Iv. Traces utopiques et libertaires


Le monde hébraïque et le cas particulier du messianisme juif



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1.Le monde hébraïque et le cas particulier du messianisme juif


La difficulté pour cette mouvance, c'est de distinguer ce qui ressort de la culture juive et ce qui est intégré à la religion juive. Les libertaires mettent en avant des traits spécifiques plutôt de la culture, même s'ils n'hésitent pas à tirer des textes religieux des notions valorisantes. Les anarchistes juifs, athées, prennent donc plutôt le terme juif avec un sens ethnique ou culturel.

a)Traits novateurs et pré-libertaires dans la Bible


Avec l'Ancien Testament, nous sommes face à un ensemble d'écrits qui privilégient un seul peuple, qui montre un Dieu autoritaire et vindicatif et un système politique fondé sur le pouvoir d'un seul (le roi). C'est donc tout sauf un ouvrage émancipateur et libertaire.
Pourtant Valerio PIGNATTA, en s'appuyant sur le chrétien pacifiste et libertaire étatsunien Vernard ELLER (1927-2007), écrit «que la fonction fondamentale de la Bible, et surtout des Évangiles, et celle de permettre un processus de libération vis-à-vis de tout pouvoir et de toute hiérarchie»473. Jean-Luc POUTHIEZ n'hésite pas à écrire que «la Bible dans son ensemble est à mon avis un livre quasiment anarchiste, qui n'offre pas le moindre modèle politique»474. Et si on suit Jacques ROLLET475, on peut mettre en avant quelques traits novateurs et riches d'avenir, et tempérer le jugement global :

- la sortie d'Égypte serait un évènement libérateur fortement symbolique, contre toute domination et esclavage.

- les droits des pauvres sont respectés sur au moins trois plans : leur défense générale, l'aide aux plus démunis et la protection des serfs et esclaves.

- avec l'essor d'un judaïsme prophétique critiquant l'injustice du monde est mise en avant la notion de Justice.

- le roi devrait être le représentant des démunis et veiller à l'harmonie et au bien-être de tous.

On peut rajouter quelques autres éléments tirés d'ELLUL ou de PIGNATTA :

- l'importance des assemblées populaires dans l'organisation des tribus.

- le rôle limité et temporaire des Juges choisis uniquement lors d'une crise (ou pour une mission précise) et pour la durée de celle-ci.

- les Prophètes semblent avoir un rôle essentiel de contre-poids face aux rois et aux tyrans.
Arturo SCHWARZ, juif athée, anarchiste et surréaliste comme il le revendique476, et louant la vision pré-libertaire de SPINOZA «philosophe de la liberté et du bonheur»477, définit 7 critères présents dans le judaïsme qui justifient sa vision libertaire. :

- Le refus du principe d'autorité, et donc de tout dogmatisme. Cela impose la valorisation de l'autonomie individuelle.

- La soif de connaissance.

- Le respect de la diversité, ce qui impose le refus de tout exclusivisme et la proclamation d'œuvrer pour la fraternité universelle, sans hiérarchisation entre peuples.

- L'aspiration à la justice, en s'appuyant sur l'obligation de l'assistance à autrui.

- Le respect de la nature. Pour un juif la vision écologique est évidente puisque l'harmonie naturelle est créée par dieu.

- Le droit au bonheur.

- La vertu salvatrice et initiatique de la femme. Les dérives sexistes qu'a connu le monde judaïque à différents moments de son histoire sont donc sans aucun fondement ni aucune justification. La légitimité du plaisir et du désir concerne donc autant la femme que l'homme.


Belles avancées, mais qui comme pour toutes les exégèses peuvent être contredites par d'autres extraits. Dans tous les textes fondateurs des religions, on trouve tout et son contraire. D'autre part, il faudrait comparer le message et la réalité vécue, et relativiser le rôle du texte. Il en est des bons aspects de la Bible comme de la «bonne» constitution soviétique de 1936, des bonnes intentions et des bons principes, mais sans effets historiques marquants, sauf pour ceux qui croient en un avenir radieux et en un roi juste dans le futur : c'est toute la puissance du messianisme.

b)Fondements d’un messianisme juif libertaire


Le messianisme hébraïque est ancien, et ne devient qu’assez tardivement mouvement de salut tourné vers l’avenir, autour de la pensée apocalyptique478. Il a sans doute subi quelques influences locales et bien plus anciennes, notamment perses. Avec les exils et la diaspora, il ne va jamais cesser d'évoluer, et sans doute s'humaniser un peu : on passe progressivement du Messie fils de dieu au Messie fils de l'homme.

