Rencontre mcx 99 “ Pragmatique et Complexité ”


La démarche analogique dans la conception de l'invention



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La démarche analogique dans la conception de l'invention

PERRIN Jacques

Professeur, INSA-Lyon, GATE-CNRS

Centre des Humanités, bat. 601, 20 avenue Albert Einstein, 69621 Villeurbanne Cedex

Tel (33) 04 72 43 60 07, Fax (33) 04 72 43 85 19, Mail Jacques.Perrin@insa-lyon.fr
L'analogie joue un rôle très important dans l'histoire des objets techniques. A partir d'exemples empruntés à l'histoire des techniques, on peut montrer (Perrin, 1991) qu'un nouvel artefact (moteur à réaction, vélocipède, machine à vapeur, moteurs électriques, transistor, par exemples) est toujours conçu en fonction d'un ou de plusieurs modèles antérieurs, c'est à dire en fonction d'analogies suggérées par des artefacts déjà en usage. On présente souvent l'invention comme un processus dans lequel le hasard et la chance joueraient un rôle important ou comme un don que disposeraient certains individus. Il semble que l'invention soit en grande partie explicable par une capacité à susciter et à organiser des analogies.

Une analogie peut émerger lorsque deux situations différentes présentent néanmoins des similarités; Sarlemijn et Kroes [1988] distinguent trois types d'analogie qui jouent un rôle important dans la technologie :



  • Une similarité de caractéristique (sans qu'il ait forcément un support technique ou physique à cette similarité). Par exemple le concept de courant qui a été introduit en électricité par analogie avec les liquides.

  • Une similarité de fonction/forme : par exemple la forme de l'oiseau pour l'aviation ou le cheval pour la bicyclette; rappelons aussi que le premier moteur à combustion interne (à gaz) d'Etienne Lenoir (1860) ressemblait étrangement à la machine de Watt.

  • Un similarité de fonction : par exemples entre un interrupteur électrique et un système d'embrayage mécanique.

Notons que la nature et le monde du vivant ont souvent inspiré les inventeurs comme source d'analogies pour la construction de nouveaux objets techniques. Cette démarche a donné lieu à la création d'une nouvelle discipline : la bionique, "démarche qui porte à interroger la nature sur ses propres inventions et à considérer les être vivants comme de véritables modèles dont l'organisation hautement perfectionnée doit inspirer l'homme "(Encylcopédia Universalis). Une synthèse intéressante de cette démarche a été faite par L. Gérardin dans son ouvrage "La Bionique" [1968]. A titre d'exemple d'une démarche de bionique, citons le gyroscope à lame vibrante construit par la Sperry Rand Corporation ; bien plus sensible que les appareils classiques et moins altéré par les fortes accélérations, son principe est basé sur l'observation du fonctionnement d'appendices mobiles, appelés haltères ou balanciers qui , au cour du vol, renseignent certains insectes (diptères) sur tous les changements de direction.

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Parmi les inventeurs, Thomas Edison (1847-1931) occupe une position particulière. Il fut l'auteur de nombreuses inventions et innovations dont les plus célèbres ont pour nom : le télégraphe multimessage, le microphone, l'ampoule à incandescence et l'éclairage électrique, la dynamo et l'accumulateur alcalin. Inventeur autodidacte, il déposa plus de 1.200 brevets.



Les inventions de l’ampoule à incandescence et celle d’un système d’éclairage électrique fournissent des exemples intéressant de la démarche d’Edison, comme le souligne Paul Israel [1996]: “Tandis qu’il inventait un système d’éclairage électrique, Edison réinvente le système de l’invention ”. Pour Israel, le mode de pensée analogique d’Edison a joué un rôle capital pour comprendre l’évolution de ses recherches sur la lumière électrique “ il avait une capacité à trouver des métaphores qui lui permettaient de s’appuyer sur ce qu’il connaissait pour établir des hypothèses sur ce qu’il ne connaissait pas ”.

