Élève-toi vers lui, ne perds pas espoir, ne dis pas : c'est trop difficile pour moi ! Il te serait beaucoup plus difficile d'acquérir l'or que tu recherches. L'or, tu ne l'auras peut-être pas, même si tu le veux. Dieu, tu l'auras quand tu le voudras. Car avant même que tu le veuilles, il vient vers toi, et quand ta volonté se détourne de lui, Il t'appelle. Reviens-tu à lui? Il t'effraie, et quand, terrifié, tu t'avoues coupable, Il te console. C'est Lui qui t'a tout donné, c'est Lui qui t'a fait ce que tu es. À tous ceux qui vivent avec toi, même s'ils sont mauvais, il offre son soleil et sa pluie, les fruits de la terre, les sources, la vie, la santé et tant d'autres bienfaits. À toi, il te réserve quelque chose qu'il ne donnera qu'à toi. Qu'est-ce donc qu'il te réserve, sinon lui-même? Demande autre chose si tu trouves mieux : Dieu se réserve pour toi ! Avare, pourquoi soupires-tu de désir après le ciel et la terre? Meilleur est celui qui a fait le ciel et la terre ! Il se donnera lui-même à voir, c'est en lui que tu habiteras !
Yves DE MONTCHEUIL Le Royaume et ses exigences, p. 33-35. LES EXIGENCES DU ROYAUME
Une vie qui perd son sens si la charité n’est pas la vérité, voilà ce qu’est une vie vraiment chrétienne. Si la charité est une illusion, notre vie a-t-elle encore un sens? Si vraiment nous pouvons répondre "non", c’est que, au moins dans un premier élan sincère et non renié, nous avons tout laissé pour le Royaume des cieux. Tel est le critère qui doit permettre de distinguer une vraie vie chrétienne d’un système d’égoïsme qui serait extérieurement en accord avec la morale chrétienne.
Mais on n’a jamais fini de tout laisser. Au jour le jour, tous les détails de l’existence doivent être inspirés par une charité qui ne compte pas. Nous avons tout vendu pour entrer en possession de la perle, et de nouveau c’est à chaque pas, c’est à chaque acte que notre vie perd son sens, au cas où la charité ne serait pas la vérité.
Les Paraboles de la perle, du trésor, nous révèlent une des exigences les plus profondes du Royaume. Le Royaume n’est pas quelque chose qui puisse être simplement surajouté à notre vie personnelle, même en prenant encore une grande part de notre pensée et de notre activité. On n’a le vrai souci du Royaume que lorsque ce souci domine tout Le Royaume est absolu : il ne souffre pas le plus et le moins. Il n’est pas quelque chose que l’on possède à moitié, ou à quoi l’on fait une part. On ne le possède que lorsque tout a été abandonné pour lui. L’homme qui a trouvé le trésor va vendre tout ce qu’il possède ; l’homme qui veut acquérir la perle unique va vendre tout ce qu’il possède. Autrement dit, la vie chrétienne, dans son principe, ne connaît pas de partage. Elle n’est réelle que lorsqu’elle prend tout. C’est sa caractéristique, à l’encontre de tous les autres modes de vie. Pour la vie intellectuelle, la vie esthétique, la vie sociale, il y a un dosage à établir ; il n’y en a pas pour la vie religieuse. Celle-ci n’exclut pas les autres, mais elle est d’un autre ordre : elle ne peut pas se juxtaposer à elles. Il faut que, prenant tout l’homme, elle pénètre ses autres modes de vie. Il n’y a vie religieuse authentique que là où cette vie tend à tout envahir. Lorsqu’elle a tout envahi, par hypothèse, c’est la perfection. Nous savons bien que la perfection n’est jamais atteinte sur terre. Soyons heureux du moindre pas accompli. Mais, dans la tendance, dans l’orientation de base, sachons qu’il n’y a pas de compromis possible.
Il y a un exclusivisme de Dieu. Seulement, cet exclusivisme ne s’exerce point à la manière des exclusivismes humains. Dieu n’est pas une réalité créée, occupant dans l’étoffe de l’être une place dont, par son existence même, elle chasse toutes les autres réalités créées. La présence de Dieu ne chasse pas l’humain : elle le pénètre et le transforme. Mais l’humain doit se laisser pénétrer tout entier ; il doit se laisser pour ainsi dire enlever à lui-même. La présence de Dieu, dans son exigence exclusive, est conciliable avec tout ce qui, de la création, n’est pas atteint par le péché. Mais c’est à condition de tout renouveler. Lorsque vient l’Esprit de Dieu, il renouvelle toute chose. Nous ne possédons Dieu que lorsqu’il pénètre en nous tout le reste, et que par conséquent nous acceptons de ne plus posséder rien. Pour posséder Dieu, c’est-à-dire pour entrer dans le Royaume, il nous faut donc renoncer à toutes les autres choses pour elles-mêmes. Pour acquérir la perle, le trésor, il nous faut vendre tout. Le Royaume est quelque chose que l’on n’obtient qu’en renonçant à tout le reste.
