Jean-Charles Piketty - 78370 Plaisir
Lorsque toutes les forces de gauche se seront regroupées, et qu'elles auront établi un programme de gauche crédible, lucide, réaliste, et qui nous redonne espoir. Une candidate pin-up "de gauche" qui paye l'ISF ... c'est pas sérieux !
Je n'ai pas voté Jospin en 2002, déjà lassée de ce PS-de-droite (et parisien !), puis j'ai "dû" voter Chirac, comme tant d'autres.
Cette année, j'ai d'abord longuement hésité. Voter pour une madone sans programme ... pathétique. Mais éviter un nouveau 21 avril, c'était là l'urgence. Je savais déjà que si j'avais péniblement réussi à voter Chirac au 2ème tour en 2002, il me serait cette fois IMPOSSIBLE de voter Sarko. J'ai donc voté contre la droite au 2ème tour, sans oser le dire à des amis qui ont choisi Sarko aux deux tours, ou Bayrou puis Sarko, alors qu'ils ne sont pas de droite. Voter Ségo au 2ème tour, c'était la dernière connerie à la mode, d'un ringard absolu, d'une inconscience totale et d'un ridicule accompli !
Et maintenant ? Je rêve d'un nouveau Mitterrand qui ne serait pas Imperator, d'un Rocard charismatique, d'un Kouchner qui ne tournerait pas sa veste (j'écris ces lignes alors qu'il sera certainement nommé demain matin aux Affaires Etrangères). D'une Arlette au discours renouvelé, d'une Ségo non-icônisée, avec un programme, et qui ne change pas d'avis toutes les 2 heures, d'une Marie-Georges moins discrète et sans langue de bois, d'une Dominique plus pragmatique et sachant mieux s'entourer.
Et si le candidat du PS avait cette fois été DSK ? On n'aura jamais la réponse, hélas ... Pour dans 5 ans ? Je ne vois que lui ... à moins qu'un plus jeune se fasse un nom. Mais de grâce, pas de second épisode Ségo, je ne pourrai plus voter pour elle.
(non destiné à publication, sauf si anonyme)
Alsace
La gauche a perdu. Défaite, certes, mais à 26% Ségolène Royal fait autant que Sarkozy sans les voix du FN. Au 2e tour il a ratissé largement plus, et s'il y a une défaite, elle est là. Certes la campagne a été (mal) menée, certes le PS a eu une attitude d'échec, mais malgré tout çà, SR a fait 47%.
La catastrophe n'est donc pas là.
L'anomalie c'est que l'alternance attendue n'a pas eu lieu, c'est que, après tant d'élections intermédiaires perdues depuis 2002, la droite avec l'ultra droite, gagne les présidentielles et va gagner les législatives ! Cela à mon avis signifie que les Français, paumés, perdus, déboussolés votent pour quelqu'un qui fait comme s'il avait les idées claires et simples. Ils ont voté "Y'a qu'à et Faut qu'on", comme Le Pen, mais Sarko est mieux porté que Le Pen. C'est la victoire des idées lepénistes !
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Ceci veut dire que la gauche n'est plus crédible, même quand elle dit vrai. La gauche ne parle plus français aux Français. Les Français n'ont pas besoin de l'amour de la présidente (Ségolène). Ce n'est pas çà qu'ils attendent. Ils attendent quelqu'un de pragmatique qui donne du travail, qui augmente les salaires, qui soit juste et équitable, et qui paraisse en mesure de tenir parole. Je crains que Sarkozy ait des jours difficiles car c'est là dessus qu'il a été élu et il devra tenir : c'est son affaire !
Pour l'heure, le PS d'Epinay n'est plus. Le PC est mort, l'union de la gauche et la gauche plurielle n'existent plus. Il faudra certes des alliances, mais il faut surtout un nouveau corpus politique. L'illusion du Grand Soir a vécu de 1848 à 1968 et ses obsèques officielles, c'était la chute du Mur en 1989. La droite s'est aussitôt saisie de l'événement pour tenter de prouver qu'il n'existait aucune autre solution viable que la pensée unique du marché dérégulé. Toute autre théorisation a été jugée à travers le monde, hérétique, crypto-communiste, désuète, archaïque, et on a vu le rayonnement des néocons aux USA et en Europe pendant 20 ans. Ceux ci quittent aujourd'hui piteusement le pouvoir aux USA alors que NS est élu en France, mais l'Histoire ne se répète pas.
