Le journal du cnrs numéro 21 Avril 2008



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LE JOURNAL DU CNRS numéro 224 Septembre 2008

TITRE : Alimentation mondiale : l’état d’urgence

SOMMAIRE GENERAL :


Environnement : Le palais des glaces

Sécurité routière : Comment sauver sa peau en voiture

Environnement Les mésanges s'acclimatent

Histoire Moyen Âge, le temps des réseaux

Évolution : Quand deux mutations valent mieux qu'une !

Physique : Des petits trous pour amplifier la lumière

Géochimie : Les océans sont tombés du ciel

Nucléaire : Du son pour faire parler le combustible

Praceal : À la pêche au plancton du Grand Nord

Fluoptics : Rendre les tumeurs fluorescentes

Deinove : Des bactéries de choc pour les futurs biocarburants

Automobile : la fin de l'âge d'or ?

Égyptologie : Les nouveaux trésors de Saqqarah

Brèves

Enquête : Alimentation mondiale : l’état d’urgence

Environnement : Le palais des glaces


Le LGGE, laboratoire grenoblois pionnier des recherches glaciaires, vient de fêter ses 50 ans. Reportage auprès de ses chercheurs, explorateurs de la matière blanche qui recèle les clés pour comprendre l'évolution de notre climat. Que de secrets cachés dans la glace ! Qu'elle occupe les plus hauts sommets ou s'étale sur des milliers de kilomètres carrés dans les régions polaires, la substance cristalline est la manne des spécialistes du climat. Grâce aux multiples techniques dont ils disposent aujourd'hui, les scientifiques ont en effet les moyens d'en tirer quantité d'informations. Les carottes prélevées en Antarctique et au Groenland donnent accès à la température et à la composition de l'atmosphère jusqu'à des centaines de milliers d'années dans le passé. Les glaciers constituent un indicateur des changements de la météo planétaire. Pour s'en convaincre, le mieux est encore d'accompagner les chercheurs du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (LGGE) (Laboratoire CNRS / Université Grenoble 1) de Grenoble à 1 913 mètres d'altitude, au terme d'un trajet d'une vingtaine de minutes dans le petit train parti de Chamonix jusqu'à la mer de Glace, l'un des sites les plus fameux des Alpes. Ce glacier long de 7 km et d'une superficie de 40 km2, le plus grand de France et le second en Europe, attire chaque année les touristes par milliers. Ce « géant » est aujourd'hui surveillé de près par Delphine Six, Christian Vincent et Emmanuel Le Meur. Année après année au cours de campagnes de mesures durant lesquelles ils sont parfois transportés en hélicoptère jusqu'aux sites où ils effectuent leurs carottages et placent leurs balises, ces glaciologues corrigent la carte, calculent la vitesse d'avancée et évaluent le « bilan de masse » de l'énorme amoncellement occupant cette face nord du massif du Mont Blanc. Ils ont récemment établi que l'amincissement de la mer de Glace, constaté depuis un siècle, a connu une brusque accélération au cours des vingt-cinq dernières années. La cause de cette célérité ? Le changement du climat. Les travaux menés depuis des décennies au LGGE permettent aux scientifiques du monde entier d'en apprendre un peu plus sur le climat passé, présent et futur de la planète. Plantée sur le campus de Saint-Martin d'Hères, cette institution a célébré, le 11 avril dernier, son cinquantième anniversaire en présence d'Arnold Migus, directeur général du CNRS, de Farid Ouabdesselam, président de l'université Joseph Fourier et de nombreuses personnalités parmi lesquelles les Médailles d'or du CNRS Jean Jouzel et Claude Lorius, premier Français à recevoir le prix Blue Planet en 2008. Fondé par le spécialiste des glaciers andins Louis Lliboutry et d'abord installé dans le « Refuge des cosmiques » au-dessus de Chamonix, ce laboratoire est au départ dédié à l'étude de la glace et de la neige en altitude. Après son déménagement à Grenoble, puis l'arrivée de Claude Lorius à la fin des années soixante, il élargit ses compétences aux régions polaires, devenant ainsi l'un des centres phares, internationalement reconnus, de la recherche sur la « cryosphère », laquelle, des montagnes aux pôles, concerne l'ensemble des calottes glaciaires de la planète. Mais le « fil rouge » de son activité est, explique Michel Fily, son directeur, « la glace, le climat et l'environnement » ! À quelques kilomètres du campus de Saint-Martin d'Hères, dans un entrepôt frigorifique de la zone industrielle du Fontanil, Jérôme Chappellaz organise la visite de la très précieuse carothèque du LGGE. Dans ce lieu unique en France où la température est maintenue à – 25 °C, le directeur adjoint montre avec fierté les caisses renfermant les inestimables échantillons ramenés au cours des années des expéditions réalisées en Antarctique, au Groenland, dans les Alpes