C’est cependant surtout au départ un messianisme bien trop ambigu pour l’inclure facilement dans une pensée libertaire. Il y a trop de points problématiques. Il faut en effet tenir compte des caractères autoritaires (par exemple le « messianisme royal » d'origine divine, DAVID, la théocratie toujours présente…), violents (l’objectif est un monde pacifié, mais la guerre, le lynchage parfois et le glaive sont nécessaires pour l’atteindre) et nationaux (et avec le peuple « élu », les aspects sont quasiment nationalistes, même si l’objectif final est de réunifier toutes les nations, issues d’un même arbre) qui lui sont rattachés. Au contraire, le christianisme, très vite, acquiert une portée universelle plus sympathique (en théorie) sur ces différents plans. Mais il semble que le messianisme juif dispose lui-aussi d'une vocation «universaliste de base»479 rarement évoquée ; cependant l'auteur tempère peu après cette affirmation en rappelant que «le messianisme judaïque exprimait une idéologie basée sur une identification presqu'exclusive entre sentiment religieux et sentiment national judaïque».

D’autre part, comme beaucoup de mouvements ou théories utopiques, la pensée juive est ambiguë car elle mêle deux visions, contradictoires en première instance : celle de la restauration (d’un Âge d’or mythique), celle de l’innovation (d’un monde futur parfait à créer). Cette ambiguïté explique qu'on peut trouver dans le sionisme des nationalistes radicaux et surtout autoritaires (zélotes et sicaires, quelques proto-chrétiens, quelques esséniens, quelques disciples de Jean Le Baptiste…), ou des penseurs misant avant tout sur « l'harmonie sociale qui permet une vie spirituelle entre les humains » (Hanon REZNIKOV480).
Il n’en demeure pas moins que la vision prophétique d’un futur meilleur, du règne attendu de la Justice et d’une société nouvelle « voulue par Dieu » (?) s’apparente très nettement à l’utopie, voire à l’anarchisme (« anarchisme transcendantal » écrit Chaïm SEELIGMAN481). La « tension vers le futur » serait le propre de la pensée juive fondamentale. L’anarchiste italien Furio BIAGINI fait même du messianisme juif le second courant psychologique utopique fondateur « des utopies révolutionnaires modernes » antiautoritaires, avec celui qu’il nomme « la sagesse occidentale »482. Il met cependant l'accent sur ses 3 principaux courants radicaux (sabbataïsme ou sabbatianisme, frankisme, hassidisme)483, rappelant ainsi qu'ils ne sont pas les seuls, loin de là. Il aurait dû évoquer le messianisme initial de Jésus et son exigence d'un royaume de justice sur la terre même.

Le messianisme juif, avec ses idées de justice sociale et sa référence à l’Exode comme modèle de système social équitable, est donc fortement emprunt d’utopie. Toute la spiritualité juive semble marquée par cette volonté de monde futur idéal, comme le rappelle ailleurs Furio BIAGINI484, autant sur le plan religieux que civil, ce qui est une des caractéristiques fortes du judaïsme.

Ce mouvement serait sous-tendu par une vision libertaire, puisqu’il met en avant l’inanité des commandements, même religieux, qui dans l’avenir radieux attendu, devront grandement disparaître, où n’auront tout simplement plus court.

Enfin ce monde nouveau, après la période de catastrophes et de conflits qui renverse la mauvaise société en place, devrait se construire ici et maintenant, et non pas hors du monde, ce qui le rend encore plus séduisant pour les déshérités.


