6. L’évaluation :
Les buts de l’évaluation :
L’évaluation joue un rôle fondamental dans le module. Comme dans toutes les matières, elle permet d’imposer une obligation d’activité et de résultats aux étudiants. Elle permet aussi de valider les apprentissages, et à ce titre elle est un outil précieux dans l’élaboration de tout enseignement, puisque c’est par le constat des réussites et des échecs d’apprentissage que l’enseignant peut éliminer les méthodes et techniques inefficaces. Ce processus d’apprentissage de l’enseignant lui permet de mettre au point, année après année, la forme d’enseignement la plus pertinente.
Le module Apa n’échappe pas à la règle, et les évolutions apportées au fil des ans répondent à un but précis : tenant compte des objectifs du cours, les problèmes proposés aux étudiants doivent conduire à les placer naturellement dans des situations permettant l’observation de faits objectifs et personnels les concernant. Trop de situations classiques de l’enseignement traditionnel, par exemple en séances d’exercices ou en travaux pratiques, donnent lieu à une évaluation superficielle (l’étudiant a vaguement expliqué quelque chose, donc il a compris !) ou non personnelle (un rapport est fréquemment l’œuvre de plusieurs étudiants, parmi lesquels certains se sont plus impliqués que d’autres). Pour savoir ce qu’a véritablement appris un étudiant, rien ne vaut de le voir à l’œuvre : on recherche donc les circonstances les plus favorables, dans certains cas pour lui donner envie d’apprendre quelques chose de nouveau, dans d’autres cas pour évaluer ce qu’il a appris. Cet objectif conditionne désormais la structuration de tout le module.
En effet, et c’est le dernier mais pas le moindre des objectifs de l’évaluation, il est capital pour l’enseignant de pouvoir renvoyer à l’étudiant les informations qui lui permettront de progresser au cours du module, et - pourquoi pas - durant la suite de ses études (effet miroir). L’étudiant doit être informé suffisamment tôt des attentes de l’enseignant à une étape donnée du cours, et lorsque cette étape est achevée l’enseignant doit être capable d’évaluer ce qu’elle a apporté à l’étudiant et ce que l’étudiant doit changer dans ses méthodes ou apprendre par la suite. Il ne faut tout de même pas confondre l’idéal et la réalité : cette vision de l’interaction permanente entre enseignant et étudiant, pour intéressante qu’elle soit, est néanmoins très difficile à appliquer. Nous pensons qu’elle pose de grandes difficultés pratiques et quotidiennes à l’enseignant, mais qu’elle représente un objectif de qualité et d’efficacité de la formation. En conséquence, l’enseignant doit être aidé par tous les moyens à structurer son action et à prévoir l’organisation concrète la plus adaptée à ses possibilités. Ceci nécessite donc de dégager des périodes d’immersion guidée dans le sujet, à destination des enseignants qui s’intéresseraient à de telles méthodes d’enseignement : séminaires, écoles d’été, … Le problème se pose très certainement avec la même acuité pour les enseignants de tous les structures, de l’école élémentaire à l’enseignement supérieur. Ici encore, c’est un constat que nous tirons de notre double expérience Apa et Main à la Pâte.
L’organisation de l’évaluation :
L’expérience acquise montre que les étudiants ont besoin de temps pour apprendre, et que le système traditionnel ne leur en laisse que bien peu, pressé qu’il est d’empiler les connaissances dans des cerveaux déjà saturés. En outre, l’étudiant ne peut progresser dans ses apprentissages de compétences que s’il est guidé. Il ressort de ces deux impératifs que l’agencement général des activités devrait obéir peu ou prou au canevas suivant :
-
préparation du matériel de l’expérience en responsabilité propre mais sous contrainte de délais et de résultats.
-
utilisation par les étudiants de l’assistance technique pour parvenir à l’objectif technique en temps utile.
-
lors des cours, travail collectif de réflexion, de construction de la démarche scientifique. Réalisation de mesures ou d’une partie de l’expérience. Apports théoriques et compléments d’information de l’enseignant.