GUILLAUME DE SAINT-THIERRY Commentaire sur Romains I, 1 - PL 180 col. 552 s. "JE RENDS GRÂCES À MON DIEU"
"D’abord je rends grâces à mon Dieu". Il est bon que celui qui a si bien parlé de la grâce, prenne la grâce comme commencement de sa lettre, montrant qu’il faut d’abord adorer Dieu, ensuite le prier. Ainsi fait le psalmiste : "En le louant, j’invoquerai le Seigneur", de même le héraut de la grâce : on rend d’abord grâces à celui dont on espère et on reçoit toute grâce ; ensuite on parle de la grâce elle-même en temps voulu.
Il plaît en effet au Dieu grand et bon, pour notre bien, que notre pensée ne soit pas ingrate en recevant ses dons, et que nous prenions conscience, avec humilité et tendresse, de sa divine bonté. Il lui plaît beaucoup le sacrifice de la charité fraternelle qui se félicite du progrès d’un frère vers Dieu ; et comme à ses yeux il n’est pas de plus grande faute que d’être ingrat envers sa grâce, ainsi pour l’âme fidèle, habituée de la grâce divine, il n’est rien de plus doux ni de plus agréable que de rendre grâce pour son progrès et celui de son prochain. De la sorte, celui qui s’efforce de se montrer toujours reconnaissant envers le Seigneur mérite de recevoir toujours des dons meilleurs pour lui-même, et devient aussi capable d’intercéder pour les autres.
Paul dit donc : "D’abord, je rends grâces à mon Dieu." Il faut à l’homme une grande confiance, un grand sentiment de tendresse pour dire sien le Seigneur, Dieu de tous ! Et pourtant il en est ainsi. Car celui qui dit, dans un sentiment doux et tendre, avec un amour assuré et plein de confiance : "Mon Dieu", le dit en toute assurance, car il fait sien Celui par qui il existe et, en toute confiance, il dépose ce qu’il offre devant Celui à qui il l’offre, devant Celui qui est toujours plus présent à lui que lui-même. Ne peut parler ainsi celui qui a son ventre pour dieu, ou quelque chose d’autre qu’il aime à la place de Dieu ou avec Dieu, mais non pas pour Dieu. Seul, en effet, Dieu est à aimer : son amour qui seul suffit à celui qui l’aime, ne souffre pas d’être souillé en quoi que ce soit par des amours étrangers.
Ainsi Dieu, le Seigneur de tous, est comme le bien propre de l’homme à qui Dieu plaît par lui-même et pour lui-même, et dont l’âme demeure par sa volonté, fixée en Lui en tous ses jugements. Car le désir de l’âme, c’est une volonté en paix. Ce qui est à comprendre d’une manière particulière et unique de l’amour de Dieu. Avant Lui, au-delà de Lui, en dehors de Lui, il n’y a rien à aimer de ce qui n’est pas aimé pour Lui et en Lui. Assurément, celui qui ne veut pas tomber avec celui qui tombe, doit nécessairement attacher ses pas à Celui qui est stable.
Heureux donc l’homme dont le Seigneur est son Dieu ; il devient à son tour homme de Dieu, puisque, comme l’Apôtre servait Dieu dans son Esprit, pour l’Évangile de son Fils, il en est ainsi de quiconque se met en esprit au service de Dieu, sous l’action de l’Esprit Saint. Cela, l’Épouse le dit de l’Époux, dans le Cantique des Cantiques : "Mon Bien-aimé est à moi, et je suis à lui ; il reposera entre mes seins."
Tauler (vers 1300-1361), dominicain Sermon 54 (trad. Cerf 1980, p. 47) « Frappez, la porte vous sera ouverte »
Tout ce en quoi l'homme recherche son repos et qui n'est pas uniquement Dieu, sans mélange, tout cela est vermoulu. Tout ce en quoi l'homme se repose avec jouissance et qu'il retient comme un bien à lui, tout cela est vermoulu. Ce qui importe c'est de s'enfoncer purement et simplement dans ce bien pur, simple, inconnaissable, ineffable et mystérieux qu'est Dieu, en se renonçant à soi-même. C'est en Dieu qu'il faut mettre ton repos, sans chercher ni délectation, ni illumination...
« J'ai fixé ma demeure dans le domaine de mon Seigneur » (Si 24,7). Nous avons un double domaine dans lequel nous devons demeurer. L'un est temporel, et c'est là que nous devons habiter maintenant. C'est l'admirable vie et passion de Notre Seigneur. L'autre domaine, nous l'attendons, c'est le glorieux héritage de la toute délicieuse divinité. Il nous a été promis que nous serions les cohéritiers de son domaine, et que nous serions éternellement avec lui à sa table.