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La gauche ne parle plus français aux Français parce qu'elle n'a plus aucune réflexion de philosophie politique et d'économie politique. La Politique, Le Politique, c'est la répartition équitable des richesses produites dans l'intérêt commun. Nul mieux que le Marché et les forces économiques ne savent produire des richesses. Laissons les faire mais régulons les excès et exerçons le contre pouvoir politique pour imposer une répartition juste et équitable de ces richesses. Ces quelques mots n'ont pas de définition claire et précise. Acceptons le. C'est précisément au Politique de faire varier le curseur pour adapter ces définitions aux circonstances . Aujourd'hui il faut penser et le faire dans l' Europe car l'Europe est notre espace intérieur.
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Ceci suppose une vraie construction théorique du Politique et de l'économie politique. Il faut reprendre les penseurs de la philosophie politique où Marx a toute sa place. Il faut sans doute penser neuf. Nous savons seulement aujourd'hui que la voie de la révolution et de la seule recherche du pouvoir est non seulement un cul de sac, mais un abîme. L'expérience soviétique qui a amené en miroir le nazisme avec le soutien de fait des milieux d'affaire et de Rome, a fait perdre 150 ans de réflexion sociale, sauf dans quelques petits pays "neutres" de l'Europe du Nord. Il faut reprendre ce travail.
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Le moment est venu, quand les théories néoconservatrices démontrent
leurs échecs. Le moment est venu de traduire cette réflexion politique et sociale dans les faits, dans le quotidien. C'est à la gauche de redonner foi dans la puissance du contre pouvoir politique, c'est à la gauche de réinvestir le champ de l'égalité des droits, de la fraternité, de la liberté, ces 3 termes exerçant l'un sur l'autre le nécessaire contre pouvoir pour une société plus harmonieuse et plus juste. C'est cela l'utopie de la gauche. "là où cesse l'Utopie commence la dictature" dit volontiers D'Ormesson.
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Que chacun, de gauche, de l'ultra gauche, du centre, que le projet intéresse s'attelle à la tâche. Ainsi tomberont les premières cloisons.
Plus le projet sera construit, cohérent, solide, et plus il rassemblera : ainsi viendront les alliances ainsi viendront les électeurs, enfin réconciliés avec une gauche retrouvée !
Andromède.
La tête à gauche, électrice de gauche, ne supportant de lire que le N.O., féministe et écolo, ancienne du PS (10 ans) que j'ai quitté à force de ne rien voir avancer que des machos imbus de leur réussite personnelle,
j'ai cru, vraiment cru, pendant la campagne de Ségolène Royal à une victoire possible d'une femme de Tête et de Coeur ... et qu'enfin les rôles allaient être inversés !
Quelle tristesse le 6 mai ... et pourtant le meeting de Lyon auquel j'ai participé ... quel beau souvenir, quelles belles vagues d'espoir ... sauf la mine défaite de DSK qui aurait voulu, c'était clair que les ovations soient pour lui !
Messieurs les dinosaures du PS et d'ailleurs, c'est votre ego qui veut la victoire et qui parle pour vous, toujours trop haut et trop fort !
De la même manière qu'il faut arrêter de rémunérer plus le capital que le travail ... il faut arrêter de faire de la politique pour nourrir son ego qui est toujours et de plus en plus exigeant !
Il faudrait que S. Royal reste à la tête de ce mouvement d'espoir qu'elle a fait naître et qui prend sens car elle n'a aucun objectif de positionnement personnel.
Non ! DSK ou Fabius n'auraient pas fait mieux parce qu'ils n'ont pas d'âme ! Il ne faut pas qu'un cerveau bien rempli pour être politique et plébiscité !
L'âme de la Gauche actuelle c'est Ségolène Royal ! Il faudrait qu'elle continue, elle en a la force, les compétences et la détermination !
Sarkozy président depuis 2 jours ... c'est déjà trop ! C'est insupportable ... !
Annie Negro -01190 Saint Bénigne
Certes, la gauche doit être capable d'adapter l'économie française aux
contraintes nées de la globalisation des marchés, ou plus exactement de leur
américanisation, comme modèle dominant. Il est d'ailleurs possible que ce
modèle évolue assez rapidement ,sous la pression de la pensée libérale
américaine qui reprend vigueur et à la demande d'économies périphériques qui
prennent de plus en plus d'importance, commercialement mais aussi
intellectuellement( l'Inde, par exemple.)Cela, c'est le réalisme.
Mais la gauche doit aller plus loin, même avec une part d'utopie, pour
envisager le dépassement du capitalisme. Je vous propose une esquisse de
réflexion sur le développement humain:" Est-il trop tard pour un monde
nouveau ?".
Par ailleurs, je vous adresse un bref article "Mai 68 ou la gueuse", en
réponse aux attaques de N.Sarkozy.Je viens en effet d'écrire un roman
"Enfants de Floréal" (In Octavo) qui porte sur la génération, les idées et
les événements de Mai 68.
