant le plaisir. Dès ses plus jeunes années, il lui fallut aller, tous les jours de classe, à l'école d'une institutrice qui non contente de donner consciencieusement le fouet pour toute faute constatée, le donnait par principe, une fois par semaine, pour toutes celles qui avaient pu échapper à sa vigilance; et de plus il devait chaque jour réciter à sa mère, en présence de sou père, la leçon de catéchisme du lendemain.
Après sa première communion, il alla continuer ses études à l'école que nos Frères dirigeaient dans la ville; mais une imprudence qu'il fit vers l'âge de treize ans le força de les interrompre. Il fut pris d'une pleurésie qui faillit le conduire au tombeau; mais, au moment de recevoir l'extrême-onction, il promit à la Sainte Vierge, s'il revenait à la santé, de se faire Petit Frère de Marie pour se dévouer à l'instruction des enfants, et il guérit.
Fidèle à sa promesse, il entra, au mois de juillet 1892, au Noviciat d'Iberville, où il se fit remarquer par sa piété, sa docilité et son amour du travail, et le 20 mars 1893, il prit la soutane à Saint-Hyacinthe, où s'était transporté entre temps le noviciat.
De là, il fut envoyé successivement à Sainte Martine; à Lawrence, où il eut pour Directeur le C. Frère Angélicus, aujourd'hui 1ier Assistant Général; à New York-St. Vincent de Paul; au Scolasticat de N. D. de l'Hermitage, au Cours préparatoire, au Brevet Supérieur de St. Genis Laval, à New York de nouveau; et partout il se montra bien religieux, bon confrère et tour à tour bon maître ou bon élève.
Après avoir passé trois ou quatre ans encore comme professeur à Haverhill et à Iberville; il fut nommé, en 1908, Directeur de la petite colonie qui allait fonder l'école de Villemarie, dans le Témiscamingue, où il obtint plein succès, mais où, par une activité peut-être excessive, il compromit gravement sa santé.
Choisi, en 1904, pour aller fonder l'école de Pont-Rouge, dont l'Institut, sur les instances de M" Gouin, premier ministre de la province de Québec, avait assumé la direction, il réussit, là encore à mettre cette maison sur un bon pied initial; mais la neurasthénie, dont il avait ressenti les premières atteintes à Villemarie, fit encore des progrès; de sorte que, ne se sentant plus l'énergie nécessaire pour remplir convenablement la charge de Directeur comme il la concevait, il demanda et obtint d'en être relevé.
Il n'en continua pas moins, dans des emplois qui ne comportaient pas la même responsabilité, â travailler de toutes ses forces, pour la Congrégation et pour la jeunesse, à la Tuque, à Beauceville, à Iberville; à St. Denis de Montréal et à Québec, jusqu'à ce que, atteint de tuberculose pulmonaire et intestinale, il dut aller prendre du repos à Saint Hyacinthe.
Dans l'espoir que l'air natal et les soins de sa bonne mère lui apporteraient quelque soulagement, on lui permit d'aller passer quelque temps chez lui à Bienville (Lévis); mais la nature était à bout, et il y mourut saintement le 31 octobre dernier.
R. I. P.
† Frère AULE, Profès des vœux perpétuels. — Né Pierre Auguste Merle, à St.-Etienne-de-L., Ardèche (France), le 10 décembre 1857; entré au Noviciat de Labégude le P octobre 1872; successivement professeur à Montpezat, St.-Etienne-de-F., St. Barthélemy, de 1875 à 1886; puis Directeur des maisons de Baix, Joannas et Sauve de 1886 à 1905, sauf une période de 3 ans pendant laquelle il fut professeur au Noviciat d'Aubenas. Enfin, en 1905, trouvant bien lourd le fardeau de la direction, il demanda d'en être déchargé, sans toutefois cesser de se dévouer à l'éducation de la jeunesse, des tout petits élèves surtout, pour lesquels il consacra tout ce qui lui restait encore de force et de vie: C'est ainsi qu'il passa les treize dernières années de son service actif comme adjoint chargé de la petite classe, à Joyeuse, où il a laissé, comme dans les localités où il avait précédemment exercé, de bien doux souvenirs. Il ne pouvait en être autrement, car c'était bien l'homme pacifique par excellence, bon parmi les meilleurs, et toujours édifiant parce qu'il fut constamment le religieux fidèle à toutes ses obligations.
