Voici les contributions de lecteurs à l'appel du Nouvel Observateur


LE PS ET SA CANDIDATE EN DEFICITE DE CREDIBILITE



Yüklə 3,12 Mb.
səhifə61/62
tarix01.08.2018
ölçüsü3,12 Mb.
#65529
1   ...   54   55   56   57   58   59   60   61   62

LE PS ET SA CANDIDATE EN DEFICITE DE CREDIBILITE

Si l’on veut trouver une cause à ce net échec, il faut bien revenir au référendum sur l’Europe. Pour des raisons de pur opportunisme tactique, Fabius a cassé une dynamique créée par l’éclatante victoire des régionales. Hollande par sa mollesse a une part de responsabilité : eût-il exclu d’entrée le traître d’opérette de Mélenchon que Fabius eût hésité à se lancer dans une opération du coup scissionniste. Un référendum interne bafoué, le PS, seul parti crédible pour une alternance en est ressorti divisé, affaibli. Le NON gagnant, s’il fut une défaite pour le PS n’a été qu’une victoire à la Pyrrhus pour Fabius : privé de toutes chances d’emporter le vote de désignation au sein du PS sans gagner de sympathies vers l’extrême gauche (qui s’est attribué bien abusivement le fameux non de gauche). Impossible donc pour lui de franchir le Rubicon en tentant de se dresser « au-dessus des partis » en candidat de la « vraie gauche ».

Ségolène Royal a su imposer une candidature car, bien que loyale avec son parti, elle n’apparaissait pas directement impliquée dans le référendum européen, et elle permettait d’essayer de renouer avec la dynamique de victoire des régionales (ses premiers soutiens importants vinrent de présidents de région comme elle). Elle a mené de main de maître la campagne de désignation interne. Dans la pré-campagne présidentielle, elle a dû, faut-il le rappeler, faire face à des médias puissants acquis à son adversaire (ils se firent des gorges chaudes de la bravitude, sans dire un mot de l’héritation, quand Mme Royal félicitait la justice chinoise pour sa célérité ils oublient de préciser qu’il s’agissait de la justice commerciale, pas un mot en revanche quand son adversaire prête à Mitterrand la formule assassine de Giscard sur le monopole du cœur, etc. tout cela ayant un but unique la décrédibiliser). Toute la phase dite de « démocratie participative » s’est déroulée dans un quasi silence des médias tandis que l’agitation frénétique de son principal adversaire était complaisamment narrée sans que soit relevé la perpétuelle confusion des rôles entre ministre de l’intérieur, président de l’UMP et candidat proclamé de longue date à l’Elysée.

On pourra longuement débattre sur l’archaïsme du PS (beaucoup plus social-démocrate dans ses options économiques qu’il ne veut le dire), de la bonne distance ou pas de la candidate avec ce parti et ses leaders, de la sous utilisation de certains talents (on pense notamment à Jacques Delors), etc. Le candidat de droite qui rallie une forte proportion de votes ouvriers avec un programme économique franchement ultra libéral démontre par l’absurde que ce n’est pas là-dessus que s’est jouée la campagne. C’est bien sur l’image que l’élection s’est jouée et non sur des programmes.

Faudrait-il, comme y invite Jacques Julliard*, renier les 35 h, renoncer à l’ambition d’une école où les enfants de toutes les classes sociales se côtoieraient, ce qui est de moins en moins le cas dans les grandes agglomérations (la carte scolaire n’est qu’un outil) ? Faudrait-il avec Finkielkraut, Milner et autres rétropenseurs faire subir à l’école un recul vers un passé d’ailleurs totalement mythique ? Faudrait-il, pour faire plaisir à quelques prétendus républicains, renoncer à proposer de faire un pas de plus dans une vraie décentralisation ? Faudrait-il, pour balayer les archaïsmes, ne plus prôner une fiscalité moins injuste ?