Est-il trop tard pour un monde nouveau ?
Le système capitaliste est aujourd’hui triomphant, mondial, quasi-monopolistique, lui qui prône la concurrence…
Pour de nombreux politiciens « décomplexés » ce système serait à ce point « indépassable » que la seule et stricte application des lois du marché permettrait d’atteindre la prospérité générale. Retour à la case Guizot : enrichissez-vous ! en oubliant les crises économiques, sociales, financières et écologiques des deux siècles écoulés.
Adam Smith, qui connaissait pourtant son sujet, était plus prudent : s’il vantait les mérites de la « main invisible »,il conseillait que l’Etat corrige les échecs du marché et il admettait que le ressort du capitalisme, c’était la cupidité…
Il n’est donc pas si surprenant que des esprits imaginatifs ou des travailleurs rebelles aient cherché à faire progresser la société.
La critique marxiste a t’elle sauvé le capitalisme ?
L’analyse de Marx et Engels ,notamment sur la paupérisation de la classe ouvrière, va susciter une prise de conscience (même chez Napoléon III),puis entraîner grèves et révoltes. Les réformes, inspirées par les syndicats, les partis de gauche, les mouvements chrétiens-sociaux, vont amender le système : rôle de l’Etat acteur économique et redistributeur, législation sociale, action des communes etc.
Progressivement ,la rémunération du travail va s’améliorer et les stratégies d’investissement des entreprises élaborées par les cadres dirigeants, parfois même avec le concours des syndicats, vont primer sur l’intérêt immédiat des actionnaires.
En Europe, c’est l’époque des Trente Glorieuses et de l’économie sociale de marché, comme on dit de l’autre côté du Rhin.
Enfin, l’effondrement du régime soviétique, de l’intérieur, sans conflit ni révolution, est une victoire pour la démocratie : c’est la disparition d’un système qui avait dénaturé l’idéal socialiste.
Pourtant cette disparition, comme l’écrivit François Furet avec clairvoyance, laissa un gouffre. La gauche, inhibée, n’ose plus réfléchir, proposer, progresser. La droite « s’engouffre » dans la restauration du capitalisme d’antan et des « valeurs »traditionnelles.
Les actionnaires, souvent regroupés en fonds de pension, reprennent le pouvoir, imposent leurs seuils de rentabilité, au détriment des intérêts à long terme des entreprises et des salariés, les peuples sont mis en concurrence selon le principe du moins-disant (coûts comparatifs), le marché envahit tout (même la vie culturelle ou la recherche) et perfectionne ses méthodes (jusqu’au « neuromarketing »)…
On aurait ainsi assisté à cette étonnante dialectique du capitalisme: un système efficace mais injuste critiques de ce système crainte d’un Grand Soir réformes et capacité d’adaptation victoire du système à l’échelle mondiale tentation du retour à l’ordre ancien, faute d’une concurrence externe et d’une contestation interne.
Une nouvelle critique est-elle possible?
La jeunesse de Mai 68, à Berkeley, Paris, Heidelberg ou Prague, condamne le régime soviétique mais conteste aussi la société de consommation qui réduirait l’être humain à sa seule dimension marchande ( producteur/consommateur) et qui pillerait la planète( gaspillage des ressources naturelles, pollution).Ces questions posées alors sont d’une brûlante actualité.
Pour nos hommes politiques “décomplexés”, Mai 68 serait la source des difficultés présentes, comme naguère la République, “la gueuse”, était à l’origine des malheurs de la France.
Or, il y a bien une continuité dans la pensée progressiste, depuis l’époque des Lumières, à rechercher le sens du Contrat Social et même le bonheur.
La technostucture au pouvoir se plaît à concevoir des outils de gestion de plus en plus sophistiqués et d’ailleurs utiles pour administrer le système, mais elle ne pose pas la question essentielle: quelle est la finalité de notre société?
La liberté du consommateur de choisir une marque de détergent devant une gondole de supermarché n’est peut-être qu’une “liberté captive”?
La véritable liberté du citoyen serait plutôt de s’interroger: la priorité de notre société doit-elle porter sur la production de biens et services, à un rythme de plus en plus accéléré, avec ses plans sociaux et sa
pollution? Ou la priorité réside-t-elle dans le développement humain (santé-éducation-culture-recherche-équipements publics-logements-loisirs etc.) et la préservation de notre planète, quitte à produire des marchandises plus robustes, plus fiables , moins polluantes?
