Anatomie et physiologie du système nerveux en général et anatomie du cerveau en particulier, avec



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« Une mère connue par son attachement extrême pour sa famille, et que des chagrins domestiques avoient jetée dans une mélancolie profonde, regardoit les alimens qu'on lui offroit comme une portion destinée à ses enfans, les repoussoit avec indignation, et il fallut recourir plusieurs fois à la douche, pour l'empêcher de périr de coasomp-lion » *.

' De l'aliénation mentale, deuxième édition, p. 278 et 279, §, "Ibidem, p. 296, §. 248.

physiologie

Du siege et de V apparence extérieure de l'organe de l'amour de la progéniture chez les animaux.

J'ai examiné, autant qu'il m'a été possible , les crânes des oiseaux depuis le plus petit jusqu'au plus grand , et des mammifères depuis la musaraigne jusqu'à l'éléphant, et j'ai trouvé partout que dans les femelles, la partie cérébrale qui nous occupe, est plus développée que chez les mal es. Que l'on me présente, dans de l'eau-, les encéphales frais de deux animaux adultes quelconques, l'un mâle l'autre femelle, et je distinguerai Les deux sexes sans me tromper jamais. Dans le mâle , le cervelet est plus grand, et les lobes postérieurs sont plus petits; dans la femelle, au contraire, le cervelet est plus petit, et les lobes postérieurs sont plus gros, et surtout plus longs. Lorsque ces deux organes se prononcent distinctement sur le crâne , je suis en état aussi de discerner les deux sexes par la simple inspection de la boîte osseuse. Dans celles des espèces où la différence de l'amour de la progéniture est très-grande d'un sexe à l'autre, les crânes diffèrent quelquefois tellement, par leur forme, qu'on en trouve dans certaines collections qui figurent comme des espèces différentes, ou du moins comme des variétés de la même espèce, quoiqu'ils proviennent d'individus de la même variété, mais de sexe dißerent,

Comme toute cette matière demande des observations exactes et même minutieuses, je dois faire ici, à l'usage de ceux de mes lecteurs qui attachent plus d'importance aux vérités de fait qu'à des raisonne-inens subtils, quelques remarques sur les différences qui ont lieu chez les différentes espèces, tant pour la situation du cerveau que pour la forme du crâne. Mais je le répète encore , on ne doit jamais perdre de

'11 est nécessaire de mettre les cerveaux dans l'eau, parce que, sans celle pré-* caution , ils se déformeroient par leur propre poids.

DU CERVEAU. IÖI

vue qu'il n'y a que les proéminences du crâne occasionnées par les parties cérébrales, qui aient un sens dans l'organologie.

Chez la plupart des oiseaux, le cervelet se trouve placé derrière les hémisphères du cerveau, et il en est entièrement séparé, PL I, fig. n, 5, 7 , 8. Dans les femelles, les hémisphères du cerveau sont plus développés, plus larges, plus longs et plus hauts que dans les mâles, et c'est pour cela que le crâne des femelles est plus large, plus long et plus bombé dans la région correspondante.

Mais cette différence n'est bien frappante que dans celles des espèces chez lesquelles le mâle s'occupe peu du soin des petits, PL LVII les régions marquées.h sont, sans exception, plus bombées dans le crâne de la femelle que dans celui du mâle. Comparez le crâne de la poule, fig. a, et celui de la dinde fig. 4, avec celui du coq fig. i, et celui du coq-d'Inde, fig. 5.Il est très-facile, dans ces espèces, de distinguer les sexes, soit à l'œil, soit par le toucher.

Il faut un œil bien plus exercé pour distinguer les sexes par la forme du crâne, dansles espèces chez lesquelles le mâle et la femelle prennent également soin des petits. Mais même dans celles-là, la partie postérieure de la tête est plus convexe chez les femelles que chez les mâles, parce que ces premières ont toujours plu! d'attachement pour leurs petits que les derniers.