Une sérieuse maladie de cœur l'obligea, en 1918, malgré la peine qu'il ressentait de quitter ses élèves dont il avait l'affection, h demander du repos. Il vint le prendre à Ruoms, où ii passa dans cet asile du recueillement et de la retraite, les 3 dernières années de sa vie, édifiant la Communauté par sa piété, son excellent esprit religieux et les petits services de toute nature qu'il s'efforçait de rendre, dans la mesure où son faible état de santé le lui permettait. C'est le 5 novembre 1921 que ce bon et fidèle serviteur est mort saintement dans la paix du Seigneur. R. 1. P.
† Frère FRANÇOIS-MARIE, stable. — N é Antoine Naime à Graix (Loire), le 25 avril 1845, ce bon et pieux Frère entra au noviciat de Saint-Genis-Laval le 26 avril 1861 et y prit le saint habit le 2 février 1862.
Après son noviciat et son année d'emploi temporel il fut nommé successivement comme professeur dans trois ou quatre écoles du département de la Loire; puis, de 1871 à 1883, au pensionnat de Valbenoîte, où il laissa un excellent souvenir aux élèves de ce temps.
En 1883, il fut placé comme professeur au scolasticat de N. D. de l'Hermitage, où, pendant 20 ans, il s'employa avec un dévouement sans réserves et un remarquable succès à former les jeunes Frères aux vertus de leur vocation en même temps qu'il les préparait aux examens du Brevet de Capacité.
En 1903, lorsque la maison dut laisser partir pour l'exil la pieuse jeunesse pleine de vie et d'espoir qu'elle abritait alors, Frère François-Marie y demeura, en compagnie d'une soixantaine de vieillards à qui le gouvernement spoliateur avait accordé par grâce d'y finir leurs jours, et, il fut, on peut le dire, la cheville ouvrière de l'organisation de circonstance qui convenait à cette communauté de vétérans, en attendant d'en être le Directeur effectif de 1911 à 1918.
Il y est pieusement décédé le 10 novembre dernier, dans les circonstances qu'on ne lira pas sans grand intérêt dans la lettre ci-après, où le Frère Directeur actuel de N. D. de l'Hermitage en annonce la nouvelle au R. F. Supérieur:
Mon Révérend Frère Supérieur
Je viens vous annoncer le décès de notre saint Frère François-Marie. Ce matin à 3 heures, il a rendu sa belle âme au bon Dieu. Hier à 9 heures, il a reçu tous les secours de la Religion et en pleine connaissance: absolution, sainte Communion en viatique, Extrême-Onction, Indulgence plénière et il a renouvelé ses vœux. Le soir avant le coucher nous avons récité au pied de son lit les prières de la recommandation de l'âme.
Ce bon Frère est mort, je crois, sans souffrance. Ce dernier lundi, je le trouvais encore causant avec sa calme gaîté dans la chambre d'un confrère et, comme je lui faisais compliment de ce qu'il paraissait aller mieux, il me répondit: ‘’Maïs je ne suis pas malade et je n'ai pas été malade’’. Je suis porté à croire que son assoupissement des 86 dernières heures, pendant lesquelles il n'a dit ni un mot, ni à peine ouvert les yeux, était plutôt le recueillement de sa parfaite préparation à la mort.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler les mérites de ce saint Frère qui a passé plus de 38 ans à l'Hermitage, soit comme Fondateur,, professeur et Directeur de la Maison, soit comme vieillard an repos. Je dis mal en disant au repos, car toujours et jusqu'â la fin le F. François-Marie a été un travailleur. Il donnait volontiers des leçons de musique et de mathématiques ; il n'était étranger à aucun des travaux de la Maison ; mais ce qui surtout l'a occupé c'est la direction des chants pour nos offices religieux et la rédaction de la Biographie de notre saint Frère Marie-Junien. Tous les Frères qui ont eu le bonheur de visiter notre précieuse Chambre des Reliques se souviendront toujours avec quel plaisir, avec quelle piété filiale le bon Frère François-Marie leur en faisait vénérer tous les objets.
Il laisse ici le souvenir d'un religieux exemplaire par sa régularité, son humilité, sa sainte gaité; sa piété, son attachement â la Congrégation, son affectueux et filial respect pour les Supérieurs,. sa sainteté en un mot.
Pendant que je le veillais la nuit de mardi à mercredi, alors qu'il parlait encore, je lui ai donné mes commissions pour le ciel. Il m'a promis de prier à mes intentions et pour toute la Maison de, l'Hermitage. Oh! ne soyez pas jaloux, mon Révérend Frère : 38 ans consécutifs passés â l'Hermitage expliquent bien et excusent bien qu'il ait an ciel quelques prédilections pour -cette chère maison.