ou, à plus de 6 300 mètres d'altitude, dans les sommets andins. Dans ce hangar de 200 m2, en effet, pas moins de 15 kilomètres de carottes sont conservées. Ici, reposent entre autres les glaces du site de Vostok en Antarctique. En creusant la calotte du pôle Sud sur une épaisseur de 2 100 mètres, ce forage franco-russe associant le LGGE et qui atteignit plus tard la profondeur record de 3 650 mètres permit la découverte, à la fin des années quatre-vingt, du « forçage climatique », le lien avéré entre la quantité de gaz carbonique dans l'atmosphère et la température, à la base de toutes les politiques de limitation des émissions en gaz à effet de serre. Ouvrant une boîte en polystyrène, Jérôme Chappellaz dépose sur la table un autre trésor : une carotte d'Epica ! En 2004, ce programme européen a réussi à percer la glace du Dôme C à la station Concordia en Antarctique jusqu'à 3 270 mètres pour en arracher plus de 800 000 ans d'archives climatiques. Si des résultats préliminaires ont depuis été publiés, le dépouillement de ces données est toujours en cours. Tout au long de l'année, les chercheurs du LGGE transportent, découpent et répartissent des échantillons de carottes de moins de 50 g entre des équipes spécialisées. Dans deux salles blanches dotées d'instruments de mesure sophistiqués, tests de déformation mécanique, analyses chimiques de l'eau, études des poussières et des bulles d'air contraignent le matériau à lâcher ses secrets. De quoi remonter pas à pas la courbe de la température (mesures effectuées au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement-LSCE à Saclay) et de la composition de l'atmosphère sur des milliers d'années. L'achèvement du décryptage d'Epica ne sera cependant qu'une étape. « Parmi les onze projets auxquels participe le LGGE dans le cadre de l'Année polaire internationale (API), trois visent, en effet, à réaliser des carottages profonds », explique Jérôme Chappellaz. En Antarctique, outre la poursuite des opérations sur le Talos Dôme dont les archives climatiques permettront de mieux documenter la période géologique actuelle, un forage préliminaire réalisé avec des équipes chinoises sur le Dôme A, le site le plus froid et le plus haut du continent, ouvrira la voie, au cours de la prochaine décennie, à des glaces vieilles d'un million et demi d'années. À l'autre bout de la planète, au Groenland, dans le cadre du programme international NEEM, les chercheurs du LGGE et leurs partenaires du LSCE espèrent se procurer un enregistrement du dernier âge interglaciaire, il y a 120 000 ans…Tout cela, bien sûr, tout en gardant un œil sur les glaciers ! D'abord centré sur le mécanisme de leurs glissements sur les socles rocheux, le LGGE s'est en effet progressivement tourné au cours des années vers le rôle de ces objets géophysiques dans la machine climatique. Le laboratoire est ainsi aujourd'hui l'un des membres actifs de Glacioclim (Un observatoire de recherche en environnement (ORE) du ministère de la Recherche et de l'Institut national des sciences de l'Univers (Insu) du CNRS), dont l'objectif est de suivre l'évolution de plusieurs de ces entités à travers le monde. Si Patrick Wagnon, un chercheur détaché de l'IRD, se consacre aux Andes, Delphine Six, Christian Vincent et Emmanuel Le Meur ont constitué avec leurs confrères du Cemagref un « service d'observation » chargé de surveiller les glaciers français de Saint-Sorlin, de Sarennes, d'Argentière, de Gebroulaz et de la mer de Glace. Leur constat est alarmant : le réchauffement actuel du climat ne se traduirait pas seulement par un recul des glaciers alpins dits « tempérés » dont certains disparaîtront un jour. Il affecterait également des calottes situées plus haut comme le sommet du mont Blanc (4 810 mètres) ou le dôme du Goûter (4 300 mètres) dont les températures internes sont en hausse. Or, préviennent-ils, si cette « fièvre alpine » continue à augmenter, elle aboutira à terme à une « déstabilisation » de certains de ces amoncellements de glace dont l'effondrement en altitude risque de provoquer d'impressionnantes avalanches.

Vahé Ter Minassian



À lire Planète blanche, Claude Lorius, Jean Jouzel, Dominique Raynaud, éd. Odile Jacob, 2008

Exposition « SOS Pôles, Le changement climatique en questions ». réalisée avec le concours de chercheurs du LGGE, jusqu'au 26 octobre, à La Casemate, à Grenoble. Tél. : 04 76 44 88 80

Contact


Michel Fily, fily@lgge.obs.ujf-grenoble.fr
Delphine Six, six@lgge.obs.ujf-grenoble.fr
Emmanuel Le Meur, manu@lgge.obs.ujf-grenoble.fr
Christian Vincent, vincent@lgge.obs.ujf-grenoble.fr
Jérôme Chappellaz, chappellaz@lgge.obs.ujf-grenoble.fr
Patrick Wagnon, wagnon@lgge.obs.ujf-grenoble.fr

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