M. le Président.- Merci, Monsieur MECHIN.
Des éléments complémentaires vont être apportés par le Vice-président et la Vice-présidente, qui sont à la tribune.
M. FOURNIER Charles.- Merci beaucoup.
Nécessairement, lançant cette première brique d’une nouvelle approche de nos responsabilités en matière de jeunesse, on a ouvert le débat sur la jeunesse et il n’a pas manqué. Rien n’était hors sujet, pour rassurer ceux qui auraient considéré qu’il y avait des hors-sujets. Par contre, cela devance sans doute les débats que nous aurons cet après-midi, ceux que nous aurons en octobre et tant mieux, cela vient alimenter une réflexion.
Je voudrais néanmoins faire une petite mise au point au moins personnelle. Je crois qu’on écoute dans cet hémicycle, moi, j’écoute, je réponds, à chaque point, j’exprime des désaccords et c’est ce que j’ai fait et c’est tout. Je crois donc qu’il n’était pas utile de parler d’un mépris de la jeunesse. Je ne pense pas qu’il y ait de mépris et je pense que personne ne méprise la jeunesse. J’ai trouvé que c’était une formule déplacée, je tenais à le dire mais on va rapidement passer au contenu de ce rapport.
Je voudrais dire sur ce sujet, et on le mesure bien, que l’enjeu de cet accompagnement dont a parlé Cathy MÜNSCH-MASSET en introduction, que cet outil n’est pas définitif, qu’il est dans une première étape, qu’il va évoluer, qu’il va s’enrichir. Il n’est pas la réponse à tout, ce n’est qu’outil, il doit être au service d’une politique jeunesse, qui évidemment comprend les questions d’emploi, de formation, qui évidemment comprend la question de la possibilité, qui évidemment comprend la question de l’accès à différents services, culturels, sportifs et autres.
Nous sommes tout de même dans une situation particulière pour la jeunesse, puisque pour la première fois depuis très longtemps, deux générations consécutives de jeunes ont un avenir totalement incertain. Nous n’avons pas connu cela par le passé. Par le passé, il y a eu des alternances, et les sociologues ont largement analysé cela, avec de l’espoir possible pour une génération suivante. Là, pour la première fois, deux générations, et bientôt peut-être trois, ont un avenir incertain, qu’il s’agisse de l’avenir professionnel ou tout simplement de l’avenir sur notre planète. Ainsi, se préoccuper de la jeunesse, c’est bien sûr se préoccuper de cette situation.
Je crois que Serge MECHIN a raison en disant qu’il nous faut faire avec et qu’il nous faut construire avec. Quelqu’un d’autre l’a dit aussi, c’est Bertrand SCHWARTZ – Jalila GABORET nous l’a rappelé –, qui disait qu’une politique se construit avec ceux qui sont concernés. Je crois que c’est tout le temps valable, que c’est valable pour les jeunes et pour d’autres, mais c’est particulièrement valable pour ce qui concerne les jeunes.
Je voudrais juste vous dire, Monsieur MONTILLOT, qu’évidemment nos investissements en matière de jeunesse ne se limitent pas au CRJ, qu’en son temps, pour vous rafraîchir un peu la mémoire et sans trop vous provoquer, vous aviez appelé un gadget. Je voulais vous dire que ce n’en est pas un. Vous avez dit cela il y a longtemps et j’imagine que c’est dépassé. Je veux dire que nos investissements en matière de jeunesse sont beaucoup plus larges, qu’évidemment comparaison n’est pas raison et que les investissements des Départements avec le CRJ, c’est peu comparable. Après, je ne sais pas quel est le niveau d’engagement mais, en tout cas, aujourd’hui, force est de constater qu’il n’y a pas les moyens à la hauteur et c’est principalement l’État, vous avez raison, qui en a la responsabilité sur cet aspect.
Je voudrais enfin, pour terminer, dire qu’à travers cet outil, c’est véritablement une opportunité de maintenir ce dialogue. Il ne faut pas l’avoir seulement de temps en temps quand on élabore un cadre particulier, mais organiser de façon récurrente ces échanges avec la jeunesse, lui donner un accès à notre débat et à l’échange avec les institutions. C’est essentiel et l’aspect engagement, qui n’a pas forcément été commenté, est aussi une aspiration des jeunes, à côté de celle d’avoir accès à une formation, à un emploi ou à une activité. En effet, leur regard sur l’emploi n’est peut-être pas non plus tout à fait le même que le nôtre, mais leur demande, c’est aussi de pouvoir participer.
