Documents de l’educateur 172-173-174 Supplément au n°10 du 15 mars 1983 ah ! Vous ecrivez ensemble ! Prat ique d’une écriture collective Théor



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Phonèmes en liberté
Le principe, c'est de se décaler par rapport à l'exigence habituelle de signification. Quelqu'un peut, par exemple, bredouiller de façon presque inintelligible un texte inconnu. Et chacun écrit des mots à partir des phonèmes qu'il a bien voulu percevoir.
Ou bien on réécrit en assonances, dans le style - Qu'est-ce qu'un lapide ? - C'est un tlain qui va tlès tlès vite - un texte que l'on s'est choisi. Voici cinq exemples de ce que ça peut donner :
1. Onassis sous le vent beuh ! ouin ! daim pulpeux tique en soie

2. L'appel haut de tous les tanks immondes
3. Tout ceux qui grillent ne sont pas décorés

4. En parlant, les lèvres jointes se désunissent

5. Tu étais déprimée aux fesses, ravale tes larmes.
Evidemment, les autres s'efforcent de deviner le texte de départ. Et la liberté qu'on s'est autorisée amuse beaucoup. Avez-vous compris qu'il s'agisssait de :
1. On a souvent besoin d'un plus petit que soi

2. Le plus beau de tous les tangos du monde

3. Tout ce qui brille n'est pas or

4. Les parents d'élèves se sont réunis

5. Il a été primé au festival de Cannes
Mais puisque nous avons ainsi obtenu des expressions et des images insolites, nous ne pouvons nous priver d'un marché de poèmes. En voici un :
« Le daim se glisse à l'appel de tous les temps

Le monde qui brille l'étonne

Sous le vent ses angoisses se dissipent

Et toi, comme lui tu peux ravaler tes larmes

Et t'extirper de tes tourments

Ecoute la forêt le soleil se devine ».
Et souvent, la densité des poèmes réalisés incitent même à réaliser un marché de marché (un marché au carré) qui nous engage encore davantage dans les chemins de la poésie. En voici un
« A l'ombre du noir, il n'y a que notre effigie linéaire où l'espoir soigne ses plaies

On arrive un instant passager de soi-même

On ânonne des particules dérisoires

On mâche du moribond souvenir enfoui sous son aile de mort et des choses écloses et en allées sur des rainures d'années qui se rident d'écailles

La tristesse n'a pas la nostalgie qui dure

Elle se cache au creux de mes mains.

Je plie le cercle de ma monotonie

Je tisse mes remords sur des chaînes de tristesse

Avec le soupir railleur

De celui qui n'a d'ennui que de lui-même

Mais je goûte aussi aux pointes assidues des étoiles filantes et aux planètes des temps épars

Et le soir s'étire comme une fourrure câline où se glissent doux mes poignets de cristal »
ET LA POÉSIE ?
« Et si je naviguais, cela serait pour sentir l'odeur de l'eau parce que si j'étais un poisson je me laisserais caresser par les algues et pourtant quand je serai un cri vivant, ce sera pour défoncer pour arracher, pour dévorer les plaies et quand je ne serai plus que calme et regard paisible, alors, ce sera pour que nous soyons de plus en plus nombreux et si un jour ma voix se brise, ce sera à force d'avoir lutté dans ma tête et si un jour ma voix se cristallise et devient note sur un verre à liqueur alors elle sera perdue.
Mais si demain, je vais m'allonger sans savoir pourquoi ce sera pour que le soleil, non je ne sais pas, pour cela.
Et si aujourd'hui, je sens des groseilles ou des choses colorées c'est parce qu'elles sont dans nos têtes ».
- La poésie ! La poésie ? Pourquoi la poésie ?

- Et pourquoi pas ?


Je ne vais pas me préoccuper de définir la poésie ; quand que c'est qu'elle commence ; ous qu'elle finit, ce qui la constitue... Je préfère parler de ce que nous avons fait, de ce qui nous est arrivé et qui est peut-être uniquement cet accès à la parole libre de chacun, cet usage du droit pour chacun d'avoir une parole libre.
Nous n'avons pas eu souci de Poésie. Mais la poésie était sans doute présente dans nos intentions de départ puisqu'on rêvait d'un élargissement de la parole. Ce qui suffit peut-être à Pégase pour qu'il puisse poser un premier sabot.
Mais il n'a pu songer à nous rejoindre que lorsque le groupe a terminé son abrasion de tous les jugements, lorsqu'on n'a plus eu à se protéger des ricanements, des regards ou des opinions.
Mais revenons à nos moutonnements. Commençons par faire référence à la poésie-poésie ; à ce qui est habituellement reconnu pour. On savait évidemment qu'on ne pouvait pas continuer à l'ignorer. Mais tant que nous avons eu du pain sur notre table nous n'avons pas songé à avoir faim d'autre chose.
Cependant, un jour, on ne sait pourquoi, Micheline apporta le poème de Prévert : « Triste matinée » celui qui commence par : « Il est terrible le petit bruit de l'oeuf sur le comptoir ».
Elle le lut et aussitôt, quelqu'un proposa
- Allez, on démarre par « Il est terrible ».
Et soudain, alors que personne ne s'y attendait, ce fut un engagement étonnant qui nous permit de comprendre que nous avions franchi une nouvelle étape à partir de ce

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