Innombrables sont les récits du monde


IV. 4. 2. Développement du nombre et de l'identité des personnages mentionnés



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IV. 4. 2. Développement du nombre et de l'identité des personnages mentionnés

En ce qui concerne le nombre de personnages mentionnés, on relève chez tous une courbe ascendante en fonction de l'âge des sujets. Dès 3/4 ans les sujets mentionnent les trois personnages principaux : le petit garçon, le chien et la grenouille. Par contre, pour ce qui est des personnages secondaires, on observe des différences quantitatives en fonction de l'âge.




Nbre de pers. secondaires mentionnables

3/4 ans

(N=14)


5 ans

(N=20)


7 ans

(N=12)


10/11 ans

(N=12)


Adultes

(N=12)





0

7 (1)

-

-

-

-

1

7 (1)

-

-

-

-

2

14,5 (2)

5 (1)

-

-

-

3

21,5 (3)

15 (3)

8,5 (1)

-

-

4

28,5 (4)

5 (1)

25 (3)

-

-

5

21,5 (3)

55 (11)

25 (3)

16,5 (2)

16,5 (2)

6

-

20 (4)

41,5 (5)

83,5 (10)

83,5 (10)

Tableau (31) : Pourcentage (et nombre) de sujets qui mentionnent les personnages secondaires mentionnables en fonction de l'âge.

En effet, comme on peut le constater sur le tableau (31) ci-dessus, 50% des 3/4 ans, 20% des 5 ans et 8,5% des 7 ans mentionnent seulement trois personnages secondaires ou moins, alors que tous les sujets plus âgés en introduisent 5 ou 6. Ces différences sont certainement liées aux problèmes d'attention chez nos plus jeunes sujets, problèmes d'attention que nous avons déjà soulignés dans notre partie méthodologique. De plus, les productions des sujets varient non seulement quantitativement mais également qualitativement dans l'introduction des personnages secondaires. C'est ce qu'il nous est possible d'observer en examinant plus en détails l'identité des personnages secondaires que les sujets évoquent en fonction de l'âge.




Personnages secondaires

3/4 ans

(N=14)


5 ans

(N=20)


7 ans

(N=12)


10/11 ans

(N=12)


Adultes

(N=12)





Taupe

28,5 (4)

65 (13)

75 (9)

83,5 (10)

91,5 (11)

Guêpes

28,5 (4)

80 (16)

91,5 (11)

100 (12)

91,5 (11)

Chouette

57 (8)

85 (17)

58,5 (7)

100 (12)

100 (12)

Cerf

57 (8)

90 (18)

91,5 (11)

100 (12)

100 (12)

Grenouille fin

57 (8)

60 (12)

83,5 (10)

100 (12)

100 (12)

Grenouilles

86 (12)

90 (18)

100 (12)

100 (12)

100 (12)

Tableau (32) : Pourcentage (et nombre) de sujets mentionnant les différents personnages secondaires par tranche d'âge.