Dans leurs travaux sur l’invention comme processus cognitif, Bernard Carlson et Michael Gorman [1990], respectivement professeur de psychologie et professeur d’histoire des techniques à l’Ecole d’Ingénieurs et des Sciences Appliquées de l’Université de Virginie, ont étudié l’invention du téléphone par Graham Bell et Thomas Edison et l’invention du kinetoscope par Thomas Edison. Pour Carlson et Gorman, la démarche d’invention peut se résumer à un jeu interactif et itératif entre deux éléments : un principe et des objets techniques. “ Le premier constitue le modèle de départ, celui que l’inventeur a en tête quand il envisage le fonctionnement de son invention. Le second recouvre l’ensemble des objets ou dispositifs qui vont lui servir à traduire ce modèle mental en termes physiques, ” il est qualifié d’éléments de construction ( ou mechanical representations, ce qualificatif s’applique même si les objets utilisés sont des objets ou composants électriques, électroniques, chimiques ou autres). Les stratégies suivies par les inventeurs pour générer et manipuler les modèles mentaux et les objets techniques constituent des heuristiques spécifiques à chaque inventeur. La méthode d’Edison consiste à s’appuyer sur un large éventail d’éléments de construction et à faire de fréquents emprunts à des inventions déjà faites.

“Toute invention technique nouvelle passe, dans ses débuts, par l’acquisition d’un modèle mental. Il recouvre l’idée générale sur le fonctionnement d’un dispositif expérimental, mais aussi la conscience de ce que ce dernier peut signifier, notamment en termes de concept". Ce premier modèle mental est très souvent construit par analogie avec des artefacts déjà en usage. A partir de ce modèle mental, "l’inventeur est alors à même de manipuler et de tester les éléments de construction qu’il aura sélectionnés. Par la suite, la façon dont ces éléments vont varier pourra l’amener à modifier son modèle initial. Viendra le moment où l’invention sera achevée. Là l’inventeur percevra une totale adéquation entre le modèle mental et les éléments de construction (....). Le processus inhérent à l’invention est la mise en interaction d’une idée abstraite et d’objets, d’un modèle et d’éléments de construction ” [Carlson, Gorman, 1996]p.

Ecologie Humaine, entre Ruralité et Complexité


Alfred PETRON


Session 18 AM5




Intelligence collective (communautaire) et développement rural

Alfred Pétron

CFTA de La Ferté-Macé et Université de Caen

Fax 02-33-30-68-48

Email :alfred.petron.mfr.asso.fr
Notre président Jean-Louis Le Moigne nous a conviés à travailler pour bien penser et il nous a aussi invités avec Georges Lerbet à créer un atelier dont la tâcheserait de penser le devenir de notre milieu rural ; passionnante , délicate et inachevable entreprise !

Intelligence de groupe , pensée de groupe, ont déjà fait l'objet d'irruptions dans nos réunions de travail du laboratoire tourangeau des Sciences de l’éducation. Les chercheurs davantage centrés sur les stratégies personnelles de pilotage des apprentissages envisagent difficilement qu’une collectivité puisse apprendre et il nous faut donc travailler à mieux penser cette hypothèse et tenter de vérifier son fondement. Les exposés des collègues, Laurent Marty, Bruno Caro, Stéphane Daupley et Laurent Masseron me laissent à penser que le milieu rural n’est pas composé d’idiots culturels et qu’il existe des germes endogènes de développement. C’est pourquoi nous croyons à la nécessité de la présence de maïeuticiens ruraux (A, Pétron, 1998) pour mettre en synergie les ressources locales avec les compétences et les exigences globales.