Les plaies de Notre Seigneur sont toutes guéries, sauf les cinq plaies sacrées qui doivent rester ouvertes jusqu'au dernier jour. L'éclat de la divinité qui en jaillit et le bonheur que les anges et les saints en reçoivent, tout cela est inexprimable. Ces cinq portes doivent être, ici-bas, notre héritage dans le domaine de notre Père. De ces portes, le doux portier est le Saint Esprit. Son doux amour est toujours prêt, pourvu que nous frappions, à nous introduire et à nous laisser aller, par ces portes, dans l'héritage éternel de notre Père. Car sûrement, l'homme qui passe, comme il convient, par ces portes ne peut pas s'égarer en chemin.
Augustin d'Hippone "chaque jour tu nous parles" Tome 4 - Editions Abbaye Orval
Qu'est-ce que j'aime quand je t'aime?
Ce n'est pas le beauté d'un corps, ni le charme d'un temps,
Ni l'éclat de la lumière, amical à mes yeux d'ici-bas,
Ni les douces mélodies des cantilènes de tout monde,
Ni la suave odeur des fleurs, des parfums, des aromates,
Ni la manne ou le miel,
Ni les membres accueillants aux étreintes de la chair :
Ce n'est pas cela que j'aime quand j'aime mon Dieu.
Et pourtant, j'aime certaine lumière et certaine voix,
Certain parfum et certain aliment et certaine étreinte
Quand j'aime mon Dieu :
Lumière, voix, parfum, aliment, étreinte
De l'homme intérieur qui est en moi,
Où brille pour mon âme ce que l'espace ne saisit pas,
Où résonne ce que le temps ne prend pas,
Où s'exhale un parfum que le vent ne disperse pas,
Où se savoure un mets que la voracité ne réduit pas,
Où se noue une étreinte que la satiété ne desserre pas.
C'est cela que j'aime quand j'aime mon Dieu.
Midrash Rabbah
Qo 5,9-14 « Celui qui aime les richesses n'en profite pas… Il est un mal grave que je vois sous le soleil : des richesses conservées, pour son malheur, par celui qui les possède. Ces richesses se perdent par quelque événement fâcheux … et il ne reste rien entre ses mains. Comme il est sorti du sein de sa mère, tout nu, il s'en retournera, comme il est venu. »
Ce passage de l’Ecriture peut s’expliquer par comparaison à l’histoire de cette vigne qui était clôturée de tous côtés. Il n’y avait qu’une seule ouverture dans la clôture par laquelle un renard voulut entrer, mais il ne le put pas tant la brèche était étroite. Que fit-il? Il jeûna durant trois jours jusqu’à ce qu’il devienne assez maigre et efflanqué pour pouvoir passer par cette brèche. Une fois dans le vignoble, il mangea et mangea du raisin… si bien que, lorsqu'il désira ressortir, il ne le put pas, tant il avait grossi ! Il jeûna donc encore pendant trois jours jusqu’à ce qu’il redevienne à nouveau maigre et efflanqué, retrouvant ainsi sa première condition, alors il put sortir. Quand il fut dehors il se retourna et, regardant la vigne clôturée, il s’écria :
« O vignoble, que tu es beau et que tes fruits sont délicieux lorsqu’on se trouve à l’intérieur. De l’intérieur, tout en toi est séduisant, mais quel plaisir peut-on emporter de toi quand il faut te quitter? Comme on entre en toi dénué de tout, ainsi on sort de toi dénué de tout ! » Tel est ce monde dans lequel l’homme entre et sort démuni de tout !
Tauler (vers 1300-1361), dominicain à Strasbourg Sermon 74 (trad. Cerf, 1980,p. 103) « Venez au repas de noce » Mt 22
« Tout est prêt, venez aux noces. » Mais les invités s'excusèrent, « l'un s'en alla à son champ, l'autre à son négoce ». On ne les voit que trop dans le monde entier, cet étonnant affairement et cette continuelle agitation qui remuent le monde. La tête vous en tourne, tant est prodigieux ce qu'on a de vêtements, de nourriture, de constructions et de beaucoup de choses dont la moitié suffirait amplement. Nous devons de toutes nos forces nous arracher à cette exubérance d'activité et de multiplicité, à tout ce qui n'est pas besoin absolu, et nous recueillir en nous-mêmes, nous attacher à notre vocation, considérer où, comment, et de quelle manière le Seigneur nous a appelés, l'un à la contemplation intérieure, l'autre à l'action, et un troisième bien au-dessus des deux premiers à l'aimable repos intérieur, dans le silence calme des divines ténèbres, dans l'unité de l'esprit.
Mais si l'homme appelé intérieurement au silence noble et calme, dans le vide de la nuée obscure (Ex 24,18), voulait à cause de cela s'abstenir continuellement de toute oeuvre de charité, ce ne serait pas bien ; cet homme aussi doit faire des oeuvres de charité selon que les circonstances l'y invitent.