Dans les territoires, Madame PHILIPPE, vous avez raison, il existe de choses, mais là, l’intérêt, c’est comment on articule, comment on coordonne. Il est évident que ce n’est pas à la Région que tout se passera mais la Région peut faciliter la mise en relation, par exemple des conseils municipaux, quand ils existent dans les territoires, avec le Conseil régional de la Jeunesse, et cela s’est déjà fait, il y a déjà eu des échanges. On peut aller plus loin dans l’articulation entre les interventions des uns et des autres au service de la jeunesse, et cela prend tout son sens.
M. le Président.- Madame MÜNSCH-MASSET.
Mme MÜNSCH-MASSET.- Merci de ces échanges, de vos contributions.
En complément, d’abord une réaction à l’affirmation de Guillaume PELTIER qui a dit : « Les enjeux sont ailleurs. » J’aurais envie de lui dire que oui, les enjeux sont aussi ailleurs, car les questions de jeunesse sont très larges, elles relèvent de différents niveaux de responsabilité, et les sujets qu’il évoquait, notamment sur les savoirs fondamentaux sont des sujets tout en fait essentiels. Je pense que l’erreur serait de donner la définition de ces enjeux en cette fin de matinée, alors que nous nous apprêtons à en échanger avec les jeunes eux-mêmes. On ne peut pas donner les réponses avant d’avoir ouvert le débat, ce serait la première erreur.
Un deuxième point de vigilance que je voulais poser sur cette question des savoirs fondamentaux. Je pense que Guillaume PELTIER a raison d’invoquer des grandes ambitions sur les savoirs fondamentaux, mais qu’il faut aussi regarder ce qu’il en est de ces choses, là où cela se déroule, c’est-à-dire à l’école. À la rentrée prochaine, vous savez que la porte ouverte au recul ou, en tout cas, à l’abandon de la semaine de quatre jours et demi a permis à différentes communes de se positionner sur un retour de la semaine de quatre jours, dont nous savons qu’elle représente moins d’accès aux savoirs fondamentaux en volume et en facilité d’apprentissage, notamment pour les élèves les plus fragiles. Je pose cette interrogation à l’adresse de ceux dont c’est la responsabilité, en l’occurrence les communes, afin d’interroger un peu cela quand on affirme qu’il faut aller au-delà sur les savoirs fondamentaux. Je ferme cette parenthèse.
Le pass jeune lui-même, j’y reviens et je voudrais dire à Monsieur MONTILLOT qu’il n’y a évidemment pas de hiérarchie entre les différents sujets sur le pouvoir d’agir. Vous avez raison, ce pouvoir est essentiel mais il n’y avait pas de hiérarchie dans notre présentation. La lutte contre le décrochage est en effet un sujet de préoccupation qui doit rester toujours en dynamique d’amélioration.
Dire aussi que, bien sûr, « Assure ta rentrée » est un dispositif mais que ce n’est pas le seul. Nous avons aussi un dispositif, « Assure ton année », qui n’est sans doute pas parfait mais qui permet d’inscrire dans la durée ; c’est le souhait que vous exprimiez et vous avez raison. Nous avons déjà aujourd’hui des façons d’accompagner les jeunes, les familles qui décrochent en cours d’année et il n’y a pas qu’une seule fenêtre de tir pour se préoccuper de ces situations. Il faut encore progresser ensemble sur le sujet de la lutte contre le décrochage.
S’agissant des mineurs non accompagnés, je ne reviens pas sur le débat mais il en a été question dans nos deux rapports ce matin et je voudrais quand même remettre les choses à leur juste proportion. En effet, à écouter certains d’entre vous, on aurait l’impression d’une déferlante de plusieurs millions de jeunes sur notre territoire, alors que les mineurs non accompagnés, dans l’année écoulée, ce sont 15 000 jeunes sur le territoire national. 15 000 jeunes sur le territoire national. Je pense donc qu’il faut redonner les justes proportions aux choses.
Par ailleurs, ces jeunes, qui relèvent en effet de la protection de l’enfance parce que ce sont des enfants, parce qu’ils sont mineurs, je regrette que leur accueil soit exposé ou évoqué à travers ce qu’il coûte en MECS. À l’inverse, je n’entends pas, je n’entends personne, s’agissant de jeunes pris en charge dans le cadre de la protection de l’enfance, reprocher à un mineur en danger de coûter plus de 500 000 euros par an. Je trouve que c’est un peu regrettable. Les derniers temps, on a eu une entrée s’agissant des mineurs non accompagnés, qui ne consisterait à regarder que ce qu’ils coûtent et qui ne consiste pas à regarder le devoir de protection que nous avons envers eux et ce qu’ils peuvent apporter à notre pays.