J'ai dû interrompre ma lettre et je la reprends après les funérailles. Elles ont été un témoignage de l'estime qu'entraîne avec elle la sainteté. Malgré le mauvais temps qu'il faisait et le peu d'intervalle entre son décès et son enterrement, nous avons eu une nombreuse assistance. Avec nos Juvénistes et plusieurs Frères voisins, nous avons eu M. le Maire de S. Martin en Coailleux, qui a le bon Frère en si grande estime; le R. P. Bruyère, représentant le Collège de S. Chamond ; deux de ses anciens élèves de Valbenoîte ; les Sœurs de la Sainte Enfance de Lavalla, et tout un nombre de parents et amis.
Et maintenant, quel vide à l'Hermitage! Mais, il l'a promis, il priera pour nous. A nous de vivre comme lui, afin de mériter de mourir en saints comme lui. Je vous prie d'agréer, etc. ...
Frère Jean-Alphonse.
† Frère MARIE-RODRIGUEZ, PROFÈS DES VOEUX PERPÉTUELS. - Frère Marie-Rodriguez, dans le monde Félicien Désormeau, naquit à Gillonnay (Isère), le 20 janvier 1852, et entra, le 30 septembre 1865, au noviciat de Saint Paul-3-Châteaux, on l'avait précédé de quelques années son frère Antoine, en religion Frère Pergentin.
Après quatre ou cinq ans passés comme chargé du temporel dans les établissements de La Roque, Robions et Château-Gombert, il commença à Viols-le-Fort, en 18713, la modeste mais méritoire tâche d'enseigner aux enfants les vérités du salut en même temps que les éléments des connaissances humaines, tâche à laquelle il s'est consacré pendant 34 ans avec zèle, dévouement et persévérance dans un bon nombre d'établissements de la province, où il se montra également bon professeur, bon confrère et bon religieux.
Il fut néanmoins tourmenté, pendant une bonne partie de sa vie, par la pénible maladie du scrupule, qui finit par se tourner en névrose et devenir comme une sorte d'obsession.
Dieu, qu'il chercha toujours d'un cœur droit et qui ne nous éprouve que dans des vues de miséricorde, le rappela à Lui, le 12 novembre dernier. Puisse-t-il lui avoir fait bon accueil et le faire jouir éternellement de Lui parmi ses élus, après l'avoir laissé tant souffrir ici-bas de la crainte de Le perdre!
R. I. P.
† Frère BIBLIS, profès des vœux perpétuels. - Né à Lagorce (Ardèche) le 6 mai .1850, Frère Biblis (Marius Monteil) entra au noviciat de Saint Paul-3-Châteaux en 1866, fut employé successivement: comme chargé du. temporel pendant six ans dans les établissements de Cazouls, Viviers et Cassis ; comme professeur de petite classe pendant trois ans à Charpey et à la Rouvière; comme chargé d'emplois manuels pendant 33 ans-au pensionnat de Bourg-de-Péage et 12 ans à Vintimille,. et mourut pieusement dans cette dernière maison, le 19 novembre dernier, à l'âge de 71 ans, dont 55 de vie religieuse.
C'est dans ce peu dé mots que tient en substance, extérieurement, toute l'histoire de ce bon et méritant religieux; mais il serait long de rappeler tous les précieux services qu'il a rendus à la Congrégation dans les divers emplois (cuisinier, caviste5, vigneron, jardinier, etc. ...) qui lui furent successivement confiés à Bourg-de-Péage et à Vintimille, pendant les 45 ans qu'il demeura dans ces deux maisons, et cela non seulement par son travail matériel, cependant considérable, mais plus encore, s'il est possible, par l'exemple de sa piété, de sa régularité, de son dévouement, de son esprit' de famille. Il fut, sous tous ces rapports la digne copie du Frère Stanislas, du Frère Bonaventure et de tant d'autres qui se sont sanctifiés par l'exercice du " saint travail des mains , dans nos maisons provinciales et dans nos pensionnats, dont ils se firent en quelque sorte la providence visible et les paratonnerres.
Que le Seigneur ait reçu son âme pour la placer bien haut dans son saint paradis, lui qui a promis de tenir pour fait à lui-même tout ce qu'on fait en son nom pour le moindre des siens, et qu'il daigne perpétuer parmi nous la génération de ces Frères dévoués que, par opposition aux religieux "mercenaires’’, le Vénérable Fondateur appelait les "vrais enfants de la maison’’.