« Mes boeufs sont abattus, ma volaille est tuée. » Le festin figure le repos intérieur dans lequel on se tient agissant et jouissant comme Dieu jouit de lui-même, de façon active, et où le maître, le roi, vient à toute heure surveiller le festin. Mais l'Évangile raconte ensuite que le maître trouva un de ses hôtes assis au festin, sans être revêtu de la robe nuptiale. La robe nuptiale qui manquait à ce convive, c'est la pure, vraie, et divine charité ; cette véritable intention de chercher Dieu exclut tout amour de soi et tout ce qui est étranger à Dieu ; elle ne veut que ce que Dieu veut. L'amour et l'intention de certains n'appartiennent pas pleinement et purement à Dieu seul dans le fond de leur être, mais ils se cherchent eux-mêmes. A ceux-là notre Seigneur dit : « Ami, comment es-tu venu ici, sans l'habit de la vraie charité? » Ils ont plutôt recherché les dons de Dieu que Dieu lui-même.
message de Marie recu par Mirjana le 2 août 2005 :
"Chers enfants, je suis venue chez vous les bras ouverts afin de vous prendre dans mon étreinte, sous mon manteau. Je ne peux faire ainsi tant que votre coeur est rempli de faux scintillements et idoles. Purifiez votre coeur et permettez a mes Anges d'y chanter. A ce moment-la, je vous prendrai sous mon manteau et vous donnerai mon Fils, la vraie paix et le bonheur. N'attendez pas, mes enfants ! Je vous remercie".
Aug in ps 62,10 CCL 39,800: Rendons grâces à Dieu de ce que, actuellement, dans ce désert, il ne nous abandonne pas, nous donnant le nécessaire, soit pour la chair, soit pour l'âme ; même les privations qu'il nous impose sont un avertissement de sa part à l'aimer davantage, de peur que trop d'abondance ne, nous corrompe et ne nous fasse oublier Dieu !
Parfois, il nous enlève même le nécessaire et nous abat, pour nous faire voir qu'il est en même temps Père et Seigneur, et qu'aux caresses il sait joindre la correction. C'est qu'il nous destine à un héritage incorruptible et magnifique. Toi qui ne possèdes qu'une modeste coupe, une humble demeure, ou si peu que ce soit dans ta maison, et qui songes à le transmettre à1 ton fils, sans qu'il ne perde rien de cet héritage, tu l'instruis, i ~ i le dresses par le fouet à une sage discipline, afin qu'il recueille intégralement ce que tu possèdes, et ce qu'il lui faudra cependant laisser un jour comme tu le laisses toi-même : et tu ne voudrais pas que Dieu, notre Père, nous instruise, même par le fouet des épreuves et des tribulations, quand il nous destine un héritage qui ne passera jamais? Et cet héritage que Dieu nous donnera, c'est lui-même, afin que nous le possédions et que nous soyons possédés par lui éternellement.
Ambroise S 5,31-32 CSEL 62,99 / Ps 118: Lève ton esprit, mets en oeuvre ta finesse naturelle : tu as été fait à l'image de Dieu pour contempler les choses d'en haut, non pour chercher les biens terrestres. Ne fléchis pas ton cou en l'écrasant sous le poids du monde ; ne frémis pas de désir devant l'or ou l'argent, ne te laisse pas ligoter par les liens du monde. Car si le Seigneur a dit : Ne possédez ni or ni argent, c'est de peur que la convoitise avare de l'or et de l'argent ne nous possède. Ne va donc pas insérer ton cou dans les filets du diable. L'avarice étrangle le pauvre en ce monde ; mais c'est pour toujours que le riche s'étouffe en ses propres filets : sa préoccupation est dans la vanité, dans le néant, il marche dans les ténèbres ; car il peine pour ce qui ne peut lui être d'aucune utilité.
Vanité, la sollicitude pour cette vie ! C'est pourquoi nous ne devons mettre notre plaisir ni dans la gloutonnerie et l'ivresse, ni dans les délices corporels, mais dans la connaissance des préceptes divins. Il court vers la vanité, vers le néant, celui qui semble comblé par les succès du monde, eux qui passent comme une ombre. Détourne donc tes yeux, pour qu'ils ne voient pas la vanité.
Ce n'est pas assez de te détourner par toi-même. De crainte r tu ne le veuilles sans le pouvoir, que le diable ne te fasse miroiter de vains spectacles et n'allume en toi l'aiguillon de la volupté, demande au Seigneur de le faire. C'est une grâce de Dieu et un don du Seigneur que de détourner les yeux de ton âme des affaires du monde. Toute notre béatitude, c'est du Seigneur qu'elle vient. Heureux l'homme qui met son espoir dans le nom du Seigneur et ne regarde ni à la vanité ni aux fausses insanités. Heureux qui ne regarde pas ces choses ; mais celui les regarde est insensé, fou furieux. Que chacun se détourne donc de la frénésie des cupidités du siècle qui troublent à ce point l'âme et l'esprit, qu'on n'arrive plus à ter maître de soi.
