Intelligence territoriale, le territoire dans tous ses états


L’Intelligence Territoriale



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1. L’Intelligence Territoriale


Face à la mondialisation de la société contemporaine et à l’incertitude, la perte de confiance qu’elle entraîne au sein de la population (à cause par exemple des récentes délocalisations des entreprises régionales, du chômage, de la pénurie de logement ainsi que de la hausse des prix, de la compétition de main d’œuvre venant d’Europe de l’Est, etc.), nous constatons que l’Etat français s’est depuis quelques décennies engagé dans une décentralisation des pouvoirs publics vers des institutions politiques et administratives « locales ». Cette décentralisation territoriale, qu’elle soit à l’échelle de la commune, de l’intercommunalité, du département ou de la région, contribue à un « rapprochement du citoyen des centres de décision qui influent sur sa vie quotidienne » (Dumas, P., 2004). Ce rapprochement permet au citoyen de mieux évaluer les résultats des décisions « locales », d’exprimer sa satisfaction, ou son insatisfaction sur lesdits résultats, ou même de contribuer et participer au processus de décision.

La définition


Tout d’abord, présentons une définition de l’Intelligence Territoriale, selon Bertacchini, Y., (2004) :

« Un processus informationnel et anthropologique, régulier et continu, initié par des acteurs locaux physiquement présents et/ou distants qui s’approprient les ressources d’un espace en mobilisant puis en transformant l’énergie du système territorial en capacité de projet. De ce fait, l’intelligence territoriale peut être assimilée à la territorialité qui résulte du phénomène d’appropriation des ressources d’un territoire puis aux transferts des compétences entre des catégories d‘acteurs locaux de culture différente. L’objectif de cette démarche, est de veiller, au sens propre comme au sens figuré, à doter l’échelon territorial à développer de ce que nous avons nommé le capital formel territorial ».

Dans cette définition nous constatons la complémentarité qui existe avec le concept d’intelligence collective que Pierre Lévy (1997) a traité précisément dans son œuvre « L’intelligence collective Pour une anthropologie du cyberspace », et dont nous présentons une définition par la citation suivante :



« L’intelligence collective consiste à mobiliser au mieux et à mettre en synergie les compétences des individus, en partant du principe que chacun sait quelque chose, est doué de compétences et de savoir-faire. Une bonne organisation et un sens de l’écoute mutuelle suffisent à mettre en œuvre ce type d’intelligence collective au sein de petits groupes humains : quartier, école ou association. Mais avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’intelligence collective peut être mise en œuvre à une plus grande échelle » (Lévy, P., Allemand, S., 1996).

A partir de ces définitions nous pouvons constater que l’intelligence territoriale signifie le processus de l’intelligence collective appliqué à l’échelle du « territoire ».

La notion de « territoire » constituant le support fondamental du concept il est nécessaire d’en définir ses caractéristiques.

Le territoire physique


Dans la notion de territoire nous pouvons constater un espace physique comme la région, délimité géographiquement, contenant des rues, des places, des habitants, etc.…. Par ailleurs, ce sont justement ses habitants qui contribuent à la notion d’un espace des territoires multiples, « voir une multitude : pour habiter, pour travailler, pour se recréer et même pour rêver ; des espaces vécus et des espaces subis ; des cellules locales et des réseaux ramifiés » (Bertacchini, Y., 2003).

Ces territoires multiples sont en constante interaction. Chacun possédant son identité pérenne, ces citoyens s’établissent des réseaux humains sociaux, des « communautés » autour d’intérêts et d’objectifs communs (culturels, politiques, économiques, humanitaires, etc.…) dans un espace physique, pleinement porteur d’une image par son patrimoine, son histoire, sa culture ; sa mémoire.

L’intelligence territoriale ne peut s’abstraire à une démarche historique. Pour cette raison, nous nous rapprochons de la problématique évoquée dans notre introduction, par une présentation de l’histoire de l’eau et de sa gestion en Provence et notamment à Marseille.

      1. L’histoire de l’eau en Provence


Vers 600 ans avant J.C. des colons phocéens fondent la ville de Marseille sur la berge nord d’une petite baie, le Lacydon, actuel vieux port. Ce lieu abrité, cerné par des marais, qui seront en partie drainés par des canaux, est stratégique. Les ressources abondantes en eau douce assurent à la cité une autosuffisance en cas de siége. L’eau est disponible immédiatement grâce à des puits, des citernes ou des bassins, récoltant les eaux de pluie et divers aqueducs ou canalisations de drainage des nappes alentours. Des égouts couverts sont construits, ainsi que des thermes publics, qui confirment l’abondance de l’eau au cœur de la ville. A la fin de cette période antique l’eau arrive déjà directement dans les maisons.