Le premier sionisme chez un anarchisant comme Bernard LAZARE (1865-1903) par exemple est fortement teinté d’esprit libertaire largement reconnu et assumé. Les kibboutzim essaient d’appliquer une société meilleure et égalitaire, tout en défendant militairement, c’est leur grand paradoxe, un nouvel État de type colonial et très nationaliste.
De nombreuses analyses sur ce thème sont issues des œuvres de Michael LÖWY. Dans la revue Projet sur « Le déplacement des utopies » de mars 1998, il affirme que « la foi est au cœur des utopies sociales modernes ». Dans son ouvrage majeur dix ans auparavant, Rédemption et utopie. Le judaïsme libertaire en Europe Centrale, il développe l’importance des aspirations libertaires (c’est à dire « antiautoritaires et anti-étatistes prononcées ») pour de nombreux penseurs et militants issus du monde juif, et souvent de grande importance pour la pensée sociale de notre siècle. En 2010, il réitère clairement son affirmation que cette pensée juive est proche du «socialisme libertaire» et de l'anarchisme (surtout entre 1914-1923), en mettant en avant un messianisme actif, dans la mesure où le rôle des individus n'y est pas sous-estimé. Pour LÖWY ce prophétisme est non prédéterminé : il «conçoit le destin comme une balance, où le poids décisif est l'être humain lui-même… le destin n'est pas catégorique mais hypothétique, parce qu'il dépend de l'éthique et de la libre décision des humains»485. Bref nous sommes alors proche de l'utopie libertaire, ouverte et modifiable par les intéressés eux-mêmes.

Avec lui on peut retenir les kropotkiniens Martin BUBER (1878-1965) et Gershom SCHOLEM (1897-1982), bien évidemment, mais également le jeune Franz KAFKA (1883-1924), l’anarchiste pacifiste et important théoricien Gustav LANDAUER (1870-1919) ou Manès SPERBER (1905-1984)... Même les marxistes critiques ou hétérodoxes que sont Ernst BLOCH (1885-1977), György LUKACS (1885-1971) et Erich FROMM (1910-1980) sont fréquemment proches des visions antiétatiques et antiautoritaires.

Les aspirations anarchistes et utopiques sont nettement revendiquées par Gershom SCHOLEM, notamment lorsqu’il se positionne pour un sionisme libertaire, anti-étatiste : « car nous prêchons l’anarchisme, ce qui veut dire que nous ne voulons pas d’un État, mais d’une société libre… nous ne voulons pas la Palestine simplement pour y fonder un État… pour y troquer une chaîne pour une autre. Nous voulons la Palestine par soif de liberté et par désir de l’avenir, car l’avenir appartient à l’orient »486.

On retrouve aussi Walter BENJAMIN (1892-1940) dans cette liste de libertaires (et post-fouriéristes), car les correspondances et « l’attractio electiva » entre messianisme juif et utopie libertaire sont très fortes dans sa pensée. LÖWY (1998) développe un chapitre théorique de grande ampleur et tout l’ouvrage l’illustre par petites touches. C’est une œuvre un peu difficile mais très motivante.

Dans un autre article487, Michael LÖWY renforce cette analyse d’un BENJAMIN qui dans son utopie mêle trois grandes sources : le romantisme, le marxisme critique et une pensée libertaire omniprésente nourrie surtout de RECLUS, TOLSTOÏ et FOURIER. Pour lui messianisme et révolution se confondent, dans une rupture nécessaire chargée d’empêcher une évolution historique dramatique. Dans des traits dystopiques très marqués, Walter BENJAMIN dénonce l’illusion du progrès et son débouché cataclysmique.

c)De rares tendances libertaires dans quelques mouvements juifs


Dans le monde hébraïque antique, les communautés des Esséniens - Les Saints (notamment au bord de la Mer Morte, celle de Qumrãn, ou en Égypte avec le groupe des thérapeutes), misent sur la confraternité choisie et la mise en commun des biens. Les premiers groupes remontent peut-être au III° s. av., par exemple celui de Qumrãn dure du III° av. au I° ap.488 Ils sont liés aux nazaréens et aux hassidim (les croyants).

Leur vie paraît volontairement assez ascétique et spartiate, et leur dénonciation de la richesse et de la propriété très répandues. Les Esséniens véhiculent (selon PHILON d’Alexandrie) des aspects de communisme primitif (concernant maisons, propriétés, ressources et productions…) auxquels s’ajoute une volonté antiesclavagiste rarissime dans les mondes du Proche Orient à cette époque. Ils s'opposeraient également au sacrifice des animaux.