Même si Georges Lerbet entend réserver l’intelligence au bios , il me semble permettre une ouverture à une relation inter-bios dans "Bio-Cognition , Formation et alternance(1995,p141)" Les démarches de confrontations où chacun est investi dans le milieu de l'autre sans y être réduit) participent à l'élaboration d'une véritable herméneutique du dialogue, s'y accomplissent des quêtes de partage des savoirs (ruptures langagières) renforçant complémentairement les continuités significatives autonomes (connaissance intime) La théorie du système personne élaborée par Georges Lerbet avec l'intervention du milieu entre l'Ego ,et l'environnement a beaucoup guidé nos réflexions sur les apprentissages individuels et elle me semble pertinente pour envisager les apprentissages collectifs. Dans la construction de projets par les collectivités locales, il s'agit de s'investir dans le milieu des autres sans y être réduit. Le problème qui m'apparait alors si on admet cette pensée de groupe possible en un espace donné et pour un temps donné (celui d'une réunion) est celui de la mémorisation. Le système d’information et de communication proposé par Nathalie .Fabbe Costes dans “ la stratégie chemin faisant,1997,pp189-215 ” me semble opérant mais malheureusement comme le constate Nathalie Couix (ibid, p315) il est fort peu mis en pratique dans les projets de développement rural. Le flou qui entoure les projets permet souvent aux notables locaux de sauvegarder leur liberté d’ action et de négocier quelques avantages qui renforcent leur légitimité élective.

L’apprentissage collectif est à rapprocher du processus sans sujet évoqué par J.P Dupuy (1994,p.172) "Pour Hayek, l'ordre social spontané constitue un troisième type d'ordre , à côté de l'ordre naturel et de l'ordre artificiel. C'est une émergence, un effet de composition : “Le système n'est évidemment pas un sujet doué de conscience et de volonté. Le savoir qu'il mobilise est irréductiblement distribué sur l'ensemble de ses éléments constitutifs , il ne saurait être synthétisé en un lieu qui serait celui du savoir absolu du système sur lui-même . Ce savoir collectif est porté par l'ordre social dans la mesure où il est le "produit de l'action des hommes et non de leurs desseins" et n'est récapitulable par aucune conscience individuelle.


…/

C'est un savoir sans sujet. Il s'incarne dans des normes, des règles, des conventions, des institutions, lesquelles s'incorporent dans les esprits individuels sous la forme de schèmes abstraits". L'auteur poursuit (p175) une idée qui me réjouit dans la perspective qui est la mienne pour la prise en charge de leurs problèmes par les communautés de communes ”.



Il faut admettre qu'à côté des sujets individuels, il existe des quasi-sujets , qui sont des entités collectives capables d'exhiber au moins certains des attributs que l'on croyait réservés aux véritables sujets -les individus-et, en particulier, l'existence d'états mentaux. On n'hésitera pas ainsi à dire d'une organisation , et plus généralement d'une entité collective, qu’elle est capable d’apprendre, mais aussi de savoir, de se souvenir, d’analyser une situation, de faire des expériences, de former des concepts, de prendre des décisions et d’agir ”.

La vision de J.P Dupuy semble s’inscrire dans une perspective culturelle qu’Erlich définit comme le patrimoine non génétique que nous nous transmettons de génération en génération et que nous avons le devoir d’enrichir.

Le milieu rural s’est trop longtemps confondu avec le milieu agricole et la modernisation de ce secteur s’est traduite par une gestion de l’espace à travers les filières agro-alimentaires et leurs lobbies. Partant de ce constat, nous pensons pouvoir formuler les hypothèses suivantes :

1-Nous sommes co-responsables de la vie de nos territoires, passer de l’espace au territoire remet l’homme au centre du processus de développement et le ménagement devient le corollaire de l’aménagement.

2-Les collectivités locales et notamment les communautés de communes .peuvent apprendre à travailler, à l’aide de la pensée complexe, pour participer à la cohésion nationale tout en assurant leur singularité.

3- Une quasi-intelligence collective peut naître si nous savons assurer la mémorisation de notre histoire locale, si nous savons délibérer sur nos finalités et nos stratégies pour accéder à l’autonomie ( qui n’est pas l’indépendance)de notre pilotage.