R. I. P.
† Frère GÉRALD , profès des vœux perpétuels. — Né Gustave Vanderkeyden, à Saint-Gilles dans la banlieue de Bruxelles, en 1895, il produisit une excellente impression dès son entrée au Juvénat de Pitthem. Au noviciat de Pommerœul, il fut un modèle de bon esprit, d'application au travail, de docilité et surtout de piété. Il en fut de même pendant ses quatre années d'Ecole normale à Arlon.
En 1915, muni du diplôme d'instituteur, il fit la classe à Courcelles. Mais au bout de 3 mois il fut visible qu'il ne pourrait supporter les fatigues dé l'enseignement et il fut, après un séjour à l'infirmerie, envoyé comme cuisinier à Jauche en 1916. Là encore ses forces le trahirent et il dut retourner à l'infirmerie d'Arlon, qu'il rie quitta plus.
Suivant l'expression du C. F. Provincial: "le bon frère n'a guère connu de la vie que la souffrance et les tristesses, d'une longue maladie de langueur; c'est la voie par laquelle Dieu a, voulu le faire passer pour le purifier et le sanctifier. Pendant quelque temps, la nature s'est révoltée contre un tel destin, il voulait guérir, il voulait faire la classe, mais la raison et la foi ont bientôt repris le dessus et le malade s'est résigné à la volonté divine’’.
On en peut juger par la lettre écrite en 1920 au F. Louis Félix, son frère, qui faisait alors son second noviciat à Grugliasco.
Arlon, le 16 mars 1920.
Mon cher frère,
Dimanche dernier, le docteur est venu et lundi après-midi on m'a proposé de recevoir l'extrême-onction. On a fait la chose ce matin après la messe. Y a-t-il vraiment danger? je ne puis le dire; dans cette maladie surtout, on n'est pas bon juge dans sa propre cause. J'espère bien qu'on m'avertira sans crainte En tout cas, je me sens tranquille. Je me remets entièrement entre les mains de la Providence; ce qu'elle nous ménagera sera toujours le meilleur. Si nous ne devons voir, j'espère que ce sacrifice ne vous fera pas trop de peine; et puis je me console par la pensée que dans l'autre monde, je trouverai d'anciens amis, des confrères, nos parents surtout, pour lesquels j'ai prié et qui me feront, j'espère, bon accueil. Et si le beau temps doit amener un peu d'amélioration et prolonger un peu mes jours, je l'accepte aussi. Dans toutes les hypothèses, donc, il n'y a pas le moins du monde lieu d'être triste, mais au contraire d'être paisible et confiant.
Cette admirable résignation, il la puisait dans sa piété et son union quotidienne à Notre-Seigneur. Au témoignage du Frère infirmier, il faisait ses exercices' de piété avec exactitude: hiver comme été, lorsque la fièvre ne le clouait pas sur son lit, il descendait à la chapelle pour communier et assister à la seconde messe, et cela jusqu'à la veille de sa mort.
Très aimable et serviable, il était notamment pour le Frère portier un auxiliaire précieux.
Le dimanche 27 novembre, profitant d'un service d'automobiles pour les infirmes, il alla remplir son devoir électoral. Le mardi soir il causa trois quarts d'heure avec son confesseur, niais sans se confesser, parce que ce n'était pas le jour; il n'y avait rien d'anormal dans son état. Le lendemain matin à quatre heures et demie, le F. Directeur est réveillé; on frappe à sa porte: "Frère Directeur, je crache du sang envoyez à mon secours . Celui-ci y court lui-même et trouve le Fr. Gérald étendu sur son lit, ne pouvant plus parler, rendant le sang en abondance. Il n'eut que le temps de lui réciter un acte de contrition et ce fut tout. Voila comment, après 6 ans de maladie, on meurt subitement. Nous avons vu néanmoins que ce ne fut une mort imprévue le cher malade était toujours prêt.
Apparemment il n'a pas rendu de grands services à la Congrégation. Le V. P.. Champagnat en aurait jugé bien différemment; et c'est de tels malades surtout qu'il pouvait dire qu' "ils étaient un trésor pour l'Institut’’.
R. I. P.
† Frère MAIXENT, profès des vœux perpétuels. — Né Pierre Broyer à Bey (département de l'Ain) en 1840, il entra au Noviciat de l'Hermitage et prit le saint habit à 15 ans.