Ne demandons pas au PS de devenir social démocrate : il l’est déjà. Si Emmanuelli nous épargnait ses rodomontades et Fabius son hypocrisie ce serait certes plus clair, mais n’exigeons pas l’impossible.

En revanche, la candidate à ouvert des chantiers, sur lesquels on peut d’ailleurs échanger avec les centristes : clarifier les niveaux de décision et de responsabilité entre état, régions, départements, regroupement de communes, communes ; revoir le rôle et le mode de désignation du Sénat ; rendre sa vitalité à le vie parlementaire ; concrétiser ce qu’on met dans la formule démocratie participative, etc. Une VI e République ? qu’importe ! mais une République Moderne !

Un autre chantier, ô combien délicat, serait de tenter de mettre un peu de rationalité dans les débats sur l’énergie ou sur les OGM, au lieu d’être à la remorque de prophètes à la légitimité auto-proclamée. Sans oublier la ville (retrouver un peu de mixité sociale et pas seulement à l’école, casser la spéculation immobilière…), le dialogue social, l’immigration et l’aide au développement des pays du Sahel, et, pourquoi pas, l’identité nationale, à condition de ne pas faire l’amalgame avec le thème précédent, l’Europe…

Avec cette gageure d’abandonner langue de bois et solutions « clés en main ». S’il y a un archaïsme profond au PS, il réside dans ses méthodes de travail qui, in fine, après une nuit de discussions portant d’ailleurs plus sur les équilibres des courants que sur la réflexion de fond, aboutissent à un imbuvable texte de synthèse censé avoir réponse à tout.
J. F. LAUNAY (LUCON)
* Feu sur le quartier général Chronique de Jacques Julliard 6 mai 2007

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/chroniques/20070506.OBS5842/feu_sur_le_quartier_general_.html

POST SCRIPTUM ELECTORAL

Nicolas Sarkozy a remporté l’élection présidentielle et devient le sixième président de la Vème République. Soit. J’en prends acte. Pour autant, la défense des idées et les valeurs de la gauche ne s’arrête pas.

Peut-être pouvons-nous concéder que, à l’heure du choix, Nicolas Sarkozy paraissait être un futur président plus fiable que sa rivale socialiste. Son programme économique - sans remettre en question son essence libérale - paraissait beaucoup plus cohérent et beaucoup plus à même de réaliser un projet de société – sans remettre en question là non plus l’influence droitière de ce dernier.

Le PS, une fois de plus, est allé vers cette bataille élyséenne en ordre dispersé, avec un projet beaucoup plus bancal, moins crédible et plus difficilement réalisable. La liberté d’esprit de Ségolène Royal vis-à-vis du PS et de ses dogmes, sa capacité à s’affranchir des carcans idéologiques et son audace, n’ont pas suffi à susciter l’adhésion d’une majorité de français. Ségolène Royal nous réservait de bien bonnes surprises, notamment en matière de renouveau à gauche, dans sa façon de traiter les dossiers, en inventant une gauche moderne. Je ferai remarquer que, face un Sarkozy qui lui demandait lors du débat officiel si elle comptait généraliser les 35 heures ou abroger la loi sur les retraites, elle n’a répondu à aucune de ces questions par l’affirmative. Pas par la négative non plus, cela aurait sans doute dérouté son électorat, mais c’est bien la preuve que Ségolène Royal ne ressentait aucun engagement vis-à-vis du programme obsolète de son parti, façonné par quelques éléphants rue de Solférino. Mais cette campagne, trop courte, trop floue, n’a pas permis à la gauche d’envoyer les bons messages aux Français.