PSEUDO MACAIRE Homélie 31. PG 34, col 728. ATTENDRE DIEU
Le croyant doit prier Dieu de changer la disposition de sa volonté en changeant son cœur, de transformer sa dureté en tendresse. Dieu est le bien suprême ; vers Lui rassemble les pensées de ton esprit et ne songe à rien d’autre qu’à guetter sa venue. Ainsi donc, que l’âme rassemble ses pensées dispersées par le péché, comme si elle rassemblait des enfants qui folâtrent. Qu’elle les ramène à la maison de son corps, et qu’elle attende toujours le Seigneur dans le jeûne et l’amour, jusqu’à ce qu’il vienne et la recueille véritablement. Ainsi le péché ne nuira pas à ceux qui, dans l’espérance et la foi, attendent leur Sauveur. Si notre cœur ne s’enfle pas, si nous n’envoyons pas nos pensées pâturer dans les prés aux herbes folles du péché, mais si, au contraire, nous élevons notre esprit et conduisons nos pensées en présence du Seigneur par une fervente volonté, alors, dans son bon vouloir, le Seigneur viendra certainement en nous et nous unira vraiment à lui. Car c’est par la garde des pensées que l’on plaît au Seigneur et qu’on le sert.
Empresse-toi donc de plaire au Seigneur, attends-le sans cesse dans ton cœur, cherche-le par tes pensées, use de violence et incite ta volonté et tes sentiments à tendre à tout instant vers Lui. Voici alors qu'il vient à toi et qu'il fait en toi sa demeure. Plus tu occupes ton esprit à le chercher, plus sa tendresse et sa bonté le pressent de venir en toi et l’engagent à te donner du repos.
Il est là, observant ton esprit, tes pensées, tes dispositions. Il examine comment tu le cherches : est-ce de toute ton âme ou bien avec nonchalance et négligence? Et quand il te verra le chercher avec ardeur, il se manifestera à toi, il t’apparaîtra et t’accordera son secours ; il te donnera la victoire, t’arrachera à tes ennemis. Oui, dès qu’il aura vu ta ferveur à le chercher et l’espérance inlassable que tu lui portes, il t’instruira, t’apprendra la prière véritable, te donnera le véritable amour qu’il est Lui-même. Il deviendra alors tout pour toi : paradis, arbre de vie, perle de prix, couronne, architecte, laboureur, un être soumis à la souffrance, mais la dominant. En toi il devient homme, Dieu, vin, eau vive, brebis, époux, guerrier, arme, bref : Le Christ tout en tous !
Comme le petit enfant qui ne sait ni se soigner, ni se parer, comme un bébé qui ne peut rien sinon lever les yeux vers sa mère et pleurer jusqu’à ce que, attendrie, elle le prenne dans ses bras, ainsi celui qui a la foi espère toujours dans le Seigneur et lui rapporte sa justice. Car sans la vigne, le sarment se dessèche : tel est bien celui qui croit être juste sans le Christ. Et de même que c’est un voleur et un pillard celui qui n’entre pas par la porte de la bergerie, mais pénètre par une autre voie, ainsi tel est celui qui se dit juste sans avoir été justifié. Que chacun s’examine donc lui-même pour savoir de quoi il se nourrit, où il vit, ce qu’il fréquente. Le sachant et ayant opéré un sage discernement, il pourra se livrer parfaitement à ses élans vers le bien.
JOHN-HENRY NEWMAN Sermons paroissiaux, vol. IV, sermon 13. LE PRINTEMPS ÉTERNEL VIENDRA SÛREMENT
Au moment fixé, on verra la manifestation des enfants de Dieu, et les saints, jusque-là cachés "brilleront comme le soleil au royaume de leur Père". Lorsque les anges sont apparus aux bergers, leur apparition a été soudaine. La nuit auparavant était semblable à toutes les autres nuits, comme le soir où Jacob eut sa vision était semblable à tous les autres soirs. Les bergers gardaient leurs moutons ; ils regardaient la nuit passer. Les étoiles avançaient, c’était minuit. Ils ne savaient pas ce qui se passait lorsque l’ange apparut.
Telles sont la puissance et la vertu cachées au cœur des choses visibles, et manifestées selon la volonté de Dieu. Elles ont été manifestées pour un temps à Jacob, au serviteur d’Élie, aux bergers. Elles seront manifestées pour toujours lorsque le Christ viendra au dernier jour "dans la gloire de son Père avec les anges". Car alors, ce monde disparaîtra et l’autre monde paraîtra aux regards dans tout son éclat.
Méditons sur ce point, mes frères. Une fois seulement par an, mais une fois pourtant, le monde que nous voyons fait éclater ses puissances cachées et se révèle lui-même en quelque sorte. Alors, les feuilles paraissent et les fleurs s’épanouissent sur les arbres et dans les champs ; l’herbe et le blé poussent. Il y a soudain un déferlement et une explosion de la vie jusque-là cachée, que Dieu a placée dans le monde matériel. Eh bien ! ceci nous est comme un exemple de ce que le monde peut faire au commandement de Dieu. Cette terre éclatera un jour en un monde nouveau de lumière et de gloire dans lequel nous verrons les saints et les anges. Qui penserait, sans l’expérience qu’il a eue des printemps précédents, qui pourrait concevoir deux ou trois mois à l’avance que la face de la nature qui semblait morte pût devenir si splendide et si variée? Comme il paraît impossible, avant que cela se produise, que des branches sèches et dénudées se couvrent soudain d’éclat et de fraîcheur !