-
lors des cours ou de manière différée si les conditions s’y prêtent : première évaluation des résultats obtenus, contrôle de fonctionnement et de maîtrise d’emploi des appareils, observation des travaux et comportements de l’étudiant dans des situations bien définies …
Parvenu à ce stade, on peut dire que les étudiants ont intégrés par la pratique la teneur du problème soulevé, et qu’ils sont à présent en position de véritablement apprendre quelque chose de plus : la véritable phase d’apprentissage peut commencer :
-
retour d’observations et conseils de l’enseignant à l’étudiant, par exemple : comment améliorer un protocole d’expérience, et quelles sont les lacunes constatées dans la première version proposée.
-
l’étudiant est alors en mesure d’appliquer les conseils et de reconduire le travail précédent, dans un contexte adapté ou modifié éventuellement.
-
le rapport final permet l’évaluation définitive de l’apprentissage.
Les critères d’évaluation :
Dans les formes traditionnelles d’enseignement, on évalue trop souvent la rapidité de l’apprentissage, et non sa solidité. Les critères retenus pour Apa portent majoritairement sur des observables objectifs, mais il est également intéressant de suivre certains aspects plus subjectifs :
-
respect des contraintes et des objectifs
-
activité en classe, apport scientifique au groupe
-
efficacité avérée par les rapports lors des activités en temps limité (lors des cours ou lors de séances spécifiques)
-
volonté d’apprentissage et de réinvestir les acquis
-
structuration et cohérence des rapports
Des outils et des méthodes spécifiques pour l’évaluation :
L’évaluation matérielle peut prendre différentes formes, selon qu’elle est accomplie par les étudiants eux-mêmes (évaluations croisées : les étudiants se déplacent dans la salle et sont chargés de caractériser le fonctionnement ou le réglage du montage d’un autre étudiant) ou par l’enseignant. Dans ce cas, l’emploi de circuits de mesure spécifiquement conçus pour le test permet à l’enseignant de faire travailler les étudiants en aveugle sur une mesure ou un réglage, puis de contrôler leur résultat numérique qui est un indicateur objectif de la qualité de toute la procédure suivie depuis la conception du dispositif. Certains contrôles peuvent aussi être effectués de manière différée, les étudiants laissant leur montage d’expérience prêt à l’emploi en fin de cours, et l’enseignant passant ensuite pour contrôler les montages grâce à un matériel adapté.
Dans d’autres cas, des outils de contrôle plus sophistiqués peuvent simplifier la procédure de test, et surtout accroître l’exigence de qualité auprès des étudiants, par exemple un dispositif d’acquisition multi-voies permettant de suivre simultanément l’évolution dans le temps de toutes les expériences menées dans la salle. Des outils de ce type sont en conception actuellement. Il va de soi que leur définition est étroitement liée au contenu du cours et aux objectifs poursuivis.
L’effet miroir : comment renvoyer les informations importantes aux étudiants ?
L’évaluation quasiment permanente de l’activité des étudiants impose de faire le bilan périodiquement avec eux, mais il n’est pas envisageable de leur restituer les données d’évaluation brutes, bien trop nombreuses (jusqu’à 80 points d’évaluation notés durant le module, par élève). Deux solutions sont actuellement testées. La première consiste à faire le point, idéalement toutes les deux à trois semaines, dans les cahiers d’élèves, à l’aide d’appréciations chiffrées réalisées le plus fréquemment possible sur des sujets qui peuvent évoluer au fil des circonstances. Cette procédure est très personnalisée et adaptable en permanence à la situation du module, mais s’avère très coûteuse en temps et exige de l’enseignant une adaptation permanente peu compatible avec un travail d’équipe (difficulté d’harmoniser en temps réel les observables évalués par 6 enseignants).
C’est pourquoi nous avons testé une méthode plus « automatique », dont nous espérons obtenir la même qualité d’appréciation et d’information pour l’étudiant tout en demandant moins de temps à l’enseignant. Les critères sont évalués numériquement après chaque séance ou chaque résultat, des moyennes sont calculées périodiquement. Les moyennes par critère sont renvoyées à l’étudiant sous forme d’un graphe en barres où chaque critère est noté. Périodiquement aussi, une moyenne générale est calculée et affichée dans le cahier-navette de chaque étudiant, sous la forme d’une « courbe de température » qui lui indique comment il se positionne par rapport à nos attentes, et surtout comment il évolue dans le temps. A ces indications chiffrées de niveau, il faut adjoindre des appréciations qualitatives globales, ce qui s’avère difficile à réaliser pour une majorité d’étudiants qui se situent dans la moyenne, pour lesquels seul un traitement « au quotidien » permet réellement d’agir.
