Directeur de programmes honoraire à l'INRP
Ingénieur en chef honoraire des Manufactures de l'Etat
ou Expert consultant à l'UNESCO et à l'ONU (1972-1985)
adresse : 13, rue Condorcet, 75009 Paris.
téléphone et fax : 01 45 26 06 83
Ce qui semble caractériser notre époque, c'est, dans tous les domaines (technologiques, économiques, sociaux, culturels), l'accélération des changements d'échelle de grandeur qui frappe tous les phénomènes : en amplification ou en miniaturisation ; en instantanéité ou en pérennisation. Il faut ajouter, à cette accélération des changements d'échelle, leur enchevêtrement en complexité croissante, à la racine de possibles "catastrophes" (au sens de René Thom) dans la structuration ou modélisation des relations et des échanges, mais aussi des organismes ou des institutions.
Accélération et enchevêtrements se conjuguent alors pour rendre périlleux l'exercice des décisions. Ils amplifient la promptitude et l'intensité des effets pervers et des rétorsions ou recours qu'ils rendent possibles ou provoquent.
Il peut en résulter des risques d'inhibition croissante, et quelque "contraception" à la base même des pragmatiques. Il faut prévoir, sinon redouter, la montée de dénégations et d'incriminations assaillant les décideurs. Simultanément, il faut alors prévoir un développement d'infiltrations maffieuses et malignes, mais aussi une poussée de judiciarisation menaçant tout acte, à tout moment.
En ces conditions, chaque pragmatique devra dorénavant être équipée de précautions, sauvegardes, et ruses ou souplesses pour garantir son exercice créateur. Il faut élaborer pour notre temps des moyens intellectuels et technologiques ou juridiques qui soient adéquats pour aborder en sécurité (en "ré-assurance" et sans arrogance), les autoroutes, à très grandes vitesse et durée, d'information et de rétroactions, mais aussi de suspicions et de désinformation.
Je conviens également de mettre au point de nouvelles procédures de prospective et d'inférence en vue d'affiner les mesures d'effets qui pourraient être inattendus : en laissant un jeu suffisant pour l'émergence d'intuitions et l'imagination de parades flexibles ; en se donnant des marges d'éléments insolites à introduire à l'encontre de nos rationalités ; en travaillant à de nouvelles conceptions et computations en probabilités ; en nous fondant sur une éthique confiante et audacieuse p.
Complexité de l’Espace et Pragmatique des Territoires
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Françoise PERRIER
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Session 18 AM1
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Entre linéarité et complexité.
La dynamique chaotique des projets.
Françoise PERRIER
Dans les années soixante, quand se sont développés tous les grands projets du spatial, du nucléaire, des grands travaux, les entreprises ont été rapidement débordées par cette nouelle forme de travail qui ne s'insérait pas facilement dans leur structure classique imprégnée de taylorisme.
On a voulu alors domestiquer le monstre. Pour cela on a voulu bien sûr lui trouver un moule adéquat, le simplifier, le réduire à un modèle unique. Dans un premier temps, surtout aux Etats-Unis on a voulu dominer la technique foisonnante et débridée de ces années riches en innovations et en évolutions. Puis on a ajouté le carcan d'un management linéaire et figé par des règles pré-définies. Ainsi tout était attendu et le projet n'avait plus qu'à se dérouler comme prévu. Mais ça ne s'est pas passé comme ça et les déviations, les demi-échecs et même les échecs ont continué. Décidément le projet ne se laissait pas facilement domestiquer !
Alors on a admis que ces projets étaient conduits, gérés, développés par des hommes et que ces hommes étaient créateurs d'interactions inattendues. On a admis que ces projets se déroulaient dans un intervalle de temps souvent long, et que ce temps était créateur de phénomènes irréversibles et souvent imprévisibles. On a admis que, pendant ce temps le projet était en relation avec son environnement, influait sur lui et était influencé par lui. On a admis (souvent avec difficulté et dans quelques cas, pas encore) que le projet n'était peut-être pas le monolithe que l'on pensait mais plutôt un système complexe composite ouvert sur son environnement.
Enfin la complexité gagnait son droit d'existence dans l'univers des projets. Pouvait-on penser que cela allait résoudre les problèmes et permettre de développer harmonieusement les projets ?
Actuellement on n'a pas encore trouvé de solution miracle. Il est vrai que la notion de complexité a énormément enrichi la discussion. On reconnaît qu'il était vain de vouloir traiter le projet comme une structure d'équilibre. On n'en finit pas de découvrir des points de non équilibre, des chocs, des ruptures, des bifurcations et qu'il faut les reconnaître et s'en servir pour organiser le chaos afin de réaliser l'objectif prévu.
Mais de là naît le paradoxe profond du projet. Il faut prévoir à long terme l'objectif et la stratégie pour l'atteindre mais savoir que cette prévision même pourra être remise en cause et que, de toute façon, la stratégie sera modifiée par sa réalisation. Il faut construire pas à pas le bon chemin dans le foisonnement des possibilités et garder cependant assez de rigueur pour ne pas perdre l'objectif. Nos têtes bien faites d'occidentaux rationnels nous conduisent a priori à prévoir des développements linéaires et à découper pour simplifier. Mais, simplifier le projet amène à le mutiler, à le déformer, à le nier, le développement linéaire n'est qu'un modèle approximatif imposé par notre propre représentation. Le projet, lui, est profondément complexe et se développe conjointement dans des plans parallèles, profondément influencé par ses contextes.
Il faut donc changer cette linéarité qui est dans nos têtes et cela n'est pas facile. Apprivoisons-nous, réfléchissons ensemble. Apprenons à bien penser nos projets, à reconnaître la multiplicité, la complexité, apprenons à relier au lieu de dissocier et à inventer des solutions nouvelles.
Peut-être alors le projet se laissera lui aussi apprivoiser.p.
Usagers, Sujets et Représentation dans la Conception II
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Jacques PERRIN
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Session 18 AM3
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