Si la population ainsi consultée optait pour la seconde hypothèse,le choix serait radical.Il ne s’agirait plus de considérer l’économie comme étant le moteur et le social, le fardeau, mais d’affirmer que la finalité d’une société c’est l’être humain.
La pensée de gauche aurait tout intérêt à se pencher sur ce concept du développement humain( longévité, activité, créativité, potentialités) et à imaginer de nouveaux modes de production, plus respectueux de l’environnement, mieux adaptés aux besoins des consommateurs, contrôlés par des organismes indépendants etc.
Il conviendrait aussi de tirer les enseignements du passé. Les peuples ne veulent plus que les idées nouvelles leur soient imposées par des avant-gardes révolutionnaires ou des technocrates, ils choisissent la concertation, la critique, l’expérimentation.Et comme toutes les espèces vivantes, ils ont besoin de temps et même d’ordre pour mettre en œuvre les réformes et évoluer.
Une telle conception de la société fondée sur la priorité accordée au développement humain peut paraître utopique à l’heure de la concurrence mondiale. Elle exige bien des recherches, des essais, des adaptations. Elle soulève des questions de commerce extérieur. Elle ne peut pas s’appliquer de la même façon dans un pays de profusion et dans un pays de pénurie. Elle ne peut être imposée, ni par un groupe, ni par un pays. Il s’agit plutôt d’une orientation, d’une nouvelle culture.
Mais elle n’est pas si utopique dans la mesure où quelques ponts sont déjà lancés : l’ économie sociale, les valeurs éthiques ou encore le micro-crédit, fondé sur la solidarité et la mutualisation. Il est intéressant de noter que les Nations-Unies, lasses de comparer les pays selon le PNB par habitant (les monarchies pétrolières sont alors des modèles…) ont eu la bonne idée de créer l’Indice de développement humain(IDH) qui permet de mieux appréhender le niveau réel de développement des populations.
L’intérêt essentiel d’une telle réflexion serait de préparer les sociétés au monde de demain.
Le développement de l’ensemble des peuples ne pourra se faire selon le modèle américain, ni même européen, car la planète n’y subviendrait pas. Il convient donc de concevoir un autre modèle de développement, moins gourmand en production de marchandises mais plus riche pour l’être humain. Tout laisse penser que l’avenir repose sur la formation, la recherche, l’innovation, la communication, la mise en réseau d’intelligences collectives, la coopération entre les peuples, le développement durable, la préservation des biens communs, l’organisation planétaire.
Certes, une telle évolution ne se fera pas aussi simplement, mais le rôle des politiques n’est-il pas de préparer les peuples aux grandes mutations ?
Philippe Vadjoux.
Mai 68 ou la gueuse.
Le mouvement de Mai 68 est international, il s’exprime à Berkeley, Paris, Heidelberg ou Prague. C’est une esquisse de mondialisation par la jeunesse, par les idées (et non par les marchandises)…
C’est une condamnation du régime soviétique qui a trahi l’idéal socialiste. D’où le terme de « gauchiste ».
C’est aussi une contestation de la société de consommation qui réduit l’être humain à sa seule dimension marchande( producteur / consommateur), au détriment de la créativité, de la culture, de l’esprit de recherche, de la vie affective.
C’est la contestation d’un système capitaliste qui pille le Tiers-Monde, gaspille les ressources naturelles et pollue la planète. Ce mode de développement, à l’américaine, ne peut pas être généralisé. Il faut inventer un modèle plus juste et plus respectueux de la nature.
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En France, le mouvement s’attache particulièrement à la démocratisation de l’enseignement (les ouvriers et les paysans sont majoritaires dans le pays , mais leurs enfants ne représentent que 8 % des effectifs de l’université…), puis ,face aux violences policières , le mouvement va exiger la démocratisation d’un régime autoritaire (concentration des pouvoirs, contrôle des médias, Sofirad, pendant neuf ans le préfet de police de Paris est Maurice Papon, morts d’octobre 1961, du métro Charonne etc.) et la libération des mœurs( la société française ,encore rurale, patriarcale, conservatrice , est en retard sur les pays démocratiques, notamment pour la place des femmes et des jeunes).
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Ces événements de Mai 68 ont permis des avancées :
-prise de conscience de la situation du Tiers-Monde ;idée de codéveloppement, commerce éthique, devoir d’ingérence, concept de développement humain élaboré par les Nations -Unies.
-naissance du mouvement écologique ;1re conférence de l’ONU sur l’environnement en 1972, René Dumont, le Larzac etc.
-revendication d’une égalité hommes-femmes ; les Françaises et les Allemandes, notamment, entrent massivement dans la vie active.