Dans la pratique, on constate que la première méthode est de loin la plus performante, car en prise directe avec les événements. Il est réellement difficile pour l’enseignant de se construire un avis circonstancié sur chacun de ses étudiants s’il ne traduit pas chacune de ses observations par un évaluation « à chaud » et réellement en phase avec le déroulement effectif de la leçon.
7. Conclusion :
On a présenté ici les résultats de l’expérience acquise depuis quatre ans dans l’élaboration d’une méthode d’Apa adaptée aux besoins des étudiants français. Les essais réalisés ont montré l’existence de potentialités réelles pour développer la réactivité et, par voie détournée, la motivation des étudiants pour les sciences.
Le contexte particulièrement favorable de l’Ecole des Mines – en terme de taux d’encadrement et de moyens techniques – a permis l’exploration de la méthode dans des conditions très favorables. Il faut donc considérer ceci comme une expérience destinée à identifier les objectifs de formation qui sont réellement à la portée de ce type d’enseignement. Il est à présent nécessaire d’en déduire des modalités d’application plus « raisonnables », c’est-à-dire compatibles avec des contextes moins favorables : de telles méthodes devront être implantées, dans les prochaines années, à tous les niveaux de l’enseignement scientifique – du primaire au supérieur -, dans une proportion modeste certes car il n’est pas question de supplanter les méthodes traditionnelles mais de les compléter au même titre que la percée actuelle des NTIC. Le problème posé est bien d’imaginer les modalités de leur application avec des moyens réduits. Si les contraintes de matériel paraissent pouvoir être levées aisément par la réduction des ambitions de réalisation (en physique, il y a déjà beaucoup à faire avec quelques composants électroniques, et pas seulement en électricité mais aussi en thermique, acoustique, optique, et - au-delà – en automatique), il apparaît que la « reconversion » de quelques enseignants à de telles pratiques devra être aidée en priorité, dans le cadre de phase de découverte et d’immersion pratique dans la méthode : ce n’est que par le vécu individuel que les enseignants pourront saisir l’essence de méthodes telles que Apa, basées elles-mêmes sur l’exploitation du vécu des étudiants. Nous-mêmes avons eu besoin de plusieurs années de pratique intensive pour toucher du doigt l’essence de ces méthodes.
Il nous reste à exprimer le souhait que s’établisse à l’avenir un réseau international d’institutions intéressées par ces développements ou ayant elles-mêmes faits des tentatives du même ordre, dans le but de pérenniser et répandre les pratiques pédagogiques à tous les niveaux de l’enseignement scientifique.
Contact : Carl.Rauch@emn.fr
ENSEIGNER LES MATHS... OU LES APPRENDRE ? UNE EXPERIENCE EN PREMIERE ANNEE INGENIEUR.
Vincent WERTZ, Pascale WOUTERS
UCL, Faculté des sciences appliquées et Institut de pédagogie universitaire et des multimédias
Face à l’explosion des savoirs, face à la demande sociétale d’avoir des professionnels créatifs, critiques et aptes à travailler en groupe, peut-on encore enseigner les disciplines de base d’une formation d’ingénieur de manière traditionnelle ? Ne faut-il pas plutôt mettre en œuvre de nouvelles pédagogies permettant aux étudiants d’apprendre à apprendre et de pratiquer, dès le début de leur formation, le travail de groupe, la créativité et l’esprit critique ?
Nous relatons ici une expérience d’apprentissage par problèmes dans le cadre d’un cours de mathématique de première année. Un cours de mathématique justement parce que cette matière, réputée aride, ne se prête pas de manière évidente à une approche d’apprentissage par problèmes.
