1.39.Qui paye quoi ?
Le renouvellement des matériels et infrastructures représente une dépense importante. Il est important de bien définir les responsabilités des différents intervenants pour le renouvellement de chaque type d’équipement.
Dans la plupart des pays africains, l’Etat s’est engagé auprès des usagers à assurer le renouvellement des infrastructures de génie civil (réseau, captage, réservoirs). En effet, les sommes engagées sont trop importantes et l’horizon de ces dépenses est trop lointain pour être pris en compte par les communautés. Ces dépenses seront alors financées au travers de l’impôt ou d’une taxe sur l’eau distribuée en ville (comme le pratique la SODECI, en Côte d’Ivoire, en collectant une redevance pour le financement des systèmes d’approvisionnement en milieu rural).
En revanche, le matériel d’exhaure constitue typiquement un renouvellement à charge des usagers et dont les charges seront donc à intégrer dans le coût de l’eau à partir duquel seront établis les tarifs.
Les charges de renouvellement dépendent de la qualité de l’exécution des travaux et du soin apporté à la maintenance, mais aussi des options techniques. Il sera donc important que le maître d’ouvrage (ou son délégataire) prenne en compte ces charges de renouvellement et leur périodicité lors du choix des équipements d’exhaure.
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Fonctionnement
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Maintenance
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Renouvellement pompes
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Renouvellement Réseau et GC
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Extension
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Investissement
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Usagers
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Oui
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Oui
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Souhaitable
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Non
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possible
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Collectiv. Locales
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utile
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possible
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possible
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Intercommunalité
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possible
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possible
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possible
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Etat
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souhaitable
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Bailleurs internationaux
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effectif (mais pas souhaitable)
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Tableau 42 : Quelques propositions de base sur la répartition des charges entre les principaux acteurs du secteur hydraulique (Collignon - 1994b)
1.40.Emprunt, amortissement ou provisions pour renouvellement ?
Le renouvellement d’un matériel représente une dépense ponctuelle et importante en comparaison des dépenses de fonctionnement du système. Il sera donc nécessaire pour les gestionnaires de réseau, de lisser cette dépense exceptionnelle dans le temps, en constituant des provisions (avant la dépense) et/ou en recourant à des emprunts bancaires ou à des amortissements comptable (après la dépense).
La constitution de provisions est souvent difficile car elle impose d’immobiliser une trésorerie qui peut devenir importante. Elle suscite alors des convoitises (autant des d’individus que des collectivités locales ou de l’Etat) ou des incompréhensions des usagers (Taisne - 1997).
Le recours à l’emprunt est souvent difficile pour des petits gestionnaires (PME ou Association d’usagers). Il faut en outre couvrir les charges financières qui ne sont pas négligeables. Elles atteignent couramment 15 à 20 % par an auprès des banques commerciales et même avec les prêts bonifié accordés par certains organismes comme la BNDA au Mali se font à des taux compris entre 8 et 12 % par an.
1.41.La durée de vie du matériel et les amortissements
Que l’on fasse des amortissements comptables, que l’on rembourse un emprunt ou constitue des provisions pour le renouvellement, le paramètre le plus intéressant pour calculer les annuités est l’espérance de vie du matériel, c’est-à-dire sa durée de vie probable s’il est utilisé normalement. Cette durée de vie varie évidemment avec le type d’équipement, allant de quelques années (pour les pompes) jusqu'à plusieurs dizaines d’années, pour les ouvrages en béton armé.
Ce genre de prévision n’a évidemment qu’une valeur statistique, et ne prétend pas annoncer à l’exploitant la date de remplacement de chacun de ses équipements (un moteur mal entretenu peut casser après un seul mois d’utilisation). Par contre, ce type de prévision est tout à fait fiable dès qu’il s’applique à un grand nombre de systèmes.
Exemple 1 : Sénégal. Dans le cadre de l’Action Pilote Matam, la durée de vie des pompes (pour l’essentiel des pompes à axe vertical) a été estimée également à 6 ans (9 remplacements effectués dans l’année pour 56 pompes en service). Pour plus de détails voir (Taisne - 1997).
Pour les moteurs diesel, la durée de vie est souvent estimée en nombre d’heures de fonctionnement (en général 10 000 heures, mais certains moteurs peuvent être poussés à 15 000 heures moyennant un bon entretien et avec une grosse révision à mi-parcours ). Les chiffres cités par les services de la DEM et concernant le Sénégal sont en parfaite cohérence avec ces valeurs : un moteur « tient » 6 années à raison de 5 à 6 heures de pompage par jour, soit 12 000 heures, sachant que chaque moteur subit en moyenne au bout de 3 ans cette grosse réparation intermédiaire.
Exemple 2 : Mauritanie. Dans le Tableau 43 ci-après (Collignon pour SATEC - 1998), on trouvera une évaluation de l’espérance de vie et des amortissements moyens à appliquer pour chaque type d’installation hydraulique pour l’ensemble des systèmes d’approvisionnement en milieu rural en Mauritanie (petits centres et hydraulique villageoise).
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Tableau 43 : Evaluation de l’espérance de vie et des amortissements moyens à appliquer pour chaque type d’installation hydraulique pour l’ensemble des systèmes d’approvisionnement en milieu rural en Mauritanie (petits centres et hydraulique villageoise)
1.42.Les charges de renouvellement
Les charges de renouvellement pour un ouvrage isolé ne peuvent être prévues exactement car les pannes sont par essence imprévisibles. Par contre, à partir des montants unitaires de provisions pour renouvellement (ou d’amortissement), on peut faire une estimation fiable des charges de renouvellement à prévoir chaque année pour l’ensemble d’un grand parc d’ouvrages, tenant compte de l’âge de chacun des ouvrages.
C’est ce que nous avons fait pour l’ensemble des ouvrages ruraux en Mauritanie : 2400 points d’eau (puits, forages, bornes-fontaines) produisant 13 millions de m3 par an (Collignon pour SATEC - 1998). Le résultat de ces calculs apparaît dans la ci-dessous.
Il montre que les charges de renouvellement seront relativement stables jusqu’en 2010, aux alentours de 200 millions d’ougiyas par an (7 millions de FF), soit environ 15 ougiyas (0,5 FF) par m3 produit. Elles vont croître rapidement à partir de 2010, quand devront être remplacés les nombreux forages et réseaux installés durant la DIEPA. Elles devraient alors dépasser le milliards d’ougiyas par an, soit plus de 80 ougiyas par m3 produit (2,7 FF). Le prix de vente de l’eau devra donc être très sensiblement augmenté s’il doit couvrir ces charges, en plus des charges de fonctionnement (il est actuellement de l’ordre de 3 FF par m3).
Figure 12 : Charges de renouvellement de l'ensemble des systèmes ruraux de Mauritanie
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