Il en est de même pour ce printemps éternel qu’attendent tous les chrétiens ; il viendra quoiqu’il tarde. Attendons-le, car il viendra sûrement, et il ne tardera pas. Aussi disons-nous chaque jour : "Que ton règne vienne !" Ce qui veut dire : "Montre-toi, Seigneur ; toi qui es assis au milieu des chérubins, manifeste-toi. Réveille ta puissance, viens nous délivrer". La terre que nous voyons ne nous satisfait pas. Ce n’est qu’un commencement ; ce n’est qu’une promesse d’un au-delà ; même sous son aspect le plus gai, quand elle se couvre de toutes ses fleurs, et qu’elle montre tous ses trésors cachés de la manière la plus attirante, même alors, cela ne nous suffit pas. Nous savons qu’il y a en elle beaucoup plus de choses que nous n’en voyons. Un monde de saints et d’anges, un monde glorieux, le palais de Dieu, la montagne du Seigneur des armées, la Jérusalem céleste, le trône de Dieu et du Christ, toutes ces merveilles éternelles, très précieuses, mystérieuses et incompréhensibles, se cachent derrière ce que nous voyons. Ce que nous voyons n’est que l’écorce extérieure d’un royaume éternel ; et c’est sur ce royaume que nous fixons les yeux de notre foi.
Brille, Seigneur, comme au soir de ta Nativité, où les anges visitèrent les bergers ! Que ta gloire s’épanouisse comme les fleurs et le feuillage sur les arbres ! Si brillants que soient le soleil, et le ciel, et les nuages, si verdoyants que soient les feuilles et les champs, si doux que soit le chant des oiseaux, nous savons que tout n’est pas là, et que nous ne prendrons pas la partie pour le tout. Ces êtres procèdent d’un centre d’amour et de bonté qui est Dieu lui-même ; mais elles ne sont pas sa plénitude ; elles parlent du ciel, mais elles ne sont pas le ciel. Ce ne sont en quelque sorte que des rayons égarés, et une faible réflexion de son image ; elles ne sont que des miettes de la table.
Jean TAULER Sermon 38, 4e dimanche après la Trinité, p. 300-301 SOIS PATIENT !
À l’heure même où tu devrais te tourner vers Dieu, dans la prière, ton vouloir profond est engagé ailleurs ; tu n’es plus son maître, et Dieu ne peut aucunement y entrer. Non, non, il ne peut entrer, car tu as mis aux portes des huissiers : ce sont les créatures qui empêchent Dieu d’entrer. Et voilà pourquoi quand tu pries ainsi, sans ton vouloir profond, tu n’y as aucun goût, car Dieu n’est pas dans cette prière : elle t’ennuie bien vite et tu cours au-dehors.
Cher enfant ! Affranchis ton cœur de tous les liens où il est engagé, de toute attache d’amour, de sentiment et d’affection pour les créatures car, pour que Dieu entre, la créature doit nécessairement sortir. Fais le vide en ton vouloir profond et affranchis-toi des vaines occupations. Car un vouloir profond vraiment vide monte en Dieu plus facilement qu’il est naturel au feu de s’élever, et à l’oiseau de voler. Sache donc, en vérité, que, pour arriver au fond de Dieu, dans son for intérieur, nous devons d’abord, à tout le moins, entrer dans notre propre fond et dans le plus intime de notre âme, et cela doit se faire en pure humilité. L’âme doit s’offrir avec tous ses défauts et tous ses péchés et se coucher sous le portique de la grande majesté de Dieu, où Dieu se répand en miséricorde ; elle doit, avec ce qu’elle trouve en Dieu de bien, de vertus, aller, par la grâce divine, s’asseoir sous le portique de la clémence de Dieu, où Dieu se répand en multiples formes de bonté et en inexprimable amour.
Quand tu t’es ainsi retiré et dégagé de toutes tes forces de l’amour et du souci des créatures, quand tu t’es offert, il arrive encore parfois que les images des choses font obstacle à ta prière, et que tu ne peux pas t’en défendre autant que cela semblerait possible. Cher enfant, prends alors cela comme une épreuve, abandonne-toi à Dieu, demeure en toi-même, ne cours pas au-dehors, mais sois patient et dis avec une grande humilité : "Cher Seigneur, ayez pitié de moi, allons, cher Seigneur, au secours !" Pénètre en toi-même et ne songe pas à commencer une autre œuvre, et, n’en doute pas, tous ces vains souvenirs tomberont d’eux-mêmes et se dissiperont. J’ai vu dans les mines d’argent, l’eau s’accumuler parfois en telle abondance qu’il devient difficile d’extraire le minerai. En pareil cas, on s’arrange habilement pour que l’eau s’écoule d’elle-même. On trouve alors le trésor qui paie tous les frais du travail et donne, en plus, de gros bénéfices. De même, tu dois souffrir patiemment cette obsession, ces images et ces ennuyeux défauts qui t’affligent au grand déplaisir de ton vouloir profond et de ton cœur. Sûrement, cela s’écoulera de soi-même et toutes les peines seront payées, et il t’en reviendra un grand bien.