Cela dit, les valeurs si françaises - à qui chaque Français doit beaucoup - que sont l’idéal d’égalité, l’importance du progrès social, la tolérance, l’école de toutes les chances, et l’indivisibilité de la République, doivent continuer de nous importer. C’est cette France-là qui doit nous faire rêver, celles des progrès sociaux des débuts de Giscard et de Mitterrand. Celle que l’on n’a pas trouvé dans les discours de campagne de Nicolas Sarkozy trop axés sur l’ordre, l’autorité, l’identité nationale et l’immigration. A celui qui a fustigé Mai 1968, rappelons combien le pays de l’époque était rouillé dans des valeurs d’un autre âge et combien il était incapable de se tourner vers les jeunes et vers l’avenir. Oui, Mai 68 a été une étape nécessaire. C’est du passé. Tout ce qui ne va pas bien en France aujourd’hui n’y trouve pas sa source. Si la France ne peut plus se payer le luxe de faire rêver ses enfants, la solution ne passe pas par la résurgence d’une politique basée sur un nationalisme douteux et trop sécuritaire. Quant à l’immigration, peut-être que le thème devait être abordé pour rassurer et pouvoir être élu, mais n’occultons pas le fait indéniable que la France, comme le reconnaissent plusieurs études internationales récentes, devra faire appel à un grand nombres d’immigrés dans les décennies à venir.

A ceux qui ressentent du bonheur après cette élection, je leur dirai que le mien existe, mais il est mitigé. J’attends beaucoup de ce quinquennat. Après des années et des années d’immobilisme, les choses doivent changer. Toute politique active est la bienvenue. J’espère que le côté démagogique du candidat Sarkozy n’était que stratégie électorale.

Deux France ont voté Sarkozy ; l’une est aisée et ne craint pas pour son avenir, elle croit au dynamisme économique, croit qu’un mélange de Blair et de Thatcher est ce qu’il faut à notre pays. Celle-ci est minoritaire, mais c’est pourtant celle dont les attentes seront sans doute le mieux satisfaites.

L’autre France, majoritaire, est sur ses gardes. Elle a acheté en grande quantité la peur que lui vendait Sarkozy. Une France plutôt profonde, plutôt méfiante à l’égard de l’immigration et de tout ce qui en est issu. Plutôt méfiante au sujet de l’Europe et de l’ouverture au monde. Celle-ci l’a fait élire ; écoutera-t-il ses appréhensions ?

Nicolas Sarkozy a dit dimanche soir qu’il ne laisserait personne sur le bord du chemin. Son défi se résume à cela : redonner le goût de la France à ceux qui l’ont perdu. Et par la même occasion, montrer que la France ne peut s’épanouir qu’en étant ouverte.

Le vote Sarkozy n’est pas que changement dynamique comme le souligne la presse internationale, il peut être aussi repli sécuritaire. Evidemment, ces deux France peuvent se recouper sur plusieurs points ; la France des cadres dynamiques a probablement plus de doutes sur son avenir qu’elle n’en a eu par le passé. Il est aussi concevable qu’une France provinciale plus conservatrice se soit enfin convertie aux méthodes libérales, y voyant la seule source possible de changement.

Ce que l’on peut reprocher en partie à Nicolas Sarkozy, c’est d’avoir fait croître cette France, pendant ces cinq dernières années, en mettant l’accent sur des problèmes qui ne demandaient qu’à être résolus au mieux et au plus vite plutôt que de devenir une fois de plus la vitrine de campagne du candidat de la droite.

Mes derniers mots sont des mots d’optimisme. Les premières paroles de l’élu ont montré sa volonté de se poser en rassembleur et de s’ouvrir – alors que ses propos de candidat l’avaient amené à opposer et à cliver. Pour le bien de la France, souhaitons que le discours et l’action du président Sarkozy diffèrent de ceux du candidat UMP.


BENJAMIN


BRAVO SARKOZY, BRAVO ROYAL!
Entre 2002 et 2007 globalement, rien n'a changé : Droite 55%, Gauche 45%. Le changement a eu lieu à l'intérieur de chaque camp. Sarkozy a réduit le Pen à la portion congrue (4% de voix non reportées au 2è tour). Bravo Sarkozy ! Royal a réussi au 2è tour à rassembler son camp (gauche et extrême gauche 37%) et à récupérer le centre gauche (8% qui s'était porté au 1er tour sur Bayrou). Son alliance tactique avec Bayrou, lui a permis d'éviter une défaite historique à la gauche. Bravo Royal !