La différence est surtout bien marquée chez celles des femelles qui aiment singulièrement leurs petits, soit en raison de leur espèce, comme la femelle du faisan argenté, ou bien en vertu d'une organisation particulière. Il n'y a pas de paysanne qui ne sache qu'il existe de ces différences individuelles, et qui ne distingue fort bien dans sa basse-cour celles des femelles qui sont bonnes mères.

L'amateur qui voudra former une collection sous ce point de vue, devra connoîlre non-seulement l'histoire naturelle de chaque espèce, mais il devra s'instruire encore des particularités de chaque individu.

On trouve quelquefois des marâtres chez les oiseaux. Des serins femelles et des poules gâtent quelquefois plusieurs couvées de suite, ou

III. 31

PHYSIOLOGIE



tuent les petits lorsqu'ils sont éclos. Que l'on compare la tête de semblables femelles avec celles de femelles qui couvent assidûment, et qui aiment leurs petits avec tendresse !

En général, le naturaliste qui veut se livrer à des recherches orga-nologiques , ne doit pas seulement être instruit des mœurs de chaque espèce d'animaux, mais il doit connoitre encore la conformation parti-clilière de leur cerveau, et la forme particulière de leur crâne. Il est impossible que je donne h cette matière tous les développemens dont elle est susceptible ; je ferois un volume sur chaque organe et sur chaque qualité ou faculté fondamentale; et cependant les descriptions les plus de'taillées ne pourroient jamais être aussi instructives que l'est une collection formée par un observateur attentif. J'ajouterai encore ici un mot sur les mammifères.

Il est à propos de commencer également les observations sur les mammifères, par les plus grandes espèces, et notamment par celles où le mâle ne prend aucun soin des petits.

Que l'on compare le crâne de l'élalon avec celui de la jument : tant que les chevaux sont jeunes, la partie supérieure postérieure de la télé

La même chose a lieu dans le taureau et dans la vache. Voyez PI. LIX, ir. n.fig. 2 , leveau mâle; fig. i ,1e veau femelle.Chez le taureau,la partie .supérieure delà tête forme, à-pcu-près, un arc de cercle conjointement

DU CERVKAU. 103

avec les cornes; chez la vache, au contraire, le sommet de la tête s'e'Iève bien davantage entre les cornes.

Chez le cerf et la biche, le chevreuil fig. i, et sa femelle fig 2, PL LXV, n, h, le bouc et la chèvre,le chamois et sa femelle, le bélier et la brebis, le bouquetin et sa femelle, et chez toutes les variétés de cette famille, la même différence existe dans la conformation de la tête, chez les deux sexes , tant dans la jeunesse que dans un âge plus avancé.

Chez tous les autres animaux, que le mâle s'occupe ou non de soigner les petits, la région du crâne n. n.,recule toujours davantage chez la femelle, et est moins saillante et plus obtuse chez le mâle ; par exemple dans les espèces entières des chats et des chiens. PI. LVllI,fig. 3, est la chatte; fig. 4,le chat; fig. 7, la chienne; fig. 6,1e chien. Dans le blaireau, la martre, le castor, la marmotte, et chez tons les rongeurs ; chez les rats, PI. LVIL, fig. i rat femelle; fig. a rat mâle, la différence est souvent plus marquée qu'entre le taureau et la vache. La même chose a lieu chez la taupe, la musaraigne, et la chauve-souris. La différence est encore très-frappante chez le singe. PI. LXV, fig. !\ est le crâne du siuge femelle, fig. 3, celui du mâle.

Quiconque voudra se donner la peine de faire une collection d'animaux, tant mâles que femelles, trouvera confirmées dans toutes les espèces, les remarques que je viens de faire sur la différence des organes de la propagation et de l'amour de la progéniture dans les deux sexes. Je désirerois que tous les jeunes naturalistes commençassent leurs recherches par ces deux organes. L'un et l'autre sont faciles à reconnoitre, et il est très-rare de trouver que par exception à la règle, un animal mâle prenne, sous le rapport de ces deux organes, le caractère de sa femelle. 11 est bon de choisir pour sa collection, des mâles et des femelles à-peu-près également âgés, car une grande disproportion d'âge est la seule circonstance qui pourroit faire naître des difficultés capables d'embarrasser le commençant.

j

Plus la collection sera nombreuse, plus le jeune naturaliste aura répété souventchaque observation, pi us il pourra attendre avec assurance, toutes les objections; il n'en est aucune quipuisse le déconcerter, chaque pas qu'il



l PHYSIOLOGIE

fera en avant l'encouragera à poursuivre sa carrière, et en peu d'années il sera convaincu que l'organologie repose sur des bases inébranlables.