Ceci posé, notre mission devient :  Comment aider les décideurs à adopter des stratégies de coopération et non de désertion comme l’a démontré J.P Dupuy dans le dilemme du prisonnier ? (1992,p..83). Il me semble que les travaux de Patrick Laurent (GRASCE n°92-21(1992,pp15-16)) consacrés à la capitalisation et la transmission de l’expérience dans une organisation complexe : “ La CTE est une action complexe qui vise à valoriser les connaissances tirées de praxis individuelles ou collectives, en les organisant en un patrimoine, susceptible de produire de nouvelles richesses grâce à sa transmission dans une collectivité. L’expérience que nous avons considérée se construit sur ces praxis(transformations, productions, performances), mais elle en est différente : l’expérience se fonde sur l’activité de représentation et non directement sur l’action. Du fait qu’il s’agit de représentations, la capitalisation, la transmission, et l’interprétation dans une collectivité organisée sont possibles.”

Certaines communautés de communes se sont créées autour du conseiller général du canton, d’autres ont entériné des pratiques de coopération inter-communales, et d’autres encore ont obtempéré à l’injonction d’un préfet. Deux tendances semblent se dégager du point de vue du fonctionnement : certaines communautés coopèrent pour utiliser des moyens et d’autres construisent de véritables projets communautaires dépassant l’éternelle querelle concernant les charges de centralité et ses clés de répartition. La communauté de communes nous semble un espace pertinent de co-émergence de représentations partagées (Marie-José Avenier)de nos problèmes territoriaux et de co-construction de projets.p..



Pragmatique et Systèmes de Santé


Pierre PEYRE


Session 17 AM1




L’intelligence de la douleur : entre auto- et hétéro-référenciation,

un problème hypercomplexe de santé publique
Pierre Peyré
La douleur et le système

“ La douleur n’est pas une fatalité, refusons-là ! ” proclamait récemment dans un éditorial de La Lettre de la SFAP (N° 7, Janv / Avril 1999) le Dr Michèle H. Salamagne, Présidente honoraire de la Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs.

Il faut dire, qu’a la suite du rapport Neuwirt sur les Soins Palliatifs et l’accompagnement, l’actualité parlementaire légitime aujourd’hui ce genre de défi aux lois de la nature. Considérant qu’il serait “ temps que la société se décide à comprendre qu’elle doit la même considération à l’être qui va mourir qu’à celui qui va naître, parce que cet être est le même ”, Lucien Neuwirt, dont la proposition de loi avait été adoptée à l’unanimité par la Commission des Affaires sociales du Sénat, a su plaider la cause des malades en fin de vie. Il précise, notamment, dans l’article premier de sa proposition de loi que “ Toute personne atteinte d’une maladie mettant en jeu le pronostic vital a accès à des soins palliatifs et d’accompagnement. Ces soins visent à soulager la douleur physique et les autres symptomes et prennent en compte la souffrance psychologique, sociale et spirituelle de la personne ”.
Dans son livre : Douleur et médecine la fin d’un oubli, la sociologue Isabelle Baszanger, poursuivait déjà en 1995 la thèse de l’émergence d’une médecine de la douleur comme problème clinique autonome. Ainsi, après le travail des “pionniers” comme celui de l’anesthésiste américain J.J. Bonica, dont l’influence se retrouve notamment dans la naissance des unités de soins palliatifs (Saint-Christopher Hospice, en 1967), dans les résultats d’importantes recherches (dont les récepteurs opioïdes, en 1972), et dans la création de l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP, en 1974), la “lutte contre la douleur”, la douleur considérée comme une “maladie en soi”, est une réalité qui semble bien amorcée aujourd’hui.
Pour clore ce tour d’horizon d’un contexte infini, citons enfin le Dr Alain Serrie faisant référence aux derniers textes officiels, dans un dossier fort significatif sur la prise en charge de la douleur qui est manifestement devenue une priorité de santé publique : “ La prise en charge de la douleur des patients présentait de nombreuses carences, en particulier pour les douleurs post-opératoires et les douleurs chroniques, mais aussi pour la douleur de l’enfant, des personnes âgées, des malades atteints du cancer ou du SIDA. Désormais, le retard de notre pays est en voie d’être comblé, en tout cas en ce qui concerne les apects organisationnels et réglementaires.” Et, le Dr Serrie de résumer, suite à l’obligation faite depuis 1995 à tous les hôpitaux, privés ou publics, de s’intéresser à la prise en charge de la douleur (article L.710.3.1 du code de la Santé publique) les quatre axes principaux du plan anti-douleur triennal 1998-2000 annoncé par le Secrétaire d’Etat à la Santé, M. Bernard Kouchner : 1) la prise en compte de la demande du patient, 2) le développement de la lutte contre la douleur dans les structures de santé, les réseaux de soins, 3) le développement de la formation continue des personnels médicaux et paramédicaux, 4) l’information du public.

