Handheld cellular telephone use and risk of brain cancer
JE Muscat, MG Malkin, S Thompson, RE Shore, SD Stellman, D McRee, AI Neugut, EL Wynder, JAMA, 284 (23), 3001-3007.
Cet article très attendu (il avait été présenté en juillet 2000, par G. Carlo - lequel avait contribué à son financement par le WTR - comme « étant suggestif d’un risque de cancer du cerveau », en particulier de site homolatéral à l’usage du téléphone mobile33, comme tendait à le montrer le travail de Hardell en 1999), a été publié mi-décembre. Il présente les résultats d’une enquête cas-témoins conduite entre 1994 et 1998 dans 5 établissements hospitaliers universitaires de la côte Est des Etats-Unis, sur 469 sujets (de 18 à 80 ans) atteints d’un cancer du cerveau et de 422 témoins appariés. L’exposition aux ondes associées aux mobiles a été caractérisée par questionnaire, et mesurée par le nombre d’heures d’utilisation mensuelle, et le nombre d’années d’usage.
Comparé aux non-utilisateurs, et après ajustement sur divers facteurs de confusion, l’usage du téléphone mobile se traduit par un ‘Odds Ratio’ (OR, mesure usuelle de « l’excès de risque ») de 0,85 (IC95% : 0,6-1,2) ; la durée moyenne d’utilisation était de 2,8 ans chez les cas contre 2,7 chez les témoins. Le caractère homo- ou contro-latéral du site du cancer, chez les cas, dépendait de la région du cerveau atteinte. Tous les types histologiques de cancer montraient des OR inférieurs à 1, sauf une forme rare, les neuro-épithéliomes (OR=2,1 [0,9-4,7]).
Les auteurs concluent de ce travail qu’il ne montre pas d’excès de risque de cancer du cerveau en lien avec l’usage d’un mobile, tout en considérant que des études sont encore nécessaires pour pouvoir prendre en considération, éventuellement, des durées d’induction qui seraient plus longues.
Cellular telephone use and brain tumors.
PD Inskip, RE Tarone, EE Atch, TC Wilkosky, WR Shapiro, RG Selker, HA Fine, PM Black, JS Loeffler, MS Linet. New England Journal of Medicine, 2001, 344 : 79-86 (mis sur internet le 19 décembre 2000).
Cette autre étude cas-témoins a été conduite entre 1994 et 1998 auprès de 782 sujets atteints de tumeurs intra-crâniennes (cancers du cerveau, méningiomes et neurinomes du nerf acoustique) et de 799 témoins victimes d’affections non tumorales, appariés (zone de résidence, âge et sexe), dans trois villes des Etats-Unis. Cette série est la plus grande disponible à ce jour.
L’usage d’un mobile pendant au moins 100 heures cumulées n’est pas associé à la présence d’une tumeur (OR= 1,0 [IC95% = 0,6-1,5] pour l’ensemble des formes de cancer, résultat qui varie selon cette forme, mais qui reste toujours non significatif sur le plan statistique, après prise en compte de divers facteurs de confusion). Les auteurs n’ont pas trouvé de relation entre la présence d’un cancer et l’intensité de l’usage (plus de 60 minutes par jour ou plus de 5 ans), non plus qu’entre cet usage et le côté de la tumeur.
Comme pour l’article précédent, les auteurs concluent que si leur étude ne montre pas de lien entre l’usage d’un mobile et l’apparition d’une tumeur du cerveau, elle ne permet pas de se prononcer sur les conséquences d’une exposition à long terme (8 % des sujets seulement avaient commencé à utiliser un mobile avant 1993).
Dans un éditorial de la même revue, deux sommités de l’épidémiologie du cancer considèrent que ce travail devrait être considéré comme rassurant, car il tend à confirmer d’autres publications sur le même sujet, et est cohérent avec la faiblesse des observations empiriques et l’absence de fondement théorique pour des effets carcinogènes d’origine non thermique34.
Prevalence of headache among handheld cellular telephone users in Singapour : a community study.
Chia, S-E, Chia H-P, Tan J-S. Environ. Health Perspective, 2000, 108 : 1059-1062
Une étude épidémiologique transversale a été réalisée dans un échantillon aléatoire d’habitants d’un quartier de Singapour, dans le but de comparer la prévalence de divers signes subjectifs (maux de tête, étourdissements, fatigue, perte de mémoire…) selon l’usage fait de téléphones mobiles (TM). Dans cette population, constituée de 808 hommes et femmes de 12 à 70 ans, l’usage d’un TM est très fréquent (44,5 %). Une attention particulière a été portée à la maîtrise de biais de sélection et de déclaration des troubles. Seuls les maux de tête sont associés significativement à l’usage d’un TM (OR = 1,31 [IC95% : 1,00-1,70]), avec une prévalence croissant selon la durée d’usage déclarée (jusqu’à 1 h par jour). Fait remarquable, les utilisateurs d’un TM déclarent moins de maux de tête s’ils sont équipés d’une oreillette mains-libres (41,7% si l’usage est constant, 54,4 % irrégulier, et 65,4 pour les non utilisateurs d’une oreillette). Les auteurs envisagent deux hypothèses étiologiques : les effets des ondes RF sur la barrière hémato-encéphalique et sur le système dopamine-opioïdes. Malgré les limites des études transversales, notamment la difficulté d’établir la séquence temporelle entre les facteurs étudiés, ce travail est en faveur d’un rôle des RF sur les maux de tête dans une population générale non sélectionnée. Il reste à vérifier que le contexte de la région étudiée (densité du rayonnement électromagnétique, bruit, pollution atmosphérique…) rend ces résultats extrapolables à d’autres situations. On remarquera que le taux de prévalence de maux de tête déclarés dans cette population est très élevé ; ainsi, par exemple, au sein de la cohorte GAZEL (40-60 ans), en France, les taux (prévalence au cours des 12 mois) sont de l’ordre de 15-20 % chez les hommes et de 33-38 % chez les femmes.
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