Remarque générale sur l'instinct de la propagation, et sur l'amour de la progéniture.

Il est prouvé, parce qui précède, que les deux penchans les plus impérieux et les plus essentiels à l'animal ont leurs organes dans le cerveau. Donc, non-seulement les facultés et les forces intellectuelles, mais aussi les qualités morales et les penchans, les sentimens elles instincts ont leurs organes dans le cerveau, et les organes placés dans d'autres régions du corps, tels que les parties sexuelles, et les seins ne sont formés que pour exécuter les impulsions et les commandemens de forces supérieures.



Inßuence de la castration sur l'organe de l'amour de la

progéniture.

Cabanis rapporte la méthode connue de tout le monde, de disposer


les chapons à couver et à conduire les poussins '. « On prend un chapon,
on lui plume l'abdomen, on le frotte avec des orties et du vinaigre ; et
dans l'état d'irritation locale où cette opération l'a mis, on le place sur
des œufs. Il y reste d'abord machinalement pour soulager la douleur
qu'il éprouve : bientôt il s'établit dans ses entrailles une suite d'impres
sions inaccoutumées,mais agréables, qui l'attachent à ces œufs pendant
tout le temps nécessaire à l'incubation, et dont l'effet est de produire
en Lui une espèce d'amour maternel factice, qui dure, comme celui de
la poule, aussi long-temps que les petits poulets ont besoin d'une vigi
lance et de spins étrangers. Les coqs ne se prêtent pas à ce manège : ils
ont un instinct qui les porte ailleurs »

* Rapports du physique et da moral dans l'homme, seconde édition,

DU CERVEAU. lG.5

Comme la même méthode ne réussit point avec les coqs, il faut que l'ope'ration de plumer le ventre et de le frotter avec des orties et du vinaigre, ne soit pas la seule cause qui provoque dans le chapon l'amour de la progéniture. Je conçois bien que de semblables procédés peuvent suffire pour réveiller l'activité de certains organes trop paresseux; mais que peuvent opérer toutes ces irritations, là, où les organes n'existent pas? Si dans la poule, comme on veut nous le faire croire pour les mammifères, ce sont les ovaires, etc., qui constituent les viscères dont dépend l'instinct de prendre soin de la progéniture, il doit être impossible de faire naître cet instinct chez le chapon, par quelque procédé que ce soit. Si, ce que personne ne voudra soutenir, d'autres viscères sont le siège de cet instinct, pourquoi ces viscères sont-ils constamment incapables, dans le coq, de le faire naître? L'instinct qui porte le cog ailleurs, ne peut pas non plus l'empêcher d'être susceptible de l'amour de la progéniture, puisqu'il y a beaucoup de mâles qui couvent les œufs, et qui soignent les petits; el les femelles n'ont-elles pas aussi ce même instinct gui les porte ailleurs ?

Cette observation doit faire naître chez les naturalistes, le soupçon que l'amour de la progéniture dépend d'une partie dont le chapon n'est pas dépourvu. II est de fait que l'organe de cet amour existe chez les animaux mâles, des espèces où le mâle ne prend aucun soin des petits, seulement il est peu développé chez eux. On connoit cependant des exemples de chiens et d'étalons qui ont recherché avec sollicitude les petits qu'ils avoient engendrés, et qui les ont conduits avec tendresse, el défendu avec courage. Or, il me paroît que dans les animaux l'organe de l'amour de la progéniture acquiert plus de développement par l'ablation des parties génitales, et parla diminution du cerveletqui en est une suite, Que l'on compare le coq el le chapon, le taureau et le bœuf, l'étalon eî le cheval hongre, etc. Si mes soupçons venoient à se confirmer, l'on concevroit comment l'organe de l'amour de la progéniture se trouve excité dans le chapon par l'échaufiement du ventre, toutcomniaiil l'est dans la poule par la simple influence de la saison et d'une nourriture plus abondante.