Cuisinier pendant 3 ans, il fut ensuite envoyé dans la province de Beaucamps où, jusqu'en 1903, c'est à dire pendant 45 ans, il ne fit que 2 postes. Quesnoy sur Deûle et Pont Ste Maxence. Dans cet important pensionnat, il occupa une place prépondérante, par son entrain juvénil, son activité parfois exubérante, sa gaieté un peu bruyante et son franc parler au début; il rivalisa de zèle avec le G. F. Bérillus, alors Directeur, pour lancer le Pensionnat, et ils y réussirent â merveille. Plus tard Frère Maixent parlait volontiers de cet enthousiasme et de cette activité qu'avait su provoquer le C. F. Bérillus: c'étaient, disait-il les temps héroïques. Pour lui, il resta longtemps grand factotum, économe, faiseur de courses, bon recruteur d'élèves, bien connu à la ronde, bien reçu par MM. les Curés. C'était le personnage le plus connu et le plus populaire de la maison de Pont.
En 1903, il dut quitter sa chère soutane. Il continua de se dévouer d'abord dans une École libre, à Puteaux; puis au Pensionnat St. Laurent, à Lagny, non loin de Paris, où il remplit à peu près les mêmes fonctions qu'à Pont. Il espérait bien retourner un jour dans son cher ancien pensionnat, et en attendant il demeurait l'âme de l'Association des anciens Élèves. Dans les réunions, leur première parole était pour demander des nouvelles du F. Maixent. On l'entourait, on le plaisantait, . on excitait sa verve, on passait quelques heures délicieuses à se rappeler les faits et gestes de jadis.
A la dernière réunion, à la fin de 1021 on le trouva moins gai' que d'ordinaire. Au banquet il fit une sorte de discours d'adieu. Cependant il était encore vert et alerte malgré ses 81 ans et sa mort survenue quelques jours après, le 29 décembre, surprit tous ses amis.
Il laissa dans bien des cœurs un grand regret avec- le souvenir d'un religieux édifiant, d'un bon ami, d'un joyeux confrère, d'un cœur aimant et d'un caractère sympathique. Il a passé semant partout la gaieté et la bonne humeur. De tels hommes, quelque emploi qu'ils remplissent, sont un trésor pour une Communauté et pour une maison d'éducation. Les chauds rayons que projette leur âme ensoleillée se répandent autour d'eux, se propagent, font du bien à tous et nul n'échappe à leur salutaire influence. Dans les Communautés ils rendent tangibles la vérité de cette belle parole de la Ste Ecriture : "Ecce quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum’’. Qu'il est bon, qu'il est doux pour des frères d'habiter ensemble. Dans les maisons d'éducation ils rendent à la jeunesse la religion et la vertu aimables; et jusque dans l'âge mûr les anciens élèves gardent de leurs maîtres le souvenir le plus délicieux et le plus reconnaissant.
R. I. P.
† Frère JEAN-ETIENNE, Profès des vœux perpétuels. - Ce bon et méritant religieux, qui s'est éteint à N.-D. de l'Hermitage te 16 janvier dernier, naquit à Saint Appolinard (Loire) le 23 août 1846. Vingt ans plus tard, il prenait le saint habit à St. Genis-Laval, et après dix ans d'exercice dans divers établissements de la province du Centre comme chargé des soins du temporel, de la surveillance ou d'une classe, il alla, en 1877, à N.-D. de l'Hermitage, d'où il n'est plus sorti.
”Ce sont, écrit le Frère Directeur, 45 années de bons et généreux services qu'il a fournies ici, 45 années de travail et de dévouement, 45 années surtout de constante édification, de vie régulière et sainte.
Il fut ici surveillant et professeur au noviciat, directeur des travaux, habile serrurier et mécanicien. Pas moins de 425 de nos lits en fer ont été fabriqués par lui, ainsi que tous nos sommiers métalliques. Et que d'autres travaux ont été faits de ses mains ou sous sa direction! Il fut toujours le bras droit des Frères Amphien, Azarias et Romain, nos saints Directeurs de l'Hermitage.