Mais leur organisation est très hiérarchisée (avec notamment un Maître de Justice), et très organisée, avec des rites et des règles très contraignants (célibat, rites de purification, obéissance quasi absolue à leur Conseil, ascétisme…). Leur vision est très élitiste ; ils se considèrent comme les seuls purs au sein du judaïsme : absolument rien à voir donc avec les communautés libertaires, mais tout à voir avec les sectes monastiques à venir. C'est une secte fermée, l'antithèse d'un mouvement à visées universaliste.

Vivant plus ou moins en marge, hors et contre la théocratie principale, les Esséniens paraissent ainsi plus proches des autres mouvements de libération. Souvent présentés autrefois à tort comme de vrais pacifistes489, ils comptent aussi des mouvements de résistance qui admettent la violence et prônent un messianisme radical. Au I° s. ap. ils sont parfois confondus ou mêlés aux zélotes, notamment le groupe de Qumrãn. Ils ont sans doute participé au soulèvement de 66-70, ce qui explique la destruction du site par les romains.


Les Zélotes490 depuis Judas de Galilée (révolte à la mort d'HÉRODE en 4 av.) jusqu'à la grande révolte de 66-70 (voire également celle de Bar KOKHBA en 132-135) sont très actifs dans les mouvements de résistance. Ils privilégient souvent la violence et le meurtre, notamment à l'aide du poignard (sica) d'où le nom de sicaires (ekariot, d'où peut-être le terme d'iscariote selon Pier Francesco ZARCONE491) qui leur est attribué. Leur origine et leur localisation les fait parfois appeler galiléens.

Leur cas n'a cependant pas grand-chose à voir avec une vision libertaire de l'histoire juive. Certes ce sont des résistants et des combattants contre tous les pouvoirs en place (romain et local, laïc et religieux). Certes ils sont parfois antimonarchistes et toujours ancrés dans la population. Certes ils sont parmi les rares à mettre en avant des idées égalitaires et par exemple à s'opposer aux taxes pour défendre les classes pauvres. Certes ils ébauchent quelques volontés démocratiques (par exemple le tirage au sort des charges religieuses suprême).

Mais ils le font au nom d'un nationalisme et d'un exclusivisme judaïque réducteurs. Leur vision théocratique est très orthodoxe et intransigeante ; cela les assimile aux sectes les plus radicales et fanatiques, en aucun cas à des mouvements universalistes libérateurs. Mais leur révolte sociale et égalitaire, la totale primauté accordée au Dieu d'Israël et l'attente messianique du Sauveur… peuvent les avoir rapprochés de Jésus et de ses disciples, dont beaucoup sont eux-mêmes de Galilée. Il y a sans doute eu des proto-chrétiens dans leur grande révolte de 66-73. Les recherches récentes tendent à prouver que les zélotes étaient bien présents parmi les apôtres.
Le communisme primitif (dont les traces apparaissent chez les Esséniens et les disciples de Jésus) doit sans doute une partie de son côte utopiste au cousin de Jésus, Jean le Baptiste (tué en 28 ap.), qui oscille entre les zélotes, les esséniens de Qumrãn et d'autres mouvements. «Son programme immédiat était une sorte de socialisme utopique, basé sur la justice économique et sociale à travers la communion des biens : justice dans la récolte des tributs ; antimilitarisme»492. À cela s'ajoute une volonté de purification morale, symbolisée par ce baptême fluvial auquel il initierait Jésus et ses disciples.
Au début du II° siècle, le leader insurrectionnel Shimon Bar KOCHBA (Chim'on Bar KOSIBA) est souvent considéré comme un messie, un « fils de l’étoile » (notamment par Rabbi AKIVA). S’élevant contre les prétentions d’HADRIEN, il est à l’origine d’un mouvement de masse assez colossal pour l’époque (100 000 hommes si on suit les sources judaïques).
À l’époque moderne, la pensée et l’action de l’anatolien (né à Smyrne) Sabbataï TSEVI ou TZEVI ou Shabtaï TZVI (1626-1676) donne au messianisme juif des éléments qu’il ne perdra plus. Dans l'aire turque et plus largement ottomane, il voyage beaucoup et contribue à la fondation de la secte des Sabbatéens. Défait et emprisonné, il se parjure et adopte l'islam, mais une bonne partie de ses fidèles ne lui en tiennent pas rigueur ; il est même divinisé.