…/


La conjecture de l’interaction de l’auto- et de l’hétéroréférenciation

S’agissant donc ici et maintenant, au sein de l’AEMCX, d’intégrer la dimension “pragmatique et complexité” au regard que chacun d’entre nous, personnellement et professionnellement, peut porter sur la douleur, l’exercice est délicat mais combien enrichissant qui consiste à “ travailler à bien penser…” quand les bruits du monde pénètrent “ l’esprit de la vallée ” recevant, comme le veut le Tao “ toutes les eaux qui se déversent sur elle ” et qu’Edgar Morin assimile, par une “ solidarité infinie ”, à “ la religion de ce qui relie, [et au] rejet de ce qui rejette ” (cf. E. Morin : La méthode, I. La Nature de la Nature, 1977, Seuil, pp. 9-24).


Parler d’intelligence de la douleur ce n’est donc pas, bien entendu, dire que la douleur est intelligente en soi, même si ses origines, ses manifestations, ses effets procèdent d’une rationalité et de logiques qui lui sont propres et qu’on retrouve dispersées selon des doctrines, des idéologies ou des religions au niveau d’autant de rituels, de mythes et d’épistémés qui lui donnent parfois, comme par une subjectivation profonde de l’objet, une existence objective quasi personnifiée à des fins matérielles ou philosophiques. Mais force est d’admettre que dépourvue d’esprit, et même si elle s’avère capable d’exciter ou de ruiner la pensée, la douleur, quelles que soient ses stratégies réelles ou imaginaires, n’a pas d’autre raison que la condition du tragique de l’homme dans son humanité. Inhérente aux états et aux étapes de vie, elle ne disparaît que dans la mort. Parler d’intelligence de la douleur — dans la perspective même de relier les quatre axes principaux énoncés ci-dessus — ce n’est donc pas considérer la douleur comme un partenaire avec qui l’on peut dialoguer, mais (se)construire des représentations multiples et variées au point de convergence desquelles on pourra, par modèles interposés, décider de façon mutiréférenciée, éthique et pragmatique à la fois, des conduites individuelles et collectives à observer non pas pour résoudre le problème, mais pour bien poser le problème.

Bien poser le problème, cela veut dire s’efforcer de rendre la situation plus intelligible (cf. J.L. Le Moigne, La modélisation des systèmes complexes, 1990, p. 11) afin que les acteurs, quelles que soient les hiérarchies enchevêtrées, parviennent à faire effectivement ce à quoi ils aspirent, sans négliger les contraintes ni les contradictions, mais en s’appuyant sur les ressources donts ils disposent.