Cinquante étudiants, extraits du groupe initial de trois cent cinquante étudiants ingénieurs en première année, ont été répartis en groupes de sept à huit personnes, et confrontés chaque semaine à un problème relativement ouvert en guise de point de départ aux apprentissages. Encadrés par un tuteur les étudiants, au sein de leur groupe, déterminent quels sont les enjeux mathématiques soulevés par le problème, identifient les notions nouvelles à acquérir, repèrent les supports (notes de cours, livres de référence) où ces notions sont exposées. Suit une phase de travail personnel permettant à chaque étudiant de s’approprier ces nouvelles notions, puis une nouvelle période de travail en groupe, sans tuteur, où les informations récoltées par chacun sont mises en commun, discutées pour finalement élaborer en commun une solution au problème posé ainsi qu’une liste des notions mathématiques nouvellement apprises.
Le dispositif est également complété par un nombre limité de cours de restructuration permettant une intégration des différents acquis.
Cette expérience s’est révélée très concluante1. Les étudiants concernés ont en moyenne mieux réussi l’examen (commun) que ceux ayant suivi l’enseignement magistral classique. Bien plus important cependant a été de découvrir chez ces étudiants un réel plaisir dans l’apprentissage, une plus grande motivation, une réelle prise de responsabilités dans les apprentissages, une amélioration des capacités de travail en groupe et de communication orale et écrite, un apprentissage de la critique constructive. L’avenir dira si les acquis de cette expérience d’apprentissage se révèlent plus durables que ceux d’un enseignement traditionnel.
Du côté des tuteurs, l’enthousiasme est tout aussi grand. Accompagner les étudiants dans leur travail de découverte s’est révélé extrêmement enrichissant. Reste à trouver des formules réalistes pour étendre le dispositif à l’ensemble du groupe.
mots clés : mathématique pour ingénieurs, apprentissage par problèmes, pédagogie active.
TABLE RONDE 3 : Pédagogies par projets
A. GHOUATI, D. GEORGES
Pédagogie du projet industriel et mise en situation
professionnelle : le passage du métier d'étudiant au
métier d'ingénieur………………………………………………………………………….
J.-M. DIRAND, G. LACHIVER, D. DALLE, R. THIBAULT,
R. HIVON
Un curriculum à base de compétences couplé à une
approche pédagogique par projets……………………………………………..
PEDAGOGIE DU PROJET INDUSTRIEL ET MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE :
LE PASSAGE DU METIER D’ETUDIANT AU(X) METIER(S) D’INGENIEUR
Ahmed GHOUATI
MCF en Sciences de l’Education, ESISAR-INPG
50, rue B. de Laffemas BP 54
26902 Valence cedex 9
(chercheur au Centre de Recherche sur les Institutions, les Pratiques et les Politiques Educatives, CRIPPE, Université de Paris VIII)
Didier GEORGES
Professeur d’Automatique, ESISAR-INPG
50, rue B. de Laffemas BP 54
26902 Valence cedex 9
(Chercheur au Laboratoire d’Automatique de Grenoble, LAG -INPG)
RESUME DE LA COMMUNICATION :
Dans le cadre de la formation d’ingénieurs, l’expérience relatée ici se veut une contribution à la mise en place d’une approche pédagogique de la complexité. A travers la réalisation d’un projet industriel, les élèves-ingénieurs nous semblent apprendre autrement (que scolairement), découvrent leur futur métier autant qu’ils se découvrent, obtiennent des résultats autant qu’ils se réalisent humainement. Sans passer obligatoirement par l’entreprise, l’expérience pédagogique du projet industriel (placé en avant-dernière année d’études) les conduit à modifier trois types de rapports : rapport au savoir (scolaire), rapport aux autres et rapport à eux-mêmes.
Le protocole de recherche repose sur une observation de type AVANT-APRES le travail du projet industriel (d’une durée de 6 mois), avec deux outils d’investigation : un questionnaire soumis à tous les étudiants (avant : N=24 ; après : N=14) et 04 entretiens2 non directifs (02 avant et 02 après). Les données obtenues ainsi corroborent nos hypothèses de départ notamment en termes de possibilités d’innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur.