-défense des travailleurs ;projets de participation aux décisions,voire autogestion( Lip), rôle accru des syndicats.
-défense des consommateurs ; l’avocat Nader aux USA, fédérations de consommateurs, actions juridiques.
-libertés publiques nouvelles ;planning des naissances, pillule, loi sur l’avortement, liberté sexuelle des jeunes , des femmes, des homosexuels, reconnaissance des minorités culturelles ou ethniques, radios libres, nouvelle presse etc.
-réforme de l’enseignement ;autonomie des universités, passerelles entre les disciplines, Vincennes, mais beaucoup reste encore à faire.
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Certes ce mouvement a commis des erreurs ,des excès, certes il a connu des moments d’exaltation et de poésie…La vielle droite française juge avec sévérité et grandiloquence ce mouvement de jeunesse et d’imagination. Mais condamner ce mouvement profond , c’est revenir sur une société en marche depuis l’époque des Lumières et de la Révolution vers plus d’humanité, c’est vouloir restaurer un ordre ancien. L’extrème-droite considérait que les malheurs de la France étaient dus à la République, à la « gueuse ».Mai 68 serait-il devenu le nouveau bouc émissaire ?
Philippe Vadjoux
Monsieur Jean Daniel, je rends hommage à votre incessant combat pour les justes causes, et notamment en faveur une paix juste au Proche-orient.
Sur la refondation de la gauche, je réponds à la demande de votre magazine de recueillir des avis citoyens.
J'ai lu l'éditorial de Monsieur Julliard. Son affirmation laisse dubitatif "C'est pour n'avoir jamais voulu entreprendre une critique rigoureuse du stalinisme et de l'économie socialiste que la gauche est aujourd'hui dans un impasse". Je ne reconnais pas là la rigueur habituelle de l'historien.
Je dirai pour ma part que c'est pour n'avoir jamais osé entreprendre une critique minimale des abus et des dérives de la globalisation économico-financière que la gauche a perdu à la fois son électorat et son âme.
Cette critique a été plus durement émise par le prix Nobel américain Joseph Stiegliz (dont vous avez sans doute visionné le DVD paru dans Challenges), George Soros, feu Jimmy Goldsmith, Patrick Artus, Jean Peyrelevade et tant d'autres économistes et financiers qui ne peuvent être soupçonnés de communisme ou de gauchisme.
Pardonnez-moi de le rappeler. L'économie globalisée est une réalité nouvelle. Cette réalité conditionne la vie et l'avenir de chacun de nous dans tous les pays. Aucun pays ne peut à lui seul améliorer ce processus.
À l'instar de Jacques Julliard, de Dominique Strauss-Kahn, de Michel Rocard et d'autres, il est totalement utopique de penser que la France aurait les moyens de mettre en pratique une "économie sociale de marché" , "un libéralisme maîtrisé", un "capitalisme à visage humain", et autres belles formules qui résonnent si bien à l'oreille et au coeur.
Seule une diplomatie volontariste conduite par la gauche française avec le concours des autres partis progressistes dans le monde, avec également le soutien des opinions publiques permettrait -non sans difficultés- de fixer un minimum de règles sociales et environnementales au sein des organisations mondiales du commerce et du crédit.
Ceux qui affirment sans cesse "qu'il faut s'adapter au monde qui change", que "l'on ne reviendra pas en arrière" s'imaginent modernes, réactifs.
Ils s'enferment au contraire dans un fatalisme passif et confortent ainsi un modèle de développement qui brutalise les hommes et détruit la planète.
C'est d'imagination et d'audace qu'à besoin l'avenir. Le monde dispose des technologies les plus performantes et de ressources inépuisables d'inventivité pour proposer et mettre à la mode des styles de vie et des processus économiques largement moins prédateurs et gaspilleurs que celui qui s'étend aujourd'hui au monde entier.
La France a porté des messages au monde. Elle a contribué à fait progresser les conditions des hommes, des femmes et des enfants au travail et dans la vie
La gauche française doit porter aujourd'hui le message d'une économie de marché véritablement durable, car seul ce modèle est capable de créer richesses et emplois autour de nouvelles industries , produits et services propres. Seul ce modèle permet d'associer dans un rapport gagnant-gagnant -cher à Ségolène- les profits des entreprises et des actionnaires, le progrès social et le développement humain, et la protection/régénération de la planète et de ses écosystèmes.
Bien à vous. Recevez toute ma considération (et mes félicitations pour votre titre).
C. Bruhin - Essec de formation, ex-PDG d'entreprise, je possède 2 résidences, je paye l'ISF et ne suis ni un "radical" ni un altermondialiste. Je lis le NouvelOb et le large spectre des idées émises.
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