Ce mouvement hérétique (sabbatéisme, sabbataïsme parfois appelé sabbatianisme) vise à restaurer « l’harmonie primordiale sur la terre »493. Il cause dans toute l’Europe de puissantes manifestations dans les communautés judaïques. Les Sabbatéens sentent le soufre : ils admettent la sainteté du péché, apparaissent comme des nihilistes religieux convaincus, et autorisent toutes les transgressions, à commencer par l’apostasie puisque TSEVI lui-même se convertit à l’islam en fin de sa vie ! Ils survivent d'ailleurs curieusement dans l'islam jusqu'à nos jours, mêlant judaïsme, islam et christianisme, et sont connus parfois sous le nom de Dönme (convertis ou apostats). Il semblerait également que leur mode de vie autorisait une certaine liberté sexuelle pour certains d'entre eux, qui mettaient ainsi en péril l'institution familiale anatolienne traditionnelle.


Son disciple d’Europe de l’Est, Jacob ben Judah LEIB dit Jacob FRANK (1729-1791) va encore plus loin dans le radicalisme « anarchiste » ou « nihiliste ». Les frankistes prônent l’abandon « de toutes les lois, toutes les conventions, toutes les religions », et avant BAKOUNINE souhaitent la totale destruction de l’existant pour mieux reconstruire. Avant MAO également, ils affirment qu’il faut compter sur ses seules forces, hors de toute implication religieuse, pour « parvenir à la liberté »494. L’objectif semble totalement libertaire : « ce lieu, vers lequel nous vous dirigeons, ne tolère aucune loi, puisque toute loi vient de la mort et que nous, nous allons vers la vie ». Gershom SCHOLEM n’hésite pas à entrevoir l’anarchisme sous-jacent dans le frankisme, puisqu’il tend vers une « vraie vie anarchiste », « une vie de liberté anarchiste »495. Curieusement, lui aussi en fin de sa vie se convertit, mais au christianisme, avec un grand nombre de ses fidèles.
Au XVIII° en Europe de l’Est se développe le hassidisme (le terme pouvant signifier « intégrité »), grâce aux activités de Rabbi Israël ben ELIEZER, nommé Israël Shem TOV (1700-1760) et plus connu encore comme Baal Shem TOV - « Le maître du juste nom ».

Quelques éléments de ce nouveau courant peuvent alors se rapprocher d’une vision utopique libertaire : par exemple : l’antiélitisme, la reconnaissance de l’imperfection humaine et une certaine banalisation du péché, l’anti-dogmatisme et le refus de la langue de bois, et surtout l’importance du caractère rédempteur contenu en tout homme. Certains pratiquaient visiblement une communion joyeuse avec leur divinité, et une revalorisation de la hitlaavout (embrasement de l'amour), ce qui peut être interprété de diverses manières.

Pour TOV il faut supprimer les intermédiaires entre Dieu et l'homme, et revaloriser alors toutes les actions humaines, même apparemment les plus sulfureuses ou contestables aux yeux des autorités établies.

BIAGINI renforce le trait, proche de l’autonomie prônée par les libertaires, puisque « l’homme sort de l’anonymat collectif pour devenir un sujet au sens fort du terme »496. L’institution rabbinique, symbole de tout pouvoir extérieur et dogmatique, en sortait affaiblie.

Les premières communautés hassidiques vivent une foi simple, souriante, misant beaucoup sur le chant et la danse. Mais elles semblent se figer rapidement, et leur maître s’appuie de plus en plus sur un pouvoir héréditaire.

Malheureusement, en s’institutionnalisant, le hassidisme d’aujourd’hui comporte les éléments qu’il condamnait dans sa pureté originelle : jugé au début comme hérésie, il se fait même parfois défenseur de la tradition.



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