Il reste néanmoins à approfondir la question du « pourquoi ça se déroule ainsi ? ». D’où la perspective d’ouvrir un protocole aux données plus qualitatives - du type « monographie d’un groupe de projet » - avec des hypothèses portant sur les rapports entre savoirs et savoir-faire et sur le rôle des représentations sociales lors du passage du « métier » d’étudiant au(x) « métier(s) » de l’ingénieur.
I. OBJECTIFS DE LA COMMUNICATION
LES RECHERCHES SUR LA « PEDAGOGIE UNIVERSITAIRE » SONT PLUTOT RARES3. NOUS VOUDRIONS :
-
Apporter une contribution à la réflexion pédagogique « universitaire », notamment en école d’ingénieurs ;
-
Participer à l’amélioration du « rendement didactique » - i.e les savoirs acquis par rapport au temps passé en formation initiale.
II. CONTEXTE DE L’ETUDE
-
Création de l’Ecole Supérieure d’Ingénieurs en Systèmes industriels Avancés Rhône-Alpes (ESISAR) en 1995 à Valence, 9ème école de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (INPG).
-
Formation d’ingénieurs généralistes du Génie Electrique, profil élargi à l’informatique industrielle.
-
Trois grands pôles, entre autres, caractérisent l’école : le pôle enseignement, le pôle recherche et le pôle transfert de technologie (dont les relations industrielles).
-
Mise en situation professionnelle (sur 5 années d’études) à travers
deux stages en entreprise ou dans un laboratoire : un stage de technicien (situé entre la 2ème et la 3ème année), et un stage d’ingénieur en 5ème année, d’une durée de 4 mois.
L’activité du projet se situe entre ces deux stages, précisément en 4è année.
III. DEFINITION DE LA PEDAGOGIE DU PROJET
La pédagogie du projet n’est possible que si elle traite simultanément ou conjointement du projet de production et du projet de soi des élèves (Marc Bru et Louis Not, 1987)4 :
Pédagogie du projet :
-
Dispositif d’enseignement qui n’est pas imposé ;
-
Ensemble d’objectifs, de contenus et de moyens visant la formation du sujet par une implication effective ayant pour support la réalisation d’un produit et/ou d’un service, en un temps déterminé, sous la responsabilité d’un enseignant.
-
Cette pédagogie remplie trois autres fonctions:
-
Une fonction politique : formation de cadres opérationnels ;
-
Une fonction économique : une production conséquente ;
-
Une fonction sociale (dont la communication externe) : élargir en permanence les réseaux de partenariat.
IV. HYPOTHESES DE TRAVAIL
Théoriquement, le travail de projet déstructure et restructure. Il affecte plus particulièrement trois aspects complémentaires chez le sujet, formalisés sous le concept de « rapport » ou « relation de sens » entre plusieurs éléments5 :
-
Le rapport au (x) savoir(s)
-
Le rapport aux autres
-
Le rapport à soi
La modification de ces trois rapports facilite le passage du « métier d’étudiant » au(x) « métier(s) d’ingénieur ».
La notion de « métier d’étudiant » est définie, ici, comme ensemble de compétences pour, à la fois, maîtriser les « règles du jeu » scolaires/universitaires et pour pouvoir s’en émanciper6.
Le « métier d’ingénieur », selon la CTI7 (1998) « (...) consiste à résoudre des problèmes de nature technologique, concrets et souvent complexes, liés à la conception, à la réalisation et à la mise en œuvre de produits, de systèmes ou de services. Cette aptitude résulte d’un ensemble techniques d’une part, économiques, sociales et humaines d’autre part, reposant sur une solide culture scientifique(...) » .
V. METHODOLOGIE
-
Un protocole d’observation du type avant-après :
AVANT LE PROJET APRES LE PROJET
(1ère obs.) (2ème obs.)
TRAVAIL D’EQUIPE (de trois étudiants) SUR LE PROJET INDUSTRIEL (6 mois)
(Avec implication des chargés de projet et des entreprises )
-
Recueil d’un matériau semi-qualitatif à traiter:
-
Par entretien non directif : 04 entretiens au total, soit 02 avant et 02 après le projet ;
-
Par questionnaire (les items sont issus du contenu des entretiens) : Avant, N= 24 (100%), Après N=14 (58,3%).
