I.Chapitre: Le Rouge et le Noir, édition 1854 En épigraphe, Le Rouge et le Noir, Chronique du XIX siecle porte « La vérité, l'âpre vérité. DANTON » 2. Aussitôt, Stendhal plante avec précision le décor de la petite ville franc-comtoise de Verrières (ville fictive), sur le Doubs, et la situation sociale et politique, définissant l'atmosphère dans laquelle se forme l'état d'esprit du héros.Julien Sorel est le troisième fils du vieux Sorel, scieur, qui n'a que mépris pour les choses intellectuelles et donc pour Julien qui se révèle très tôt doué pour les études. Au contraire de ses frères, le garçon n'est pas taillé pour les travaux de force, et sa curiosité le pousse à s'instruire par tous les moyens possibles (ce que le père Sorel appelle flâner). Si le jeune garçon peut réciter par cœur le Nouveau Testament, s'il bénéficie de la protection du curé de son village, le curé Chélan, il connaît aussi tous les détails du Mémorial de Sainte-Hélène, car paradoxalement il voue une admiration sans bornes à Napoléon Bonaparte qu’il considère tout à la fois comme un Dieu et comme un modèle de réussite. Malmené dans sa famille qui le tourne sans cesse en dérision ou lui fait subir des violences, il est protégé par l'abbé Chélan qui le recommande au Maire de Verrières, Monsieur de Rênal, comme précepteur de ses enfants, puis le fait entrer au séminaire.Ce sont là les débuts de Julien dans le monde de la bourgeoisie provinciale. Malgré sa timidité naturelle, il parvient peu à peu à séduire madame de Rênal, jeune femme assez belle, mais également d'une naïve timidité. La vie de Sorel chez les Rênal est donc marquée par sa vive passion pour madame de Rênal et par son ambition démesurée. Il rêve de devenir une sorte de nouveau Napoléon Bonaparte. Sa vie est donc dominée par l’hypocrisie. Au château de monsieur de Rênal, il doit cacher ses sentiments pour la maîtresse de maison, et à l'abbé Chélan son admiration pour Napoléon.Au château, le jeune homme gagne rapidement le cœur des enfants et il prend l'habitude de passer ses soirées d'été en compagnie de Mme de Rênal qu'il surprend agréablement lorsqu'elle tente de lui faire un cadeau. La fierté du jeune homme plaît à cette provinciale rêveuse, qui tombe amoureuse de lui sans s'en rendre compte. Mais le tempérament fier et ombrageux de Julien va bientôt tout gâcher : il refuse une augmentation de salaire proposée par Monsieur de Rênal et repousse les avances d'Élisa, femme de chambre de madame de Rênal.
Élisa s'étant empressée de faire courir une rumeur (fondée) sur les sentiments qui animent sa maîtresse et Julien, les jaloux commencent à jaser à Verrières (Julien était devenu un homme à la mode) et du coup, Monsieur de Rênal reçoit une lettre anonyme dénonçant l'adultère de sa femme. Bien que ces racontars lui apparaissent fantaisistes, le maire de Verrières décide de se séparer de son précepteur. Julien, sur les conseils de l'abbé Chélan, quitte le domaine des Rênal et entre au grand séminaire de Besançon. Avant de partir, il a une dernière entrevue avec Madame de Rênal qui lui paraît très froide alors qu'elle lui porte toujours un amour profond. De là le malentendu qui aboutira à la tragédie. Julien l'impatient confond réserve et indifférence.Au séminaire de Besançon, Julien est haï par ses camarades, sortes de paysans affamés dont l'aspiration suprême est "la choucroute du dîner" ; il y fait la rencontre de l’Abbé Pirard qui percevra bien son ambition, mais qui le protégera aussi. Il passera bien des moments pénibles jusqu'au jour où l'abbé Pirard lui propose de devenir le secrétaire du Marquis de La Mole. Il part alors pour Paris afin de prendre ses fonctions auprès de l'illustre aristocrate.