Sur le pass lui-même, Charles l’a rappelé, c’est un pass qui est évolutif. Je reprends votre expression, Madame PHILIPPE, sur le prêt-à-porter et le sur-mesure, et je veux dire qu’aujourd’hui ce pass n’est surtout pas du prêt-à-porter. C’est de la convergence d’informations mais c’est déjà du sur-mesure. Le jeune qui s’inscrit sur Yep’s aura des informations géolocalisées avec le bon plan près de chez lui, l’actualité culturelle, des offres qui sont celles de son territoire ; on est donc déjà dans du sur-mesure. On peut l’être encore davantage et nous souhaitons l’être encore davantage, mais cela commence déjà par du sur-mesure, car c’est l’approche que nous avons choisie, de nous adresser à ces jeunes, dans leurs différences de situations, de statuts, etc.
Pour rebondir sur ce que vous disiez aussi des jeunes qui sont connus des canaux institutionnels identifiés et des autres, donc du choix de l’universalité que nous avons fait, c’est en effet une exigence importante du mois de septembre que d’aller au-devant de l’ensemble de ces jeunesses, et d’ores et déjà, par les BlaBla Jeunesse, nous avons diversifié beaucoup la façon de regarder ces jeunesses. Cela veut dire que l’on n’a pas fait des BlaBlas Jeunesse que dans des lycées ou des CFA, même s’il y en a eu beaucoup : la semaine dernière, au quartier des mineurs à Tours, on a pu rencontrer, dans des foyers de jeunes travailleurs, des demandeurs d’emploi, etc. Il faut poursuivre, regarder toute la diversité de cette jeunesse et donner à tous ces jeunes la possibilité d’accéder à ce bouquet de services que sera Yep’s.
Je termine en répondant à Monsieur LECOQ sur la question de l’emploi et le regret qu’il formulait sur l’apprentissage, l’emploi, etc. La plateforme comportera l’outil numérique, qui s’appelle Cléor, et qui aujourd’hui permet ce que vous appelez de vos souhaits. Sur cette plateforme Cléor, le jeune repérera de façon géolocalisée les secteurs porteurs, les entreprises qui embauchent, dans tel ou tel domaine, à côté de chez lui, sur le Département, sur le territoire régional – il y a une totale fluidité dans la façon de chercher les choses –, les entreprises qui accueillent des apprentis. Cela permet de guider ces jeunes pour demander un stage, etc. On est déjà dans cette dynamique dans la version 1, j’allais dire, et cette version-là va grandir, elle va s’enrichir d’une collaboration et d’un réseau avec les acteurs, que nous souhaitons riche, dense, et dont il faut avec eux définir les contours. Il faut aussi alimenter de toutes les contributions des jeunes, du CRJ bien sûr et de nos échanges de cet après-midi et au-delà, et des BlaBla Jeunesse qui ont pu faire émerger beaucoup de choses, que nous aurons l’occasion de vous proposer au mois de septembre.
Je termine en me disant combien je me réjouis que cet après-midi nous ayons cette séance commune, cette occasion de nous exprimer ensemble, de nous exprimer non pas avec une hiérarchie de positions mais avec une égale position dans la crise de parole. Je trouve que cette innovation doit ouvrir des collaborations et des modes de fonctionnement futurs qui soient rénovés et qui nous permettent de faire émerger ces paroles de jeunes. Je les remercie de leur présence aujourd’hui et tout à l’heure.
Merci à vous.
(Applaudissements)
M. le Président.- Merci, Madame MÜNSCH-MASSET.
Je vais donc prendre le vote sur ce rapport.
(Mis aux voix, le rapport est adopté à l’unanimité)
Pour : Socialistes, Radicaux, Démocrates / Écologiste / Union de la Droite et du Centre / Rassemblement National / Madame RAIMBAULT
M. le Président.- Je vous en remercie.
(Applaudissements)
Avant de quitter l’hémicycle, quelques précisions.
Le repas est servi dans notre salle à manger, mais vous voudrez bien partir accompagné de l’ensemble des éléments qui vous accompagnent, dossiers, etc. Pourquoi ? Au moment du retour, les services de l’assemblée auront organisé l’hémicycle de telle manière que nous puissions être avec les jeunes qui nous ont rejoints et vous ne serez pas forcément aux places qui sont les vôtres.
Bien évidemment, nous nous retrouvons tous à partir de 14 heures.
(La séance est levée à 12 heures 32)
Le Secrétaire de Séance, Le Président du Conseil régional,
Philippe FOURNIÉ François BONNEAU
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