Depuis 20 ans, ses yeux étaient complètement fermés à la lumière..Cessa-t-il pour cela de travailler? Non. Il eut désormais des yeux au bout des doigts et très souvent on le trouvait réparant une serrure Fichet, un robinet à pression, aiguisant les couteaux ou les rasoirs de ses confrères, etc. ..., etc. ... Doué d'une mémoire très fidèle, que de fois il put renseigner sur la place exacte de telle conduite d'eau, de gaz, d'électricité, sur tel fait, sur tel personnage, sur tel objet. On allait au F. Jean-Etienne comme à un dictionnaire. Mais surtout on allait à lui lorsqu'on voulait obtenir du bon Dieu et de la bonne Mère quelque faveur importante. Tous nous avons grande confiance en ses prières, car nous le considérions comme un saint vivant. Que de chapelets, que de prières, que de visites au Saint Sacrement! Mais aussi quelle régularité, quelle délicatesse dans sa charité, quel respect et quelle déférence pour tous ses supérieurs! Quel attachement à notre maison de l'Hermitage et à la Congrégation!
F. Jean Etienne est mort comme il a vécu, dans le calme et la prière. Il a reçu en pleine connaissance tous les secours de la religion, puis il s'est éteint tout doucement pour aller rejoindre tant de bons Frères qu'il a connus et auxquels il a fait du bien par ses bons exemples et ses bons conseils.
Nous ne le verrons plus circuler dans nos couloirs, nos escaliers, notre propriété, nous ne le verrons plus à sa place au réfectoire, à la salle d'exercices, à la chapelle, mais il sera toujours parmi nous par les travaux qu'il nous a laissés, par le souvenir de ses vertus et par les faveurs qu'il nous obtiendra de Dieu.
Un joli mot a été dit tout à l'heure à son sujet: ‘’Ce sont des reliques que nous allons porter au cimetière’’. Mais notre cimetière de l'Hermitage n'est-il pas appelé avec raison "le Grand Reliquaire’’. Que le F. Jean Etienne nous obtienne à tous de vivre et de mourir de telle façon qu'on puisse dire de nous ce que l'on dit de lui!
R. I. P.
† Frère NUMÉRIEN, stable. — Né à Mussy-sous-Dun (Saône et Loire), le 27 décembre 1863, Frère Numérien (Louis Delorme) revêtit le saint habit de l'Institut en 1877, et, après 44 ans de bons services dans les emplois de cuisinier, de professeur, de chef de musique et de Directeur, il est pieusement décédé à La Clayette (Saône-et-Loire) le 18 janvier dernier.
Partout où il a passé, dit le Frère Provincial, son dernier Directeur, il a laissé le meilleur souvenir. Bon, serviable, dévoué; il aimait à faire plaisir, à rendre service, et le faisait en toute occasion, selon son pouvoir et de la meilleure grâce du monde. Par son heureux caractère il faisait rayonner autour de lui une gaîté de bon aloi qui rendait la vie heureuse sans rien lui ôter de son sérieux.
A Beaulon, où il est demeuré 14 ans comme directeur, il fit œuvre excellente de professeur et d'éducateur; et lorsqu'il en partit, au mois de septembre 1920, pour revenir à La Clayette, où il avait été Directeur pendant deux ans, il laissa dans la population le plus sympathique souvenir.
Déjà atteint du diabète il fut pris, vers le 10 du mois de janvier dernier, d'une pneumonie qui l'emmena en peu de jours, malgré les soins dévoués du médecin de la maison ; mais, heureusement réconforté par tous les secours de la. Religion, il vit venir sa dernière heure avec le calme du juste et une pleine résignation à la volonté de Dieu.
Puisse-t-il déjà jouir du bonheur céleste, en compagnie du Vénérable Champagnat et de nos saints Frères, ses premiers disciples!
R. I. P.
† Frère MARIE ETIENNE, stable. — Fils de Pierre Chaffal et de Marie Anne Girard, il naquit à St. Didier-sur-Rochefort (Loire), le 11 mars 1840, il entra au noviciat de N. D. de l'Hermitage en 1856.
Pendant une quinzaine d'années, il fut d'abord, selon l'usage ordinaire de l'Institut, employé comme professeur dans diverses écoles de la province du Centre; puis, de 1877 à 1884, c'est ,dans les pensionnats: à Saint-Genis-Laval, à Neuville-sur-Saône, à La Côte-Saint-André, à St. Didier-sur-Chalaronne que l'obéissance fixe son champ d'action.
A partir de 1885, il dirige successivement les établissements de Pierre-Bénite, Moirans et Thodure, jusqu'en 1901, où il est nommé Econome au Pensionnat de Saint Genis-Laval ; et partout il fait œuvre de bon éducateur comme de-bon religieux, et laisse après lui un sympathique souvenir.