Le score relatif de 53% / 47% s'explique donc par 51% Sarkozy, 45% Royal et 4% de voix de droite non reportées. Pour que Royal l'emportât, il eût fallu en plus conquérir au moins 3% de voix de droite. Là est l'échec. Mais ce n'est pas l'échec de Royal. C'est l'échec d'un PS divisé entre Fabiusiens, Hollandais et Strauss-Kahniens. C'est l'échec d'un Bayrou qui n'a pas réussi à mobiliser le centre droit contre Sarkozy. Pour espérer gagner dans 5 ans il faudra : 1. Construire un grand parti démocrate de gauche, moderne, uni, puissant 2. Bâtir une "vraie" stratégie électorale avec le centre, laissant une "juste place" à un Bayrou qui devra surtout, (c'est là le "deal") apporter les 3 à 4% de voix de droite qui ont manqué à S. Royal, et naturellement sans désespérer la gauche de la gauche. 3. Trouver le leadership pour une telle mission : Fabius ? Hollande ? Strauss-Kahn ? ou .... Ségolène Royal?


GERARD VEILLARD (Marseille)

SALUT, CITOYENNE !

Quand tu liras cette lettre, tu auras certainement déjà perdu l’élection présidentielle. C’est la raison pour laquelle je t’écris. La désillusion, l’amertume et l’angoisse que je pressens depuis plusieurs années, ont aujourd’hui un son : Celui du nombre de voix pour l’autre candidat, celui de ta propre voix à la télévision, celui de celle que je t’ai offerte et des mots qui suivent ici.

Bien que les sondages t’aient donné l’avantage pour la forme, tandis que Mr Sarkozy recueillait plus d’adhésion pour le fond, bien qu’il ait été dit que les français t’estimassent plus proche de leur préoccupations quotidiennes, je crois comme beaucoup de tes électeurs que notre défaite est une question de formes, celle du positionnement socialiste depuis un certain nombre d’années et celle, plus précise, de ta candidature.

La forme globale du positionnement socialiste.

Il n’aura échappé à personne que la gauche est en crise. Les idées qui font la gauche cèdent sur le terrain de l’intérêt individuel, face à la dureté de la vie contemporaine et aux mécanismes de survie qu’elle induit. Citoyens ? Peut-être. Consommateurs ? Avant tout. Le Grand Soir, le Partage des ressources, des moyens de production, des gains, voire même l’exercice d’une auto-gestion politique ou juridique collective à l’échelle d’une nation, tout ceci n’est plus soutenable que par les catégories alternatives, et pour l’instant minoritaires dans le champ de la gauche. Un grand parti de gauche comme le PS ne peut proposer le bonheur et la fraternité comme marque de fabrique sans que ces notions ne soient immédiatement confrontées à notre quotidien, qui est absolument dépendant de grands principes sur l’offre et la demande, qui nous échappent mais dont on sait que le seul vainqueur, c’est toujours l’autre.

Il appartient aujourd’hui au Parti Socialiste (comme, à l’inverse, ce que Mr Sarkozy est cyniquement en train de faire à droite) de réunir plus largement sur une dédramatisation de notre rapport avec l’argent. Oh, il ne s’agit pas d’en sous-estimer la valeur pour les plus pauvres, non plus d’en excuser les abus, non. Mais il nous faut reconnaître que si nous évoluons intellectuellement dans des sphères de tolérance, de réflexion, de recherche de la justice ou de sentiments amoureux, nous demeurons tous contraint par l’argent. A gauche, nous en avons développé un comportement mêlé de rejet et de fascination. Mais qu’importe, rebelle ou philosophe, chaque seconde de notre vie à un prix. Ayant admis cela, il est inéluctable (comme l’est d’ailleurs la victoire progressive du champ commercial dans l’organisation des vies humaines) que les comportements structurels de la société française, à droite comme à gauche, choisissent le camp du réalisme individuel, celui de la baisse des impôts ou taxes de successions, de la priorité aux PME dans la baisse des charges et de la défense des prérogatives nationales devant l’invasion de cet Autre…

