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l’élève à étendre de manière autonome le champ de ses compétences et à poursuivre son
apprentissage de manière continue tout au long de son cursus scolaire et professionnel. Et
concernant l’évaluation, les notes devraient servir prioritairement à repérer les élèves qui ont
des problèmes pour les orienter vers des filières moins exigeantes. L’évaluation doit être,
d’une part, formative, déterminant les points forts des élèves et identifiant les obstacles à leur
apprentissage et, d’autre part, sommative vérifiant que l’apprenant possède des compétences
nécessaires à son évolution.
Pour ce qui est du programme souvent critiqué par les enseignants interrogés via notre
questionnaire
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, le texte officiel de 2002 conçoit ce que ses concepteurs appellent "projet
pédagogique". Ce dernier se constitue de séquences didactiques avec une durée connue
d’avance et un contenu élaboré dans un manuel. D’autre part, la grande nouveauté reste
l’introduction du texte littéraire au programme.
Dans le texte officiel de 2007, réformé encore plus par rapport à celui de 2002, le
programme s’organise plutôt en modules adaptables selon l’horaire imparti à chaque filière et
options. Chaque module correspond à une œuvre intégrale tenant compte des compétences à
développer chez l’apprenant marocain et les valeurs à lui inculquer.
Mais les responsables de l’enseignement au Maroc et les concepteurs des textes
officiels se sont-ils souciés des besoins des apprenants, de leurs attentes, de leurs motivations
et de leurs projets ? Ont-ils pris la peine de demander l’avis des pratiquants de l’acte éducatif-
enseignants bien sûr- en se concertant avec eux pour prendre des décisions ensemble ? Avec
l’introduction du texte littéraire, se sont-ils demandés s’il présente un intérêt concret pour
l’apprenant, s’il est vraiment utile quant à son apprentissage du français et s’il va lui permettre
d’améliorer son niveau de langue ? Comment continuent-ils à parler de l’A.P.C, de
l’acquisition des valeurs par l’éducation, de la pédagogie différenciée ou de la pédagogie de
l’intégration alors qu’il y a manque d’enseignants, des classes archipleines (dépassant 45
élèves), des enseignants qui n’ont pas bénéficié de stages de formation et qui n’ont pas
participé à l’élaboration des nouveaux programmes préconisés par les dernières réformes ?
Suite à notre analyse du contenu des deux textes officiels de 2002 et de 2007, nous
avons pu prouver qu’ils ont bien intégré l’A.C et l’A.P.C. En effet, dans ces nouveaux textes,
l’apprenant est valorisé en participant au processus didactique. La transmission du savoir est
réinsérée dans un circuit de communication multilatérale. Mais malheureusement, il nous
semble - et notre analyse du questionnaire adressé aux enseignants le corrobore
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- que toutes
les améliorations apportées par les nouvelles approches restent sur papier seulement, donc sur
le plan théorique, alors qu’au niveau de la pratique, cela reste du domaine de l’utopique. En
effet, comment peut-on envisager une amélioration du niveau des élèves alors que les
nouvelles réformes ne sont pas vraiment appliquées dans la pratique de classe ; et même si
c’est le cas, cette application ne se fait pas à bon escient. Autrement dit, le rapport
enseignant/apprenant n’a pas vraiment évolué ; les programmes sont inadéquats selon la
majorité des enseignants ; l’arabisation qui ne permet d’utiliser le français que dans le cours de
français, le milieu familial et social, ce qui n’arrange pas les choses…
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Élaboré lors de notre enquête sur le terrain qui a fait l’objet de la 3
ème
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