166 PHYSIOLOGIE

III. Attachement, amitié, Historique de la découverte.

On réengagea à mouler, pour ma collection, la télé d'une dame qui ctoit, me dit-on, le modèle de l'amitié. Je la moulai, plus par complaisance que dans l'espoir de faire quelque découverte, et je m'appliquai k en rendre tous les détails. F,n examinant cette tête, je trouvai deux grandes proéminences en segment de sphère, à côté de l'organe de l'amour de la progéniture. Comme jusque-la je n'avois jamais vu ces proéminences, qui cependant étoient manifestement formées par le cerveau, et très-symétriques, ;'e dus les regarder comme un organe cérébral : mais quelles sont les fonctions de cet organe?

Fournie mettre à même de saisir quelque aperçu à cet égard, je pris, chez tous les amis de la dame, des informations sur ses qualités et ses facultés. Je tâchai d'apprendre d'elle-même quels penchaus et quelles facultés elle pensoit avoir. Tout s'accordoit à me confirmer qu'elle avoit un attachement inviolable pour ses amis. Quoique sa fortune eût éprouvé de grands changemens, à différentes e'poques, et qu'à plusieurs reprises elle eût passé de la pauvreté aux honneurs; ses sentimens pour ses anciens amis ne s'étoient jamais démentis. Ce trait caractéristique m'avoit frappé. L'idée me vint que la disposition à l'attachement pouvoit bien aussi être fondée sur un organe cérébral particulier. Cette idée acquit d'autant plus de probabilité pour moi, que les proéminences que j'avois remarquées dans la tête de la dame, éloient placées immédiatement au-dessus de l'organe de l'amour physique, et à côté de celui de l'amour de la progéniture, et que ces trois sentimens ont quelque analogie entre eux. Quelle que soit la difficulté de faire des observations exactes dans l'homme, sur l'organe en question, et sur ses fonctions, l'idée que l'attachement et l'amitié dépendent d'un organe cérébral particulier acquiert un degré de vraisemblance tel, qu'il équivaut presque à la certitude.

DU G Ell V E AU. 167



Histoire naturelle de l'attachement et de l'amitié chez l'Jiomme et chez les animaux.

L'on m'accuseroit avec raison de calomnier la nature humaine , si je mettois en doute que le penchant à l'amitié est une qualité essentielle à l'homme. Il n'est personne qui, fort du témoignage de son cœur, ne rejette avec dédain l'idée abjecte que c'est Je seul besoin de secours mutuels qui attache les hommes les uns aux autres ; que l'état de société n'est dû qu'à l'intérêt et à l'instinct de la propagation. L'histoire ne nous offre-t-elle pas des exemples du plus noble dévouement, d'amis se livrant en otage pour leur ami? d'amis mourant pour leur ami? La fidélité inviolable dans l'amitié commande quelquefois notre admiration pour les criminels, même les plus dépravés. On en a vu supporter les tortures, et braver lamortplutôt que de trahir la foi qu'ils avoient jurée à leurs complices.

Mais ici encore il y a une grande différence, tant d'un individu à l'autre, que d'une nation à l'autre, 11 est des hommes pour qui leur moi est tout dans le monde entier. L'univers s'écrouleroit, qu'ils rcsic-roient insensibles à sa ruine, pourvu que ses éclats ne les blessent pas. Celui qui connoft l'amitié, s'épanouit dans le monde extérieur. Il ne se sent heureux que dans un cercle d'amis; son ami est pour lui le bien suprême; il est prêt, à chaque instant, à tout faire, à tout sacrifier pour lui, mais il en attend les mêmes sacrifices. Le bonheur de son ami est le sien propre, et ses chagrins deviennent ceux de son ami; son cœur est inaccessible à l'envie et la malignité.