L’électeur n’est pas cet Autre. Il n’est pas le mal. Il vote en secret, avec son portefeuille plus qu’avec son cœur. Comment croire, alors, que l’on pourra faire subsister les idées de répartition ou de contrôle économiques dans un monde où, finalement, si vous trouvez un billet de 500 euros dans la rue et que visiblement il n’appartient à personne, riche ou pauvre, vous l’enfilez directement dans votre propre poche. Avez-vous déjà vu quelqu’un rapporter un billet perdu au commissariat ? Et puis, si c’est pas moi qui le prend, c’est quelqu’un d’autre… L’autre…

En vérité, il est pratiquement devenu impossible de lutter contre le pouvoir de l’argent en proclamant ses défauts ou en affirmant vouloir le maîtriser, ce qu’il s’agit pourtant de faire. Alors, comme dans un par-feu ou dans une technique de contre-guérilla, il conviendrait que le PS fasse bouger son socle idéologique pour accéder à une sorte de légitimité libérale. Car si la gauche ne le fait pas, il y a fort à parier que Nicolas Sarkozy affirmera bientôt que les acquis sociaux sont les garants de la rentabilité de l’entreprise, et la gauche paraîtra encore plus ringarde… Cette vision d’un rapport décomplexé avec l’économie peut sans doute s’incarner dans la « sociale démocratie », à ce stade les mots n’ont pas encore d’importance. Mais il importe, en accord avec une politique historiquement dirigée vers les plus faibles, de définir de nouvelles postures vis-à-vis des entreprises et des moyens salaires.

Le risque d’une dilution du PS dans la composition politique française à moyen et long terme est visible. Les exemples des coalitions italiennes et allemandes, ou la tentation du modèle américain, presque uniforme entre démocrates et républicains, sont aux portes du possible. Quid de Jaurès devant la WII de Nintendo ? Il est urgent que le PS s’approprie la découverte de l’homme du XXIème siècle, sans quoi un certain parti du centre pourrait bien lui ravir sa place de leader de la gauche…

La forme de ta candidature.

A un certain niveau de vocation publique, la personne s’efface et le projet apparaît… En l’occurrence, il ne semble pas que les électeurs aient saisi la portée du projet de démocratie participative que tu nous a présenté. Malgré l’innovation et la morale de ce concept, que l’on imaginait très bien adapté à la prise de reformes ou la résolution de crises, et dans laquelle tous les partenaires sociaux étaient appelé à la négociation, il n’a pas été reconnu et appuyé comme un projet de société « sérieux ». Chacun t’as donc observé, en cherchant dans ta propre personne ce qui pouvait justifier que l’on vota pour toi.

Au début, et sans doute en tant que femme, cela t’a servi, malgré les mufleries de tes propres camarades. Nous étions tous subjugués par l’audace de ta candidature, bien au delà de la gauche. Je suis chef d’entreprise, j’habite à Mougins et j’évolue dans un milieu social très privilégié. J’ai pu constater ton charisme naissant auprès d’électeurs très éloignés de nos idéaux. Malheureusement, ce concept de démocratie participative, qui renvoyait toujours aux consultations futures la prise de décisions sur des sujets dont les français attendaient une réponse immédiate, a fait apparaître ton programme comme vide de mesures phares, creux ou lisse selon les critiques.