Alors Notre Seigneur te dira : "Homme bien-aimé et tout aimable, je te remercie et je me félicite de ce que tu t’es montré reconnaissant de ma passion et m’as aidé à porter le lourd fardeau de ma croix en supportant jusqu’au bout tes infirmités et leurs souffrances. Vois, en échange, tu me posséderas moi-même éternellement".
Hilaire sur l'Évangile de Matthieu 16,11s SC 258,58 :
Heureuse perte et bienheureux sacrifice ! Notre richesse, le Seigneur l'a voulue au prix de sa vie et de son corps, il nous exhorte à lui devenir semblables. Lui-même était à image de Dieu et, en se faisant humble et obéissant jusqu'à la mort, il a reçu la suprématie de toute-puissance qui se trouve Dieu. Il faut donc le suivre en prenant la croix et l'accompagner, sinon par la communion à sa souffrance, du moins en la désirant.
Quel profit, en effet, à s'emparer du monde et puis à mettre son repos dans les richesses du siècle, par le total empire sur la puissance terrestre, s'il faut perdre son âme et subir la ruine de sa vie? Contre quoi cherchera-t-on à échanger l'âme, lorsqu'elle sera perdue? Le Christ siégera, en effet, avec les anges, rendant à chacun individuellement ce qu'il méritera. Quel gage apporterons-nous à la vie? Ma foi vise-t-elle des trésors préparés en vue d'échanges portant sur des biens terrestres, de magnifiques titres à l'honneur et à la réputation, les images anciennes d'une haute lignée? Tout cela, il nous faut le refuser, pour avoir en abondance des biens meilleurs ; c'est en méprisant toutes choses qu'il nous faut suivre le Christ ; c'est l'éternité des biens spirituels qu'il nous faut acheter aux dépens des biens de la terre.
Le Seigneur enseigne en actes, il enseigne en paroles, et ce qui fonde notre espérance s'apprend par les mots et par les oeuvres également. C'est un lourd fardeau qu'il avait mis sur la faiblesse humaine ; les hommes avaient commencé à découvrir la vie en se sentant vivre ; il leur demandait de sacrifier la jouissance de ce dont la présence flattait leur corps et de se renoncer, c'est-à-dire de ne vouloir plus être ce qu'ils avaient commencé d'être, quand ils avaient ébauché cette connaissance par inclination voulue. Ensuite il les invitait à parier pour une espérance douteuse et incertaine, alors que dans leurs possessions actuelles se trouvaient les attraits d'une joie qui les flattait.
Il y avait donc besoin d’un exemple vrai et éclatant ; ainsi en opposition à la puissance et au langage du jugement, la perte des biens présents deviendrait objet de désir pour gagner des biens à venir, qui dès lors ne seraient plus mis en doute.
Aug/Ps 137: Si le psalmiste vient de dire : Dieu connaît de loin les orgueilleux, c'est que ces orgueilleux, dans leur élèvement, méconnaissent l'épreuve : je veux dire qu'ils ne la connaissent pas, au sens où il est dit ailleurs : J'ai trouvé l'épreuve, et j'ai invoqué le nom du Seigneur. À ce que l'épreuve nous trouve, il n'y a rien, en effet, que de très ordinaire. Mais que nous, nous trouvions l'épreuve, c'est autre chose !« Mais qui donc, direz-vous, trouve l'épreuve? Y a-t-il seulement quelqu'un qui la cherche? » Je réponds: « Tu es au milieu de 1'epreuve, et tu poses la question? Penses-tu que ce soit une petite épreuve que cette vie? Si elle n'est pas une épreuve, elle n'est pas un exil. Et si elle est un exil, ou bien tu n'aimes pas ton pays, ou tu ressentiras l'épreuve. »
Qui ne se sent éprouvé par l'absence de ce qu'il aime? Pourquoi alors, n'es-tu pas conscient de cette épreuve, sinon parce que tu n'aimes pas? Oui, si tu aimes l'autre vie, celle-ci t'apparaîtra bien comme une épreuve : même avec les plus brillantes réussites, même comblée et débordante de toutes les satisfactions possibles, cette vie, tant qu'elle ne comporte pas cette joie hors de toute atteinte, cette joie totalement sûre que Dieu nous réserve à son terme, reste sans aucun doute une épreuve. »
Ignace d'Antioche (?-vers 110), évêque et martyr Lettre aux Ephésiens, 10-14 (trad. Quéré, Seuil 1980, p. 115s rev)
« Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent »
« Priez sans cesse » (1Th 5,17) pour les autres hommes. On peut espérer leur repentir, et qu'ils viendront à Dieu. Mais qu'au moins votre exemple leur indique la voie. A leur colère, opposez votre douceur ; à leur arrogance, votre humilité ; à leurs blasphèmes, vos prières ; à leurs erreurs, la fermeté de votre foi ; à leur violence, votre sérénité, sans chercher à rien faire comme eux. Montrons-leur par notre bonté que nous sommes leurs frères. Essayons « d'imiter le Seigneur » (1Th 1,6). Qui a souffert l'injustice plus que lui? a été dépouillé et rejeté? Que l'on ne trouve pas, parmi vous, l'herbe du diable (cf Mt 13,25). Dans une pureté et une tempérance parfaites de chair et d'esprit, demeurez en Jésus Christ.