En 1903, après que le pensionnat de Saint-Genis a été fermé, à l'instar de tant d'autres établissements d'éducation chrétienne, par ordre du gouvernement sectaire de M. Combes, Frère Marie-Etienne se retire quelques mois à la maison mère, à St. Genis-Laval; puis, à l'invitation des Supérieurs, il vient prendre, en Italie, les laborieuses fonctions d'Econome à la maison de Carmagnola et les remplit, pendant 14 ans, avec le plus louable dévouement, jusqu'à ce que, se sentant faiblir sous le poids de l'âge -- il avait 78 ans — et des infirmités qui en sont les trop ordinaires compagnes, il accepta d'aller prendre à l'infirmerie de Saint Genis-Laval un repos bien mérité.
Ce ne fut pourtant qu'un repos relatif; car, là non plus, il ne manque pas de tâches qui sollicitent les bonnes volontés et Frère Marie Etienne fit bon accueil à toutes celles qui étaient en rapport avec ses forces.
Il remplissait encore les fonctions de sous-directeur, lorsque au mois de janvier dernier, il dut s'aliter pour ne plus se relever. Il mourut pieusement le 22 du même mois, à l'âge . de 82 ans, dont 65 de vie religieuse.
R. I. P.
† Frère FIRMILIEN, Profès des vœux perpétuels. Né Gaston Barbier, à Saint-Laurent-s-Coiron (Ardèche, France) le 1ier mai 1849; entré au noviciat de Labégude le 30 septembre 1865.
Pendant plus d'un demi-siècle, c'est-à-dire de 1868 à 1922, le Frère Firmilien, d'une santé qui ne connut jamais la moindre indisposition, a été successivement employé dans différentes maisons de la Province d'Aubenas, soit comme professeur, soit comme Directeur, tirant toujours â plein collier: chez lui la paresse n'eut jamais de prise.
De 1880 à 1910, il dirigea respectivement les maisons de Castillon, de Chassiers, de St. Etienne de L. et de Ruoms. Dans la première, il rencontra un bon Curé, avec lequel il vécut toujours en harmonie. Cependant, comme ils avaient un grain d'originalité l'un et l'autre, il se passait parfois des scènes bien amusantes, quoique tout à fait innocentes. Et les confrères voisins venaient à Castillon pour en jouir. Il n'y a donc rien d'étonnant que le nom du Curé et celui du Frère soient restés légendaires dans cette région. En tout cas, durant sa longue carrière, le frère Firmilien a toujours montré un infatigable dévouement, non seulement pour ce qui constituait.ses devoirs professionnels, mais encore par toutes sortes de travaux extérieurs.
Outre son ardeur pour ces derniers, il était doué d'une force musculaire peu ordinaire, qu'il employait volontiers aux travaux du jardin.
D'aucuns ont même prétendu qu'il obtenait de meilleurs résultats en horticulture qu'en éducation. Il pourrait y avoir du vrai, car Dieu, qui avait été libéral envers lui à d'autres points de vue, ne lui avait pas donné ce qu'on appelle un caractère des plus heureux. Il était rude chrétien, dur pour lui-même et quelquefois un peu pour les autres, surtout quand les autres étaient ses élèves.
Néanmoins deux vertus ont toujours brillé d'un vif éclat chez lui: la mortification et la piété.
Toute sa vie il a fait son Carême strict et sans aucun adoucissement, et la prière, celle qui vient du cœur, lui était toute naturelle et venait fréquemment sur ses lèvres. Ce vaillant serviteur est mort les armes à la main et dans le plein exercice de ses fonctions.
En raison de sa piété sincère et de sa mortification soutenue, espérons que Dieu lui aura fait miséricorde.
R. I. P.
† Frère MARIE-ZÉNON, profès des vœux perpétuels. – Il naquit à Aspel, près de Rees le 4 avril 1883, et c'est au mois d'avril 1897 qu'il entra au noviciat d'Arlon. L'année d'après, en avril 1898, il revêtit le saint habit mariste, qu'il devait porter si dignement jusqu'à sa mort.
A l'école normale, dont il suivit les cours avec grand succès, il se distingua par sa docilité, sa piété et une application peu ordinaire au travail.
Diplômé en 1903, il fut placé à l'Institut Ste Marie, où pendant 10 ans il se dévoua corps et âme dans les différentes classes de l'école primaire payante, y faisant un très grand bien, mais sans bruit, sans ostentation; car il était la modestie, la simplicité mêmes. Et pendant ce temps, malgré sa besogne journalière très absorbante, il avait réussi à force de persévérance dans le travail et grâce à l'esprit d'ordre et de méthode, qui fut encore un des traits caractéristiques du cher défunt, à passer brillamment les deux examens pour l'obtention du diplôme de professeur de l'enseignement moyen.
