Les TIC
Avec l’essor des TIC, par l’innovation des réseaux de transports et des réseaux de communications généraux et techniques (Claval, P., 1990), nous constatons un raccourcissement des distances-temps participant à l’émergence des nouveaux espaces ; des territoires virtuels ; des territoires en construction qui « ne sont pas bornés ou, tout au moins, leurs frontières sont souples et mouvantes, ils se définissent et se structurent progressivement sans qu’il soit possible encore de les identifier et encore moins de les gouverner » (Bertacchini, 2003).
Dans cette notion d’une contraction « Espace-temps » nous distinguons trois aspects importants : « local-distant », « synchrone-asynchrone » et « individu-groupe » Ces aspects trouvent toute leur ampleur dans l’interactivité que permet l’Internet. La mise en réseaux des ordinateurs globaux permet la communication d’une personne à une autre (courrier électronique et conférences audio-visuelles), ainsi que la consultation et la diffusion d’information (publications électroniques et bases de données)78, dans un espace immatériel ; le cyberespace. Par ailleurs, il semble que ce soit surtout l’aspect « individu-groupe » qui nécessite une élaboration.
Comme le souligne H. Bakis (1990) ; les réseaux humains ont toujours existé. Ainsi, dans les communications à travers l’Internet et son cyberespace, nous voyons apparaître des nouveaux réseaux humains sociaux ; des « communautés virtuelles » autour de leurs propres objectifs et intérêts collectifs. Contrairement aux communautés du territoire physique que nous avons évoqué précédemment, ces communautés virtuelles semblent libérées des contraintes physiques. Toutefois, elles s’inscrivent dans un ensemble soumis aux règles et mécanismes des structures et des organisations. Cette capacité d’un échange des savoirs instantanés entre personnes « locales/globales » constitue l’arme décisive pour atteindre l’innovation requise dans une stratégie de développement territorial :
« La capacité à former et reformer rapidement des collectifs intelligents deviendra l’arme décisive des bassins régionaux de savoir-faire en compétition dans un espace économique mondialisé » (Lévy, P., 1997).
Le territoire virtuel
Le territoire virtuel, au sens où nous l’entendons dans le cadre d’un développement local, apparaît comme une contraction des communautés virtuelles et du territoire physique, pleinement porteur de son image (patrimoine, histoire, culture, mémoire), avec tout ce que véhiculent l’ensemble des acteurs « locaux et/ou virtuels » en terme de savoir, d’apprentissage, de transmission des connaissances et des compétences.
Cette construction d’un territoire virtuel que plusieurs études des usages et des contenus territoriaux de l’Internet ont confirmée (Thierry, D., 2004 ; Grasland, L., 1997), est soulignée par la citation suivante :
« Les réseaux de télécommunications, et en particulier Internet, permettent de s’affranchir des contraintes de distance et de satisfaire potentiellement l’homme dans son désir d’ubiquité. Pour autant, l’amélioration globale de l’accessibilité ne réduit pas la différenciation spatiale et l’émergence de nouveaux concepts (cyberespace, espaces virtuel…) ne signifie pas la mise au rencart d’une notion indissociable de cette différenciation, le territoire » (Grasland, L., 1997).
Dans le cadre d’un développement territorial nous distinguons 2 modalités ; exogène et endogène. Dans l’approche exogène le territoire fait appel à des compétences, des richesses et des ressources externes à l’espace qu’il tente de développer et les applique dans le développement de cette espace local. Nous reviendrons ultérieurement sur la façon dont l’aspect exogène peut contribuer à la visibilité du territoire sur un plan « local » autant que « global » ; une visibilité constituant « un facteur d’attractivité, mais aussi un label commercial à ne pas négliger »79.
Dans un premier temps, présentons l’approche endogène qui forme la base du processus de l’Intelligence Territoriale.
L’approche endogène
L’approche endogène part de la notion selon laquelle le territoire lui-même est porteur de toutes les compétences et connaissances nécessaires pour faire aboutir le développement durable de l’espace local. Afin de les mobiliser il faut communiquer.