Dés lors, tu n’a plus été qu’un objet télévisuel, une madone dans un peep-show, un candidat à sa propre candidature obligé de se disculper de toute incompétence marketing, politique, économique, présidentielle. Et je crois que tu n’étais pas préparée. Bien sur, ta décision de représenter le PS a été mûrie, tu a travaillé ta présentation physique, calibré tes discours et entretenu une attitude, mais tu n’étais pas préparé comme il le fallait. Il t’a manqué de l’empathie. Est-ce le ton monocorde et saccadé de tes discours de meeting, une rhétorique trop idéaliste, des propositions vestimentaires inadéquates, un comportement professoral, voire condescendant, une certaine difficulté à partager un enthousiasme, à révéler ta part de jouissance dans ta course au pouvoir ? Quoiqu’il en soit, et à quelques heures du second tour, même une grande partie des gens que je sais vouloir voter pour toi le ferons sans exaltation. Mais bon sang, que n’as tu pas su préserver cet élan d’avant ton élection aux primaires ? On le sait que les français attendent toujours un chef, que la figure christique est notre grand réflexe à l’approche d’échéances présidentielles, que rien de nouveau ne s’accomplira sans la fusion fantasmée d’un peuple avec son plus illustre représentant ! Je n’ai pas senti cette agréable démagogie, cette aisance dans les formes du discours, cette volubilité sarkozienne à traiter les problèmes comme si on avait jamais rien fait de plus simple… Et pour tout te dire, j’ai trouvé ta campagne à peine plus pétillante que celle de Jospin en 2002…

En définitive, nous souhaiterions plus de pragmatisme, une approche moins innocentes des formes qui font l’adhésion des électeurs, une realpolitique au service d’un idéal de gauche. D’une part, le PS doit repenser le concept de protection de l’individu, en fonction d’une augmentation des réflexes conservateurs des classes moyennes et en rassurant le patronat dans son ensemble par des mesures plus libérales. D’autre part, les candidats du PS doivent savoir incarner leur rôle, en actionnant les leviers les plus efficaces du principe de popularité, conscient de la porosité accrue entre valeurs et marketing. Il ne s’agit pas de trahir nos idéaux. Il s’agit de vivre avec son temps et d’affronter l’adversaire sur son terrain.



Je termine cette lettre avec un énorme sentiment de tristesse, pour toi, pour nous. Je voterais encore pour toi, tout à l’heure, mais je n’ose pas encore penser aux regrets, au gachis, à la colère incrédule qui nous prendra dès le réveil, lundi matin… Bien sûr, on pourra toujours se contenter d’avoir lavé l’affront de 2002, d’avoir fait une campagne propre, ou se réjouir du taux de participation, mais il faudra bien se rendre à l’évidence : A aucun moment, tu n’as fait la course en tête. On ne gagne pas en comptant sur les fautes de son adversaire.

JEAN-MARIE CHATELAIN
FUTUR PARTI SOCIALISTE
Bonjour, je vous transmets un texte qui pourrait bien être la