Ou peut-on couler des jours plus heureux, qu'au sein d'un peuple chez lequel l'amitié est une vertu journalière? Dans un banquet, dans un cercle, partout on trouve des amis, partout le cœur s'épanche, et partout on est payé de retour. Le maître, le subordonné, les domestiques ne forment qu'une seule famille; la félicité de l'un est l'affaire la

' PHYSIOLOGIE

plus importante de l'autre; répandre le bonheur sur ses semblables est une jouissance aussi vive que recevoir un bienfait des mains de l'amitié.

Quel tableau différent, là ou l'égoïsme remplace l'attachement et l'amitié; là où des formules de politesse, de vaines protestations, tiennent lieu de bienveillance; où tout part d'un cœur vide pour ne s'adresser qu'à des cœurs flétris ; où l'individu n'est dans la société, et jusque dans sa famille, qu'un instrument de plaisir, qu'un j«ton nécessaire au ' calcul de l'inlérêt; où pour le plus frivole avantage, on rompt une liaison de plusieurs années, le front serein et le-cœur tranquille ; où le ' père, la mère, l'épouse, le frère, que la mort vient de frapper, sont oubliés dès l'instant que la terre les couvre; où rappeler leur souvenir, ' c'est blesser les convenances, parce que ce souvenir pourroit faire couler ' des larmes.Oui ne gémit sur l'état de semblables hommes, auxquels la nature semble avoir refuse des entrailles!

La plupart des animaux sont susceptibles d'attachement, si non pour i


l'homme, du moins pour d'autres animaux. L'on a observé souventque é
des chevaux ou des bœufs maigrissent, lorsqu'on dépareille le couple j
accoutumé. Souvent on voit dans les troupeaux certains individus se 3
tenir constamment ensemble. On nous a fait remarquer, en Danemark,
dans un haras, que ce sont toujours des chevaux du même poil,
qui s'associent spontanément. L'attachement des singes, tant pour
des animaux de leur espèce que pour l'homme, surpasse toute idée.
Tout le monde connoîl cette petite espèce de perroquets, que l'on
appelles les inséparables, parce qu'ils meurent souvent lorsqu'on les
désunit. Tout le monde a pu admirer l'amitié qui règne quelquefois
entre un tigre et un chien, un lion et un chien , un cheval et un chien, !
ou entre deux chiens. Un phoque que j'avois depuis peu de jours, '
m'étoit déjà tellement attaché, que lorsque je sortois, il faisoit tous ses
efforts pour sauter de son baquet afin de me suivre. Le chien défend
jusqu'au dernier soupir, son maître, qui souvent a l'ingratitude de le j

maltraiter. U meurt de douleur et de faim sur le tombeau de son maître chéri; et après des années encore il se jette avec fureur sur ses as-

DU CERVEAU. 169

iassins1. Il y a des exemples, et ces exemples ne sont pas très-rares, de chiens morts de la joie que leur causoit le retour de leur maître, et d'autres qui ayant trouvé inopinément leur maître mort, ont succombé à l'instant au saisissement et à la douleur. Dans un chien mort de cette manière, on trouva le cœur crevé. On a vu des loups privés ressentir un tel chagrin de l'absence de leur maître, qu'ils refusèrent obstinément toute nqurriture, et moururent de faim.

Il existe de grandes diversités relativement à ce penchant, chez les animaux comme chez l'homme. Il est des chiens à qui l'on ne peut faire oublier leur premier maître ; on a beau les envoyer dans une autre ville à une distance très-considérable, ils reviennent, et leur attachement est plus vif que jamais. D'autres, au contraire, courent de maison en maison, d'une personne de leur connoissance à l'autre, sans être jamais fidèles à personne : il en est de même de tous les animaux. J'ai toujours eu un grand nombre d'oiseaux, d'écureuils, etc. : les uns n'avoient presque pour moi que de l'indifférence , et les autres me témoignoient le plus vif attachement.