Dans cette démarche d’un « processus informationnel et anthropologique » que signifie l’intelligence territoriale, nous distinguons trois hypothèses essentielles (Bertacchini, 2000) :
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Les acteurs échangent de l’information (énergie)
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Ils accordent du crédit à l’information reçue (information)
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Le processus de communication ainsi établi, les acteurs établissent les réseaux appropriés et transfèrent leurs compétences (projet)
Nous expliquerons ces hypothèses en plus de détails dans les paragraphes à venir :
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« S’il est primordial que les territoires intègrent ces technologies de l’information et de la communication, il est tout aussi nécessaire qu’ils la nourrissent, au risque de se trouver marginalisés sur un plan national comme international » (Bertacchini, 2004).
Cependant, pour que les acteurs échangent de l’information et qu’ils accordent du crédit à l’information reçue, la création des contenus, dans l’objectif d’une fédération des connaissances et compétences autour d’un projet de développement local, devrait, selon Bertacchini (2004) :
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se baser sur des études de besoins par groupes et catégories (personnes âgées, communautés culturelles, sans emploi, jeunes, handicapés, etc.).
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favoriser et soutenir par appel d’offre la création de contenus originaux et la numérisation de contenus déjà existants sur d’autres supports (écrit, vidéo, etc.).
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soutenir la confection de bases de données et la diffusion en ligne des innovations et des contenus, avec des normes de catalogage et des moteurs de recherche spécialisés
Par ailleurs, afin d’établir une création de contenus d’une plus grande variété de la part de tout l’ensemble des échelons sociaux locaux, il est nécessaire de sensibiliser les élus et les citoyens aux problématiques liées au développement territorial.
Ainsi une diffusion vers le grand public, d’informations concernant les problématiques de la gestion et de la protection des milieux aquatiques maritimes et terrestres [que cette diffusion soit réalisée par des médias (Internet, télévision, presse, etc.) ou par des formations à l’école, à l’université, ou sur le « terrain »], ne pourra probablement que susciter des réactions de la part des citoyens.
Afin de profiter au maximum de la diffusion de ces réactions il est nécessaire que ces citoyens aient accès aux Nouvelles Technologies d’Information et Communication (NTIC), voire à l’Internet. Néanmoins, nous constatons d’une part une inégalité dans l’implantation géographique des NTIC. D’autre part, même-ci l’accès aux NTIC est établi, leurs applications effectives par les citoyens nécessitent leur formation dans l’utilisation de ces outils.
Pour cette raison nous remarquons en plusieurs régions de France, que la politique des collectivités territoriales s’est depuis plusieurs années engagée dans la création des « Points d’Accès à l’Internet Citoyen (PAIC) »80. Par une incitation financière, les communes et associations locales organisent le libre accès aux fonctionnalités informatiques (logiciels bureautiques, connexion Internet) auprès du citoyen. Pourtant, les pratiques d’accueil, d’information et de formation de ces centres ne sont souvent pas encore assez développées pour atteindre les objectifs visés, comme le démontre l’étude de Daniel Thierry (2004) sur les « Cybercommunes » en Bretagne. Dans ce même cadre le cabinet « Proposition » de Marseille et le « Laboratoire I3M Lepont » de l’Université du Sud Toulon-Var effectuent une étude sur les usages et pratiques des « Espaces Régionaux de l’Internet Citoyen (ERIC) » en région PACA.
Quoi qu’il en soit, nous pouvons constater une intégration globale des NTIC parmi tous les échelons territoriaux. Dans ce cadre, nous pensons que l’implication de l’ensemble des échelons sociaux locaux dans le développement local s’effectue par une fédération de ces « acteurs locaux de culture différente » autour d’un intérêt collectif ; autour d’un projet partagé.
« Si le processus de création de contenus numériques ne se fixe pas pour objectif premier d’associer les citoyens, les chefs d’entreprises, les administrateurs, les territoriaux, les socio-éducatifs, alors, la politique locale de développement ne peut pas prétendre à l’édification de l’organisation agrégative de ces pratiques » (Bertacchini, 2004).
Dans le cadre de notre étude nous pensons qu’une association des acteurs locaux autour du projet partagé d’une gestion et protection des milieux aquatiques maritimes et terrestres peut contribuer non seulement au développement durable du pôle de compétitivité, du pôle « Mer », mais également au développement durable de toute la région Paca.
C’est pourquoi il est indispensable de s’interroger sur l’identité des acteurs, leurs compétences en la matière et sur les interrelations qu’ils tentent de développer avec l’objectif commun de contribuer à la mise en œuvre du projet. C’est ce à quoi répond le concept de veille territoriale.
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