C’est pourquoi en (re)introduisant les notions d’auto et d’hétéroréférenciation dans la prise en charge de la douleur, ce que je souhaite mettre en relief — complémentairement aux pratiques centrées sur l’objet — c’est le poids du sujet en proie à la souffrance aiguë ou chronique dans toute démarche de prise en charge médicalisée, comme il l’est dans soigner dont on oublie souvent que ce verbe n’est pas synonyme de traiter ou de remédier (cf. M.F. Collière : Soigner… le premier art de la vie, InterEditions, 1996). D’où quelques axes de réflexion que je voudrais privilégier : qu’est-ce qu’une personne astreinte à la douleur physique et/ou morale ? Comment se développent et se construisent en elle force de vie et force de mort ? Autrement dit comment la douleur, qui n’est qu’un symptôme pour l’autre qui l’observe et tente de la soulager (niveau d’une pratique), l’explique et peut-être même la comprend (niveau d’une praxis), prend-elle sens pour le patient dès lors qu’il est violemment meurtri dans son corps, sa conscience et son existence ?
De fait, si l’expérience de la douleur et le sens que chacun doit gérer entre self et non-self (cf. G. Lerbet : L’autonomie masquée. Histoire d’une modélisation, L’Harmattan, 1998) lorsqu’il vit cette agression sont très fortement concernés par ce qu’il en ressent dans son for intérieur compte tenu de ses connaissances, de ses croyances, de ses valeurs et de ses aspirations, comment peut-on en tenir compte pour fonder une ingénierie médicale ouverte de la douleur, c’est-à-dire pour conjecturer une pragmatique dans les échanges entre le couple [self/non-self] du patient avec celui du praticien ?
Une ingénierie médicale ouverte, au point même que si la douleur était une fatalité, tous les espoirs solidaires, au moins, de pouvoir/vouloir la refuser dans notre dignité d’êtres humains ne seraient jamais à jamais condamnés p.


Pragmatique et Système de Santé

Christine PEYRON

Sophie BEJEAN


Session 17 AM1





Pragmatique et coordination complexe :

quelle réforme pour la médecine ambulatoire?
Christine Peyron et Sophie Béjean

LATEC - Université de Bourgogne

Pôle d'Economie et de Gestion - 2 Bd Gabriel - 21000 Dijon

Tél : 03 80 39 35 29 ; 03 80 39 54 33 ;Fax : 03 80 39 54 43

Christine. Peyron@u-bourgogne.fr, Sophie.Bejean @u-bourgogne.fr,
La nécessité de maîtriser les dépenses de santé induit et induira des politiques de régulation du système de santé qui vont modifier les règles de fonctionnement de ce système, les comportements et les relations entre ses acteurs. Comprendre ce système, ces comportements, ces relations, c'est comprendre les politiques d'intervention, leurs moyens et leurs fins.

En limitant notre propos à la médecine ambulatoire, nous tenterons conjointement d'analyser les modes de coordination des acteurs de ce secteur d'activité, les réformes récentes, leurs objectifs visés et résultats potentiels.


Le fonctionnement de la médecine ambulatoire française présente des particularités qui interrogent les économistes depuis déjà une dizaine d'années et qui ne permettent pas d'assimiler ce secteur d'activité à un marché comme les autres. Plus précisément, notre analyse atteste de la complexité de la coordination en médecine de ville et met en avant la nécessaire prise en compte de la dimension sociale des comportements individuels. A partir d'une typologie conventionnaliste des règles de coordination appliquée à la médecine ambulatoire, nous repérerons des règles contractuelles, hétéronomes et conventionnalistes qui coexistent et s'articulent pour produire de la coordination entre médecins, patients et financeurs. Mais ce n'est pas tant la coexistence de ces règles qui permet de concevoir la complexité de la coordination, que les principes d'évolution, de changement et d'interprétation de ces règles.
Reconnaître la complexité de la coordination en médecine de ville ne débouche pas sur une impossibilité de l'intervention publique, mais sur la nécessité d'une conception des politiques publiques adaptées à la complexité de la situation. L'analyse des mesures de régulation mises en œuvre récemment en médecine ambulatoire atteste de cette nécessité. Les mesures de régulation modifient les règles de coordination en vigueur et sont perçues et interprétées par les différents partenaires qui réagissent à leur tour… ce qui rétroagit sur l'ensemble du système de coordination et peut éventuellement conduire à une remise en cause plus fondamentale des règles de fonctionnement de notre système de santé p.


Pragmatique de l'organisation I



D. PHAM

H. VIALA

Session 17 M1







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