Toutes ces observations concourent à prouver que l'amitié n'est point du tout, comme quelques personnes le prétendent, un sentiment fondé sur les calculs de l'intérêt, ou sur une sympathie prenant sa source dans un rapport de la manière de penser et de sentir; les faits nous forcent d'admettre que ce sentiment est dû à une qualité fondamentale. Si l'on en excepte l'instinct de la propagation, et celui de l'amour pour la progéniture, il n'y a guère de qualité qui soit plus indispensable pour l'animal, comme pour l'homme, et qui leur procure plus d'avantages et plus de jouissances.



Sur le mariage, chez l'homme et chez les animaux. 11 est extrêmement difficile de découvrir la sphère d'activité toute

'Le chien d'un solclatquiavoit été tuéjen duel, passoit les jours et les nuits sur le lombeau de son maître; toutes le« tentatives pour l'en éloigner furent infruc-ueuses,eiroufinitpar construire sur le tombeau uneniche pour cet animal fidèle.

III. 22

170 PHYSIOLOGIE



entière d'un orgaue ou d'une qualité ou faculté fondamentale. J'ai longtemps comparé les crânes de tous les animaux que j'avois à ma disposition , et de toutes les personnes que j'étois à même d'observer, pour apprendre en vertu de quel organe l'animal et l'homme contractent un mariage pour la vie. Le mariage a été institué par l'auteur de tout ce qui existe, mais il n'est guère possible que ce ne soit pas au moyen d'une organisation particulière. Cependant je suis toujours en doute si mes idées à cet égard sont entièrement conformes à la nature. Ici *je suis obligé de me contenter de vraisemblances, et toutes les fois que je ne puis m'appuyer de faits à chaque pas, je n'avance qu'avec la plus "grande timidité.

La plupart de mes lecteurs n'ont pas l'idée que le mariage existe chez les animaux, et l'on ne le regarde, chez notre espèce, que comme un produit des institutions sociales. L'homme ne veut toujours pas se persuader encore que, de quelque manière qu'il agisse, c'est le doigt de Dieu qui lui imprime le premier mouvement.

Certains animaux, tels que le taureau, l'étalon, le chien, ne s'approchent de la femelle de leur espèce que lorsqu'ils ressentent le besoin de s'accoupler, ne satisfont pas leurs désirs exclusivement avec une seule, et ces désirs satisfaits, il n'y a plus aucun attachement entre le mâle et la femelle, chacun d'eux va vivre de son côté.

D'autres animaux, au contraire, dès qu'ils sentent naître les désirs amoureux, font choix, entre plusieurs femelles, d'une seule vers laquelle ils paraissent attirés par une espèce de sympathie, et jusqu'à c« qu'ils en aient acquis la paisible possession, ils combattent avec r.r-deur les autres mâles qui prétendent leur disputer la conquête de celle qu'ils ont choisie. Dès ce moment, l'union est conclue pour la vie. Conjointement avec leur compagne, ils soignent les petits nés de cette union, jusqu'à ce que ceux-ci soient en état de pourvoir eux-mêmes à leur subsistance. Lorsque le temps de la propagation est passé, le couple reste dans l'union la plus tendre; il fait ensemble ses voyages; lorsque ce sont des animaux qui vivent en troupeaux, ils se tiennent toujours l'un près de l'autre. Au printemps, ils se livrent de nouveau à l'amour,

Dû CERVEAU. l'jl

et ils continuent de même tant que-l'un et l'autre existent. Ce n'est que lorsque l'un des époux a péri, que l'autre fait un nouveau choix. C'est dans une union semblable que vivent le renard, la martre, le chat sauvage, la taupe, l'aigle, l'épervier, le pigeon, la cicogne, le eigne1, le rossignol, le moineau, l'hirondelle, etc. Le mariage, pour la vie, est donc commandé par la nature à tous ces animaux; il le seroit aussi à l'homme, si notre espèce, en raison de la multiplicité de ses penchans, n'étoit pas sujette à tant d'exceptions.


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