VI. PRINCIPAUX RESULTATS (D’UN TRI A PLAT DES QUESTIONNAIRES)
|
|
|
|
AVANT
|
(N=24)
|
APRES (N=14)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
|
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Question 1:
|
Qu’évoque pour vous la notion de projet ? (ouverte)
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|
Travail d’
|
équipe
|
|
Prise de responsabilité
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
|
Se mettre
|
en
|
situation
|
Réponse à un contrat
|
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|
|
|
|
|
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Apprendre
|
le
|
métier
|
Résoudre un problème
|
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|
|
|
|
Réaliser
|
|
|
Confiance en soi, se réaliser
|
|
|
|
|
|
|
|
Question 2:
|
Stimule la créativité ?
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
OUI
|
|
16
|
|
67%
|
14
|
100%
|
|
|
|
|
|
|
|
NON
|
|
2
|
|
8%
|
0
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
NSP
|
|
6
|
|
25%
|
0
|
0
|
|
|
|
|
|
|
Question 3:
Conditions de travail.
|
|
|
|
OUI
|
NON
|
OUI
|
NON
|
|
|
|
|
|
|
A./ Ecoute entre :
|
Enseignants et étudiants
|
|
|
17
|
1
|
9
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
Etudiants
|
|
|
14
|
|
13
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
Etudiants et Entreprise
|
|
|
10
|
1
|
9
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
Etudiants et Direction
|
|
°
|
1
|
7
|
3
|
8
|
|
|
|
|
|
|
B./ Temps nécessaire
|
|
|
|
12
|
1
|
12
|
2
|
|
|
|
|
|
|
C./ Moyens nécessaire
|
|
|
|
5
|
12
|
5
|
8
|
|
|
|
|
|
|
Question 4:
|
Utile pour le projet : (Plusieurs réponses possibles)
|
|
|
OUI
|
|
OUI
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Analyse de la demande
|
|
18
|
|
75%
|
14
|
100%
|
|
|
|
|
|
|
|
Négociations avec l'entreprise
|
|
15
|
|
62%
|
11
|
78%
|
|
|
|
|
|
|
|
Cahier des charges
|
|
14
|
|
58%
|
11
|
78%
|
|
|
|
|
|
|
|
AUTRE(S)
|
|
|
|
|
Avoir 1 un interlocuteur privilégié
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Problèmes de relations Etudiants/Direction
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Maîtriser les aspects scientifiques,
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
techniques et politiques du projet.
|
|
|
|
|
|
|
|
Question 5:
(ouverte)
|
Développement personnel par :
|
|
Recodage
|
des
|
réponses
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Travail d'équipe, communication., Organisation
|
|
|
15
|
62%
|
10
|
71%
|
|
|
|
|
|
|
|
Prise conscience, Responsabilité, globalité
|
|
|
10
|
41%
|
8
|
57%
|
|
|
|
|
|
|
|
Méthodologie, Résolution Problèmes
|
|
|
6
|
25%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Affirmation de soi
|
|
|
-
|
-
|
8
|
57%
|
|
|
|
|
|
|
Question 6:
|
Apports du projet indus. ? (Ouverte)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
En communication Et Techniques de l’entreprise.
|
|
Comportements professionnels
|
|
|
Nouvelle approche des problèmes,
|
|
|
|
|
|
|
|
|
En Sciences et Techniques
|
|
Nouvelles technologie.
|
|
|
Plus de rigueur, coordination des informations
|
|
|
|
|
|
|
|
Question 7:
|
Connaissances mobilisées (Plusieurs réponses possibles)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ne sait pas encore
|
|
|
5
|
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Littérature Scientifique/Technique
|
|
|
4
|
|
12
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CM/TD/TP
|
|
|
8
|
|
6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Connaissances. autres
|
|
|
6
|
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Capacités personnelles.