naissance d'un mouvement Génération 2008 : en attendant 2012 Un nécessaire renouvellement La défaite de Ségolène Royal à l'élection présidentielle va faire l'objet de nombreux commentaires et analyses. Cette défaite va devoir être disséquée pour essayer de comprendre pourquoi le parti socialiste n'a pas réussi à convaincre la majorité des Françaises et des Français.Cette défaite qui ne fut pas aussi sévère que les sondages nous l'annonçaient doit être le point de départ d'une nouvelle étape pour le parti. Parmi les nombreuses raisons de cet échec, une nous a explosé au visage au soir du 06 mai en regardant les plateaux de télévision : la gestion des âges au PS. Au cours des nombreux débats qui se sont déroulés nous avons vu se succéder sur les plateaux, pour l'UMP, Valérie Pecresse (39 ans), Laurent Wauquier (31 ans), Rachida Dati (41 ans), Xavier Bertrand (42 ans), Rama Yade (30 ans) d'origine sénégalaise mais aussi Patrick Devedjian (63 ans), Alain Juppé (62 ans) ou Jean-Louis Borloo (56 ans). Nous avons découvert un parti politique à l'image de la société française composée, de jeunes femmes et hommes de toutes origines représentant le dynamisme mais aussi des plus anciens garant de l'expérience. En face, nous avons re-redécouvert Laurent Fabius, Jack Lang, Bernard Kouchner, Dominique Strauss Khan, Pierre Moscovici, Michel Sapin. qui nous ont parlé du nécessaire renouvellement au parti socialiste, en précisant le nécessaire renouvellement des idées . Voilà l'image du PS donnée aux français ce soir de défaite, un parti d'hommes mono-culturel tous frappés par la soixantaine. Je suis en accord total avec eux sur le nécessaire renouvellement au parti socialiste, mais pas seulement des idées, ce sont les hommes et les (quelques) femmes qu'il va falloir renouveler. Les jeunes talents sont nombreux dans ce parti (Arnaud Montebourg, Razzie Hamadi, Vincent Peillon, Benoît Hamon, Aurélie Filippetti) et ils ne manquent pas d'idées. Comment un parti peut-il avoir des idées nouvelles si elles n'émergent pas de têtes nouvelles ? Quel message allons nous adresser à la jeunesse de notre pays si nos idées sont portées par ceux que la presse appelle « les éléphants » ? La seule audace du parti, dans cette élection, ce fut l'élection interne de Ségolène Royal pour porter les couleurs du PS. Elle a d'ailleurs fait bouger les lignes dans ce parti et elle a su bousculer, avec sa démocratie participative, les vieilles habitudes de notre formation. Nous aurions déjà dû voir les prémices de ce mouvement, en effet Olivier Besancenot, qui porte des idées similaires à Arlette Laguiller, José Bové ou encore dans une moindre mesure Marie-George Buffet, a été crédité de prés de 5% des votes quand les autres candidats de l'extrême gauche n'ont pas dépassé les 2%. Pourquoi un tel écart entre des candidats idéologiquement si proches ? La réponse se trouve bien évidemment dans l'âge et donc l'image renvoyée par Olivier Besancenot à notre jeunesse et à notre société. Le parti socialiste vit un moment historique : celui du renouvellement des générations. Nul besoin de se trouver un nouveau chef, nous en avons trouvé une en la personne de Ségolène Royal qui a été élue par 60% des socialistes et a rassemblé plus de 17 millions d'électeurs sur son nom, elle est la seule à avoir osée l'ouverture vers la jeunesse en intégrant dans son équipe les jeunes talents évoqués précédemment. Le vote des militants lors de la campagne interne n'a pas, à ce jour, était annulé. Je n'ai pas envie de voter tous les 6 mois pour un nouveau chef de parti, j'ai envie que le parti se mette en mouvement dés maintenant, pour créer les conditions des victoires à venir lors des élections législatives dans un premier temps, puis les élections municipales en attendant 2012. Ségolène Royal est la candidate légitime de notre parti, qui va devoir affronter des attaques venues de tous les bords (la droite, le centre mais aussi l'extrême gauche), le rassemblement est donc nécessaire autour de notre candidate car il n'y a pas de force sans unité. J'appelle donc, les forces vives de ce parti à refonder notre formation politique, la génération 2008 doit faire sa révolution, une révolution sans barricade ni pavé mais avec la force de ses idées.Jeunes socialistes, n'attendaient pas que l'on vous tende la main, prenez là.
ARNAUD CATHERINE (Secrétaire fédéral Parti socialiste de la Manche)



Yüklə 3,12 Mb.

Dostları ilə paylaş:
1   ...   54   55   56   57   58   59   60   61   62




Verilənlər bazası müəlliflik hüququ ilə müdafiə olunur ©muhaz.org 2024
rəhbərliyinə müraciət

gir | qeydiyyatdan keç
    Ana səhifə


yükləyin