Le tableau (32) ci-dessus montre d'une part, que le nombre de sujets qui mentionnent les différents personnages secondaires augmente en fonction de l'âge. Une seule exception néanmoins chez les 7 ans qui évoquent moins la chouette que les 5 ans. D'autre part, il est possible de tirer de nos données un certain nombre de points convergents. Le premier concerne - par ordre croissant d'apparition dans l'histoire - la taupe pour laquelle nous constatons un nombre de mentions inférieur à celui des autres personnages secondaires, et ce constat vaut pour toutes les tranches d'âge. Nous pouvons faire une remarque semblable pour les guêpes et la chouette, bien que dans ces deux derniers cas, la tendance à moins évoquer ces animaux concerne bien plus nos plus jeunes sujets que les plus âgés (jusqu'à 10/11 ans). On peut expliquer ce phénomène par le rôle moindre que jouent ces participants dans l'histoire et plus particulièrement dans la résolution du problème du petit garçon. En effet, contrairement au cerf qui est souvent mentionné par nos sujets - à l'exception des 3/4 ans, ces participants ne jouent pas un rôle direct dans la "redécouverte" de la grenouille. De plus, ils sont moins représentés picturalement. La faible mention du personnage du cerf par les 3/4 ans peut s'expliquer quant à elle, par la complexité de la situation à encoder pour des enfants si jeunes. D'autres recherches utilisant elles aussi la tâche de la "Grenouille" ont mis cet aspect en exergue. Elles remarquent chez les sujets un nombre supérieur d'hésitations et d'autoreformulations pour les images 9b à 12a, c'est-à-dire tout au long de l'épisode du cerf. Ces hésitations et autoreformulations sont les indices d'une autorégulation rendue nécessaire par les difficultés éprouvées par les narrateurs à accomplir la tâche. C'est ce que nous observons également à moindre mesure dans nos données. En effet, on relève dans les productions des sujets francophones un certain nombre d'autoreformulations mais surtout d'hésitations, de demandes d'aide ainsi que de commentaires extra-narratifs du type je crois, en relation avec l'épisode du cerf.

Enfin, en ce qui concerne l'introduction de la grenouille de la fin, les résultats soulignent une progression constante en fonction de l'âge. Seulement 57% des enfants de 3/4 ans, 60% des 5 ans, 83,5% des 7 ans la mentionnent contre 100% des 10/11 ans et des adultes. Cette progression marque le développement de la compétence narrative chez nos sujets qui, petit à petit, sont capables de comprendre la trame narrative et par là même d'encoder la résolution de problème de manière explicite. En d'autres termes, ils comprennent petit à petit que le but de l'histoire est de retrouver la grenouille qui s'est enfuie de son bocal. Nous avons d'ailleurs préalablement abordé ce point dans le Chapitre III de ce travail portant sur le développement de la continuité thématique chez les enfants.

Pour conclure, nous pouvons affirmer qu'à l'exception de la grenouille et du cerf, dont l'absence chez les plus petits est explicable par d'autres facteurs, comme nous venons de le voir, il existe une corrélation entre le nombre de mentions des personnages et l'importance que leur attribuent les sujets.

Nos résultats semblent également confirmer la remarque de Berman & Slobin (1994) sur les jeunes enfants qui estiment que "la saillance d'une scène picturale individuelle compte plus que la hiérarchie structurelle motivée par l'importance narrative" (Berman & Slobin, 1994:62, notre traduction40). Toutefois, il nous faut rester prudent, puisque l'un de nos résultats ne va pas dans ce sens : seulement 8/14 enfants francophones de 3/4 ans mentionnent l'épisode de la chouette, alors que tous les plus jeunes enfants parlant anglais et hébreu ont mentionné cet épisode sans exception (Berman & Slobin, 1994).

Avant de passer aux formes linguistiques employées par nos sujets pour l'introduction des trois personnages principaux, il nous reste à examiner de plus près le lexique utilisé par les sujets pour la première mention des personnages secondaires, afin de montrer aussi dans ce domaine le développement qui s'opère de 3/4 ans à l'âge adulte. À partir de nos données, il est possible de regrouper les 3/4 ans et les 5 ans, et de les opposer aux 7, 10/11 ans et adultes. En effet, les plus jeunes sujets emploient un lexique varié et/ou peu précis (du type l'animal), tout particulièrement lorsqu'il s'agit de désigner la taupe, la chouette et le cerf. Nous pouvons également relever un certain nombre d'hésitations. Ces remarques nous conduisent à penser que ces sujets éprouvent encore quelques difficultés dans l'activation d'un certain lexique. Pour ce qui est des autres sujets, on observe également des variations et certaines hésitations dans la désignation des personnages secondaires ; variations et hésitations qui sont dans ces cas là à interpréter plus comme la manifestation d'un problème d'interprétation des images que comme un problème de vocabulaire.




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