|
|
|
-
|
|
12
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Contacts avec entreprises
|
|
|
-
|
|
10
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Conseils avec chargé de projet
|
|
|
-
|
|
9
|
|
|
|
|
|
|
|
Question 8:
|
Conseils à un nouvel étudiant ? (ouverte)
|
|
"ON DECOUVRE"
|
(monde du travail)
|
|
"ON SE QUALIFIE"
|
(professionnalisme)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
"LIBERTE"
|
(travail non scolaire.)
|
|
"ON APPREND"
|
(meilleure formation,
"Si ça pouvait durer 3 ans!" )
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
"ON SE DECOUVRE"
|
(développement personnel)
|
|
"ON SE DECOUVRE"
|
"Aspect humain + que technique"
|
|
|
|
|
|
|
Question 9:
(ouverte)
|
Le plus difficile dans la conduite de projet :
|
|
|
(RECO
|
DAGE
|
DES REPONSES)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Travail de groupe
|
|
|
|
11
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scientifique/ Technique
|
|
|
|
7
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Négociations avec entreprises
|
|
|
|
8
|
6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Délais
|
|
|
|
14
|
9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Rapport final
|
|
|
|
8
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Négociation avec enseignants
|
|
|
|
4
|
3
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Planning
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8
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Cahier des charges
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-
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7
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Question 10 :
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Le plus agréable dans la conduite de projet ?: (Ouverte)
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(Recodage des réponses)
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Liberté d'organisation du travail
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8
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Réalisation, découverte
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3
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-
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Travail de groupe
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3
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-
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Non scolaire, professionnel
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6
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5
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Créativité
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-
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3
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Gestion globale, implication totale
Prise responsabilité, autonomie
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6
6
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Question 11 :
Votre projet professionnel individuel?
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1.DEA, Ingénieur. ;
2.Chef de projet
3.Ingé. R et D ;
4.Dévpt logiciels.
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Total = 4
( 17%)
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1.Chef de projet Electronique;
2.Chef de projet des systèmes automatiques ;
3.Ingé. R et D (2)
4.Ingé. fabrication ;
5.Chef de projet (2)
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Total =7
(50%)
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VII. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
A /. Conclusion (éléments) :
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Le projet implique totalement l’étudiant et le fait sortir de ses cadres habituels de pensée, de comportement ou de relation avec ses coéquipiers ;
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Il donne sens à l’apprentissage du métier et génère une motivation intrinsèque ;
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La confrontation au groupe fait vivre des conflits dont l’effet psychosociologique immédiat (ou différé) est de faire évoluer les positions individuelles.
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Une pédagogie du projet conduit à des savoirs construits ou co-construits par des étudiants et des enseignants.
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Une pédagogie du projet implique un management humaniste et participatif. Dans ce cadre, la pratique du projet peut effectivement (ré)établir le nécessaire lien entre adhésion “ pédagogique ” des apprenants et (leurs) aspirations au développement personnel. Selon nous, le passage effectif du métier d’étudiant au métier de l’ingénieur en est une conséquence.
B/. Perspectives :
Les quelques éléments sus-cités n’épuisent pas la question “ pourquoi ça se passe ainsi ? ”, d’ou la nécessité d’approfondir cette étude (quasi-expérimentale) par une monographie d’un groupe de projet, avec les hypothèses suivantes :
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L’engagement du sujet dans l’action ou la mobilisation du savoir-faire crée le besoin de formalisation ou de théorisation ;
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Après la « réussite pratique », on peut penser que le besoin de “ prise de recul ” (ou de formalisation) contribue également à lever certaines résistances à la théorisation, observées chez certains étudiants ;
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L’accès à une vue d’ensemble, par le moyen de la conceptualisation n’entame pas pour autant les décalages – “ irréductibles ” selon Gérard Vergnaud (1995)8 – entre la complexité du réel et les représentations que le sujet s’en fait ou peut s’en faire. L’approche pédagogique par projet augmente certes le “ rendement didactique ”, mais ne supprime jamais totalement les conceptions des apprenants. Nous posons ces représentations (conceptions préalables ou reconstruites dans le dispositif pédagogique) comme partie intégrante des stratégies que le sujet met en place pour résoudre un problème ou, plus largement, pour s’approprier le métier d’ingénieur.
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