Événements
Ce qui différencie les adultes des enfants de 10/11 ans est leur préférence pour le présent comme temps d'ancrage. En effet, la majorité des sujets choisit d'ancrer sa narration dans le présent. Mais contrairement aux enfants plus jeunes qui choisissent cette option, cela ne se fait pas au détriment de la construction d'un discours structuré. Quel que soit le temps d'ancrage choisi, les alternances temporelles répondent aux exigences des contraintes discursives. Elles ont des fonctions diverses à tous les niveaux d'analyse : elles permettent d'établir des relations sémantiques entre deux événements, de distinguer ce qui relève du premier plan de ce qui relève de l'arrière-plan, de structurer l'histoire en parties distinctes. Il en va de même pour les connecteurs et les clauses sans verbe fléchi qui se complexifient et se diversifient et qui ont des fonctions à tous les niveaux d'analyse. Ce faisant, les adultes construisent des narrations élaborées, diversifiées, tant au niveau des outils employés qu'au niveau des fonctions qu'elles remplissent, tout en répondant aux contraintes communicationnelles.
Enfin, il nous reste à faire quelques remarques d'ordre plus général.
Premièrement, nous avons pu constater que les enfants ont des difficultés à gérer toutes les contraintes de façon simultanée. Aussi utilisent-ils des stratégies compensatoires, telles que l'hétéro-régulation et la régulation par les images, avant de s'appuyer exclusivement sur les formes linguistiques pour construire leur discours.
Deuxièmement, l'étude développementale des formes et de leurs fonctions révèle que dans un premier temps les enfants disposent d'un éventail restreint de formes qu'ils utilisent de manière pluri-fonctionnelle, puis avec l'acquisition de nouvelles formes, ils restreignent les contextes d'utilisation des anciennes.
Enfin, nous tenons à souligner que de nombreux facteurs influencent le choix des expressions linguistiques utilisées, tels que la situation de communication, les habitudes culturelles, les préférences individuelles, etc. Aussi serons-nous très prudent quant à la généralisation de ces résultats. En effet, notre travail montre qu'il n'existe pas une grammaire mais des grammaires, qui dépendent de qui les utilise et pour quoi faire, qu'il n'existe pas un récit mais des façons de raconter.
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