Lorsqu’en 1913, sur la demande de Mgr l'évêque de Namur, fut adjointe à l'école Normale une section spéciale pour la formation des instituteurs laïcs, la direction en fut confiée au F. Marie-Zénon. C'est dans cet emploi important que ses grandes qualités purent se déployer pleinement. Il se montra un professeur très capable, apportant dans son enseignement un ordre et une méthode fort appréciés des inspecteurs et de ses élèves.
Mais avant tout, il était homme de devoir, d'une régularité parfaite , et c'est dans cette vie si bien conduite, si minutieusement ponctuelle que nous devons chercher le secret de la somme de travail qu'il parvenait à fournir et qui étonnait tout le monde. Car, pendant ces deux dernières années, alors que l'Institut Ste. Marie compte plus de 600 élèves, parmi lesquels 150 pensionnaires, le regretté Fr. Mie Zénon, sans rien abandonner de ses cours à l'école normale, remplit avec le même scrupule qu’il apportait à toutes choses, les fonctions d'économe dans cet établissement important.
Il semble pourtant que la vertu qui a le plus brillé dans le cher disparu, soit encore la bonté, la douceur. Elle se manifeste dans toute sa conduite. Toujours à l'écart des discussions, il savait conserver la paix avec tous. On peut lui appliquer sans restriction la 7ième béatitude: "Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu’’. Aussi était-il aimé et estimé de ses élèves comme de ses confrères. Et cette mansuétude, jointe à sa grande simplicité, le rendait d'un abord si facile, qu'on recherchait toujours sa compagnie. Il laisse à l'Institut Ste Marie des regrets unanimes et le vide fait par sa disparition sera difficilement comblé.
La mort de ce saint religieux nous est d'autant plus douloureuse qu'elle fut plus inattendue. C'est le vendredi, 3 février, à 9 heures de matin, après avoir fait une heure de classe, que, souffrant de rhumatismes, il se vit obligé de s'aliter. Il fut entouré des soins les plus empressés de la part de ses confrères, heureux de pouvoir lui rendre ce que tant de fois il leur avait prodigué. Ses douleurs rhumatismales avaient pour ainsi dire disparu lorsque, dans la nuit du 9 au 10 février, sans qu'on pût le moins du monde s'y attendre, le bon frère fut enlevé brusquement à l'affection de tous.
Quel deuil, quelle consternation, dans la nombreuse Communauté et parmi les élèves qui I !aient et l'estimaient tant. quand on apprit cette foudroyante nouvelle! Aussi, le jour des funérailles, une assistance pieuse et nombreuse l'accompagna jusqu'à sa dernière demeure, au petit cimetière de Haltzing. Puisse le bon Fr. Mie Zénon, auprès du Vénérable Père Champagnat désormais, là-haut, attirer les bénédictions les plus abondantes sur la maison d'Arlon et sur nous tous !
R. I. P.
N. B. -- Depuis l'apparition de la Circulaire du 25 décembre dernier, nous avons en outre appris la mort des FF. Petrus et Amedeus, profès des vœux perpétuels; Andrés Leopoldo, Jaime Valerio et Crescencio José, profès des vœux temporaires, et des jeunes Frères Lázaro et Pierre-Léon, novices. Nous les recommandons aux pieux suffrages des lecteurs du Bulletin.
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BIBLIOGRAPHIE
Le Mois de Marie des Ecoles et des Collèges par un membre de l'Institut des Petits Frères de Marie.
En vente à la Procure des Frères Maristes, Pommerœul ,(Hainaut)
Belgique.
Dans ce petit volume, qui est actuellement sous presse et qui va paraître incessamment, on trouvera, pour chaque jour du mois de Mai, une édifiante lecture sur ce que la dévotion à Marie a de plus attirant, de plus salutaire et de plus pratiqué pour les enfants de nos -écoles, un exemple propre â faire une salutaire impression, et une pratique en l'honneur de la T. Ste Vierge, en un mot de quoi rendre le mois de Marie à la fois pieux, attrayant et utile aux jeunes âmes. Le suffrage très favorable de plusieurs prêtres distingués nous donne la pleine confiance qu'il satisfera également les maîtres et les élèves.
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