Voici venus les derniers temps. C'est seulement dans le Christ que nous entrons dans la vie véritable. En dehors de lui, rien de valable ! Rien ne surpasse la paix ; elle triomphe de tous les assauts que nous livrent nos ennemis, qu'ils soient célestes ou terrestres. Aujourd'hui il ne suffit plus de professer la foi ; il nous faut montrer jusqu'à la fin de quelle force elle nous remplit.
Diadoque de Photicé Cc 12-14 PG 65,1171-1172 Celui qui se chérit lui-même ne peut pas aimer Dieu mais celui qui, à cause des richesses surabondantes de l'amour divin, ne se chérit pas lui-même, celui-là aime Dieu. Aussi un tel homme ne cherche-t-il jamais sa propre gloire, mais celle de Dieu car celui qui se chérit lui-même cherche sa propre gloire. Celui qui chérit Dieu aime la gloire de son créateur. C'est, en effet, le propre d'une âme sensible à l'amour de Dieu, que de chercher constamment la gloire de Dieu chaque fois qu'elle accomplit les commandements, et de se réjouir de son propre abaissement. Car la gloire convient à Dieu en raison de sa grandeur et l'abaissement convient à l'homme, car il fait de lui le familier de Dieu. Si nous agissons ainsi, nous serons joyeux à l'exemple de saint Jean-Baptiste et nous commencerons à répéter sans relâche: Il faut qu'il s'élève, et que je diminue.
Je connais quelqu'un qui aime tellement Dieu – bien qu'il s'afflige de ne pas l'aimer comme il le voudrait – que son âme éprouve sans cesse ce désir fervent: que Dieu soit glorifié en lui, et que lui-même soit comme n'existant pas. Un tel homme ne sait pas ce qu'il est, même lorsqu'il reçoit des éloges, car, dans son grand désir d'abaissement, il ne pense pas à sa propre dignité: il accomplit le culte divin, comme c'est la loi des prêtres mais dans son extrême disposition d'amour pour Dieu, il cache le souvenir de sa propre dignité dans l'abîme de son amour pour Dieu dans un esprit d'humilité, il enfouit l'orgueil qu'il en tirerait pour ne jamais paraître à son propre jugement qu'un serviteur inutile. Il est comme étranger à sa propre dignité, dans son désir d'abaissement. C'est ce que nous devons faire, nous aussi: fuir tout honneur et toute gloire, à cause de la richesse débordante d'amour du Seigneur qui nous a tant aimés.
Celui qui aime Dieu dans le fond de son cœur, celui-là est connu de lui. Dans la mesure, en effet, où l'on accueille l'amour de Dieu dans le fond de son âme, dans cette mesure on a l'amour de Dieu. C'est pourquoi, désormais, un tel homme vit dans une ardente passion pour l'illumination de la connaissance, jusqu'à ce qu'il goûte une grande plénitude intérieure alors il ne se connaît plus lui-même, il est entièrement transformé par l'amour de Dieu. Un tel homme est dans cette vie sans y être. S'il continue d'habiter dans son corps, il en sort continuellement par le mouvement d'amour de son âme, qui le porte vers Dieu. Sans relâche, désormais, le cœur brûlé par le feu de l'amour, il reste attaché à Dieu d'une façon irrésistible, parce qu'il a été arraché définitivement à l'amitié envers soi-même par l'amour de Dieu. Car, si nous avons été hors de nous-mêmes, dit saint Paul, c'est pour Dieu ; si nous sommes raisonnables, c'est pour vous.
ISAAC DE L’ÉTOILE Sermon 15, 11.: Ainsi donc, au souvenir de notre Sauveur, et surtout de sa tendresse et de sa patience où il nous révèle son très grand amour à notre égard et nous en donne le modèle, résistons à la fatigue, tenons bon, immobiles devant les tentations de toutes sortes, associés pour lui à ses souffrances, afin d’être avec lui associés à sa gloire. Qu’il nous donne cette grâce lui-même, lui sans qui nous ne pouvons rien, lui en qui nous pouvons tout, lui qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Cal Saliège Ecrits spi p.142:
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