Après la chute de l’empire romain, débute une période troublée par les invasions de tribus barbares ; les Francs au 6ème siècle ; les Sarrasins au 9ème siècle. Les modes de vie changent, les savoirs et les techniques apportées par les peuples antiques sont oubliés, délaissés. Les ouvrages hydrauliques ne sont pas entretenus, voire même abandonnés.

Après l’essor commercial de l’an 1000, la cité est partagée entre ville « haute » régie par l’épiscopat et la prévôté, et ville « basse » autour du vieux port, régie par les Vicomtes de Marseille. Les problèmes de disponibilité en eau potable sont exacerbés par les tensions entre les communautés. Si la ville « basse » ne connaît pas de problèmes d’approvisionnement, la ville « haute » est rapidement en régime de disette. Un nouvel aqueduc, amenant l’eau par la porte d’Aix, ainsi que des fontaines et abreuvoirs sont construits. Une première taxe « fontainière » est instaurée.

De 15 000 âmes en 1524, Marseille en compte 88 000 en 1790. Avec la construction de l’Arsenal des galères en 1680, la ville s’étend vers le sud, les ressources en eau commencent à manquer. La pénurie se révèle même catastrophique en période de sécheresse. Les eaux usées n’étant toujours pas ou mal collectées, les épidémies dues aux eaux contaminées sont fréquentes.

Les problèmes liés à la gestion, au contrôle, à la répartition des ressources et à l’entretien de l’installation existante entraînent une confusion telle, entre les différents bénéficiaires du droit de l’eau, qu’il faut une ordonnance royale pour recenser et organiser les différentes dotations. En parallèle à ce marché de l’eau de nouveaux métiers apparaissent : gardes puits, fontainiers, médiateurs, artisans, maçons.

Au début du 19ème siècle, les Marseillais sont toujours plus nombreux : 140 000 en 1830. L’eau est de plus en plus polluée. Des mesures sont prises pour tenter de maîtriser les rejets d’eaux usées et de régler le problème catastrophique de la distribution. A travers le 19ème siècle des nouveaux ouvrages hydrauliques sont construits afin d’alimenter une population toujours croissante.

Au début du 20ème siècle, des changements dans le paysage provençal se font rapidement ressentir : cultures maraîchères irriguées, parcs, jardins, arbres, … L’industrie trouve un appoint de force motrice et fait sa révolution. Cependant, les progrès de la médecine et de l’hygiène viennent remettre en cause la qualité de l’eau. Eau stagnante des réservoirs domestiques, canaux non couverts, rejets industriels, cadavres, lavage du linge, latrines, etc. entraînent la nécessité d’une meilleure gestion. Les canalisations sont doublées et couvertes. Un « tout à l’égout » est mis en place.

Depuis, les techniques de la gestion de l’eau et le traitement des eaux usées ont bénéficié d’une forte innovation, et ont donnés lieu à de nouveaux ouvrages hydrauliques partout dans la région.

Afin d’illustrer la situation dans les petites communes de l’arrière pays provençal pendant les années 1950-1960, nous aimons à nous référer aux histoires de Marcel Pagnol. Nous pensons particulièrement à la scène où toute la population se réunit afin de confronter le maire du village et l’ingénieur de la « société des eaux » parce que la fontaine du village ne donne plus d’eau77. Cette scène montre parfaitement le sens de « communauté » que nous retrouvons à la base du concept de l’intelligence territoriale. Elle appuie notamment le rôle central de la fontaine, souvent située sur la place du village, comme lieu central de rencontre ; comme espace public évocateur d’un sens de communauté.

Néanmoins, par l’introduction des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans notre vie quotidienne l’espace public se réduit de moins en moins à un espace physique supposant des rues et des places ; elle brouille les découpages administratifs et politiques.

Cette influence des TIC sur la société est développée dans un article de Mattelart, A. (1997) que Cabin, P. (1998) présente de la façon suivante : « Face au développement de nouveaux médias, Marshall McLuhan prophétisait l’avènement d’un « village global ». C’est davantage à la naissance d’une « communication-monde », selon Armand Mattelart, à laquelle on assiste avec ses réseaux, ses centres et ses périphéries Une évolution qui pose en termes nouveaux la question de la citoyenneté ».


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